Monday, December 19, 2022

Quand les Murs Tombent: La Force Interieure dans le Portrait de Boudjemaa Agraw de Nacer Amari - dans la serie "L'Esprit Itinerant"

          La Kabylie a une presence marquante dans l'histoire de ma vie de poete, d'artiste, une influence dont son energie et vision continuent a evoluer, a s'exprimer comme des melodies interieures, qui donnent voix a mes livres, a mes poemes, qui celebrent cette culture et son peuple unique en coeur, en esprit, en talents. Un portrait en noir et blanc du 17 decembre 2022 de la part du photographe berbere Nacer Amari de Tassi Photographie, de Boudjemaa Agraw m'a inspiree le desir de faire honneur a l'esprit creatif vibrant et resistant de la Kabylie, comme elle s'exprime a travers la poesie de ses musiciens. Le photographe nous donne le contexte de son portrait de Boudjemaa Agraw: "Ah oui, c'est l'un des grands hommes de la Kabylie. C'est un artiste chanteur et compositeur, il a a son actif pres de 30 albums. Il a ete de tous les combats pour la reconnaissance de la culture et identite berbere et il a produit des titres qui font partie du patrimoine de la chanson kabyle et amazigh. J'aime en lui son engagement, sa fierte et son combat pour une cause identitaire. Boudjemaa a ete avec le celebre Takfarinas dans les annees 1980. Agraw veut dire groupe." Ce qui laisse un impact immediat de ce portrait evoquant en noir et blanc, est la force interieure que sait communiquer le photographe de la part de son protagoniste. Ce portrait a des energies sculpturales, et evoque de facon tres concrete dans le rythme des lignes du visage, de leur concentration, les bustes sculptees de l'empire romain, surtout de la periode de la Republique, de 509 B.C. - 27 B.C., et specifiquement le style du verisme, ou l'esthetique etait celui du hyper - realisme, comme le buste du general et homme d'etat Marcus Vipsanius Agrippa ( 63 - 12 B.C), et le buste d'un patricien des annees 75 - 50 B.C. qui a des traits realistes d'une exaggeration intentionnelle meme, ceci pour souligner, comme etait le but du style veriste, qu'un homme de politique etait plus croyable s'il montrait dans le visage un caractere fort, de beaucoup d'experience et intelligence, ou les defauts physiques du visage etaient vu comme etre temoignage de ces attributs intellectuels valables dans une periode ou l'empire romain etait dans un etat tumultueux. Un autre example connu de ce style est le buste du banquier romain decouvert dans les ruines de sa villa a Pompei suite de l'eruption du volcan Vesuvius en 79 A.D., le buste en bronze de Lucius Caecilius Iucundus, qui montre avec une precision clinique et franche les traits du visage du vieux patricien. L'expression de force interieure dans le portrait d'energie sculpturale de Boudjemaa Agraw supercede le style realiste des bustes romains de la periode republicaine, pour etre une expression de resistance de la part d'un peuple qui a su vaincre l'invasion d'empires etrangeres depuis des milliers d'annees. Depuis mon introduction en 2017 a la Kabylie et son histoire et sa culture, son peuple acueillant et genereux, la premiere introduction, avant d'apprendre sur sa nature et ses photographes berberes talentueux, fut la musique de Idir, a travers une cassette que m'avait envoyee de Paris, ma copine francaise, avec qui j'ai etudiee a Austin, a l'Universite de Texas, et qui elle a des racines berberes du cote de son pere. La premiere fois que j'ai entendue cette musique berbere d'Idir, mon coeur a eue une immense reaction d'espoir, un frisson de joie et chagrin, que j'etais face a une musique qui me touchait profondement, qui m'appelait vers elle. C'est ainsi que j'ai voulu apprendre sur la Kabylie, et que j'ai decouvert tout un univers de culture, de magnifique nature, d'art photographique, de musique: Slimane Azem, Matoub Lounes, Takfarinas, Malika Domrane, et que j'ai appris de la poesie du grand Mohand Si Mohand, de Djamal Allam, a qui m'a introduit l'infatigable voix erudite et poetique, l'ecrivain kabyle Rachid Oulebsir pendant mon sejour en Algerie en 2019, que j'ai appris de Lounis Ait Menguellet, et du jeune chanteur Bilal Mohri, et sa voix d'emouvante pouvoir et resonances, que j'apprends maintenant sur le chanteur Boudjemaa Agraw, a travers ce portrait evoquant lui fait par le photographe kabyle Nacer Amari. Selon un article qui se dedique a la vie et le talent de Boudjemaa Agraw, un article du 13 mai 2020, de Mohand - Lyazid Chibout, dans le journal algerien, "Le Jeune Independant", Boudjema Agraw a dit : "Chanter c'est resister", ce qui est une magnifique synthese de la musique berbere. J'ai appris a travers cet article, que Boudjemaa Agraw nait en 1952, a Semaoun, un village de la commune de Chemini,  pres de Bejaia, et qu'il s'installe a Paris dans les annees 1980, ou le groupe "Agraw" emergea, et dont Boudjemaa fut le fondateur, et que "Agraw" se realise dans les studios des editions "Azwaw du feu Idir", et de son lien avec l'Academie Berbere, une association dediee aux cultures amazighes, et aussi, que Boudjemaa Agraw rertourne en Algerie pendant la decennie noire, pour etre pres de son peuple pendant l'epreuve si traumatique de la Guerre Civile de 1991 - 2001. Le message profond de Boudjemaa Agraw, "Chanter c'est resister" a une resonnance qui va loin au - dela des montagnes, rivieres et villages de la Kabylie, qui a un impacte direct sur la verite de ma vie ici aux Etats Unis, que chanter, exprimer en chants, en poemes, c'est resister, et resister c'est etre visible, et etre visible c'est avoir une presence, une voix et avoir une voix, c'est avoir une identite, culturelle, sociale, linguistique, ideologique, mythologique: c'est insister sur le droit d'etre un etre humain qui est permis de vivre libre, de vivre avec espoir, avec dignite. En honneur a tout le talent musical et poetique, artistique dans l'histoire unique de la Kabylie, et en reconnaissance de mes collegues, amis et famille de coeur kabyle, je dedique ce poeme, ce chant celebratoire, qui provient de mon plus profond respect et amour pour la terre berbere qui m'a acueillie, qui m'a sauvee d'une solitude et isolation artistique - intellectuelle, qui a fait souffrir tellement a mon coeur et esprit de poete flamande - americaine si longuement privee de sa voix, de sa joie:


Les Murs Invisibles 


Les murs invisibles, ces lignes qui essaient de se mettre entre le courage du coeur, et ses initiatives, ces spectres qui flottent dans les coins des theatres ou la vie nous invite au spectacle.  

Les murs invisibles qui laissent leurs ombres sur le tissu de nos espoirs, qui essaient de changer les notes des melodies de nos joies, de nos sourires, il faut les combattre, il faut les demolir. 

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La Kabylie, elle est ma voix, ma compagne, elle m'a accueillie, m'a pris par la main, m'a ouvert les yeux a qui je suis, a mes poemes, a mon art, elle est le chant le plus beau de ma vie, elle est la mere que j'avais ete niee. 

La Kabylie, elle est la muse qui me guide sur le sentier ou m'ecoutent ses rivieres, ses montagnes, qui me racontent l'histoire ancienne de son peuple infatigable et resistant. 

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Je suis nee flamande, et j'ai ete vagabonde, itinerant poete pour tants d'annees, j'etais prisonniere, ame exilee, hors de vue, muette, invisible, sous le sortilege d'une solitude cruelle. 

C'est le coeur de la Kabylie qui me partage sa sagesse, sa charite, sa resistance, elle est l'espace grande, ouverte ou se dessinent les couleurs des visions de mes dessins, de mes poemes, qui celebrent cet amour berbere qui me chasse les fantomes du passe, ses traumes, ses blessures. 

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"Chanter c'est resister" dit Boudjemaa Agraw, et pour moi c'est une verite qui me sauve chaque jour a nouveau, de me savoir avec l'identite de poete gueri, libre, la tete haute et fiere, qui crie avec reconnaissance: "Merci, ma Kabylie, toi qui depuis des milliers d'annees heberge le coeur, l'esprit, le courage de tants de poetes, ceux de ta terre et ceux que tu sauves des rives etrangeres." 

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Benie soit ta terrre, benies tes montagnes, tes recoltes, tes rivieres. Beni soit ton peuple berbere, benis tes enfants, tes reves. Benis soient tes chants, tes mysteres, benies tes visions du futur. 

Dans chaque chant kabyle reverbere ta voix qui celebre une volonte de fer legendaire, ta voix qui s'unit aux voix des tambours et du tonnerre qui sonnent des hauteurs du Djurdjura, resistant, eternel.  


Trudi Ralston 

La recherche sur les bustes romains de la periode de la Republique et le style du verisme, courtoisie de Wikipedia, et l'information sur le chanteur et compositeur kabyle Boudjemaa Agraw, courtoisie du photographe Nacer Amari, et l'article "Chanter c'est resister" dans le journal "Le Jeune Independant" du 13 mai 2020, par Mohand Lyazit - Chiboud.   

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