Friday, December 16, 2022

Contrepoids et Filigrane: Le Pouvoir Identitaire du Portrait "Djassine" de Nacer Amari - dans la serie "L'Esprit Itinerant"

          La photographie en ce moment est une force dans le monde des arts visuels de qui son impact et importance continue a evoluer de facon exponentielle, dans un pas de deux fascinant avec le monde de la technologie numerique et son influence et presence revolutionnaire dans la conscience de l'etre humain du XXIeme siecle. Face a une explosion aussi dans le monde de la communication que la technologie digitale permet, qui sait unir des milliards de personnes a une vitesse ne pas imaginable il y a une generation, le monde des images, comme l'explore et partage la photographie, a une attraction profonde et durable pour communiquer des perspectives, des polemiques, des traumes, des joies, a un rythme visuel qui permet pour les mots et leurs questions, leurs doutes, leurs impressions de merveille, d'horreur, de charite, de sympathie, d'espoir d'attrapper et diminuer la distance entre le monde des mots et le monde des images. Un portrait d'un de ses jeunes cousins du photographe berbere d'Aokas, Nacer Amari de Tassi Photographie, "Djassine" du 10 decembre 2022, illustre avec une sensibilite frappante cette realite, et va etre l'etude d'exploration de cet article. Le portrait en noir et blanc de ce garcon kabyle, attire l'attention de facon envoutante, pour le regard fier et sur qu'y a su capturer le photographe de son jeune cousin, qui fait face a la camera avec une energie calme qui se met au centre de l'ambiance du tableau. Le photographe explique le contexte du portrait: "Djassine a quitte l'Algerie il y a deux mois, avec sa mere et son pere. Ils sont a Chicago." Ces mots ont une resonance affective, parce que le Chicago fut la premiere grande ville americaine que j'ai visitee, a l'age de 16 ans, quand j'y ai passee 6 semaines dans une famille americaine, collegues de travail de mon pere. L'experience de vivre dans une immense ville moderne americaine, apres avoir vecue dans un petit village ouest - flamand tranquil, fut fascinant, et aussi bouleversant, et je lui souhaite a Djassine et sa famille tout le mieux, et beaucoup de courage. Chicago a une longue et interessante histoire et est une des villes qui fut temoin de la plus grande migration de la population noire du Sud des Etats Unis vers les grandes villes du Nord, entre les annees 1910 et 1070, quand 6 millions de personnes noires decident de quitter le Sud du pays pour s'echapper de la violence raciale et le manque d'opportunites economiques et sociales, a cause d'un racisme systematique et brutal pour essayer une nouvelle vie dans le villes de Chicago, New York, Detroit et Pittsburgh. Suite de la Seconde Guerre Mondiale, la seconde vague de ces 6 millions de personnes s'etend entre les annees 1940 et 1970 vers les villes de l'Ouest du pays, les villes en Californie comme Oakland, San Francisco, Los Angeles, et aussi vers la ville de Portland, dans l'etat de Oregon, et de Seattle, ici dans notre etat de Washington State. La seconde vague de cette Great Migration, fut le resultat de l'expansion du secteur industriel suite de la Seconde Guerre Mondiale. La premiere vague de 1910 -1940, allait importer vers le Nord du pays l'art des musiciens blues du Sud, comme de la Mississippi Delta, et allait inspirer la Harlem Renaissance, et le debut de l'engagement politique et sociale pour ameliorer la vie de la population noire. Des organisations historiques comme le NAACP, the Association for the Advancement of Colored People de 1909, L'Association pour l'Avancement du Peuple Noir, qui jusqu'a aujourd'hui a un impact important sur la lutte continue pour proteger les droits civiles toujours sous menace malgre le progres historique du Civil Rights Movement des annees 1950 - 1960, ou la population a finalement su obtenir le droit de voter, un droit qui est a nouveau sous menace suite d'une resurgence d'intolerance et racisme sous l'influence d'un politique de droite qui a des ideologies qui s'approchent de facon dangereuse au fascisme, qui effectivement sont une menace reelle et souvent fatale pour la population noire a travers une indifference troublante envers la brutalite policiere de la part de trop de leaders du gouvernement local et federal. La Grande Migration des annees 1910 - 1970 a aussi vue un effort systematique d'isoler la nouvelle population noire dans des arrondissements inferieures quant a logement, magasins, ecoles, hopitaux, transport public, et d'enforcer la segregation dans tous les aspects de la vie sociale. Cette segregation est la cause la plus desastreuse de la grande distance dans le status economique entre la population noire et blanche du pays, ce que le Mouvement pour les Droits Civils des annees 1950 et 1960 a combattu et c'est un probleme qui continue jusqu'a aujourd'hui : isoler la population noire dans des arrondissements d'infrastructure inferieure pour les empecher avoir les memes opportunites, ce qui en fait est la philosophie ecoeurante derriere l'idee des ghettos du pays, un systeme d'oppression qi se pratique dans beaucoup de pays, au mains de gouvernements aux tendances d'intolerance et racisme. Ce racisme a vu des moments tres violents, comme l'annee 1919, ou il y avait des instances de violence raciale contre la population noire dans plus de 26 villes a travers les Etats Unis, qui ont laissees a des centaines personnes mortes, avec dans l'etat de Arkansas, dans juste une wilaya, un county comme on dit ici, entre 100 et 240 personnes noires tuees par des foules blanches, et une force policiere qui n'a pas reagit pour 4 jours, jusqu'a ce que c'etait devenu un scandale national, et le President Wilson decida finalement de faire un effort d'arreter la violence. L'annee de 1919, a dans les archives historiques du pays 60 cas d'extreme violence a travers tout le pays de la part de la population blanche contre la population noire, qui, sauf dans des cas rares, n'avait pas des armes pour se defendre, contre la destruction de leurs maisons, de leurs commerces, de blessures et de morts pour des centaines de personnes. Jusqu'a maintenant, ces cas de brutalite historique bien documentee, rarement avaient et voient, des consequences legales et financieres pour les criminels blancs, qui pouvaient se cacher derriere un systeme judiciaire qui excusait les crimes contre la population noire, qui n'avait de toute facon aucun droit civil enforcable jusque'a 1964 et 1965, quand cette lamentable situation de justifier les lynchages et atroces abus, connu dans l'histoire apres la fin de la Guerre Civile, comme les lois Jim Crow, ont ete declaree officiellement illegales. 

          Cette digression historique inspiree par la ville de Chicago, ou s'est demenagee la famille du jeune Djassine, le protagoniste de cet portrait kabyle intrigant, est importante, parce que elle parle du role de l'identite, une identite qui fut durement eprouvee pour la population noire ici, et qui a parfois menee a des extremes de desespoir, de facons de combatrre et se defendre contre un systeme de racisme et oppression de centaines d'annees. On va apres expliquer un de ses phenomenes aussi ingenieux que tragique, pour ensuite retourner vers le portrait "Djassine" qui est en contraste impresssionnant pour le fait que dans le visage du jeune garcon berbere, c'est la surete et fierte identitaire qui domine. La culture berbere des peuples Imazighen de l'Afrique du Nord est une des cultures les plus anciennes et plus resistantes de la terre, et c'est la culture berbere de la Kabylie qui continue d'inspirer et nourrir mon coeur de poete flamande - americaine, exilee culturellement de Flandes depuis mon adolescence vers ce pays controversiel qu'est les Etats Unis. Le portrait "Djassine" de Nacer Amari est une celebration de l'identite culturelle sure, et qui connait un interet notable dans le monde de la portraiture dans la photographie, en fait, cet interet dans l'identite culturelle, et ses defis pour se maintenir dans un monde qui cherche a lui diminuer, lui eliminer, lui rendre impuissante, se voit dans l'expression complexe et avant- garde de jeunes photographes, qui veulent mettre l'attention sur l'urgence de sauvegarder l'identite culturelle, et dans ce sens, les albums de portraits kabyles de la part du photographe d'Aokas, font decidemment partie de cet effort de la vanguarde de photographes qui expriment ce desir et interet de celebrer l'importance de mettre au centre de la discussion dans les arts visuels, l'identite culturelle. Un des photographes qui explore cette identite  a travers un style surrealiste, est l'artiste australien - thai, Nathan Beard (1987), qui explore dans ses portraits en blanc et noir avec des touches de couleur, des masques et maquillages provoquants, son identite australien et thai, comme le fait la photographie de Shadi Ghadirian (1974), une artiste qui a travers la portraiture photographique explore le role de la femme en Iran, ses complexites, frustrations et contradictions, dans ses portraits ou elle risque le melange de roles masculins - feminins avec audace et franchise, ainsi que le photographe australien - malais, Abdul Abdullah (1986) qui a travers des portraits en couleur, cherche a provoquer des sensations de malaise pour mettre en question l'identite comme arme de superiorite raciale, genetique, sexuelle. Le style realiste aux touches de l'expressionnisme et aussi de la nostalgie et sensibilite du neo - romanticisme dans la portraiture du photographe berbere Nacer Amari,  exprime un interet de defi, d'une esthetqiue avant - garde de retourner a un minimalisme visuel pour mettre attention nette au protagoniste, a son monde interieur, pour permettre au spectateur une fenetre ouverte, une invitation au monde du portrait et l'intention du partage de la part de sa vision artistique - culturelle et intellectuelle du photographe. La photographe contemporaine anglaise Rebekah Williams aussi cherche cette expression, a travers des portraits en groupe, en couleur, de femmes noires qui cherchent a exprimer leur place, leur espace, leur lien, dans le monde des Iles Britanniques, comme lui celebre dans son article Emily Rosen Larsen de 2019, "Portraiture as an expression of cultural identity", ou elle explique que le paysage anglais comme arriere plan des portraits des femmes noires, est en contraste penible avec les femmes d'ascendance africaine qui se voient exposees, nues, comme les portraits font avec intention sincere, pour demander des questions profondes sur l'identite et l'effet du colonialisme et post- colonialisme sur ces peuples envahis. Une jeune photographe africaine, Yannis Guibinga dit dans un article de "True Africa", que "la portraiture permet de montrer les differences et similarites au premier plan, pour mettre en image un continent plus complexe, divers et precis." Une autre jeune photographe africaine, Zarita Zavallos, que celebre cet article l'exprime ainsi: "L'art extrait de notre humanite pour ouvrir nos bras, le rendre approchable, l'art est l'essence et le remede." La portraiture dans la photographie dans ses diverses styles d'expression, ses efforts et desir de communiquer la complexite de l'identite culturelle, est ainsi une force artistique tres importante, qui unit le monde des arts visuels, et qui met en dialogue direct le photographe, le protagoniste du portrait, et le spectateur, pour une rencontre animee, autant exterieure qu'interieure. Il y a un film de 2021, a base d'un roman de 1929 de l'ecrivaine noire des Etats Unis, Nella Larsen, au titre de "Passing", qui se traduit en francais comme "Passe Blanc" qui se refere a une pratique tragique et dangereuse, de certaines personnes noires, qui avaient la peau tres blanche, de decider le risque dans les annees de l'esclavage, et apres, aux Etats Unis, entre les annees 1176, et 1866, de se presenter comme blanc, et vivre parmi les blancs. Apres la Guerre Civile americaine de 1861 - 1865, cette pratique continue dans le XXeme siecle, et le livre "Passe Blanc" parle d'un cas d'une jeune femme noire, mariee avec un homme riche blanc, a New York. Sa famille noire de la jeune femme noire qui passe pour blanc, lui manque beaucoup et elle decide retourner a Harlem, et quand son mari blanc lui decouvre son secret, il est tellement furieux, que la jeune femme se suicide dans un acte d'ultime rebellie, de desespoir. L'adaption en film est tres bien fait, et s'approche au sujet penible et souvent tragique avec beaucoup de tact et sincerite. Le livre de 1929 et son adaptation en film en 2021, de la realisatrice Rebecca Hall, avec l'actrice Ruth Negga, qui joue le role de la protagoniste autant rebelle que tourmentee, Clare Bellew, mettent en vue bien claire l'importance de sauvegarder l'identite et son droit a la dignite, la celebration, la protection de ses droits civils, humains, culturels. Dans la culture noire des Etats Unis, la question de la peau et ses nuances de couleurs, fut exploitee par les esclavagistes blancs, pour diviser et causer de la rivalite parmi les esclaves, une pratique horrible, qui jusqu'aujourd'hui a laissee ses cicatrices psychologiques profondes dans la communaute noire, comme m'en ont parlee avec franchise mes amis et amies noires ici et au Texas, et ceci avec pas mal de chagrin. La portraiture qui celebre l'identite dans toute sa beaute unique que possede chaque culture, est ainsi une autre facette dans ce filigrane si essentiel au bien - etre physique et sociale. Le portrait "Djassine" du photographe berbere d'Aokas, en Kabylie, l'artiste visuel Nacer Amari, a un message tres au centre du coeur de la discussion animee sur la quelle veut continuer de mettre l'attention son art visuel la photographie post moderne du XXIeme siecle, celle qui nous parle, en contrepoids et filigrane a travers ses images, de l'identite culturelle et ses myriades contenances a travers l'histoire et la revue de ses courages, de ses defis, de ses expressions.   

Trudi Ralston 

La recherche sur la photographie avant - garde quant a l'identite culturelle, courtoisie de Wikipedia, et l'article "Portraiture as an expression of cultural identity" de Emily Rose Larsen, de septembre 2019,  et l'article de 2017, dans True Africa: https://true africa.co : "5 of the best young photographers exploring indentity through portraiture". L'information historique sur la Grande Migration vers le Nord des Etats Unis dans les annees 1910 - 1940, et 1940 - 1970, courtoisie de Wikipedia.   

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