Saturday, October 18, 2025

Une Poursuite Moderniste Tenace: L'Integrite Artistique dans "Hamid, l'ancien" de Nacer Amari - dans la serie "Au - Dela des Ombres de Demain"

            Mon pere avait une cave a vin, a la maison ou j'ai grandie en Flandres, ou il gardeait ses bouteilles de vin et de champagne aussi, souvent lui regalees par des amis, suite d'une de ses rencontres d'echanges intellectuelles - artistiques a la maison les weekends. Les bouteilles rares, exotiques en origine et agees, il aimait de me les montrer, en raconter leurs histoires, en anticipant leur celebration pour une future reunion de famille, d'artistes, d'amis. J'y pense maintenant, parceque je sens cette meme emotion d'anticipation, quand je visite les portraits et leurs facettes chaque fois plus profondes, complexes, intrigantes, de mon collegue kabyle d'Aokas, Nacer Amari de Tassi Photographie. Faire de la recherche sur ses portraits ces dernieres six ans maintenant, me permet vivre et explorer ma passion pour l'histoire des arts, surtout de la photographie, a laquelle mon pere, qui etait photographe amateur avide, m'a introduit a un tres jeune age, et c'est lui aussi qui m'a introduit a la force souvent rebelle et avant - garde de la portraiture dans le monde de la peinture et de la photographie. Un des mouvements les plus importants dans la photographie et la peinture des XIXeme, XXeme et qui continue au XXIeme siecle, est le modernisme, specifiquement, l'expressionnisme et ses racines dans la dualite du realisme - impressionnisme comme reaction contre le mouvement du romanticisme, et comme defense aussi contre les horreurs des deux guerres mondiales de 1914 - 1918 et 1940 - 1945, qui allaient bousculer les certitudes intellectuelles - mythologiques qu'avait cherchee a declarer solides les machines et leurs maitres de la Revolution Industrielle a partir de 1790. Un portrait en noir et blanc, du 20 septembre 2025, de la part du photographe d'Aokas, "Hamid, l'ancien" a su declencher une etude passionnee sur cet enfant intrepide du modernisme, de qui son credo esthetique - intellectuel continue d'influencer les visions artistiques de nos jours: l'expressionnisme et son alter ego, le realisme. Ce portrait nous met solidement dans le monde de deux artistes geants dans ce mouvement qui avec son arrivee a laissee des spasmes de scandale et controversie: Egon Schiele, de l'Autriche, mort a juste 28 ans, et Edvard Munch, de la Norvege, qui dans ses 80 ans de vie a laisee des portraits et auto - portraits qui se vendent a de prix astronomiques qui depassent le croyable. Egon Schiele (1890 - 1918) est connu pour la qualite intense de ses portraits, comme de sa jeune amante Walburga Neuzil (1894 - 1917), et de sa femme Edith Harms (1893 - 1918) - morte en 1918, juste 3 jours apres Egon, et enceinte de 6 mois, suite aussi de la grippe espagnole et ses ravages - et leur franchise sexuelle et affective audacieuse, autant dans ses portraits que sa serie d'auto - portraits, quant au sujet du corps masculin et feminin nus, son corps et celui de ses modeles souvent tres jeunes, ce qui lui mettait dans des problemes continus, et lui a meme coutee un bref emprisonnement. Il refusa sans hesitation le compris de son art tel qu'il le sentait et voulait exprimer, et ses portraits et auto - portraits sont vu comme etre les premiers exemples d'un expressionnisme radicalement en conflit avec la portaiture classique du romanticisme et ses adherents, qui chercheaient d'idealiser l'experience et le corps humain. Deux peintres qui allaient influencer au jeune Egon Schiele sont le portraitiste symboliste autrichien, contemporain d'Egon Schiele, Gustav Klimt (1862 - 1918), qui est mort victime de la grippe espagnole de 1918, et qui a fait un effort considerable et sincer pour aider au jeune rebelle Egon, et l'art du peintre poete - dramaturge autrichien expressionniste Oskar Kokoschka (1886 - 1980), surtout ses portraits, et certainement les portraits et auto - portraits du peintre de la Norvege, Edvard Munch (1863 - 1944). C'est surtout l'esprit profond, complexe des portraits et auto - portraits de l'artiste norvegien qui illuminent le coeur courageux du protagoniste du portrait "Hamid, l'ancien" de Nacer Amari, qui a un don pour reveler avec beaucoup de soin et patience, ce qui autrement serait invisible du monde interieur qui nous habite. Le monde interieur des portraits d'Edvard Munch, qui a fait aussi une serie hantante de paysages qui approchent une ambiance inquiete du surrealisme deja, montrent le peintre - graveur dans des etats d'angoisse, comme est le cas dans sa serie d'auto - portraits qu'il continue de creer le long de sa longue carriere et de sa vie. Il fait aussi des experiments avec des portraits en photo, qui eux aussi evoquent un sens profond d'inquietude, de "je me sens mal dans ma peau", et "je me sens mal dans ta peau", a cause de ses relations ambigues et frustrantes avec les femmes dans sa vie, commencant avec la mort de sa mere Laura (1837 - 1868), quand elle avait juste 31 ans, de la tuberculose, et la mort de sa petite soeur, de la meme maladie. La mort de son pere aussi, avec qui il avait une relation tres difficile et pleine de conflits irresolus, a cause de l'attitude tres stricte religieuse sur laquelle son pere insisteait, laisse leurs traces indelibles sur les angoisses existentielles du jeune Edvard Munch, qui lui poursuivaient jusqu'a la periode des dernieres 20 annees de sa vie, quand il trouve la paix interieure et le calme dans son art et ses relations amicales et intimes. L'enfance d'Edvard Munch il la passe sous l'ombre de maladies, des crises mentales de sa mere, de la mort, et de la peur de se croire victime futur de la maladie, de la folie, et il se refuge dans le monde des arts, malgre le manque de soutien de la part de son pere, qui voulait qu'il continue ses etudes d'ingenieur. Les angoisses qui tourmentent deja le jeune peintre Edvard Munch, sont a l'origine de son style unique, qui cherche de comprendre, d'exprimer son etat inquiet, de depression, du combat contre la futilite, du chagrin, de la perte. Il voyage a Paris, ou il fait la connaissance de Paul Gauguin (1848 - 1903), qui lui admire son art et audace, et qui influence a Edvard Munch sa passion et interet pour la couleur dans ses peintures. A Berlin, Edvard Munch fait la connaissance aussi du dramaturge - noveliste - essayiste suedois August Strindberg (1849 - 1912), qui est connu pour la force de ses pieces de theatre, qui seraient les antecedents du theatre de l'absurde de la seconde partie du XXeme et du XXIeme siecles, pour leur insistence sur le contenu des conflits interieurs des acteurs, plutot que les convenances d'intrigues exterieures circonstantielles bourgeoises du theatre traditionnel de l'epoque.  Ses romans aussi d'August Strindberg, comme "La Chambre Rouge" de 1879), qui sont une critique des hypocrisies de la societe bourgeoise, est decrit comme etre le premier roman moderne en Suede, et attirait l'attention du monde litteraire et ses critiques. Strindberg serait vu comme un iconoclaste, qui explorait avec determination et tenacite impitoyable les themes des consequences absurdes d'institutions comme le mariage quand celui demande le prix de l'integrite et l'identite de la personne, autant du sexe masculin que feminin, pour satisfaire les convenances etablies, comme dans ses deux pieces de theatre renommees internationalement au sujet, les deux de 1900: "La Danse de Mort I" et "La Danse de Mort II", considerees des chefs d'oeuvres du theatre expressionniste de Strindberg, qui y savait unir l'ennui, l'absurde et le rage de la claustrophobie mentale que souffrent les personnages. Edvard Munch dedie une serie de peintures aux themes proches a son coeur de l'angoisse, de la jalousie, de la trahison, de l'impossbilite du bonheur en amour, suite de relations familiales et intimes frustrees, qui reverberent dans les techniques et sentiments du theatre d'Auguste Strindberg, qui aussi hantaient la vie personnelle du dramaturge. Edvard Munch avait des problemes pour longtemps avec la boisson, mais finit de surmonter ses excess, qui lui avaient causee une chute dans la psychose. Il retrouve son equilibre et decide d'eviter tout court le mariage, et d'avoir des relations ne pas fixes avec ses modeles feminines. Les problemes de la jalousie, des efforts d'eviter le mariage le long ses relations intimes comme avec l'aristocrate Tulla Larsen (1869 - 1942), qui finit par se marier avec un autre homme, et avec son premier amour Milly Thaulow (1860 - 1947), quand il avait 18 ans, et finalement son amour et fascination pour la violoniste anlgaise "aux yeux de mil ans" selon ses mots, Eva Mudocci (1883 - 1953), pour qui il fait une broche gravee de son image qui lui montrent les yeux qui lui avaient au peintre sous leur sortilege. Pour tres longtemps, l'art d'Edvard Munch souffrerait une critique aggressive negative, pour etre dans les mots de critiques parisiens "violent et brutal", suite de l'exposition en 1896 de 60 de ses peintures, quoique malgre l'opinion impitoyable des critiques, son oeuvre recevait une attention serieuse et un public sincer, envers ses portraits comme "Le Baiser", "Madonna", "L'Enfant Malade" et "La Salle des Morts". Une critique qui reste notable fut celle qui decida, contraire a l'opinion populaire sur son art de l'artiste controversiel norvegien: "Edvard Munch peint avec un mepris impitoyable pour la forme, la clarte, l'elegance, l'unite et le realisme; il peint avec la force intuitive du talent les visions les plus subtiles de l'ame." Deja en 1886, quand fut peint "L'Enfant Malade", une reference directe a la maladie et mort de sa petite soeur de l'artiste, son ami Christian Krohg le defend son style de peinture en disant: "L'art est complet quand l'artiste a dit ce qu'il voulait vraiement dire tout ce qu'il avait dans la tete, et l'avantage precis de Munch sur les peintres de la generation anterieure, est qu'il sait montrer exactement ce qu'il a senti, ce qui lui a saisi et il soumet tout a sa veracite." Finalement, en 1889, Edvard Munch recoit une reconnaissance de l'importance de son art, de la part des authorites artistiques officielles, et recoit une bourse pour 2 ans, pour aller etudier a Paris, sous le peintre portraitiste Leon Bonnat (1833 - 1922), mais quoique Munch apprendrait beaucoup sur l'histoire de la peinture mondiale, il se fatigue vite du style classique et traditionnel realiste de Bonnat et continue de suivre son style expressionniste qui explique les ataques continus des critiques a Paris 10 ans plus tard encore. Edvard Munch continue d'explorer les themes qui lui sont proches au coeur et instinct artistique - intellectuel: les etapes de la vie, la femme fatale, le desespoir de l'amour, l'angoisse, l'infidelite, l'humiliation sexuelle, et la separation, autant dans la vie que dans la mort, comme le traume de cette separation suite de la mort de sa mere, de sa soeur, et meme de son pere, qui avait ete un critique cruel de son art, et avait detruit la plupart des peintures de modeles et auto - portraits nus de son fils, desquels survivent juste des sketchs et seulement une peinture, de 1887 "Nu Debout". Le courage de suivre l'appel de sa muse audacieuse de la part du peintre portraitiste Edvard Munch est impressionnant, et je sens cette determination et esprit et passion sincers dans les portraits du photographe kabyle Nacer Amari : la poursuite moderniste tenace par excellence, de l'integrite artistique, de l'authenticite. Le portrait reflexif "Hamid, l'ancien" nous presente son protagoniste dans un moment de profonde intro - spection, de l'acceptation de la nature temporelle de la vie humaine, face a l'enormite des defis et des injustices, face a la maladie, face a l'ombre de la vieillesse et de la mort, face a l'eternite et le passage du temps. Il y a une energie de dignite solennelle, de la sagesse qui sait lever le voile des illusions apres une vie vecue avec courage et clarte spirituelle, sure de l'heritage de l'identite, de sa force et relevance mythologique qui remonte des milliers d'annees. On sent le respect de la part du photographe envers son protagoniste dans le silence visuel que sait creer ce portrait, dans la lumiere discrete qui entoure "Hamid, l'ancien", ou on sent qu'au moment de l'engagement de l'appareil de photo pour capter ce moment sobre, emouvant, le son meme de l'obturateur de camera se retenait brevement le souffle on s'imagine, pour rendre audible l'expression artistique moderniste sincere de la part du photographe et du public, de l'appreciation sans equivoque pour l'homme assis au chapeau et la canne, "Hamid, l'ancien" pour son aura qui rayonne avec la lumiere de l'histoire d'une vie vecue avec vision claire et sincerite inebranlable. 

Trudi Ralston   


La recherche sur la vie et le style des peintres expressionnistes avant - gardes autrichien Egon Schiele (1890 - 1918) et norvegien Edvard Munch (1863 - 1944), et leur resonances artistiques - culturelles pour le mouvement du modernisme du XIXeme et XXeme siecles et aujourd'hui, ainsi que l'information sur le dramaturge - romancier - essayiste suedois iconoclaste August Strindberg (1849 - 1912), et son influence sur la philosophie esthetique - intellectuelle d'Edvard Munch, courtoisie de Wikipedia.  


Thursday, October 16, 2025

La Couche Invisible Tangible: Le Toucher que laisse L'Espoir - dans la serie "Les Ailes d'Aphrodite"

         L'automne s'avait introduit tout doucement cette fois, au moins on le pensait ainsi, mais d'un jour a l'autre, les temperatures la nuit se sont baissees a moins 3 degres Celsius ( 26 degres Fahrenheit comme on le calcule ici), ce qui est bien rare pour la moitie du mois d'octobre. Les fleurs qui restent se trouvent ainsi congelees la nuit, leur parfum une memoire, d'il y a juste quelques jours avant, quand le soleil donnait genereusement de sa chaleur, avec des apres - midi qui approcheaient vingt degres Celsius. Ce revirrement de la saison automnale vers un hiver qui parait arrivera bien vite cette annee, laisse une sensation etrange, de sentir ce desir de vouloir garder, de resister la perte des senteurs et sons joyeux de l'ete, desquels l'automne normalement fait une transition graduelle, avec ses couleurs riches oranges - rouges - pourpres des feuilles tombees en dessins et textures d'un tapis luxurueux sur l'herbe du jardin et de la foret a l'autre bout de la cloture. Cette sensation de vouloir toucher ce qui s'avaporait si vite de la chaleur et ses senteurs de ce qui restait de la saison estivale, m'a evoquee cette image d'une mousseline de soie, ce tissu fameux transparent, qui nous vient du genie des usines textiles chinois le long de la riviere de Yangtze et de la province de Zhejiang. Ce tissu qui parait chuchoter, quand on le touche, des secrets, des souhaits, des memoires venues des rives lointaines de nos reves, d'images de notre enfance, de ses innocences et experiences maintenant rangees comme des kodachromes nostalgiques aux couleurs rendues en teintes aquarelles avec le passage du temps. J'avais envie de pouvoir toucher cette melodie lointaine interieure qui parfois accompagne la memoire, de rendre tangible cette emotion, comme une belle pierre qu'on trouve un jour plein de soleil dans une riviere en pleine energie de debut de l'ete, comme je me rappelle le faire comme adolescente en vacances dans la region de Tirol et ses montagnes, en Autriche, pres d'Innsbruck, avec mes parents et frere et deux soeurs. Les pierres dans les rivieres brillaient comme des diamants, dans l'eau froide et si claire, des sources naturelles sur les sentiers de nos randonnees dans les montagnes, ou sonnaient la musique joyeuse, des cloches des vaches que les bergers leurs mettaient pour savoir ou les trouver le soir pour les ramener chez eux pour la nuit. Ces beaux souvenirs me visitent parfois avec une intensite emouvante, grace a la Kabylie, et la magnificence du Djurdjura que j'ai pu vivre en 2019, et qui m'a fait comprendre que ces esprits des montagnes de l'Algerie, savaient me rappeler les plus belles memoires de mes vacances de famille quand le monde pour moi n'avait pas encore perdu ses mirages, ses cruelles illusions. Au jardin, il y avait juste deux fleurs pois de senteur roses, de qui leurs petales restaient intactes, et de qui leur parfum doux resistait s'evaporer. Cela m'a fait penser comme c'est beau quand on reussit de transformer une emotion en matiere quoique fragile, quoique tres brevement, de rendre la couche invisible de la tendresse qui habite le coeur dans un toucher tangible, son frisson delicieux, chaud, et de s'imaginer pouvoir la garder dans une petite boite fait du souffle meme de l'espoir, faute d'avoir un objet qui nous rapproche a la memoire de la personne qui nous manque si profondement. Il me reste tres peu de souvenirs de mon enfance et de mon adolescence en Flandres, et la destruction de ma famille de sang a enlevee aussi l'heritage de toute une dynastie d'objets de l'art, de muebles, de peintures, de ceramiques, sculptures, d'albums de photos de grandparents, d'arriere - grandparents, meme de frere, soeurs, et parents. La Kabylie m'a su reveiller les souvenirs les plus beaux: de ma grandmere Celina, de mon pere, de mon oncle peintre Frans, de Nanou Julienne, des voyages heureux et innocents en Autriche, en Provence, en Allemagne du Sud, et les vancances heureuses une annee a la mer a Oostende, quand j'avais 12 ans, et la semaine de decouvertes historiques a Londres et a Paris avec mon frere en compagnie d'amis de nos parents, ou j'ai pris mes premieres photos avec ma premiere camera, une petite Kodak instamatic 133, que je garde comme un tresor precieux, tangible d'une innocence et espoirs d'une autre vie, perdue dans le temps. La Kabylie m'a introduit a mon collegue le photographe Nacer Amari de Tassi Photographie d'Aokas, et mes livres depuis sont la celebration de la richesse de l'esprit et coeur kabyle, et les retrouvailles de l'histoire de ma vie, de ma voix, de mon identite si longuement effacees. L'emotion profonde de reconnaissance, de joie, de tendresse complete envers la Kabylie, cree maintenant cette sensation sublime, d'une mousseline de soie me laissee en abondante mesure, comme je me rappelle le voir dans les magasins de tissu, avec ma grandmere francaise - flamande, Celina Dujardin, qui etait couturiere professionnelle, et m'emmeneait faire les achats pour les robes, manteaux, blouses qu'elle faisait pour ses clientes et toute sa famille, y compris aussi des belles robes pour moi et mes deux petites soeurs, et meme pour ma poupee Isabelle. Elle toucheait toujours les tissus differents, leurs textures, nuances, pour assurer les choix qu'elle decida etre les meillieurs pour les commandes. Cette satisfaction que savait exprimer et partager ma grandmere, quand elle avait trouvee les tissus parfaits pour ses creations, je me la rappelle, quand je pense a la Kabylie, a la joie de la collaboration magnifique avec mon collegue photographe d'Aokas, qui continue d'etre la source abondante des inspirations de mes livres, art et poemes, depuis le debut de 2020. La sensation de la mousseline de soie, est ce que je sens, la memoire de son toucher, et le desir, cette envie envoutante, chaude, de vouloir garder ainsi la douceur, la fierte, sa joie, de me savoir unie au coeur de la Kabylie, ses chants, son histoire, son esprit resistant, accueillant, dans cette petite boite imaginaire, precieuse que je garde au fond de mon coeur, qui contient l'amour pour l' Algerie, qui m'a sauvee la vie de poete, du neant de l'oubli, de l'exile, de la torture de l'isolation, du mepris, d'humiliations et de traumes ne jamais exprimees, qu'elle me guerit, d'une solitude tyrannique qui paraissait interminable, irrevocable. L'amour kabyle, il me couvre avec cette belle mousseline de soie, l'esprit, le coeur, l'ame, comme d'une couche invisible devenue tangible, pour me trouver poete libre, dans une robe faite du tissu magique du courage des Imazighen eternels legendaires de l'Afrique du Nord.  

Trudi Ralston     

Monday, October 13, 2025

La Chanson du Soleil: Le Sourire du Chaman - dans la serie "Les Ailes d'Aphrodite"

            Les temperatures ici a Olympia, la capitale de Washington State, dans la region du Pacifique Nord - Ouest des Etats Unis, se sont baissees hier soir a 2 degres Celsius, et ce matin, il y avait une brise froide qui faisait sa danse dans les couronnes des hauts sapins du jardin et de la foret a cote. Mais, cette brise a apportee un ciel bleu clair, et un soleil qui s'est etendu sa lumiere chaude comme une couverture d'hiver de laine douce. Mon chat Zora m'accompagneait vers la cloture en bas du jardin, pour laisser des graines pour les ecureuils et cerfs et oiseaux qui vivent dans la reserve naturelle qu'a ete declaree la foret il y a quelques annees, ce qui veut dire qu'on ne peut pas y construire des maisons, faire de la chasse de ses animaux, ou les nuire. Le soleil donnait une energie joyeuse au matin, et son toucher avait une dimension qui donnait l'impression que son esprit de l'astre solaire avait envie de se communiquer avec moi et me joindre sur ma visite aux animaux, comme si il y avait une evidence que mon amour pour ce beau moment evoquait le desir pour l'amour de la part du soleil aussi. Les cultures amerindiennes croient fort que tous les phenomenes de la nature possedent un esprit: la terre, la lune, les etoiles, le soleil, les eaux des rivieres, des mers, toute la faune et la flore. Je le crois volontiers, car il y a des moments dans cette solitude au jardin, que je sens la presence a un niveau physique, de la brise, du silence des arbres, du soleil et la caresse de sa lumiere chaude, qui affirme que la nature et ses phenomenes ont leur propre langue, qu'on peut comprendre, et apprendre, et a laquelle on peut meme repondre de facon qu'on sent que la reponse fut compris, si on a la patience et l'humilite de surmonter avec le passage des saisons et des annees, les chagrins de la vie avec courage et le coeur qui refuse d'abandonner l'optimisme et la charite. La Kabylie est ma muse, qui m'a introduit au chaman kabyle qui m'accompagne les exploits de mes livres et poemes, m'en traduit les melodies de ses visions du monde des arts sur ce pont qui traverse trois continents, et sait vaincre les limites de l'espace et du temps, comme dans une peinture de l'artiste surrealiste belge Rene Magritte (1898 - 1967), ou de son collegue espagnol Salvador Dali (1904 -1989). Cette joie mystique de sentir la presence du soleil comme une chaleur qui se met solidement dans l'intimite de mon coeur, qui etait comme recevoir la sensation d'une tendresse profonde, douce et sensuelle tout en un, m'a inspiree ce poeme et son chant, que je dedie a ma muse kabyle et son chaman:


La Chanson du Soleil: Le Sourire du Chaman  


L'automne arrive sans faire du bruit, sur la pointe des pieds, ne voulant pas brusquer la joie de l'ete, qui laisse avec soin son parfum passant sur les dernieres petales freles des ipomees. 

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Il y a les dernieres abeilles qui boivent le nectar des fleurs brillantes fuchsia encore reveillees, les plis de leurs robes de pourpre rosee, s'etalent comme de danseuses flamenco que la nuit enivrante de cantos gitanos a ensorcelee.   

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La brise pale joue dans mes cheveux, et l'or du soleil amoureux m'apporte de loin ton sourire qui se met son eclat clair dans les eaux de mon coeur, de sa joie, de savoir mon identite de poete en exile reclamee.      

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Le sourire du chaman berbere, me guide, me rassure, me laisse l'echo de sa flute, des memoires de ses rivieres, de ses champs, de la mer, me voit les empreintes laissees dans le sable silent, en sait lire les hieroglyphes, les chants.   

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La chanson du soleil, me dessine le contour des lettres de mes poemes, de qui traduit leurs chiffres ma muse kabyle dans le timbre de sa voix sonore. Le sourire du chaman, la chanson du soleil qui ce matin se rencontrent, pour me toucher la profondeur des eaux de mon ame.

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Ce matin brillant, quand le temps s'arrete, et je recois sur le courant du ciel, de loin, ce baiser chaud que l'astre solaire me regale: sa flamme abondante du coeur du chaman, son esprit d'energies libres, franches.   


Trudi Ralston

Sunday, October 12, 2025

Une Splendeur Ancienne: La Force Esthetique dans "Salah Lahlou" de Nacer Amari - dans la serie "Au - Dela des Ombres de Demain"

          Le portrait en noir et blanc du 16 septembre 2025 du photographe Nacer Amari de Tassi Photographie a cette palpable qualite sculpturale d'un buste de l'Antiquite, que lui sait donner l'artiste d'Aokas avec precision et conviction. Ce portrait communique une dimension narrative intrigante, car tout dans ce portrait magnifique "Salah Lahlou", evoque dans la beaute et la confiance du visage et regard de son protagoniste, la force des visages de deux statues anciennes grecques, qui datent de entre 460 - 450 B.C., de l'ere du roi Leonidas I de Sparte (c.540 B.C. - 480 B.C.), de qui sa dynastie d'Agiad, se disait etre les descendants du demi - dieu Heracles, fils de Zeus et la princesse Alcmene. Leonidas I est mort pendant la bataille des 300 spartans a Thermopylae pendant la seconde Guerre greco - perse, et est vu comme un hero. Ce serait en 481 B.C., l'annee suivante, que les spartans reussissent a chasser les invaseurs perses de l'armee de Xerxes I, fils de Darius le Grand. Les deux statues grecques spartiates fameuses pour leur beaute et force sculpturale des deux guerriers nus, dits les bronzes de Riace, sont ainsi nommees pour le site dans le Sud de l'Italie ou elles furent decouvertes, dans la mer, en Calabre, en 1972. Ces deux statues, de grandeur naturelle, sont fameuses pour leur qualite superbe artistique. Mesurants 1,98 metres d'hauteur, les bronzes montrent la confiance de deux guerriers, conscients de leur beaute et puissance physique, surtout de la part du jeune guerrier, tandis que le second guerrier montre une maturite qui s'exprime dans une pose plus detendue, et un regard qui est gentil. La musculature des deux guerriers nus, dans le style de la periode de sculpture archaique grecque du Veme siecle B.C., est definie, mais ne pas incisee, et assez prononcee pour donner a leur physique d'athletes - guerriers, une impression realiste et bien visible. Les yeux des deux guerriers sont faits de calcite, et les dents sont en argent. Les levres et les mamelons sont faits de cuivre. Le regard digne du portrait "Salah Lahlou" rappelle beaucoup le regard sur et calme, confiant des deux guerriers de Riace, ce qui fait pour un pont envoutant entre antiquite et modernite dans le monde des arts visuels. Il n'y a pas de conclusion finale dans le monde de l'histoire des arts et ses experts, quant a l'identite des deux guerriers qui sont la source de l'inspiration des deux statues exquises. Il parait que les deux guerriers nus faisaient partie d'un groupe de statues pour un sanctuaire grand, et que les deux guerriers en bronze representent possiblement Tydeus et Amphiaraus, deux des guerriers des "Sept contre Thebes", un groupe de sculptures monumentales de la polis d'Argos, d'avant la Guerre de Troie. C'est aussi possible, on estime dans le monde de l'histoire ancienne grecque, que les deux heros de Riace sont d'Athene, donc des guerriers de Delphi, et faisaient partie du groupe pour le monument de la Bataille de Marathon  de 490 B.C., de la Premiere Guerre d'invasion perse de la Grece. Quant a la reference de Thebes, le dramaturge ancien grec Aeschylus (c. 525 / 524 B.C. - c. 456 /455 B.C.) a une piece de theatre au nom de "Les Sept contre Thebes" qui explore dans cette tragedie le destin et le conflit dans l'histoire des fils du roi Oedipe, qui se battent pour le controle de Thebes, le rival d'Athene, qui serait detruit en 335 B.C., par le roi Alexandre III le Grand (356 B.C. - 323 B.C. ) de Macedoine. C'est aussi une theorie que les deux statues en bronze sont d'Olympia, comme Olympia, Argos et Delphi etaient trois villes anciennes grecques d'eminence pour leur dedication a la sculpture de la plus haute qualite, et toutes les trois villes etaient vulnerables aux pillages suite de l'occupation romaine de la Grece, entre 192 B.C. et 30 B.C. qui fut cause des pillages a grande echelle de l'art grecque, ce qui possiblement explique leur decouverte dans le Sud de l'Italie, a Riace, en Calabre. La beaute imposante du portrait "Salah Lahlou" du photographe Nacer Amari, sa facon de capter la force vitale confiante de son protagoniste rivale la force esthetique que sait exprimer et qui continue de fasciner des milliers d'annees plus tard, du duo des guerriers spartiates: la luminosite de la peau du visage, la lumiere concentree des yeux, la pose fluide, et en meme temps immobile des deux hommes, la tension en parfaite equilibre entre besoin de la vigilance et du sang froid qu'exprime l'energie concentree des visages, en hymne de la gloire de la beaute et force du corps masculin en optimale condition physique. Je sens la presence de cette meme energie envoutante dans le portrait "Salah Lahlou", ce qui affirme le talent astucieux du photographe kabyle, qui intuitivement sait incorporer une finesse technique avec une acuite de tous les sens quand il nous guide dans le monde de la portraiture et les nuances visuelles artistiques intellectuelles qu'il sait y creer et inspirer. Le portrait "Salah Lahlou" de Nacer Amari efface le temps et ses limites spatiales, et nous unit a la magie de l'art quand elle sait toucher l'histoire de la condition humaine, ses expressions et interpretations mythologiques - culturelles, car, plus souvent qu'autrement, dans le defile et ses tumultes des civilisations, les arts sont le dernier rempart contre la tyrannie et ses faits accomplis.     

Trudi Ralston


La recherche sur les statues anciennes grecques en bronze des guerriers de Riace, courtoisie de Wikipedia.   

Tuesday, October 7, 2025

Comme un Faisceau Laser: Le Regard Soutenu du Portrait "CAPORAL HIDRI" de Nacer Amari - dans la serie "Au - Dela des Ombres de Demain"

            Un portrait en noir et blanc du 14 septembre 2025 de la part du photographe d'Aokas, Nacer Amari de Tassi Photographie, est une opportune chance d'en apprecier l'impression du caractere decisif, d'une personalite solidement ancree de son protagoniste. Le titre meme du portrait "Caporal Hidri" nous donne cette introduction: le mot caporal se refere au rang militaire de capo, de l'italien capo d'escadra, ce qui se refere au chef, au "caput", du latin qui veut dire "tete" d'un esquadron de soldats, avec le caporal un rang qui est celui qui suit le rang de sergeant. Le regard de caporal Hidri dans ce portrait indique qu'il est une personne d'une energie sure, unie, focalisee, qui me rappelle a un laser: un regard d'attention precise, inebranlable. Ce portrait permet ainsi une exploration du mouvement impressionniste - realiste, qui avait une predilection pour les portraits et aussi les auto - portraits forts. Je pense aux portraits et auto - portraits de l'artiste des Pays - Bas, Vincent van Gogh ( 1853 - 1890), et cette pensee m'a menee vers la decouverte dans mes recherches sur les portraits du mouvement du post - impressionnisme et sa direction vers le realisme, d'un artiste qui a mis tout son talent considerable dans la portraiture et a ainsi etabli une renommee mondiale pour ses portraits autant de personnes modestes que de personnes fameuses, qu'il a su representer avec egale respect et clarte de vision: le peintre portraitiste de Budapest, Hongrie: Philip de Laszlo (1869 - 1937).  Cet artiste fut un apprenti des un jeune age d'un photographe en meme temps qu'il deja etudiait comme jeune homme les arts visuels, et apres il a fait des etudes de l'art a Munich et a Paris. Son portrait du pape Leo XIII lui gagne la medaille de l'Or a l'exposition internationale de Paris en 1900. En 1903, Philip de Laszlo decide de demenager de Budapest a Vienne, et en 1907 il s'installe a Londres, ou il restera pour le reste de sa vie, voyageant continuellement la terre pour remplir ses commandes, faisant des portraits de leaders, de princes, de rois, de reines, d'intellectuels, de scientifiques, de presidents de l'Europe, et aussi des Etats Unis, comme ses portraits du president americain Theodore Roosevelt (1910); du roi Constantin I de la Grece (1914); de la reine Marie de la Romanie (1925); du roi Alfonso XIII de l'Espagne (1927); et plusieurs portraits de la reine Victoria Eugenia de l'Espagne ( en 1910, 1913, 1920, 1927, et 1928); de la reine Louise de Suede (1907), de la reine mere Elizabeth (1925, 1931) et de la reine Elisabeth II (1933) de l'Angleterre. Il fait aussi une grande serie de portraits de son epouse, heritiere d'une famille de prominence sociale, Lucy Guinness (1870 - 1950), au cours des 37 ans de leur mariage. Un trait de signature des portraits de Philip de Laszlo est la confiance, le sang froid, qui se reflete dans ses protagonistes, de qui il sait aussi reveler des traits de leur temperament avec franchise et precision, sans jugement ou intrusion a leur privacite. Il sait toujours trouver cet equilibre parfois difficile de creer, entre revelation et discretion, ce qui est un trait aussi que je trouve souvent dans les portraits du photographe kabyle Nacer Amari avec une coherence admirable appreciable. Dans ce sens, ses portraits du photographe d'Aokas donnent souvent cette ambiance esthetique du mouvement impressioniste - realiste: il sait evoquer une sensation visuelle de reflection, de detente affective, de pause visuelle autant que spirituelle, que sait creer la peinture. Il ne se depeche pas, il observe avec beaucoup de patience, comme si il veut ralentir le passage du temps, pour mieux capter l'essence de son protagoniste. Maitre du silence, dans un monde bavard, le photographe Nacer Amari laisse une de ses signatures artistiques les plus durables: celle de nous faire penser, de nous inviter d'explorer, de faire la fouille comme un archeologue de l'histoire a decouvrir de la personne qui nous fait face dans le portrait. Ces dernieres 6 ans, j'ai fait l'exploration et recherche pour des centaines d'articles sur l'art photographique de Nacer Amari, qui s'etalent dans qui sera bientot mon 9eme livre sur sa photographie. Et comme est le cas avec les fouilles archeologiques, il y a toujours plus a decouvrir, a rechercher, a comprendre, a partager, a celebrer, ce qui sera mon article suivant, une etude de son portrait du 16 septembre 2025 du photographe, "Salah Lahlou", de qui j'anticipe deja avec impatience en faire la recherche. Que l'avonture artistique et ses merveilles continue et la joie de son exploration fascinante, riche, variee. 

Trudi Ralston 


La recherche sur les portraits du mouvement impressionniste - realiste du peintre de Hongrie, Philip de Laszlo, courtoisie de Wikipedia. 

Monday, October 6, 2025

La Pointe de La Lance: L'Accord Tacite - dans la serie "Les Ailes d'Aphrodite"

           Avoir la chance de recevoir les messages de sagesse, de patience, que laisse la nature, est une grace dont je ne me fatigue jamais. Ayant grandie dans un menage ou mes parents etaient tres distraits avec leurs interets sociaux, je me suis trouvee des un tres jeune age dans la compagnie fidele de la solitude. Je vivais dans le monde des livres de mon pere, qui me permettaient de voyager, d'explorer, de m'integrer dans l'univers de personnages qui vivaient dans des pays lointains, dans des cultures toutes differentes de ma culture flamande, dans des moments historiques exotiques, ou proches, et je devins souvent un d'eux, dans mon imagination d'enfant curieuse et seule, voulant tellement etre inclus, entendu, vu. Participer dans ces heures heureuses et longues des avontures de Robin Hood, Peter Pan, Ali Baba, D'Artagnan, Lancelot, me donnait le desir de voir le monde, de le comprendre, d'en savourer sa variete de ses cultures et histoires. Dans la maison ou j'ai grandie en Flandres, dans le village ouest - flamand de Beveren, on avait un grand jardin, avec beaucoup d'arbres, ou vivaient des tas d'oiseaux, et ou on avait la visite aussi de lapins, ces animaux gentils, silents. Ensemble avec le bonheur de l'exploration du monde que me permettaient les livres, les visites au jardin, et ce que j'y trouvais en decouvertes agreables, de grenouilles dans l'etang qu'on avait aussi, et de petits insectes, araignees, papillons, abeilles, coleopteres, etait une seconde source de moments heureux, de me savoir entouree du monde de la nature, et du soutien qu'elle me savait donner dans mon enfance bien soignee d'un cote, et tres seule et invisible d'un autre cote. Cet amour que j'ai sentie me donner la nature, m'est restee, et le jardin ici a Olympia, est d'egale mesure une grace qui adoucit ces moments de solitude et ses exigences de ma vie en ce qui parait etre un exile que seulement la Kabylie et son coeur et esprit m'ont su enlever, malgre les defis constants de la grande distance qui me separent d'elle et les amis qui m'y sont precieux. J'aime beaucoup les arbres, ces etres immobiles du jardin et de la foret en bas du jardin, qui depuis plus de 30 ans m'accompagnent les soliloques que je leur addresse, dans le silence qui m'entoure, dans notre voisinage ici qui est tres tranquil, loin du bruit de la ville. Le silence me fascine comme energie spirituelle, des mon adolescence surtout, apres avoir decouvert les mots du sage Tao chinois, Lao - Tzu, qui vivait dans la periode de la cour Zhou dans le 6eme siecle B.C. et qui a dit dans un de ses aphorismes fameux: "Le Silence est la plus grande revelation." Meme maintenant, toutes ces annees plus tard, le silence a pour moi sa propre voix, que j'entends dans la danse des feuilles des arbres, dans la lumiere du soleil, et dans la brillance de la lune de cristal et ses etoiles en hiver. Dans les meillieurs moments, je leur entends la voix, chacune bien unique en timbre, en rythme, et dans les pires moments, je sens leur charite, leur respect. Ce qui me fait penser a l'idee de la pointe de la lance: la nature et ses sagesses, quand on y fait attention, nous apprend d'accepter notre vulnerabilite ensemble avec notre force, et nous fait comprendre que l'etre humain ne sait voir clair dans son destin que dans le contexte de la nature, car sans elle, on ne respirait pas, on ne mangerait pas, sans son soleil, on n'existerait pas, sans l'eau de ses rivieres, on ne survivrait pas non plus, et sans ses arbres on suffoquerait. Il n'y a pas de vie humaine sans les dons de la nature. Elle nous rappelle qu'on fait partie d'un univers immense, et que notre belle planete qu'on traite si mal en ce moment, est un joyau unique dans l'histoire de l'existence et ses milliards d'annees d'evolution et mysteres. Le silence dans la nature, nous permet reflechir sur cette immense verite, ce silence sacrale qui parle, qui nous nourrit le coeur, l'esprit, l'ame, et qui est une force de geurison, tandis que les silences des villes et de la machine industrielle globale, sont le contraire: une punition, un confinement comme on le trouve dans la misere des prisons, de l'isolation des bidonvilles du monde, dans la destruction et la mort que laissent les guerres, la pollution, la violence contre les ressources de la terre, de sa flore et faune, de ses cultures anciennes, de ses eaux, recoltes et richesses qu'on lui vole de son sein, de son coeur chaud, pour satisfaire l'avarice de peu, et garantir la pauvrete et malheur de centaines de millions de personnes victimes de cet outrage continu et exponentiel. Savoir vivre des moments silents avec la nature, c'est se communiquer avec elle, d'en apprendre ses perspectives, d'apprendre la langue de ses organismes, de ses animaux, de ses phenomenes. Elle nous permet d'etre la pointe de la lance de notre vie, malgre tous tes obstacles, malgre tous les chagrins, toutes les pertes inevitables. Son silence est l'accord tacite qu'on fait avec elle, qui nous permet de trouver une paix interieure, un equilibre, qui est une armure considerable contre tous les insultes, le mepris, le mal qui s'amuse de nous tourmenter, encore et encore, sous forme de personnes mal intentionnees, faibles, egoistes, miserables dans leur obsessions, leurs manies malades. La point de la lance, cette premiere defense, qui permet s'unir les forces, qui permet une defense strategique efficace, solide, voila le don du silence et ses apprentissages que regale la nature quand on prend le temps de la visiter avec un esprit humilde, avec un coeur ouvert, et couvert de cicatrices, de blessures affectives, de chagrins invisibles. L'accord tacite de son silence, qui nous apprend d'etre un guerrier pour le bien, qui nous laisse avec la force interieure de vaincre les affronts les plus penibles, de trouver une source de joie au fond de notre ame, que personne n'est permis de toucher, sauf ces personnes, ces chamans itinerants, qui eux aussi en connaissent le sentier et sa traversee difficile mais si valable, rassurante, digne, de se savoir compagne de la nature, d'en connaitre ses visions et le timbre intime de ses mots guerisants, inaudibles au monde du bruit et de la violence. 

Trudi Ralston 

Sunday, October 5, 2025

What Will Remain: The Call of Winter's Claim - dans la serie "Les Ailes D'Aphrodite" - en Hommage a Nacer Amari

        L'automne s'annonce ici dans la region du Pacifique Nord - ouest avec la surprise agreable de jours de soleil doux, et brises legeres, mais le matin et le soir, il y a deja un frisson d'air froid qui touche ce qui reste de la lumiere de l'ete maintenant partie pour ceder sa saison d'energie vibrante, aux reflections mesurees de la saison des recoltes, des feuilles d'arbres dansant multicolores dans les jeux du vent. L'horaire des chants des oiseaux aussi change, ils dorment plus tard, se preparent pour l'hiver qui viendra inevitablement. Leurs chansons ivres d'amour et energie de la saison printanniere et estivale cedent a un silence solemnel, respectueux en harmonie avec le chuchotement des voix des arbres de la foret et du jardin. J'ai toujours eue une fascinaton pour les chants et leurs rythmes et melodies hantants et rebelles de l'Ecosse et de l'Irlande, et les murmures agreables de la brise ce soir, m'ont inspiree un poeme et ses melodies que je dedie a mon collegue kabyle d' Aokas, le photographe de Tassi Photographie, Nacer Amari. Le poeme, sous influence des rythmes et melodies celtiques qui circulaient dans ma tete, m'est venu avec ses mots en anglais, alors, je le partage ainsi, avec aussi ma traduction de mon poeme en francais. Le poeme s'appelle "What Will Remain", ce qui se traduit comme "Ce Qui Restera", et se refere a la difficulte de maintenir depuis son debut en 2019, un lien professionnel - litteraire - artistique proche et complexe, augmentee encore par la distance et des exigences et codes culturels - sociaux qui doivent surmonter trois differents mondes et leurs histoires et expressions: 


What Will Remain **** Ce Qui Restera 


What will remain, is what the winter's breath came to me to explain. The summer's heat and sweet light and touch of singing moon and stars all united to stand and sing in one stroing voice: there is no point to avoid that which destiny will claim. 

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Ce qui restera, est ce que le souffle de l'hiver m'expliquera. La chaleur estivale et sa lumiere douce, le toucher du chant de la lune et ses etoiles, s'unissent tous en une voix resistante: cela ne sert a rien d'eviter ce que le destin decidera. 

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As sure as summer must give way to the chill of winter already on the morning air, so must the heart and its dreams of hope and belonging put away its lyre and its flute, to make room for the need for winter's fire and its healing the woods and their trees give so freely. 

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Comme l'ete doit ceder sa place au froid qui touche deja l'air le matin, ainsi le coeur et ses reves d'espoir et appartenance doit mettre a cote sa lyre et sa flute, pour le besoin des feux ouverts de l'hiver et leur guerison que donnent si genereusement les bois et leurs arbres.

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There are bridges that are not made of rope or stone, that live deep in our soul, and those are far harder to cross than those made by the sweat of muscle and bone. Oh, my sweet friend, would that we could close that divide across time and space, and unite our two spirits forced to scream their echos in different riddles. 

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Il y a les ponts ne pas faits de cordes ou de pierres, qui vivent dans la profondeur de notre ame, et qui sont beaucoup plus dur a traverser, que ceux construits de muscles et d'os. Oh, mon cher camarade, puisse - t 'on vaincre le temps et ses espaces, et unir nos deux esprits obliges d'hurler les echos de leurs enigmes. 

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The sun tonight as it fades, wraps my heart with the cloak of its visions: you and I are warriors that each belong to our tribe, that each must follow their call, and not tremble before the shrillness of its laws. You live on, as you will for all eternity, in the deep scar you left in my soul, as it is the wound that before had never healed. 

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Le soleil ce soir qui palit, enveloppe mon coeur dans son manteau: toi et moi on est des guerriers qui chacun appartiennent a notre clan et ne doivent pas trembler devant la stridence de ses lois. Tu vivras, et cela pour l'eternite, dans la cicatrice que tu m'as laisee a l'ame, comme c'est la blessure qui avant ne s'avait jamais guerie. 

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Trudi Ralston




Wednesday, October 1, 2025

Le Mal de Debarquement: Laisse tout T'Arriver - dans la serie "Les Ailes d'Aphrodite"

              Ce matin, le ciel avait une lumiere brillante doree, d'un soleil qui se liberait d'une nuit de pluie qui avait donnee sa senteur riche a la terre, soulagee de savoir sa soif etanchee apres une ete de secheresse et inquietantes incendies dans les forets abondantes de Washington State. La lumiere pale refractee etait agreable, apres m'etre reveillee avec la sensation bizarre d'etre sur une autre planete, a cause d'un silence un peu inquietant, l'absence des chants des oiseaux, qui etaient peut - etre encore endormis, apres la surprise de la pluie hier soir. Je me sentais dans un univers parallele, ou je n'existeais plus. Ce qui m'a fait penser a ces mots du poete libanes - americain, Kahlil Gibran (1883 - 1931): "Beaucoup d'entre nous passent toute notre vie fuyant les sentiments, sous l'impression erroneuse qu'on ne peut pas en supporter la peine. Mais tu en a deja souffert la peine. Mais ce que tu n'as pas encore fait est sentir tout ce que tu es au - dela de cette peine." On sait que les personnes qui ont le coeur et esprit artistique - poetique, savent se defendre avec l'armure de la rebellie. Ceci n'est pas au hazard, car cet acte de choisir la rebellie demande beaucoup de courage, ce que la Kabylie sait trop bien. La rebellie n'est pas une reaction de temperament, elle est un acte de la volonte, de trouver la force interieure pour se forger un chemin souvent difficil, meme parfois dangereux, mais qui a la fin est inevitable si on veut vivre la vision, le destin ne pas comme un robot, mais comme une personne libre, qui insiste sur le droit de manifester son identite, l'appel de sa muse, de sa conscience, de ce desir de s'exprimer l'appel de ses visions, de ses inspirations. C'est le destin des poetes, des chamans, des guerriers pour la justice, pour la paix, pour un monde meillieur. Se forger un chemin avant ne pas visible, ne pas connu, est dur, et me rappelle aussi les mots du poete autrichien moderniste, ce rebelle qui savait embrasser l'abime de la solitude et de l'enigme de la vie et de la mort: Rainer - Maria Rilke (1875 - 1926) qui a dit, dans sa fameuse correspondence a un jeune poete de 19 ans, Franz Kappus, "Lettres a un Jeune Poete", publiees en 1929, qui couvre des lettres entre les deux poetes pour 5 ans, entre 1903 - 1908: "Laisse tout t'arriver. La terreur et la beaute. Aucun sentiment est trop distant". La phrase en allemand, la langue dans laquelle Rilke ecrivait, est "Kein Gefuhl is das fernste", le mot "fernste" voulant dire "le plus loin, le plus distant". Ce qui exprime tres bien cette idee d'aller aussi loin que possible dans le monde des explorations de l'esprit, des emotions du coeur, pour rendre assez fort la volonte de vivre a son plein potentiel et a ses promesses de nos dons, de nos talents de qui leur but est de les voir epanouis, pour les partager, les donner librement, ouvertement. La nature est dans ce sens, souvent le guide, qui nous laisse savoir la direction dans les moments exigeants, frustrants et qui nous accompagne les demandes ne jamais tres loin de la solitude qui parait inevitable quand on suit le sentier vers la liberte d'une vie authentique, loin des bruits des illusions et leurs armees de metamorphes insatiables. Le poete libanes - americain Kahlil Gibran (1883 -1931) parle souvent de la mer, du sable, de l'espace du firmament pour exprimer le langage de ses visions spirituelles - philosophes, comme dans sa collection d'aphorismes, "Le Sable et l'Ecume": "Je marche eternellement sur ces rives entre le sable et l'ecume La maree haute effacera mes empreintes Et le vent soufflant enlevera l'ecume." Le mystique - poete Sufi perse Jalal al - Din Muhammad Rumi ( 1207 - 1273), aussi savait donner un contexte universel et intemporel a la sagesse de ses inspirations. C'est Rumi qui a dit: "On ne peut toucher le ciel qu'avec le coeur." Le poete autrichien Rainer - Maria Rilke aussi trouvait beaucoup d'affirmation pour ses convictions, dans la sagesse de la nature: "Si tu resteras proche a la nature, a sa simplicite, a ses phenomenes meme petits et parfois a peine visibles, ces choses soudainement deviennent grandes, immesurables." Je pense a tous mes poemes qui celebrent la nature en Kabylie, ses vastes montagnes, et la voix de ses esprits, de son ciel, de ses nymphes de ses cascades, de ses rivieres, de sa lune, de ses etoiles, de Neptune et ses sirenes qui m'appellent vers ses rives, vers ses chants, ses memoires. Pour moi, le coeur kabyle et son esprit resistant, sont le tambour qui m'eveillent les jours pleins de promesses pour ma muse depuis 2017, quand le destin m'a introduit a l'Algerie et la richesse de son histoire, de sa culture berbere. Le chagrin de me savoir depuis 2019 loin des rives de la Kabylie, me forcent d'apprendre le savoir de poetes legendaires, comme Rumi, Gibran et Rilke: de pousser au - dela du tolerable, de laisser le feu du manque ouvrir le bois brulant de mon esprit, de mon coeur, vers le centre de cette energie de la volonte, qui sait transformer la solitude et ses demandes dans une source d'inspiration purifiee, ne plus limitee par les irritations que causent les illusions, les distractions d'un monde vide, sans ame. La sensation nauseabonde de me sentir transportee vers un univers parallele ou je n'existeais plus, etait effrayant, a un niveau affectif, mais je comprends qu'il me faut traverser ce couloir froid, seul, pour briser ce qui reste de ce mur d'une solitude implacable de qui son ombre la Kabylie et son esprit a su briser. Comme dit Rilke, pour la plupart, on est comme etre humain, seul, car peu sont les personnes qui nous voient, entendent et comprennent le monde interieur. Les cultures qui ont un sens fort de la communaute savent adoucir cette verite, sa realite qui peut etre dure, malgre tous les efforts de traditions et reunions qui celebrent la joie de savoir vaincre la distance qui separe les coeurs et les esprits dans cet enigme qui est la vie. C'est dit que les cultures ou les personnes sont les plus heureuses, sont celles de la region de la Mediterranee, dont la culture de la Kabylie fait partie, et je le crois volontiers. Se savoir membre d'un peuple qui a un coeur et esprit genereux, resistant et chaud, ajoute une mesure de confiance, de dignite, d'appartenance solide, qui sont un soutien dans les moments durs, et une joie dans les bons moments de la vie et ses caprices et defis. C'est pour cette raison que la punition du banissement est le plus severe dans les cultures de traditions anciennes. Etre seul, invisible, la torture de l'exile, car l'etre humain est un etre social, qui aime se voir son ame refletee dans la presence, l'amitie et la tendresse, d'une famille, d'un clan d'amis, d'egaux. Toute une vie d'exile culturelle - sociale m'a appris cette dure verite. Me savoir la seule personne de ma famille - de moi, un frere et deux soeurs - tous les trois plus jeunes que moi et nos deux parents - qui est encore en vie, est une solitude etrange, vivant dans ce pays immense qu'est les Etats Unis, de qui son coeur n'arrive pas a trouver une expression libre des pieges du compromis troublant. Cela m'a mis le coeur flamand dans une prison invisible au monde, de qui ses murs etaient suffoquants. C'est la Kabylie qui m'a donnee la force de briser mon isolation, et c'est quand je sens la peine de son absence que les ombres et les fantomes d'un passe lourd viennent pour se moquer de mon espoir, de mon courage. "Laisse tout t'arriver", disait le poete Rainer - Maria Rilke. Et bien, ceci n'a pas ete un probleme. J'essaie toujours d'eviter dans des reunions avec des amis ici, les conversations autour de famille. Des questions comme: et toi, tu as de la famille ici? Des parents, des freres et soeurs? Je reponds souvent que je ne veux pas deprimer l'ambiance, car ce n'est pas une heureuse histoire. C'est troublant de s'imaginer de repondre avec la verite sombre: "Et bien, j'avais deux soeurs, la plus jeune souffrait de la depression bi - polaire, et s'est suicidee a l'age de 35 ans. Elle s'est pendue. Mon autre soeur avait un mari et deux enfants de 8 et 6 ans, et elle est morte d'un cancer a l'age de 44 ans. Mon frere, qui allait devenir grandpere de deux petits enfants, est mort de complications du COVID il y a 5 ans, sans savoir qu'il allait etre grandpere. Il avait 61 ans. Ma mere est morte du cyrrhose du foie, il y a 17 ans, et elle avait jetee dehors a mon pere 7 ans avant sa mort, car il souffrait de la demence et elle voulait se debarrasser de lui. Il est mort seul et triste, loin de moi et mon frere, et je n'ai meme pas pu lui dire adieu." Ce n'est pas une conversation qui anime. Donc, je ne dis rien, sauf si c'est inevitable. Mon mari et mon fils et juste quelques personnes ici connaissent l'histoire, et on n'a pas besoin de la revisiter que rarement. Comme c'est la Kabylie qui m'a donnee ma voix de poete, l'energie guerisante de mes inpsirations litteraires et artistiques, je la vois comme ma famille de coeur, qui m'accepte avec mes blessures, mes traumes, et qui m'embrasse, au lieu de me juger, mepriser. Hier matin je me sentais comme avoir le mal de debarquement, suite de cette sensation du risque de devenir invisible a nouveau, si les rives de la Kabylie s'eloignent imperceptiblement. Je prefere ne pas trop y penser. Je prefere penser aux mots pleins de conviction et espoir de Rainer - Maria Rilke, quand il conseille au jeune poete Franz Kappus, dans la IVeme lettre a lui, dans la collection publiee "Lettres a un Jeune Poete" (1929) : "Crois dans un amour qui se garde pour toi tel un heritage, et crois que dans cet heritage, il y a une force et une benediction si grande, que tu peux y voyager aussi loin que tu veux, sans devoir quitter son espace." Ceci est pour moi le plus beau regal que la Kabylie m'a donnee: me savoir liee a elle, n'importe la distance, n'importe les defis de sa part, ou de la mienne. C'est quand cette joie et sa chaleur se mettent dans mon coeur de poete liberee, que les monstres et leurs grimaces sur cette plaine cruelle de la solitude, comme etre prisonniere d'un univers parallele hostil, fuient, et je me sens inondee de la flamme du bonheur de la tendresse kabyle et sa generosite, son regard ancien, benevolent, charitable, du pays de l'Algerie et ma Kabylie, ma muse, ou vivent les hommes, femmes et enfants libres, pour qui je chante d'ici mes poemes sur les melodies et notes que m'inspirent les voix et les sourires des Imazighen de l'Afrique du Nord.  

Trudi Ralston  


L'information sur les vers et pensees des poetes Kahlil Gibran, Jalal al - Din Muhammad Rumi, et Rainer - Maria Rilke, courtoisie de Wikipedia. 

Thursday, September 25, 2025

Une Harmonie Universelle: Le Message de la Muse dans "Hafit Arkoub, artiste" de Nacer Amari - dans la serie "Au - Dela des Ombres de Demain"

                  Un portrait en noir et blanc du 27 aout 2025, "Hafit Arkoub, artiste", un musicien de Tichy, de la part du photographe d'Aokas, Nacer Amari de Tassi Photographie m'a permis d'apprecier l'idee du lien entre la nature et la musique qui sait unir les deux. Cette idee a trouvee une expression bien specifique dans un article d'automne 2024, dans la magazine National Wildlife Magazine, qui se dedie aux efforts de la part de personnes conscientieuses pour essayer de sauver la terre, sa faune et flore, et l'humanite, des degats que causent les exces que continue la machine industrielle globale despuis son inception en 1790. L'article ecrit par Barry Yeoman, a comme titre "Bayou Bandleader", et raconte l'histoire de Bruce "Sunpie" Barnes, un musicien - garde forestier, de naissance de l'etat d'Arkansas, dans le Sud des Etats Unis, qui apres ses etudes universitaires, va travailler a l'age de 23 ans, en 1987, dans l'etat de Louisiana, dans la reserve naturelle Barataria, des bayous avec leurs faune et flore exotique abondante et unique. Il apporte son harmonica au bayou, pour la premiere fois en 1988, pour jouer pour les animaux, qui venaient lui ecouter, dans les marais dans son canot: "Ils etaient partout, pres de 300 crocodiles. Des oiseaux partout, tous les cris qui s'ajoutaient, des coyotes, des chouettes rayees", qui affirmaient que la nature jouissait de ses melodies qu'il partageait avec ses creatures, a 2:30 de la nuit. Depuis, il organise des excursions en canot en pleine lune, qui sont si populaires, qu'il faut faire des reservations un an en avance, depuis que la magazine "The New Yorker" publie en 1989 un article sur cette unique idee de Bruce Barnes, forestier - musicien, ou il joue sa musique, et ou les participants peuvent admirer la nature en meme temps, de cypresses et des arbres tupelos drapee en mousse espagnole. Il devient aussi ami avec le celebre chanteur et joueur de blues, Fats Domino (1928 - 2017), qui lui apprend une appreciation pour la cuisine renommee creole - cajun de la Louisianne, de laquelle je peux temoigner de son excellence, ayant eue la chance de visiter a New Orleans, pendant mes annees d'etude universitaires au Texas.  Aujourd'hui, Bruce Barnes, qui a 61 ans maintenant, est le chef du groupe "Sunpie and the Louisiana Sunspots" a New Orleans, et aussi son accordionniste et joueur de harmonica. Son groupe joue pour des festivals partout dans le monde avec une musique qui est une fusion de tydeco, blues, creole funk, gospel et des melodies de l'Afrique et des Caribes. Il a fait des tournees avec Paul Simon, et Sting, et sa musique a apparu dans plus de 20 films et series de television.  Pour Barnes, la musique et la nature vont de paire: "Les rythmes de la Louisianne sont particuliers comme ses bayous, ses zones humides, ses marais, champs de canne, et ses forets." Les zones humides y produisent meme leur propre musique: Bruce Barnes visite la reserve naturelle Barataria la nuit, avec un enregistreur vocal, pour capter les sons de la faune et l'ajouter apres a ses disques. Barnes avait fait ses etudes universitaires en biologie, et comme musicien il apprecie l'harmonie qui existe entre la nature et le monde de la musique. En 1999, Bruce "Sunpie" Barnes se retire comme garde forestier de la reserve Barataria, et devient un garde forestier au New Orleans jazz National Historical Park, qui donne des cours dans le Quartier Francais de la ville , sur le sujet de la musique et de l'education, pour 6 ans. Il continue depuis sa retraite de ce poste, comme naturaliste, qui organise des randonnees pedestres dans la region, et prend des photos des plantes medicinales et fungi des bayous, et en ce moment, il y a une exposition de ses photos  au Louisiana State Museum, son edifice Cabildo, jusqu'a mai 2026. Cet article m'a fait apprecier la pensee a l'Algerie et sa magnifique et variee nature: elle a tout, des montagnes, des cascades et rivieres, des plages entouree de la magnificence de ses montagnes, du Djurdjura. Elle a le Sahara, le desert chaud le plus grand sur terre, avec les merveilles de Timimoun, du Tassili 'n Ajjer, et la richesse et beaute de la culture Touareg, et elle a la richesse culturelle et historique de la Kabylie, des Aures, de villes anciennes comme Constantine. Je pense a la richesse de ses traditions quant a la musique: Chaabi; andaluz comme le genre Sana'a, Gharnati, Ma'luf; musique arabe classique, bedouine, musique Berbere kabyle, chaoui, touareg; Houzi; Rai; Staifi. C'est la musique et ses chansons du chanteur kabyle Idir, qui m'a introduit a la Kabylie, et qui a ouvert la porte vers l'experience transformative radicale de mon etre poetique et artistique. L'influence de la musique d'Idir et du legendaire rebelle chansonnneur- poete Matoub Lounes ont une renommee internationale. J'ai pu apprendre sur la musique algerienne Haouzi, un style de musique andaluz qui en est une interpretation moderne, et qui se joue souvent pour les ceremonies et les mariages, comme la musique du genre Staifi, et que la musique Rai, sait unir des influences de la musique de l'occident avec la musique bedouine, comme dans l'art du chanteur et musicien algerien Rachid Taha (1958 - 2018), qui attirait un public international pour savoir celebrer ses racines musicales nord - africaines qu'il introduisait a cote de ses connaissances de la musique rock et punk pour ses textes rebelles quant au racisme en France envers la diaspora algerienne du pays. Cheb Khaled (1960), est un autre chanteur, musicien et compositeur algerien d'Oran, du genre Rai, a une renommee mondiale et a connu une vente de plus de 80.5 million d'albums. La musique Rai est tres populaire en Algerie, au Maroc, en Tunisie, en Libye, l'Egypte, la Turquie et la France. Le genre Chaabi est un style populaire urbain contemporain qui est heritier de la musique classique d'Andalucie, comme du grand - maitre du genre, El Hajj Muhammad El Anka (1907 - 1978). Dans les styles populaires de musique contemporaine, il y a le style hofii de musique vocale feminine, et le style zindalii, de la ville de Constantine. Le style Ma'luf aussi est de Constantine, qui se joue pour l'occasion de mariages et la ceremonie de la circoncision. S'imaginer ecouter ces musiques et apprecier leur richesse dans la magnificence de la nature en Algerie, dans ses montagnes pour y entendre reverberer leurs echos, et dans le grand Sud du desert Sahara, doit etre une eperience inoubliable. Ma premiere impression de la nature en Kabylie, en 2019, fut que sa nature est un miroir de l'ame du peuple kabyle, et que le coeur et esprit kabyle se voit sa force interieure, spirituelle et historique, refletee dans sa nature. C'est un temoignage encore de l'importance de la photographie comme art visuel unique, que ce portrait reflexif, tranquil, "Hafit Arkoub, artiste" du photographe Nacer Amari a permis cette interlude agreable dans le monde de la musique et son influence unique sur l'esprit, energie et bien - etre et espoir des etres humains de cette terre.  

Trudi Ralston   


L'information sur le musicien - garde forestier de la Louisianne, Bruce "Sunpie" Barnes, est de l'article ecrit par Barry Yeoman dans la magazine americaine National Wildlife Federation (NWL), de l'automne de 2024. La recherche sur la musique de l'Algerie, et ses musiciens, est courtoisie de Wikipedia. 

Tuesday, September 23, 2025

Ausencia: El Mensaje del Perfume Otonal - dans la serie "Les Ailes d'Aphrodite"

        Ce poeme m'a ete inspiree par une sensation bien precise, de sentir la presence presque physique, du coeur chaud d'une personne tres chere, qui me manque beaucoup. Un des ces mysteres de la vie humaine, qui nous introduit a des ames a qui on se sent proche, uni, qu'un geste capricieux, insoucieux du destin, decide de congedier, indefiniment, cruellement, comme ca. Le jour etait doux, pour le debut de l'automne, avec une brise legere comme une petite plume, et parfumee avec la senteur du tapis de feuilles tombees en couleurs vives, qui faisaient une melodie rythmique agreablement feutree pour mes pas sur l'herbe. C'etait comme si l'ame meme de la personne aimee savait me toucher legerement le coeur avec une main. Je me suis trouvee inondee de melancholie, qui se collait a mon souffle comme un poids douloureux, lourd. Ma defense alors, est de dedier un poeme a ce moment sublimement intime, et, triste, mais aussi d'une beaute spirituelle profonde, de sentir qu'il y a des liens sur cette terre, qui savent survivre les limites de la realite quotidienne, quoique de facon ne pas comment on se l'imagineait. Un lien si fort, que le coeur meme de la terre reste immobile, se retient l'haleine, quand elle voit ce chagrin que souffrent les etres humains quand ils perdent un amour precieux, fragile et resistant tout en un. J'ai ecrit ce poeme en espagnol, pour l'habiller avec un tissu affectif qui fait honneur a son desir pour le respect de sa peine, de cette torture de devoir faire face a l'abime qu'est la blessure de perdre a l'autre moitie de notre etre, de notre esprit, de la joie et ses espoirs et partages sublimes, et de maintenant devoir vivre avec ce trou immense et invisible au milieu de l'espace de notre coeur, ou a un temps vivait notre egal, ce bonheur si rare sur cette plaine terrestre:   


Ausencia: El Mensaje del Perfume Otonal 


Fue une sorpresa, sentir si fuerte, la ausencia de ti, la perdida de tu carino. No puedo comprender, la razon de esta crueldad, que me sigue donde voy, sin remedio, sin ayuda, sin poder quitar esta herida que sufre mi corazon.

***     *****     ***     

El sol mismo lo siente, su calor me consuele, me toca la cara, me seca las lagrimas, que vuelven cada vez, que la ausencia de ti se mete, me duele con su cuchillo cruel. La cosa mas rara, en toda esta historia triste, es que tu alma me visita, trata de convencerme que nos vamos encontrar de nuevo, de no desesperar. 

***     *****     ***

Tu alma, que ahora camina a mi lado, con su mensaje del perfume otonal, que tu dejas cerca de los arboles, cerca de la luz donde escribes tu nombre para que sepa el dolor que quema mi sangre, que todavia piensas en mi, que no te perdiras en el camino de regreso, aunque decida meterse el destino caprichoso.


Trudi Ralston  

 

   





Monday, September 22, 2025

La Racine Enregistree: Une Illusion qui fait Penser - dans la serie "Les Ailes d'Aphrodite"

            Le corps humain est une merveille, la facon que toutes ses fonctions unies nous permettent de voir, de sentir, de bouger, de parler, de penser, de creer, d'entendre, de toucher, de comprendre. Parfois, ce corps nous fait reflechir aussi, quand une de ses fonctions a besoin de se reparer. Une de mes dents au cote droit a du etre enlevee, et la personne qui a fait l'extraction est un medecin et chirurgien qui a fait de la science des dents sa specialite. Il est en plus d'etre un chirurgien dentiste exceptionnel, aussi une personne tres aimable, et j'ai appris, qu'il a fait ses etudes universitaires a la meme universite au Texas que moi, ce qui etait une facon sympathique de rendre plus detendue la visite pour me liberer de la dent et de la douleur tout en un. J'aime beaucoup apprendre, tout le temps, et apres, une fois enlevee la dent, j'ai demandee de la voir, et de la garder, car les dents sont des structures vivantes, qui ont des racines, des vaisseaux sanguins, ligaments, et un nerf, ce qui est biensur la partie qui nous donne la douleur, si ce nerf souffre des degats. Voir de pres la dent, qui mesure 2,5 centimetres, la chose la plus disante est que la couronne de cette dent mesure 0,5 centimetres, et sa racine 2 centimetres: donc, seulement 1/4 de sa structure est visible. Cela me fait voir a cette dent qui m'avait causee plusieurs semaines de douleur bien tetue, d'une toute nouvelle facon: qu'il y a une illusion bien trompeur sur laquelle on insiste trop souvent, et c'est qu'on rarement prend le temps et la gentillesse, d'estimer toute la structure d'une personne, car la plupart du temps, on ne voit que, comme d'une dent, juste la couronne. Alors, on s'impatiente, on juge parfois, oubliant que 3/4 de cette personne, sa racine, pour ainsi le dire, son etre interieur, son esprit, son histoire, ne nous est pas connue. Ceci est le cas avec des personnes qu'on connait bien, ou pense de connaitre bien, autant que c'est le cas avec les personnes dans la vie qui sont passagers, ne pas proches, et avec qui on echange des conversations et des moments furtifs, qui restent a la surface des choses. Ce qui m'a aussi fait reflechir sur le fait, que quant a la dent symbolique et sa structure de notre vie, on a tendance aussi de s'impatienter parfois aussi avec nous memes, quoiqu'on n'a pas une vue claire, totale de notre propre coeur, esprit, histoire non plus. Ce qu'on voit de nous - meme, est souvent qu'une partie de notre histoire. Parfois, on recoit la grace d'une amitie, d'une rencontre qui nous revele les espaces interieures avant invisibles, de notre etre. Moi j'ai recue cette charite, quand j'ai ete introduite a la culture, au coeur chaud, sincer kabyle, et quand la vie m'a donnee la chance de travailler avec mon collegue photographe d'Aokas, Nacer Amari de Tassi Photographie. Cela restera toujours un mystere profond, d'avoir recu cette grace, ce regal du chaman artiste, qui me permet de comprendre les pieces importantes, du puzzle de ma vie, de les pouvoir ranger dans leur place, de les voir clair, pour la premiere fois. C'est comme me voir dans un miroir, sans le brouillard y mis par trop d'evenements ne pas compris, sans les ombres y mis par trop de demandes, trop d'humiliations, ne jamais enlevees, ne jmais soignees. La dent m'enlevee je la garderai pour me rappeler, que parfois, apres avoir du trouver un courage continu, une determination resolue de croire qu'un jour la vie trouverait la clef qui donnera la chance de decoder le destin, on est permis de trouver la carte routiere qui indique la direction du chemin. Cette realisation est la source d'une joie tres grande, apres avoir pensee que j'allais devoir passer toute ma vie, et ce qui en restait, dans la brume, sous le poids de ses incertitudes auxquelles je m'avais habituee, mais qui toujours faisaient mal. La dent, et le symbolisme de sa structure, ne visible que pour 1/4, que la Kabylie m'aide a voir, une piece a la fois, de ce qui avait restee cachee pour 3/4, me permet comprendre et connaitre qui je suis, mon histoire, et me donne a ma muse la flute et ses melodies pour mes poemes, desquels elle dechiffre les enigmes de leurs messages, les origines de leurs inspirations. La vie m'avait enlevee beaucoup: ma terre, ma langue, ma famille de sang, ma voix de poete, mon identite, mon nom. C'est profondement emouvant de le penser, qu'une femme flamande, loin de sa terre natale depuis mon adolescence, s'est trouvee le chemin de retour vers son coeur, son esprit, son essence poetique et litteraire, sur les rives de la Kabylie. Petit a petit, elle me redonne a moi - meme, me reconstruit mon etre, m'apprend la langue de ma vie interieure, un mot, une image, une memoire a la fois, et me libere, une fois pour toute, du confinement si longuement souffert qui dans les pires moments, me laissait avec la sensation horrifiante d'avoir ete enterree vivante, que personne ne notait, ni de proche, ni de loin. C'est pour cette raison que la pensee meme de la Kabylie me sait toucher si completement, me laisse avec un frisson de joie delirante, comme celle d'une enfant abandonnee qui voit se realiser son souhait le plus fervent: d'etre accueillie dans le sein d'une famille de coeur qui lui respecte, qui lui aime, sans aucune hesitation, qui lui permettra de s'explorer toutes les possibilites de ses sensibilites, de ses talents. 

Trudi Ralston 

Friday, September 19, 2025

Le Retard Imprevu: Une Mecanique Charitable - dans la serie "Les Ailes d'Aphrodite"

        Il y a un phenomene qui recemment s'est introduit a mes pensees, le fait que la defense contre le chagrin de l'absence s'exprime parfois de facon bizarre, et pourtant ne pas incommun: quand toute autre emotion, celle de la joie, du delire, de l'energie debordante, n'a plus de chemin libre d'expression, ce qui reste est la peine, et la douleur de sa blessure, et face a cette evidence, le coeur humain reagit par s'accrocher a cette douleur et de la proteger, car, une fois que cette douleur meurt, il ne reste plus rien du lien, que la memoire de son histoire. La musique des blues inventee par les artistes genies de la population noire des Etats Unis, explore de facon magique et profonde cette verite et ses contextes autant tragiques que rebelles, courageux. Je pense a une chanson blue celebre sur ce sujet: la chanson "Good Morning, Heartache" (1946) de la chanteuse fameuse Afro - americaine Billie Holiday (1915 - 1959), persecutee sans piete pour ses chansons qui condamnaient le traitement de la population noire, comme la chanson qui fut bannie "Strange Fruit" de 1939, qui decrit les lynchings de personnes noires, dans le Sud du pays qui continueraient jusqu'aux annees 1960, avec l'arrivee du Mouvement pour les Droits Civils sous la direction de leur leader heroique, Dr. Martin Luther King, Jr. (1929 - 1968). La chanson etait a base d'un poeme et chanson d'Abel Meerpol, de 1937. Je pense a cette chanson blue de Billie Holiday, de 1946, "Good Morning, Heartache", ecrit par Irene Higginbottam, Ervin Drake et Dan Fisher. Le titre se traduit comme "Bonjour, Chagrin de Coeur", ou elle parle a ce chagrin comme si c'etait une personne, qui lui visite chaque matin, et a la fin de la chanson elle l'invite de rester: "Good Morning, heartache... Sit down.", donc: "Bonjour, chagrin de coeur, ... assieds - toi." Elle invite alors son chagrin de rester, fatiguee d'essayer de le chasser, parceque quelque part elle accepte la realite, que c'est tout ce qui lui reste a son coeur qui a un temps etait heureux, avait la joie, l'espoir de se savoir aimee. Une chanson tres touchante, vu que Billie Holiday a vecue souvent des liens abusifs de la part des personnes proches dans sa vie. On sent, en ecoutant cette chanson melancholique qu'elle connaissait tres bien ce sujet. Cela fait 6 ans depuis mon sejour au Maroc et en Algerie, specifiquement la Kabylie, et cela ne prend pas beaucoup, pour sentir ce manque, qui se manifeste toujours de facon inattendue, mais aussi maintenant deja connue: parfois il suffit d'entendre une chanson kabyle, ou de voir une belle photo des montanges du Djurdjura, ou que la brise le matin a dans sa senteur une odeur de terre chaude, pourque mon coeur sent cette peine, cette douleur de l'absence. Est cette douleur alors, une charite, qui rend moins penible la blessure que doit encaisser le coeur qui aime, et qui se voit loin des etres chers? Je me rappelle un jour, qu'une personne m'a dit, au sujet du manque d'un peuple, d'une culture, d'amis chers qu'on y connait: "Tu te rends la vie compliquee, pourquoi l'Algerie, pourquoi la Kabylie? C'est loin!" Et oui, ceci est vrai, mais ce que cette personne, bien intentionnee possiblement, ne sait pas est la certitude incontestable et unique quant a ma vie de poete ecrivaine et artiste. Pourquoi l'Algerie? Pourquoi la Kabylie? Et bien, parceque c'est elles qui m'ont donnees leur coeur, et leurs montagnes, le chaman Berbere qui y vit, et ensemble ils ont changee tout pour ma muse, car depuis mon coeur est a eux, et rien ne changera la verite absolue de cet acte de transformation de mon etre, ni la joie supreme que son peuple et son chaman me savent donner, l'energie des inspirations qu'il est de mes poemes et leurs visions qui s'incarnent dans mes livres que je lui dedie, ni la peine brulante de l'absence de la voix des esprits de ses montagnes, le toucher du sable de sa mer Mediterranee. Ma defense? Accepter ce chagrin et le transformer, et continuer le construire un pont de retour, un poeme, un article, un livre, une piece de l'art a la fois, meme si c'est avec des briques faites de pure volonte et courage, qui un jour deviendront un chemin sur lequel je marche a nouveau sur terre solide kabyle, comme le poete perse Rumi (1207 - 1273), qui disait que "Le chemin se fait en marchant." Les arts sont une magnifique defense contre les absurdites de la vie, contre le mal dans toutes ses formes, de qui on parait etre inondee en ce moment trouble de l'histoire de la terre. La brutalite et la violence partout, le silence total de ceux qui pouvaient l'eviter, et qui en fait, en profitent. C'est d'en devenir malade, cette obsession avec la cruaute, la guerre, la destruction. Et pourtant, partout aussi, il y a des personnes, individuel, ou en groupe, qui font ce qu'elles peuvent, avec toute leur force et conviction, de maintenir l'espoir, le courage, qui luttent contre l'indifference, face a la pauvrete croissante dans les grandes villes, et contre la catastrophe ecologique que souffre la terre, parceque la machine industrielle est devenue un monstre insatiable; des personnes qui se battent pour aider les jeunes qui souffrent de la depression, qui se suicident, parcequ'ils voient toutes les horreurs immenses qui se defilent devant leurs yeux jour apres jour, de guerres inhumaines, d'attitudes racistes, de haine, d'intolerance. Il y a des jours ou comme mere c'est dur de trouver les mots pour encourager a mon fils et ses amis. Je leur dis que ma defense, c'est de celebrer, faire honneur a une culture qui m'a donnee ma voix de poete et ecrivaine, qui m'inspire pour son coeur courageux, accueillant, pour la sagesse de sa mythologie Amazighe, pour son esprit resistant historique, pour la profondeur de ses chansons, et la beaute de sa nature, qui m'a appelee vers ses rives, il y a presque 10 ans. Cet article et son poeme, est dans la serie que j'appelle "Les Ailes d'Aphrodite", pour le fait que c'est elle, la Kabylie, qui me permet etendre les ailes de poete, qui me permet d'etre introduite, apres toute une vie d'isolation culturelle et sociale, a ma voix, mon esprit, mon ame. Elle est l'amour dans mon coeur, la reflection, le miroir de la joie profonde de pouvoir vivre reveillee, libre, unie au destin de m'exprimer les inspirations litteraires - artistiques si longuement me niees. Devoir en ce moment tolerer cette peine de l'absence, ne fait que rendre plus clair, comme une epee forgee dans le feu, la force et l'importance de la flamme kabyle qui vit si completement dans mon coeur d'etre humain unie a ma muse, finalement, comme mon poeme presentera. Il y a un artiste francais qui pratiquait l'art japonais du pliage de papier, dit origami, Eric Joicel (1956 - 2010). Ses sculptures, fait avec juste du papier et de l'eau comme colle, sont tres emouvantes, des sculptures petites de musiciens, de magiciens, dans une evocation ou emane un sens profond de vision poetique, nostalgique quant a la condition humaine. J'ai trouvee une image de lui dans son atelier modeste, entouree de ses sculptures joyeuses, tendres, et resistantes aussi, pleines de cet espoir que sait donner l'art et ses convictions. Je dedie mon poeme "Le retard Imprevu: Une Mecanique Charitable", a ma Kabylie, et au chaman genereux Berbere de mes inspirations creatives: mon collegue kabyle, le photographe Nacer Amari de Tassi Photographie. Je le dedie aussi a ces chers amis kabyles, qui toujours m'encouragent avec leur appreciation de mes efforts litteraires: Lemnouer Khaled et Rac Adrar du groupe des randonneurs CRAK en Kabylie, et avec beaucoup de sympathie aussi, a Mounir Amari a Aokas, le cousin du photographe. Merci pour votre encouragement qui me va toujours droit au coeur:   


Le Retard Imprevu: Une Mecanique Charitable 


C'est un voleur invisible, qui entre sans bruit, et avec une bizarre nonchalance, apres qu'il s'est apprivoise de l'espoir et ses aimables convives, nous laisse avec la blessure qui s'ouvre, de se savoir loin des coeurs des etres chers, qui nous invitent a la fete de la joie de vivre. 

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Comment se defendre contre ce voyou, ce bricoleur qui avec un sourire sadique nous enleve le tresor le plus cher de notre coeur, le lien qui nous unit a ces personnes qui nous aiment? Il s'amuse de construire des murs durs faits de frontieres, faits de dogmes et interdictions. 

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Au lieu de la joie abondante, voila que le violon triste et ses melodies se met sur scene, et au lieu d'une chanson qui celebre la tendresse, sa melodie de l'amour se remplace avec les gestes de mimes impuissants. Le temps qui avant coulait libre, comme une riviere jeune et fiere, se perd dans des heures circulaires, lentes.

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Le jour, j'embrasse ce voleur et ses demandes, en attendant patiemment qu'ils se retire quand arrive la nuit, pour chercher d'autres victimes. J'e m'endors dans l'accueil de la lune et son monde magique des reves, ou je retrouve les bras et la chaleur des coeurs qui me bercent, me font oublier la peine de les savoir partis encore quand arrive le mystere d'un autre jour sans connaitre autre qu'en memoire leur presence et ses bonheurs. 


Trudi Ralston   

Tuesday, September 16, 2025

La Vision Courageuse du Mouvement Naif dans "Abderrahmane Mirbache" de Nacer Amari - dans la serie "Au - Dela des Ombres de Demain"

            Le monde de la photographie est un univers qui sait etaler la complexite de l'enigme existentiel dans ses visions artistiques abondantes, qui se paraissent aux petales d'une fleur lotus, qui donnent l'impression de se multiplier meme immobiles. Un portrait en noir et blanc du 19 aout 2025, "Abderrahmane Mirbache" du photographe d'Aokas, Nacer Amari de Tassi Photographie, m'a invitee d'explorer exactement cette capacite de l'art visuel de nous engager telle une scene de theatre captee a un moment precis dramatique. Les mots du photographe illuminent ce portrait de facon modeste, une vision qui rappelle l'influence d'un mouvement artistique avant - garde moderniste, qui continue de laisser ses traces importantes: "C'est un jeune homme de notre village, pour sa gentillesse et sympathie, il a gagne le respect de tout le monde. J'ai eu des difficultes de le prendre en photo, puisqu'il est tres timide." La premiere impression que laisse ce portrait, est sa lumiere luisante, qui comme une couche s'etend le long de la surface de son espace, ce qui m'a rappellee aux mots d'Arthur Schopenhauer (1780 - 1860), le philosophe allemand, connu pour voir le monde comme une manifestation d'une immense volonte irrationelle, dans son oeuvre de 1818, "Le Monde comme Volonte et Representation": "La lumiere est la plus joyeuse de tous le phenomenes. Elle est le symbole de tout ce qui est bon et sain. Dans toutes les religions, elle est associee avec la salvation eternelle." L'histoire des arts visuels contient toute une serie de mouvements et ses artistes qui ont mis la lumiere comme element central esthetique - spirituel dans leurs peintures: Giotto, El Greco, Caravaggio, Vermeer, Goya, Monet, Renoir, Munch, Hopper... qui a definie le modernisme et ses inspirations avant - gardes depuis des siecles. La presence de la lumiere, diffusee ou brillante, insinuee ou superimposee, se trouve de facon la plus emouvante, dans le regard des protagonistes dans la portraiture. Le portrait "Abderrahmane Mirbache" emet cette merveilleuse lumiere interieure, chaude, provenant du regard des yeux du protagoniste. Une chaleur humaine, de gentillesse, d'un esprit qui est libre de toute pretension, d'un coeur qui invite le calme, une attitude apaisante, dans un monde distrait, stressant. Ce portrait avec son energie interieure reflexive, pleine de chaleur humaine, rappelle au mouvement moderniste, enfant du post - impressionnisme et le surrealisme du fin du XIXeme et debut du XXeme siecles: le style naif dans la peinture, qui continue d'influencer le monde des arts aujourd'hui, et qui est connu pour son esprit independant et rebelle, quant a forme et expression de la part de ses artistes, qui souvent sont auto - didactes, comme la celebre peintre algerienne, Baya Mahieddine Fatima Haddad (1931 - 1998), nee a Bordj El Kiffan et morte a Blida, qui avait l'admiration totale du peintre espagnol Pablo Picasso (1881 - 1973). L'artiste mexicaine Frida Kahlo (1907 -1954) aussi avait dans ses auto - portraits des elements autant du mouvement naif que du surrealisme. Le portrait du photographe Nacer Amari, "Abderrahmane Mirbache" montre dans la surface platte, nette, et l'esprit ou domine une certaine innocence de la part du protagoniste, des attributs du mouvement moderniste naif, de qui l'artiste francais auto - didacte post - impressionniste le plus visible pour etre decouvert par Pablo Picasso, etait Henri Rousseau (1844 - 1910). Le monde des critiques de l'art avait une opinion negative du mouvement naif, et le soutien et appreciation de la part de peintres avantgardes fameux, comme le surealiste - cubiste Pablo Picasso a su diffuser ce mepris. Il y a un element social important dans le mouvement naif, qui trouve son expression dans son appel a la justice sociale, sa passion pour les droits des travailleurs victimes des abus de la machine industrielle du colonialisme et ses effets desastreux. Une artiste contemporaine du Bresil, Djanira da Motto e Silva (1914 - 1979), exprime dans ses peintures en style naif, le sort miserable des travailleurs des mines dans son pays. Elle etati fille d'une famille riche, qui utilisait comme des personnes indigenes amerindiennes, ne pas descendants comme elle et sa famille, de colons portugues, pour faire le dur labeur de leurs mines d'extraction de cuivre et argent, un travail qui reduisait la population au statut inhumain et brutal d'esclaves. La surface platte de ses peintures et leurs protagonistes amerindiens montrent l'influence des peintres qu'elle admirait, comme Hieronymus Bosch, le peintre des Pays - Bas, mort en 1516, qui utilisait l'allegorie pour deguiser ses pensees sur les hypocrisies de la societe renaissance du Nord dans la quelle il vivait, il etait en fait un visionnaire, qui savait exprimer dans l'univers des personnages de ses tableaux, le symbolisme et le monde psychique rendu visible, des siecles avant l'arrivee du mouvement moderniste du surrealisme, nee des horreurs de la Premiere Guerre Mondiale de 1914 -1918: le surrealisme comme mouvement artistique - social etait une reaction, une rebellie contre les traumes soufferts aux mains de la machine de la guerre et ses destructions monstres de toute decence humaine, comme son expression avantgarde visionnaire dans l'oeuvre de Hieronymus Bosch, qui n'a jamais donnee expression verbale a ses opinions artistiques ou autres, est vu comme un acte de rebellie sublimee contre la dominance de l'etat et l'eglise de la societe bourgogne - espagnole et ses influences considerables politiques - ideologiques en Europe. La peintre bresilienne connu de son nom d'artiste comme Djanira mondialement, etait d'ascendance amerindienne Guarani du cote de son pere, et d'ascendance autrichienne du cote de sa mere. Le peuple Guarani du Bresil qui a 3 groupes, Kaiowa, Nandeva et M'bya, sont une culture tres spirituelle, ou les leaders spirituels, les chamans occupent une position de pouvoir et prestige considerable. La region et les terres historiques de la culture et du peuple Guarani s'etendent de ce qui est aujourd'hui le pays de Paraguay, l'Argentine, et le sud du Bresil et aussi parties des pays d'Uruguay et de la Bolivie. Selon des sources jesuites, du XVIeme siecle, le nom Guarani, se traduit comme "guerrier." Djanira avait une pension de famille dans la ville de Santa Teresa, ou elle a fait la connaissance de beaucoup d'artistes, qui lui ont aidee d'apprendre la peinture et ses techniques, qui resulte dans une exposition en 1942 de son art, et encore en 1943, elle a sa premiere exposition solo. En 1945, elle fait le voyage vers New York, ou elle fait la connaissance des surrealistes espagnol Joan Miro (1893 - 1983), le peintre symboliste - surrealiste russe - francais Marc Chagall ( 1887 - 1985), le surrealiste - cubiste francais Fernand Leger ( 1881 - 1955), et ou elle visite les musees qui lui donne la chance de voir l'oeuvre du peintre flamand, Pieter Brueghel ( c.1525 /1530 - 1569), qui lui impressionnait beaucoup. Elle retourne au Bresil, et fait la fresque Candomble pour la residence de l'ecrivain fameux Jorge Amado (1912 - 2010), un des ecrivains modernistes les plus importants de l'Amerique Latine, qui se preoccupait beaucoup pour le sort des travailleurs des plantations du pays, qui vivaient dans des conditions miserables, un theme qu'il decrit dans son livre de 1944, "La Terre Violente." Jorge Amada doit quitter plusieurs fois le Bresil pour eviter la persecution de la part du regime. Djanira voyage a l'Union Sovietique entre 1953 et 1954, pour etudier l'art, et vers la fin des annees 1950, elle fait une serie de peintures dediees aux tribus amerindiens bresiliens Canela de Maranhao, de qui les groupes Ramkokamekra et Apaneykra sont connus pour leur mythologie unique. Selon la mythologie Canela, l'etre humain suit une serie d'incarnations qui diminue en importance: on incarne de facon descendante en animal grand, animal petit, et apres chaque fois plus petit, comme par exemple, amphibie, pour devenir ensuite un insecte, pour finir ensuite en organisme microscopique, et finir de disparaitre completement, arreter d'exister en toute forme. Leur mythologie autour de la structure familiale et du couple aussi montre une tolerance unique envers la liberte sexuelle, autant de la part de la femme que celle de l'homme, comme les etudes ethnologiques prolongees de l'anthropologue William Crocker, faite entre 1957 et 2011, pour 54 ans, qui utilisait aussi la photographie et le film pour documenter ses recherches,et qui sont jusqu'a aujourd'ui, les plus completes et profondes recherches et documentations de la culture Canela, en temoignent. Une fois de retour a Rio de Janeiro, Djanira devient un des leaders du mouvement Salao Preto e Branco, qui proteste le prix haut des matieres pour les peintres, et en 1963, elle cree le panneau en tuiles pour le tunnel de la chapelle de Santa Barbara. En 1966, la compagnie Cultrix publie un album de poemes et serigraphies de Djanira, et en 1977, juste 2 ans avant sa mort, le Musee National des Beaux Arts donne une retrospective majeure de son oeuvre. C'est dans les annees 1970 aussi, qu'elle visite les mines de charbon de Santa Catarina pour avoir l'experience proche de la vie des mineurs et elle voyage aussi vers les mines de Itabira, les mines Gerais, pour voir la vie des travailleurs de l'extraction du fer. En 1972, elle devient une nonne, apres son second divorce, dans l'ordre mendiant des Carmelites, et se dedie au service des communautes marginalisees par la pauvrete et l'exploitation des proprietaires des mines. Elle est morte en 1979, a l'age de 65 ans suite d'une crise cardiaque. Ce trait du mouvement artistique moderniste naif, de vouloir embrasser le courage envers la conscience sociale, le respect pour l'identite des cultures opprimees par les effets desatreux du colonialisme, dans le cas de Djanira, des colons portugues et leurs descendants, reste tres visible de nos jours. Les portraits kabyles du photographe d'Aokas, Nacer Amari de Tassi Photographie, sont une collection merveilleuse qui celebre l'esprit unique de la culture kabyle de l'Algerie, de qui son esprit fier, resistant, acueillant, genereux de son peuple maintient son aura, son coeur et son identite culturelles - linguistiques - historiques depuis des milliers d'annees, face a des invasions, des guerres, des defis continus et persistants. Son portrait "Abderahmane Mirbache" resonne avec le style des portaits naifs, avec sa lumiere interieure, sa surface platte, ses notes qui revelent les nuances profondes et durables d'un coeur qui possede la gentillesse, la tolerance de la part de son protagoniste ainsi que de la part du photographe et ses sensibilitees artistiques - philosophiques. Un magnifique portrait, qui affirme ce trait de la photographie de l'artiste visuel d'Aokas, Nacer Amari: chaque portrait est l'entree vers une exploration profonde, comme dans une fouille archeologique, de qui on voit juste la surface de l'objet au debut, et qui finit de reveler toute une histoire, toute une mythologie et ses expressions, qui permet connaitre, comprendre, apprecier, une espace, une vision, d'un monde avant inconnue.  

Trudi Ralston      


La recherche sur le mouvement moderniste naif, et ses antecedents et artistes du mouvement post - impressionniste, ainsi que sur l'artiste du style naif du Bresil, Djanira da Motta e Silva, courtoisie de Wikipedia, leurs textes en anglais, ainsi qu'en portugues.  









Sunday, September 14, 2025

La Formule: Le Souhait de l'Ame Vagabonde - dans la serie "Les Ailes d'Aphrodite"

            C'est merveilleux, la saison estivale et ses brises douces, les parfums de ses fleurs qui nous touchent ce sens de la joie, de l'espoir, et du desir qui envahit le coeur avec l'energie du soleil, sa facon de savoir ainsi parfois evoquer la memoire gardee de personnes aimees. Il y a dans ce delire nostalgique de la fin de l'ete aussi une note douloureuse, inevitable, quand ce delire cache dans son centre, comme un caillou y mis sans avertissement, le chagrin de se savoir loin de cette rare joie, de partager un lien qui sait voir au - dela des camoufflages dans lesquels on habille nos coeurs. Peu sont les personnes qui nous savent ouvrir l'entree qui mene vers les espaces interieures de notre ame, et qui autrement restent invisibles, parfois, toute une vie. Comme personne qui depuis ma jeunesse vit entre trois continents, le monde interieur de mon coeur est une espace qui fut largement inaccessible, et que mes reves la nuit et leurs explorations elaborees me permettaient de visiter. La Kabylie a changee tout ca, a su rompre cette solitude de cet immense desert qu'avait ete mon exile depuis si longtemps, pour tants d'annees. Le travail surtout, depuis la fin de 2019, avec mon collegue kabyle d'Aokas, le photographe Nacer Amari, de Tassi Photographie, me permet de demonter les pieces maladroites, maladaptees de la structure compliquee de ma vie. C'est apres 5 ans de collaboration avec lui, que je commence a voir avec clarte progressive, l'impact de son art sur l'energie de mes visions litteraires en prose et poemes, et sur mon art et ses expressions. Je crois que ceci est une grace, ce lien transformatif, qui illumine en meme temps le coeur, l'esprit resistant et profond de la Kabylie. C'est une collaboration du chaman, comme je l'explore dans mon libre de mai 2025, "Le Hurlement des Loups du Midi: Le Geste du Chaman": un texte de 38 articles et poemes sur les elements intellectuels - spirituels et leurs influences artistiques - radicales de la photographie de Nacer Amari." Dans un monde ideal, la distance entre la Kabylie et Olympia ne serait pas 9000km a travers 3 continents et 15 heures de vol entre Seattle et Alger, mais peut - etre juste 3 ou 4 heures, et sans les folies des visas implacables en ce moment qui font des frontieres entre pays une odysee de tourmentes bureaucratiques interminables. Donc, faute de la realite en ce moment bien limitante, je traverse la distance avec le navire intrepide de mes ecrits, de leurs mots qui construisent tout un monde, qui m'unit a la Kabylie, et a l'art et ses sensibilites de mon collegue en Aokas. Ma muse vit sur les rives de la Mediterranee, elle chante sur les vagues de sa mer, dans la voix des nymphes de ses rivieres et les esprits de ses montagnes de la Kabylie, dans les horizons vastes de l'Algerie, et je lui appelle ici sur les melodies des rayons chauds du soleil, de l'echo la nuit de la lune, des notes de cristal des etoiles, qui voient mon amour pour elle, ma mere spirituelle, et qui voient ma reconnaissance pour le chaman qui me guerit du chagrin de mon exile qui avant la rencontre kabyle, paraissait sans fin. Ce poeme chante les notes de cette melodie joyeuse et aussi melancholique, de me vouloir trouver a nouveau sur les rives de la terre kabyle qui tant m'inspire, elle, qui est la flamme sure et grande qui illumine le chemin dans les tenebres, qui agrandit la lumiere le jour, et de qui son echo reverbere dans mon coeur, dans ces moments ou elle me remplit d'une joie totale, de qui sa tendresse me sait inonder le coeur de larmes chaudes de manque, ces moments quand je n'entends pas la reponse de sa voix sonore quand je cherche sa touche dans le silence: 


La Formule: Le Souhait de l'Ame Vagabonde 


Il devrait y avoir une formule toute faite qui enleve le chagrin aigu de se savoir loin des rives, des coeurs de ceux qui nous savent entendre les melodies dans les silences, qui dessinent nos pas sur le chemin du destin. 

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Il devrait y avoir une facon de tisser une matiere qui permet toucher le parfum de la presence de ceux qu'on aime et doit manquer sans en pouvoir resoudre le mystere. Ah, la douleur intense de ne pas savoir si je vais revoir le sourire, sentir la chaleur de l'accueil Berbere. 

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Comment sculpter la presence de facon tactile la douceur qui guerit, qui libere, de l'ami, du camarade qui a su enlever le poids lourd de l'isolation, de la solitude, ce fardeau de l'exile qui suit l'esprit libre comme un fantome?

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C'est le souhait de l'ame vagabonde, de trouver dans le sable des enigmes que la vie nous apporte, cette bouteille qui contient la formule qui explique comment revoir au coeur qui est le miroir du notre, qui comprend l'alphabet de nos reves, de nos desirs, de nos souffrances. 

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D'ou vient cette blessure, qui se met au coeur, comme un feu qui brule, qui devore sans aucune evidence, de qui le sang de sa peine se cache, laisse des traces que le monde ne sait pas voir? Comment est - ce que c'est difficil de la eviter, cette torture dont on ne sait pas ni l'heure de son arrivee, ni de son fin? 

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Comme c'est beau, de s'imaginer de pouvoir oublier la peine de voir ce pont sans traversee claire, de voir le dessin et les tuiles et matieres necessaires pour arriver sain et sauf, la ou n'existera plus la separation, juste le bonheur qui efface les traces de toute peine.  

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La distance qui separe, qui en meme temps unit, meme si le pont reste loin, et existe surtout dans le monde de notre imagination, sans les limites imposees ou fabriquees. Car, cruelle est cette bizarre verite: la distance la plus grande que dans la vie on doit surmonter, c'est la distance que cree dans nos coeurs le doute face au courage que demande le chemin difficil vers la liberte interieure.      

 

Trudi Ralston


"Noir et longue est la separation que je partage d'egale mesure avec toi. Pourquoi pleurer? Donne - moi la main. Promets - moi que tu reviens. Toi et moi, on est comme des montagnes hautes et on ne peut pas s'approcher. Envoie - moi parfois de tes nouvelles. A minuit sur le courier des etoiles."

 - Anna Akhmatova (1889 - 1966), poete russe. Le vers de ce poeme "En Reve" est de 1946.  - La traduction du vers en anglais, "In Dream", au francais est la mienne.