Sunday, May 22, 2022

Un Jour, Tu vas Voir: dans la serie "L'Esprit Itinerant" dedicacee a Nacer Amari

            Celebrer un anniversaire pour moi est toujours un melange de joie et de melancholie. Loin de ma terre de naissance de Flandes en Belgique, je revisite les reunions de famille, je me rappelle parler ma langue natale, le flamand, que je ne parle que quelques fois l'an maintenant, au telephone avec une de mes tantes, la soeur la plus jeune de mon pere, elle a 81 ans et parfois me confond avec une de mes soeurs decedees, et parfois aussi je parle au telephone avec une de mes cousines ou un cousin, que je n'ai plus vu depuis mon adolescence. La derniere fois que j'etais dans mon pays de naissance, fut en 1987. Ce matin, je me suis reveillee avec une chanson fiere, joyeuse au coeur, pensant a ma Kabylie, qui est ma soeur, ma cousine spirituelle, c'est elle qui m'ecoute mes poemes, qui m'entend et me repete leurs rythmes et leurs melodies. Ce poeme - chanson est pour ma famille berbere en Kabylie, de lui demander de ne pas m'oublier, dans le chaos de la terre en ce moment, car, mon coeur, il est kabyle, et le jour qu'on me l'arrache, est le jour ou mon coeur de poete s'effondra en larmes, en douleur. Le poeme et sa melodie s'appelle " Un Jour":

Un Jour 


Un jour, ma Kabylie, tu vas voir, je serai de retour, valise pleine de poemes, un jour tu verras, je te serrai dans mes bras, et je vais saluer a haute voix a tes montagnes et leurs memoires eternelles de courage, de resistance, d'exploits. 

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Un jour, ma Kabylie, il n'y aura pas de haine, pas de pandemies et guerres qui mangent comme des rodeurs les reves de reunion, la joie de se savoir libre de frontieres lourdes devant les quelles marchent des sentinelles somnambules qui ont oublie la raison qu'on est sur cette terre.

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Un jour, tu verras, tu entendras ma voix, pas de loin, pas a travers deux continents, mais tout pres, comme on ressent tout pres l'haleine douce dans l'etreinte de celebration, de victoire sur le destin et ses refrains, tout pres, comme le font les amants a la gare, qui ne voient plus rien sauf leur sourire que finalement ils peuvent unir sans gene. 

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Un jour, ma Kabylie, c'est mon voeu, ma chanson solitaire, ce soir de silences solemnes, ou j'entends s'approcher de loin, un ciel bleu, un soleil chaud qui surement est berbere. "Un jour", je me repete, en dansant dans la cuisine, les bras etendus comme l'oiseau qui cherche a voler vers le pays qui a son esprit, son itineraire. 

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Comme le tambour bendir, dans ma tete, les mots se repetent, et il y a la flute, ajouag, qui m'accompagne la conviction, la fierte, le refus d'accepter que le mal decidera le destin, que mes reves de poete ne sont qu'ephimeres. 

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Un jour, ma Kabylie, tu verras que je serai de retour, pour t'embrasser, pour celebrer ton coeur, ta terre, toi, qui est ma muse, qui elle chaque nuit retourne vers toi, pour gouter de ta lune et tes mysteres. Ma Kabylie, ma joie, ma voix, un jour, mes poemes vont s'asseoir a cote de toi, et tu verras, ce sera le plus beau de mes anniversaires. 

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Un jour, tu verras, les ombres lourdes vont ceder a la lumiere, ici, et sur ta terre. Un jour on va danser ensemble, et ce sera la victoire, un jour, les pas a pieds nus que je fais dans la cuisine ce soir toute seule, seront mes pieds qui marchent a nouveau en Kabylie, avec dans mon coeur, dans mes mains, dans mes bras, la chaleur de ma famille berbere a qui j'apporte l'espoir et les avontures de mes poemes. 


Trudi Ralston 

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