Friday, November 19, 2021

Code de Silence - dans la serie "L'Esprit Vagabond" dedicacee a Nacer Amari

            Le jour s'etait levee couvert de pluie, une pluie qui collait les feuilles qui essayaient de tomber sur l'herbe, comme des pieces de papier brillants sur les branches et les troncs comme si les feuilles etaient faites avec des sciseaux par les mains d'enfants enthousiastes mais un peu distraites. Il y avait un silence au fond de la foret, qui donnait l'impression que les arbres nus maintenant, s'avaient endormis, epuises par le vent et les tourmentes de la pluie torrentiale des dernieres semaines. Un tamia tout marron chocolat bondissait vers la cloture, avec dans sa bouche un des bouts de pain aux graines que j'avais laissee pour lui et ses copains, et pour les ecureuils. La senteur des sapins etait plus fort, plus rassurant, depuis la pluie, et me faisait oublier le gris monotone du ciel, un ciel sans nuages, sans soleil, sans brise. Je pensais au monde du pictogramme, des anciens egyptiens, des chinois aujourd'hui, et comme cela doit etre utile de pouvoir decrire toute une serie d'emotions, d'evenements, avec juste une image symbolique. C'est la saison, il parait des funerailles, une de mes cousines etait morte subitement ayant seulement 57 ans, et je pensais a un camarade qui etait aux funerailles d'un membre de la famille de son pere. Les funerailles pour moi, depuis avoir quittee mon pays comme adolescente, sont souvent limitees a un coup de telephone tres tot le matin, ou au milieu de la nuit, de la part d'un membre de famille, une tante, une cousine, que je n'ai plus vu depuis mes annees au lycee en Belgique. Les seules funerailles que j'ai pu faire honneur etaient celles de mon grandpere maternel, quand j'avais 13 ans, celles du meillieur copain de mon pere quand j'avais 14 ans, comme je suis partie pour les Etats Unis apres avoir finie mes etudes au lycee, et les seules funerailles que j'ai vu faire honneur, etaient celles d'une des soeurs de ma mere, quand par hazard j'etais en vacances en Belgique, quand j'avais 26 ans. Apres avoir quittee le Texas apres avoir finie mes etudes universitaires a Fort Worth et Austin, une des funerailles pour les quelles j'etais presente fut celles pour ma soeur Ludwina, a Georgia, dans le Sud des Etats Unis, ou vivaient a l'epoque de sa mort mes parents. Ici, a Washington State, les seules funerailles etaient et sont celles auxquelles un voisin ou voisine m'invitaient ou m'invitent, ce qui etait et reste rare, et ce fut de meme pour les fetes de mariage, et les naissances d'enfants. Comme enfant et jeune adolescente, en Flandes, je me rappelle etre a juste deux mariages, de cousines, et une fois aux Etas Unis, le mariage d'une de mes soeurs en Californie, et deux mariages de filles d'une voisine, et de deux copines ici en ville a Olympia. Les naissances de neveux et nieces, etaient et sont aussi limitees a peut - etre un coup de telephone, ou une annonce dans le courier. On s'habitue d'etre un observateur, une personne au rebord des rites d'etre membre d'une culture, d'une societe et ses traditions, ses moeurs. La famille de mon mari americain, sont des personnes qui preferent la solitude, lui et ses deux freres auraient se sentis tres a l'aise dans la cambrousse de l'Australie, loin de toute habitation humaine, ce qui reste meme apres toutes ces annees, un defi pour moi qui avait grandie dans une famille avec beaucoup d'oncles, tantes, cousins, cousines, et une vie intellectuelle et sociale variee et active. 

             Je pensais a la langue Dongba du sud - ouest de la Chine, de la culture Naxi, qui survit intacte depuis l'an 1000 A.D. et de qui leur langue est la seule langue pictographique survivante. La frustration de ne pas pouvoir participer aux rites de passage, comme les fetes de naissance, de mariage, de funerailles, pour toute une vie, de ma famille d'origine, et d'en avoir connue si peu avec ma famille americiane, me faisait penser au monde de la langue Dongba, a ce desir parfois si intense, de pouvoir exprimer ce que je ressens, a travers une lettre pictogramme, pour avoir tants d'emotions toutes repliees sur elles memes, ayant reprimees pour tants d'annees, tants de larmes, tants de sourires, me trouvant en dehors de ces rites de famille, de chagrin et de joie. La Kabylie a changee tout ca, et me permet etre membre de son coeur grand accueillant, me donne depuis plusieurs annees deja, une voix a mes poemes, a mes memoires, a mes exploits, mes experiences, mes nostalgies, mes reves et espoirs comme poete et artiste. Mon coeur l'a ressentie si fort quand j'ai ete en Kabylie en 2019, et depuis, une collection de poemes, et mes 4 plus recents livres pour la Kabylie, temoignent du fait que mon coeur vit et reve pres de ma famille en Algerie, en Kabylie. La Kabylie m'a apppris de retrouver la clef des melodies de mes poemes, elle est la source de l'inspiration de mes livres, la joie et la dignite, de mon espoir, de mon sens de communaute, d'appartenance, comme ecrivaine, comme personne vivant depuis toute une vie entre deux mondes, et que seulement le coeur berbere de la Kabylie sait en etre le pont, l'interprete entre le passe et le present. La Kabylie a su briser ma prison d'isolation, de silences mortels, qui empoisonnaient mon coeur de poete, et tout mon etre reve d'etre de retour en Algerie, de voir a nouveau a travers de la fenetre de l'avion, s'approcher les imposantes montagnes Atlas de l'Afrique du Nord, qui m'emporteraient a nouveau vers ma famille en Kabylie, vers terre berbere, qui me manque tellement, que seul un pictogramme Dongba pourrait exprimer quant a tout ce que mon coeur ressent d'anticipation, de joie, de courage, d'espoir, le moment que mes pieds seront a nouveau la ou je me sens en famille, la ou je me sens en vie, ou je me sens heureuse, fiere, libre.  

Trudi Ralston

" Tu es la seule personne pres de qui je ne me sens pas seule" Lucilla (Connie Nielsen) a son ami Maximus ( Russell Crowe) dans le film "Gladiator" de 2000 de Ridley Scott, avec Russell Crowe (1964) et Connie Nielsen (1965).

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