Parfois, cela prend une vie entiere pour comprendre les symboles, les ombres et lumieres qui definent notre essence, notre coeur, notre esprit. L'ete ici au Pacifique Nord - ouest des Etats Unis commence a devenir moins intense, et le matin il y a deja dans l'air et ses brises, ce parfum melancholique qui annonce la saison suivante de l'automne. J'aime beaucoup les silences du matin au jardin, ces moments tranquils, ou la nature raconte ses histoires, dans une langue interne, que l'etre humain qui a l'habitude de la solitude et ses defis et mirages, arrive a entendre, a aimer. Ce matin, j'ai compris avec la certitude et affirmation d'un poids de plomb, que j'ai l'habitude de la solitude depuis mon enfance, et que la nature est pour moi une compagne depuis longtemps, elle me parle, et je lui ecoute, et dans ces invisibles echanges, pas mal de peines ne jamais dites devenaient supportables, et c'est dans les echos de ses silences, que j'ai entendue les premiers rythmes et melodies de poemes, essayant de se liberer, de s'exprimer dans mes premiers petits cahiers comme jeune adolescente entouree d'adultes eduques et intelligents, mais qui pour la plupart etaient trop distraits par les ambitions et une vie sociale turbulente pour voir ma faim d'appartenance, de desir pour une chance d'etre entendue, d'etre inclus. Mon pere, mon oncle peintre Frans De Cauter, et ma Nanou en etaient des exceptions, et parfois ma grand - mere paternelle et sa fille, ma tante Lieve, si j'avais la chance de passer une semaine chez elles a Oostende. Le silence, j'en etais inondee, et sa presence m'a formee une volonte et resistance de fer, de ne jamais abandonner mes reves, n'importe la difficulte. Je me rends compte que la Kabylie est la force par sa culture, son peuple resistant, qui m'a permis de continuer a frapper le mur si solide de ma solitude intellectuelle et artistique, et qui est devenu la fenetre ouverte, qui m'a liberee mes poemes, mes livres, mon art, et en meme temps, son coeur et son esprit. Mes 10 livres ecrits depuis 2017, dont le plus recent date de mai 2022, "L'Esprit Vagabond: A la Recherche de l'Identite Creative avec Nacer Amari", celebrent cette joie, cette fierte, et victoire sur le destin. Le livre suivant sur lequel je travaille en ce moment, dont existent deja 26 articles et poemes, a comme titre "L'Esprit Itinerant" et continue l'exploration de l'importance de la photographie de Nacer Amari, surtout l'influence de ses portraits du photographe kabyle de Aokas. Cet article en est la these de ce livre futur deja en pleine exploration.
Mon pere etait un photographe amateur enthousiaste, qui documentait ses voyages en Europe, et aux Etats Unis avec sincerite et dedication. Son grand interet etaient les montagnes en Autriche, et la culture amerindienne des Etats Unis. Pour plusieurs annees, lui et ma mere ont vecus pres de Prescott dans l'etat du Sud - ouest des Etats Unis, Arizona, tres pres des cultures amerindiennes Navajo et Hopi, et j'ai ainsi eue la chance de visiter plusieurs sites importantes de ces deux cultures. Il avait une belle collection de bijoux en argent Navajo et Hopi, et aussi plusieurs peintures et tapis faites par leurs artistes amerindiens contemporains. Le silence est un element integrale dans la sagesse amerindienne, nee a travers un respect profond pour la nature et ses lois, pour les ancetres, et j'y vois cette meme sagesse dans la culture berbere, dans la culture kabyle qui m'a ouvert le coeur, m'a sauvee la voix de poete. La photographie de Nacer Amari sait, registrer les nuances des melodies de mes inspirations poetiques, de mes visions artistiques, parce que le photographe possede un esprit ou regne une paix interne profonde, une vision qui sait unir la sagesse ancienne berbere d'accueil et charite culturelle et affective, avec un esprit universel, qui sait embrasser la complexite du monde postmoderne, a travers ses portraits kabyles, qui sont une celebration, une documentation de la presence continue, resistante de la culture kabyle de l'Algerie. La portraiture est un monde de silences, ou le photographe apprend a naviguer avec discretion et courage, le monde de la communication entre lui et ses protagonistes, et le monde invisible, de silences, qui vivent dans la personne ou personnes de qui il prend leur portrait. C'est en fait extraordinaire, quand un peintre, un photographe, fait un portait d'un autre etre humain. Si la personne ne lui est pas connue, c'est un defi, et si la personne lui est connue, comme voisin, ami, collegue, membre de famille, adulte, ou enfant, jeune, ou agee, alors le defi vient de trouver ce trait de la personne qui la rend unique, interessante, car chaque personne a une histoire, un mystere, parfois un secret, une joie, un chagrin, que le photographe a travers sa camera sait reveler, mais de facon que cela ne met pas au nue a la personne, mais qui en fait lui ajoute une autre couche de beaute, de fierte, de dignite, d'interet. Les portraits de Nacer Amari fascinent, parce qu'ils racontent une histoire, sans etre intrusif, comme est parfois le style de photographes post modernes, qui cherchent a provoquer, et ainsi enlevent cette couche sacrale qu'est le silence introspectif qu'utilise la photographie, la peinture en portrait quand son message n'oublie pas que l'art le plus sincer est en meme temps l'art qui est toujours authentique, mais qui ne trahit jamais son protagoniste. Que ce soit au nom du surrealisme, de l'expressionnisme, du classicisme, du romanticisme, du realisme, de l'impressionnsime, les grands peintres et photographes de la portraiture, de Leonardo da Vinci a Vincent van Gogh, de Oskar Kakochka a Pablo Picasso, et les photographes contemporains comme Robert Frank, Bertien van Maren, Molly Judd, Colleen Barry, Amaya Gurpide, montrent dans leur art toujours un respect profond pour l'agonie, l'espoir, la fierte, la joie, la dignite, de la personne qui devient le sujet de leurs portraits. Ce respect est au centre des portraits de Nacer Amari, et c'est ce respect qui resonne avec la sagesse du silence, qui vit avec beacucoup de conviction dans sa photographie, et qui resonne tres fort dans sa facon d'influencer avec discretion, avec charite, l'energie de mes livres, de mon art, de mes poemes qui doivent leur coeur et esprit libres, fiers, a la culture kabyle de l'Algerie. Ma vie est inondee de silences, comme enfant, comme adolescente, comme adulte en exile culturel et intellectuel, comme poete, comme femme. Mes livres, et leurs articles et poemes, mes broderies inspiree par la Kabylie et sa nature, mes portaits en crayon, en encre, sont depuis 2017 un chant de liberation, un chant de reconnaissance, pour la Kabylie, qui m'apprend surtout a travers la portraiture de Nacer Amari, de naviguer ce monde de silences tetus qui m'entoure depuis toute ma vie, et d'y entendre ma voix, qui pour la premiere fois dans ma vie difficile, a recu, et recoit la chance de dire "Je suis la, j'ai souffert des solitudes inimaginables, mais je n'ai jamais abandonee l'espoir, je n'ai jmais abandonnee la volonte de briser ce mur, et un jour de grace, a travers le trou fait dans ce mur immense, j'ai vu, j'ai entendue, m'appeler le coeur resistant de la Kabylie et son peuple courageux, infatigable, eternel, et j'ai commencee a vivre, finalement, comme poete libre, digne, avec joie, avec espoir." La photographie que mon pere m'a appris a aimer, m'a menee a la culture qui allait etre la plus belle histoire de ma vie, de recevoir dans ma vie, une chance de briser les silences tueurs, et de les transformer dans des mots ou le silence est une resonance de victoire, sur des circonstances que l'esprit berbere a su enlever leur sortilege impitoyable. La Kabylie, sa nature, sa culture, etait le clef dans les nuages, que la photographie m'a permis de recevoir, pour comprendre que la sagesse du silence, telle qu'elle se manifeste dans la portraiture de Nacer Amari, est la sagesse de defis survecus. Le livre futur "L'Esprit Itinerant: Le Clef dans les Nuages" est une exploration de cette grace, de cette chance, de cette perspective unique, guerisante, cathartique, que je recois et je celebre comme poete et artiste flamande - americaine qui a voyagee tant, pour trouver dans l'automne de ma vie et mes voyages, la paix et la dignite, la liberte, l'espoir, la joie, la voix, l'appartenance culturelle et intellectuelle, a travers l'inspiration que me donne le coeur et l'esprit de la Kabylie.
Trudi Ralston