L'article que je viens d'ecrire le 17 juin 2025, m'inspiree par le travail sur un auto - portrait en crayon du photographe d'Aokas, Nacer Amari de Tassi Photographie, "Vers une Solitude Creative: La Metamorphose du Dedoublement", resonne encore avec son energie optimiste, son aura de chaleur, de l'espoir, et comme est souvent le cas dans des moments clairs, de grande joie interieure pour le coeur creatif, pour l'esprit meditatif et ses explorations, une fois brulee la flamme, il y a apres cette sensation d'une peine, lourdement deguisee, un echo dans le fond, qui veut entendre, sentir encore, la profondeur de la joie si complete, si intense de la comprehension si longuement recherchee, souhaitee. J'ai parfois l'impression de vivre sur une ile lointaine, entouree de grandes espaces de l'eau, de sable, d'ou j'envoie mes messages en ecrits, en articles et poemes, en pieces de l'art, qui traversent les grandes distances d'ici vers l'Afrique du Nord, vers la Kabylie, ou les pigeons voleurs laissent mes mots, leurs visions, leurs experiences pour que les recuperent ma famille de coeur qui m'entendent la voix, l'appel. Le jardin ici a ma maison a Olympia est l'espace ou je sens le plus fort la presence kabyle qui m'entoure, qui m'inspire, et c'est aussi l'espace ou je sens dans les moments difficils, d'absence, toutes les ombres des personnes disparues de l'histoire de ma vie commencee en Flandre, et continuee au Texas d'abord, et depuis ici a l'etat de Washington State dans la region du Pacifique Nord - ouest des Etats Unis. Je l'appelle mon couloir des hologrammes: ce sentier invisible au monde ou marchent dans les moments de manque, l'esprit de mon pere, de ma grandmere paternelle, de mes oncles peintres Frans et Emiel De Cauter, de ma Nanou Julienne, de mon frere Bart, de mes soeurs Goedele et Ludwina. Ils traversent le jardin, des troubadours silents, qui comme des hologrammes se voient dans l'oeil de mon coeur, reels, et qui sont en fait, des chimeres, long disparus, qui habitent le monde des esprits, loin, haut dans le ciel et ses mysteres. Ce qui est interessant pour moi d'observer, de sentir, est que le lien avec l'Afrique du Nord, avec l'Algerie, avec la Kabylie et la collaboration avec mon collegue kabyle le photographe Nacer Amari, reussit la guerison de cette blessure, de ce vide penible qu'avait laissee les longues annees d'exile culturel - intellectuel depuis mon arrivee aux Etats Unis a l'age de 19 ans. Au lieu que ma famille flamande a su reussir de s'integrer a ce pays, les Etats Unis ont fini par avaler toutes les personnes dans ma famille d'origine: d'abord ma petite soeur, qui a abandonnee tout espoir a l'age de 35 ans; apres, mon autre soeur, d'un cancer virulent, a l'age de 44 ans; apres mon pere, a l'age de 79 ans, seul a Oostende, triste de ne pas avoir recu la chance de reparer le mariage de 45 ans avec ma mere; apres ma mere, a l'age de 74 ans, suite de la cyrrhose du foie; et en 2020, mon frere, mort soudainement au Texas, suite d'une rupture aortique a l'age de 61 ans. C'est une sensation bizarre, de rester la seule personne survivante dans ma famille. Mais ce qui m'a permis, et me permets de facon chaque fois plus sure, de transformer ce choc au systeme, ce gene, ce puzzle de chaos, c'est le fait que j'ai recu l'accueil de l'Algerie, de la Kabylie, et que j'ai recu la chance d'apprendre de mettre en notes, en melodies de mots audibles le traume de l'oubli, de la negation, du mepris qui se sont unis depuis dans mes livres, leurs explorations de la richesse du coeur et esprit kabyle, dans mes poemes, dans mes broderies, dessins en encre, en crayon, en couleur. La Kabylie enleve le long mauvais reve de tants de pertes, de tants de detours ne pas resolus, ne pas eclaircis, d'une famille d'origine qui s'est perdu dans les miasmes d'histoires opaques, contradictoires, d'intrigues de multiples couches, ou je me trouvais impuissante d'en defaire les noeuds, qui m'avaient laissee epuisee, seule, rejetee dans un theatre de mirroirs ou rien n'etait evident, tout s'evaporait comme dans un acte de la part d'un magicien suspecte, de douteuses intentions. Me trouver, me savoir maintenant, 20 ans plus tard, sur la plage paisible de la solitude creative, le coeur et l'esprit surs, tranquils, heureux, vibrants, energique, je le dois a ma Kabylie, c'est elle qui m'a enlevee tel le phenix, des cendres des douleurs de beaucoup de pertes, d'humiliations, de chagrins. Si les troubadours silents des personnes perdues apparaissent encore parfois, ce n'est que brevement, et c'est pour me remercier, en fait, que maintenenant, ils ne vivent pas seulement ensemble dans le monde des esprits, mais aussi se savent heureux de vivre dans mes livres, dans les memoires recuperees des moments heureux vecus en Flandre, avant les tourmentes de l'exile. Les troubadours autrement silents, ils chantent dans les pages de mes livres, grace a la charite, la sagesse, l'accueil guerisant de mon collegue d'Aokas, de sa eternelle, resistante, genereuse Kabylie, son coeur et esprit incomparables.
Trudi Ralston
"Laisse ce qui n'est pas, mais parait etre, cherche ce qui est, mais qui n'est pas evident." - le poete et mystique perse Sufi, Jalal al - Din Muhammad RUMI (1207 - 1273).
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