Une photo du 15 juin 2023, faite a Sidi - Bou Said, par le photographe Nacer Amari de Tassi Photographie, de mon mari Michael, qui se prepare de frapper sur la porte jaune magnifiquement decoree avec des dessins geometriques de clous noirs, est en fait une opportunite d'explorer le monde de la porte comme risque, comme dilemme qui s'est exprimee comme telle dans les arts visuels de plusieurs artistes. La porte dans le monde des arts comme sphinx elusif et contraire, continue a trouver des expressions, et les arts visuels se pretent bien pour cette fascination qu'elle sait generer. Dans mon livre que je viens de publier "L'Esprit Itinerant: Catharsis et Metamorhpose - L'Esthetique Transformative de Nacer Amari", je dedique plusieurs articles de photos faites par le photographe berbere d'Aokas, des portes anciennes envoutantes de Sidi - Bou Said. La porte est depuis l'Antiquite et ses antecedents, une source de controversie, de mystere, d'espoir, d'inclusion, de l'interdit, de l'appartenance. Cette photo invite une interlude dans certaines de ces expressions artistiques ou la porte est protagoniste et parfois en meme temps, antagoniste aussi.
Une peinture de 1897, "Le Coup a la Porte", de l'artiste anglaise Laura Theresa Alma -Tadema ( 1852 - 1909), qui se specialisait dans des scenes de la vie de famille, recoit une appreciation de la part de Melissa Geisler Trafton, dans un article pour le Currier Museum of Art: " Une femme finit faire sa toilette devant un miroir, au moment qu'il y a un coup a la porte. Son environnement indique l'Hollande des annees 1600, avec les ceramiques en bleu et blanc le long des plinthes, et les vitraux, les muebles de couleurs foncees et sur le mur un calendrier qui date de 1684. " L'article fait une comparaison avec l'art de Johannes Vermeer (1632 - 1675) des Pays - Bas, qu'on considere etre un des peintres de l'Age d'Or des Pays - Bas les plus importants ensemble avec Rembrandt Van Rijn (1606 - 1669) fameux pour sa serie de portraits et auto - portraits. Johannes Vermeer, qui est tres connu pour son portrait "Jeune Fille a Boucle d'Oreille de Perle" jouissait d'une periode de redecouverte de son art quelques decennies avant que la peintre Laura Theresa Alma - Tadema a fait son portrait "Le Coup a la Porte". Elle etait une artiste tres active dans le monde des arts a Londres, et avait un interet vif dans la vie de famille en Hollande du XVIIeme siecle. Son atelier d'art a Londres etait en decor des annees 1600. Elle faisait des expositions a l'Academie Royale et etait une de seulement deux femmes artistes qui faisait partie de l'Exposition Internationale a Paris de 1878, et l'Exposition Columbus de 1893 a Chicago, ainsi que l'exposition Industrielle a Berlin en 1896, et l'Exposition a Paris en 1900. Elle etait donc une artiste qu'on prenait au serieux, ainsi que ses themes et leurs expressions, comme elle les rendait visible dans son portrait qui a comme sujet central une femme elegante qui se prepare pour repondre un coup a la porte. Dans ce cas, la porte annonce, vue la belle toilette de la femme, une visite de contexte amoureux. Dans la perspective d'autres artistes visuels, la porte prend un contexte spirituel, et un des tableaux qui met au centre la porte comme symbole meditatif - reflexif, est la peinture de l'artiste anglais pre - raphaelite, William Holman Hunt (1827 -1910), au titre "The Light of the World", "La Lumiere du Monde". Ce portrait montre a Jesus qui se prepare pour frapper sur une porte envahie par la nature, et fermee depuis longtemps, comme illustration d'un verset de la bible, du livre Revelations. La peinture recut une grande popularite et William Holman Hunt en fait une seconde copie entre 1900 - 1904, qui se trouve a la Cathedrale St. Paul a Londres. La porte recoit comme theme de peintures, un interet regulier au XIXeme siecle, comme dans l'oeuvre du peintre hollandais John Walraven (1827 - 1878), dans sa peinture " Fille qui joue avec son Chien", ou la porte est ouverte par la maman qui l'accueille a sa fille en ouvrant la porte du jardin. La porte est ici alors, un retour a la sauvete de la maison, de la famille, elle est accueil, invitation chaleureuse. En contraste avec ce symbole, il y a la peinture du peintre americain Seymour Joseph Guy (1824 - 1910), "La cave Hantee", qui montre une porte de cave grande ouverte, a la bouche noire menacante, que des enfants curieux decident de franchir. La porte ici est intrigue, controversie, possiblement risque, danger. Une peinture de la part de l'artiste suedois Julius Ferdinand Kronberg (1850 - 1921), nous approche a la porte comme interdiction, comme punition: son portrait "En Retard pour l'Ecole", nous montre une enfant triste, qui se trouve devant la porte de l'ecole de son village, une porte resolument fermee, impitoyable consequence pour l'enfant, qui se trouve seule, avec son cartable et petit panier de dejeuner. La peinture a une atmosphere ambigue, theatrale aussi, et est saturee d'une solitude irresolue, ou on se demande comment va resoudre cette enfant fiere et vulnerable, sa situation soudainement a la fois emouvante et incertaine. La porte fermee est ici sphinx, dur et impassable.
La peinture la plus complexe dans cette serie ou la porte domine le sujet, est de l'artiste anglais Arthur Hopkins (1848 - 1930), au titre de "The Visitor", "Le Visiteur". Arthur Hopkins travaillait a Londres, et etait membre de la Societe Royale des Peintres d'Aquarelles et de l'Academie Royale. Cette peinture a comme sujet une petite fille avec un panier, qui essaie d'atteindre avec sa main la hauteur ou elle pourra toucher le heurtoir de la porte. Elle s'est mise sur la pointe des pieds, et les doigts de sa petite main sont tous tendus. Il y a une tension dramatique silente dans ce portrait nostalgique, ou on devient complice dans l'incertitude de si oui ou non la petite fille arrivera a sonner l'heurtoir, plus touchant encore pour le fait qu'elle apporte a la personne ou les personnes derriere cette porte de defi, un panier plein de regals. Cette peinture me remplit avec beacoup de sympathie pour la jeune protagoniste, car elle me rappelle a l'importance qu'est pour moi la culture berbere de la Kabylie: avant elle, je me trouvais a toujours sur la pointe des pieds, la main tendue, le panier plein de poemes, d'art, devant la porte haute et hors d'entree pendant toute une vie de poete exilee avant de meme comprendre ma situation precaire intellectuelle - culturellle et sociale. La Kabylie m'a entendu les efforts, m'a ouvert sa porte, m'a acceptee le monde de mes poemes, de mes livres, de mon art, et ne jamais de facon plus digne et complete, pour ma muse et ses energies, qu'a travers l'art de la photographie de Nacer Amari d'Aokas. Il y a un tres beau symbolisme dans le fait qu'un des sites culturels qu'on a pu visiter pendant notre rencontre a Tunis et ses environs, fut le beau village pittoresque de Sidi - Bou Said: ce village a une grande quantite de portes, anciennes, historiques, que documentent les photos captivantes de Nacer Amari que j'explore dans mes articles recents. La photo de Michael qui se prepare de frapper sur cette belle porte jaune d'un restaurant a Sidi - Bou Said, est un magnifque symbole que, quant a ma famille, quant a mes poemes, mes energies litteraires de mes articles et livres, mes inspirations artistiques de mes broderies, dessins et portraits en crayon et encre, la Kabylie m'a ouvert, m'ouvre sa porte, et me permet entree dans l'histoire fiere et riche de sa culture ample, accueillante et son esprit de generosite et hospitalite envers l'etranger, l'exilee, car elle connait tres bien, depuis la nuit des temps, les peines, melancholies et blessures que peut laisser au coeur etre invisible, inaudible, loin de sa terre, de la chaleur de ses racines, de ses melodies pour le poete errant, vagabond, itinerant. Comme le titre, "La Flute et l'Echo" de cette nouvelle serie indique, la Kabylie, et l'excellence de la photographie de mon collegue berbere Nacer Amari, est la flute qui me permet me rappeler, tel un echo, les melodies et mots qui ont vecus si longuement silents dans mon coeur et esprit de poete qui a fait ce voyage de la recherche a l'identite creative exilee pour toute une vie, avant de me trouver face a la porte kabyle qui m'a invitee dans le monde geurisant de son univers aux espaces grandes ou ma muse epuisee de tants de portes fermees, trouve son rythme, ses notes, sa voix, et sa dignite, son inspiration et sa joie, sa force creative si longuement entravee et muette.
Trudi Ralston
La recherche sur le monde complexe de la porte et ses symbolismes dans le monde des peintres du XIXeme siecle, courtoisie de Wikipedia, et l'article de Melissa Geisler Trafton, du Currier Museum of Art a Manchester, New Hampshire, aux Etats Unis, qui a des collections permanentes des oeuvres d'artistes comme Picasso, Monet, O'Keeffe, Calder, Scheier and Goldsmith, John Singer, Sargent, Frank Lloyd Wright, et Andrew Wyeth.
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