La portraiture dans la photographie est souvent une invitation, pleine de revelations, de surprises artistiques, culturelles, historiques, et mythologiques - spirituelles. Un portrait en noir et blanc du 13 octobre 2025 de la part du photographe d'Aokas, Nacer Amari de Tassi Photographie presente une telle envoutante invitation avec l'introduction de son protagoniste qui emet des le premier regard une confiance absolue, theatrale, d'une personne qui a un don naturel pour la pose dramatique. En fait, "FATAH" montre l'aura, le flair d'un empereur dans la force de son regard, qui en meme temps exprime un sang froid, qui lui rend immediatement intrigant et sympathique. L'energie decisive dans son regard a une forte attraction, et m'a inspiree l'idee que le regard, l'expression dans les yeux d'une personne savent reveler et deguiser, cacher en meme temps. La portraiture est ainsi le portail vers cette dichotomie du regard: le mystere ancien des yeux, de leur complicite quant a ce qui occupe l'esprit, le coeur, l'ame humains, et son expression qu'on trouve dans le monde des arts visuels depuis le reveil de la presence des civilisations sur cette terre. La definition de l'oeil meme est deja complexe: "L'oeil est un organe sensoriel qui permet un organisme de percevoir de l'information visuelle." Le mot "oeil" se derive du mot latin "oculus", et l'oeil existe en dix formes differentes, qui sont classifiees dans des yeux composes et des yeux non - composes. Les yeux composes sont faits d'elements visuels petits, et sont les yeux qui sont communs dans les insectes et les crustaces. Les yeux non - composes ont une seule lentille et concentrent la lumiere sur le retine pour creer une seule image. Ce type d'oeil est commun pour les mammiferes, y compris l'etre humain. "Dans les organismes superieurs", la science et sa definition en dit "que l'oeil est un systeme optique complexe, qui collecte la lumiere de l'environnement qui lui entoure et en regularise son intensite a travers un diaphragme - qui varie l'aperture - et en concentre la lumiere avec un ensemble reglable de lentilles pour faire une image, et apres transformer cette image dans une serie de signaux electriques pour communiquer ces signaux au cerveau avec des voies neuronales qui connectent l'oeil via le nerf optique au cortex visuel et les autres zones du cerveau." Cette definition illumine la complexite de l'organisme visuel de l'oeil, et m'a fait apprecier l'art complexe visuel de ses sculptures en portraits, desquels elle apres aussi fait des photos, ses masques - portraits surrealistes de l'artiste bresilienne - suisse contemporaine, Melissa Meier. Cette artiste est connue mondialement pour ses masques en installations - sculpturales evocatives - 3 dimensionelles et collages et photos, comme sa serie "SKINS","PEAUX", d'habits feminins sculpturals qui utilisent des matieres naturelles, comme des feuilles, des coquilles, des plumes, des crystaux, des pierres, des graines, qu'elle explique est influencee par le Carnaval Bresilien et les costumes des guerriers amerindiens. Pour sa serie "MASKED", "EN MASQUE", elle voulait exprimer les emotions, au lieu de les cacher: "Avec chaque masque, je travaille pour capter les emotions privees qui s'expriment quand on est seul." Cette observation nous met directement dans le monde d'un scientifique et auteur au centre de l'idee du mystique du masque, et sa fascination mythologique que le masque donne avec son messager que sont les yeux: Carl Gustav Jung (1875 - 1961), le psychiatre suisse, pere de la theorie de la psychologie analytique, qui etait la reponse sur la theorie de la psycho - analyse, duquel le psychiatre autrichien Sigmund Freud (1856 - 1939) etait le pionnier. Carl G.Jung avait un grand interet dans le monde de l'anthropologie, dans les cultures du monde, et avait fait des voyages en Afrique, en Asie. Ses theories autour de la psychologie humaine etait grandement influencee par son respect pour les cultures anciennes, et la richesse des arts autour de leurs mythologies, comme l'art des masques africains. Ses theories sont responsables pour les idees formatives et unifiantes autour du comportement et ses exigences et codes de la societe humaine, qui supercede les limitations victoriennes de l'Occident. Le masque est un symbole universel, ancien, qu'on trouve dans toutes les cultures, et qui a un lien fort avec le monde du chaman, de la guerison, des esprits et des rites importantes comme la naissance, la mort, le mariage, le statut social, la division des sexes et leurs roles, le rite de transition d'enfant vers adulte. Dans le contexte de l'ordre social et ses lois, il y a une idee qu'a postulee Jung de la persona, qui est liee avec l'objet complexe qu'est le masque. Persona, dans son origine linguistique du latin, se refere en meme temps a l'acteur et le masque dans le monde du theatre grec ancien, et dans le theatre romain. Jung voyait le masque psychologique, comme le compromis necessaire qui permet a la personne de fonctionner dans la communaute de sa famille, de son village, de sa ville, de sa culture et ses contextes. Le masque donc, comme une protection exterieure du monde interieur et ses contradictions, ses secrets, ses vulnerabilites. Le masque dans ce sens, est aussi une facon de reprimer notre identite, et peut - etre un obstacle, si ce masque ne sait pas trouver un equilibre entre son monde exterieur et interieur. Le masque est ainsi une reponse aux demandes, aux tabous de la societe dans laquelle on se trouve. Les yeux, dans ce sens, sont ainsi un vehicule, qui peut informer, qui peut aussi deguiser, cacher ce que le masque camouffle de notre personalite, de notre histoire. Le masque aussi, dans le monde des arts, surtout dans les mouvements modernistes surrealistes et expressionnistes, qui tous les deux connaissent une renaissance inspiree par le chaos et la violence exponentielle dans le monde du XXIeme siecle, est un objet de resurgissant interet dans le monde des arts visuels, et dans le theatre moderne, la danse et le monde des films aussi. Le portrait "FATAH" du photographe kabyle Nacer Amari provoque un debat interessant, avec le regard imposant de son protagoniste. C'est un regard dominant, qui inspire un certain melange envers sa personne de respect et de crainte, je me l'imagine avec la couronne de laurier en or, et avec la toge imperiale violette aux bordures en or aussi. C'est un regard aussi qui comprend de facon concrete, cet equilibre important qu'assure la notion de la personne jungienne: ce pont ne jamais evident de conceptualiser, de maintenir, de proteger, qu'assure la persona, entre les exigences du monde exterieur et notre monde interieur. Et "FATAH" impressionne pour cette aisance evidente face a cet exercise de jonglerie. Ce portrait artistique ingenieux, est un beau symbolisme dans ce sens du pouvoir transformatif des arts visuels: la photographie de mon collegue kabyle d'Aokas est depuis 5 ans deja, le pont solide qui unit les espaces du monde de mes ecrits au monde de ses portraits, de ses nature mortes, de ses paysages, faune et flore de la Kabylie, qui elle m'unit a son esprit, son coeur ancien, resistant. Carl Gustav Jung fait une observation autour de la persona: developper une persona resistante, peut donner une impression d'etre ne pas authentique, comme apprendre un role dans une piece de theatre, ou un film, mais si on n'apprend pas a jouer un role dans la societe de laquelle on se trouve membre, on souffre. Dans le meillieur des cas, la persona devient une reflection satisfaisante de notre individualite interieure et un sens exterieur de notre etre. Une autre idee centrale autour de la personalite et ses defenses, que Jung a su concretiser dans le monde de la psychologie analytique est la notion de anima et animus: l'identite feminine et l'identite masculine, qui ont leur image miroir l'un dans l'autre, et qui est le sujet du libido, qui cherche l'unite dans le compliment de son expression sexuelle - sociale, que Jung define comme la facette contrasexuelle du psyche d'une personne: dans le psyche d'une femme, son masculin interieur est concu comme une image complexe et archetype, et dans le psyche d'un homme, son interieur feminin aussi est concu comme une image complexe et archetype. Contraire aux theories de Sigmund Freud, qui postulait que le libido etait uniquement resposable pour l'evolution de la personalite, Carl G. Jung avait une interpretation plus inclusive et comprehensive d'une personne et ses traits psychologiques, qui temoignaient d'une vaste connaissance de l'anthropologie, de la sociologie, de l'archeologie, de la philosophie, et des cultures du monde, appris sur ces voyages, comme son voyage en 1925 en Afrique de l'Est. L'idee du libido pour Jung etait plus multi - dimensionnelle, et liee a un sens de clan, de communaute, ce qu'il appelait "le libido de l'affinite", une idee qui approche l'idee de la culture Bantu de l'Afrique: l'idee de "Ubuntu" qui met l'importance sur une humanite inclusive, et qui s'exprime de la cette facon: "Je suis parce que tu es." Dans cette expression du desir unifiant, il y a aussi l'idee des archetypes, qu'on trouve dans toutes les civilisations, des archetypes anciennes, universels: le poete, le chaman, la mere, l'enfant, le pere, le guerrier, le farceur, qu'on trouve dans la mythologie et les contes de toutes les peuples et cultures. Dans cette expression culturelle - sociale - spirituelle de persona, anima/ animus, archetype, fonctionne aussi l'idee du complexe: l'organisation reprimee d'images et experiences qui gouvernent la perception et le comportement, qui est aussi liee a une autre idee qu'a concue la psychologie analytique de Jung, celle des deux expressions principales de la personalite: la personne extroverte, qui voit le monde de facon externe, et la personne introverte, qui interprete le monde avec le barometre de son monde interieur. Une autre idee dans cette vision jungienne, est celle du numineux, qu'il define comme la force de guerison, transformative, spirituelle, au centre d'une culture, une idee inspiree Jung par le livre de 1917 du philosophe allemand Rudolf Otto (1869 - 1937) "L'Idee du Divin", liee aussi au chaman, et qui est en contraste avec l'idee jungienne de l'ombre, dans la categorie des archetypes, qui represente ce qui est reprimee, donc ne pas connu, et qui inclut les traits de la personalite qui sont vus comme negatifs, ne pas preferables ou acceptables. La repression de certains traits sont ainsi souvent le resultat de la personne de s'adapter aux codes de la societe et ses normes, et inclut aussi les valeurs de la moralite auxquelles la personne choisit se tenir. Le portrait "FATAH" du photographe Nacer Amari sait illuminer dans la pose theatrale evocative de son protagoniste confiant, l'univers divers du pont artistique qu'est le regard humain, que sont les yeux et leur psychologie quant a intention, expression, motif, energie, revelation, camoufflage, charisme. "FATAH" permet une exploration elegante, de la portraiture comme vehicule artistique dans le monde vaste de la mythologie et ses symboles, sugeree des zones lointaines des cultures anciennes de l'Afrique, le continent qui est la mere des origines de l'humanite, compris et transmise dans la conscience moderne dans les theories de Carl Gustav Jung, qui savait anticiper l'urgence d'une philosophie spirituelle - culturelle inclusive, libre des restrictions punitives et racistes de l'Occident. La Kabylie et sa mythologie possede cette grace du nomineux, ce don et sensibilite spirituel qui sait geurir, transformer, et qui dans mon cas, possede aussi cette idee finale de Jung quant au destin et ses expressions de la personalite: la synchronicite. Cette idee est la notion acausale a base de la concomitance apparemment aleatoire de phenomenes. C'est la Kabylie et l'art visuel de mon collegue photographe, qui revele le symbolisme de mes inspirations litteraires, de mes livres en prose et poemes, et de mon art, leurs histoires longuement pensee perdues dans le temps et l'oubli. Me revele la puissance de la culture des Imazighen, qui m'apprend de comprendre comment liberer ma persona de sa solitude, de celebrer mon anima et sa rencontre transformative de l'energie du animus, d'en resoudre les contradictions du complexe, de celebrer le don du chaman, de me liberer du masque, sans me perdre dans le desequilibre de la menace que peut poser l'idee de "l'ombre" suite de tants d'annees d'isolation, d'invisibilite. Pour moi, l'idee envoutante de la synchronicite, qui un jour m'a introduit la la Kabylie, grace a ma copine francaise avec qui j'avais ete etudiante pour la maitrise en litterature, au Texas, a Austin, en 1984 - 1985, sans savoir qu'elle etait kabyle du cote de son pere, et que ce serait 30 ans plus tard que je serai introduite a la Kabylie, quand elle m'a envoyee de Paris une musique du troubadour Idir, sa chanson "Tizi - Ouzou", qui m'avait tellement touchee le coeur qui j'ai commencee la recherche sur lui et sa vie et musique, ce qui m'a menee vers la Kabylie, vers Bejaia, et vers Aokas, ce qui m'a changee la vie de poete et ecrivaine de facon radicale, complete. Une synchronicite d'impacte unique, de cet evenement de faire la connaissance a ma copine francaise - kabyle, des decennnies avant d'etre introduite indirectement par elle, a la Kabylie, qui parait etre un lien entre ces deux evenements, sans en pouvoir trouver une connection causale evidente quant a l'influence revolutionnaire, totale, que la Kabylie deviendrait pour la liberation de mon etre creatif, du reveil de ma voix, de ma reclamation de mon identite litteraire - linguistique - culturelle, son heritage, son histoire, ses defis vaincus, sa capacite pour la joie, la fierte, la tendresse, la passion, liberees, celebrees. L'idee artistique - mythologique du "masque" avec les traumes de l'exile de tants d'annees, etait devenu une prison, m'avait rendu invisible, completement cachee derriere un masque qui ne donnait pas la chance de me trouver une "persona" en equilibre, qui vivait sous le poids du "complexe", la peur de "l'ombre" ne pas compris, ne pas permis meme d'en admettre la realite curative si j'aurais pu trouver la verite pour mon identite de poete, mon archetype et mon destin, ma raison d'etre. La liberation de mon "anima" et la rencontre sublime de son contrepoint "animus" que permet la camaraderie unique de mon collegue kabyle et l'art de sa photographie narrative - inclusive est le regal exquis me donnee depuis par cette collaboration issue au coeur de la Kabylie dans cette magie creative - spirituelle, son pouvoir chaman de l'esprit puissant de l'Afrique du Nord, de l'Algerie Amazighe qui m'unit a ce lien litteraire - mythologique transcontinental. La portraiture dans la photographie occupe une place centrale dans les arts visuels du XXeme et XXIeme siecles, pour mettre au centre de la scene le theatre de l'homme et sa traversee sur cette terre, avec les agonies et les triomphes, du va et vient des mouvements historiques - spirituelles - mythologiques modernes et post - modernes et ses efforts de se definir, de se resoudre, de se comprendre, de survivre les extremes desquels la race humaine, pour le bien, et pour le mal, prouve etre capable. Le portrait "FATAH" de Nacer Amari avec sa complexite visuelle dramatique, de revelation, de camoufflage, de masque, avec toutes les implications culturelles - mythologiques - historiques, sait unir une qualite artistique ancienne avec une urgence spirituelle contemporaine, et dans cette tension visuelle, de cette dichotomie unifiante, radicale ce portrait devient l'image d'un pont artistique avant - garde, ou se retrouvent le rebelle et le chaman, et se resout pour un moment merveilleusement rassurant, le doute et l'angoisse d'un monde qui cherche a aneantir l'idee meme de la realite de la vie humaine.
Trudi Ralston
La recherche sur le masque et l'art sculptural et photographique de Melissa Meier, et sur la psychologie analytique de Carl Gustav Jung, et ses idees autour de la personalite et ses attributs, et sur les yeux dans ce contexte du masque et de la personalite, courtoisie de Wikipedia.
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