Un portrait du 20 mai 2025 en noir et blanc de sa mere du photographe Nacer Amari de Tassi Photographie, "MODELE ET REFUGE" s'entoure d'une aura sure, claire, dans sa presentation meditative, qui illumine l'esprit resilient, solide de la protagoniste. Voyant ce portrait de la matriarche Amari, elucide ce sens d'une personne bien ancree dans ses convictions, sa vision du monde, et sa place dans la vie. Son regard calme, gentil, inspire un desir d'apprendre d'elle, de connaitre l'histoire de sa vie, de la sagesse interieure qu'elle possede, qui brille dans ses yeux. Voir son portrait, invite la meditation, et fait penser a l'idee de l'esprit, du coeur libre d'illusions, libre du poids de l'ego que met au centre les obsessions du monde contemporain, violent, impatient, superficiel. Je pense a l'idee dans la philosophie des chamans des anciennes civilisations, qui exprimaient la pensee symbolique des os de l'esprit, qui se purifient dans le feu des epreuves, et qui ainsi trouvent une mesure d'equilibre, entre passion et paix, qui permet agir avec energie qualifiee, confiante, sans attacher une importance taxante sur la certitude, les garantis, autre que l'effort en soi est ce qui vaut apprecier. Voir la vie comme un cheminement spirituel, sans vouloir controler tout, sans la fatigue inevitable qui suit quand l'ego surpasse le coeur, la charite, la tendresse, la tolerance. Quand j'ai grandie en Flandre, ma mere etait souvent absente, occupee avec son cercle social duquel elle s'imagineait la reine, et ou elle voyait a nous, ses 4 enfants, comme un obstacle, un devoir qu'elle detestait, duquel elle s'echappeait avec rigueur. Ce fut notre Nanou, qui etait gentille, robuste de coeur et corps, Julienne Fiew - Donatus, qui avait adoptee le role de mere chaleureuse, qui nous soigneait, nous faisait rigoler, sentir important, aimee. Elle venait nous chercher apres l'ecole, nous donnait a manger, elle m'a appris l'amour pour la terre et ses recoltes, pour l'esprit humilde qui respecte le ciel autant que la terre, et elle m'a appris a moi et mon frere et deux petites soeurs que les habits ne font pas la personne. Elle nous valorisait notre confiance, adoucissait la solitude d'avoir dans notre mere biologique, une mere distante, pour qui on etait une distraction, et de qui en vain on chercheait avec passion et pas mal de tristesse, d'etre digne comme ses enfants, de son amour, qu'elle reservait pour le monde de ses connaissances et leurs amusements. Meme comme adulte, deja mariee, cet effort de vouloir lui plaire a ma mere, continuerait, et apres la mort de mes petites soeurs a l'age de 35 et 44 ans, suite de maladies fatales, j'ai pu me liberer et voir clair dans le caractere destructif de ma mere. J'avais eue cette sensation toutes ces annees, des l'enfance, d'avoir ratee la repetition generale qui m'aurait qualifiee de recevoir l'amour de ma mere. La presence de mon pere, etait un grand soutien, et je sens sa presence spirituelle encore bien proche, meme 17 ans apres sa mort. Les femmes qui m'ont donnee un sens de ce qu'est la tendresse d'une mere, etaient ma Nanou, et ma grandmere paternelle, Celina Dujardin, de qui sa famille de boulangers etait d'Amiens en France, et qui etait couturiere avec ses deux filles ainees, et ma tante Lieve qui a 85 ans, et vit en Belgique, a la mer, a Oostende. Ces femmes voyaient le manque, et ont fait tout pour assurer a mon frere, mes deux soeurs et a moi, qu'on etait des personnes valables, et je n'ai que des memoires precieuses de ces trois femmes qui occupent une place centrale de reconnaissance dans mon coeur. C'est le traitement de ma mere envers surtout ses filles, qui m'a fait prendre la decision penible, apres la naissance de mon fils, avec qui j'ai un lien magnifique, de ne pas avoir un autre enfant, de peur que cet enfant serait une fille: c'etait la peur immense de me croire incapable d'etre une bonne mere pour une fille. Je n'ai meme pas pu l'admettre pour beaucoup d'annees, et grace au catharsis d'avoir un lien tres beau avec mon fils, qui lui aussi est ecrivain, j'ai pu laisser le chagrin de cette decision. Dans ce sens, cette experience dure, me fait comprendre comme poete, ecrivaine et artiste qui a recu sa voix, son identite reclamee dans le coeur genereux de la Kabylie, que c'est elle ma mere spirtuelle, qui m'a vu, m'entend, m'accueille, m'aime aussi, comme je l'aime a elle.
Dans les cultures du monde, la mythologie de la deesse du foyer, est le plus fort en Afrique, comme dans la mythologie Akan, de l'Afrique de l'Ouest, des lagunes de la Cote d'Ivoire a l'ouest vers le fleuve Volta dans l'est de Ghana: la figure de la deesse Fietena Afua, est associee avec le foyer, la maison et les affaires domestiques. La culture Akan, et ses liens avec la culture Amazighe, comme la deesse Ifri, associee avec la deesse de la guerre de la Libye ancienne, a revelee en 1958, suite de la decouverte du professeur de l'Universite de Rome, Fabrizio Mori (1925 - 2010) une momie en Libye, a Uan Muhuggiag qui a environ 5,500 ans, ce qui est 1000 plus que la momie la plus ancienne egyptienne. Depuis mon introduction a la Kabylie en 2017, et mon sejour a Bejaia et Aokas en 2019, j'ai pu constater comme est grand le respect pour la mere dans la culture kabyle, que le portrait noble "MODELE ET REFUGE" du photographe Nacer Amari celebre avec une sensibilite visuelle qui touche le coeur, et l'esprit. L'idee de la mere comme centre de la famille, comme receptacle et gardienne des traditions de famille, de la sagesse feminine, de la paix dans la tempete, de l'assurance dans l'incertitude et l'epreuve, de la promesse pour ses enfants, et plus tard, pour ses petits enfants, de la mediation entre le monde feminin et masculin, du pont entre le pere et ses enfants, de soutien pour toutes les femmes dans la famille, qu'elle soient adolescentes, epouses, soeurs, cousines, nieces. C'est un monde que je verrai toujours un peu de l'exterieur, avec l'hesitation d'une personne incertaine de son univers, mais que la Kabylie m'en ouvre avec sincerite la porte, et me permet y voir sa lumiere, ses sourires, ses larmes, son courage, son coeur ancien, tolerant, resistant. La mere Berbere, de qui les descendants et sa mythologie remontent des milliers d'annees, plus anciens que l'Egypte et ses pharaons, de cette Afrique du Nord unique, de l'influence des empires Berberes, du continent de l'Afrique, qui elle, est la mere de toutes les cultures de cette terre, comme le monde scientifique du XXIeme siecle sait confirmer avec incontestable certitude: l'Afrique tient l'evidence archeologique de presence humaine la plus ancienne, qui remonte a 7 millions d'annees. Elle est la mere de cette terre, son origine, son foyer ancestral. Le portrait de sa mere du photographe d'Aokas, "MODELE ET REFUGE" inspire un sens de silente reverence, d'un point de repos, de paix, de comprendre que la mere qui aime sa famille est la racine solide qui sait survivre, qui sait negocier toutes les tempetes, et qui au milieu de la tempete y voit deja avec confiance une aperture claire, la fin de l'epreuve, la chance de surmonter, de transformer le defi, qu'il soit bref ou de longue duree.
Trudi Ralston
La recherche sur la mythologie Akan, courtoisie de Wikipedia.
No comments:
Post a Comment