Sunday, November 28, 2021

Racine et Terre: Le Portrait de Amara Abderrahmane de Nacer Amari - dans la serie "L'Esprit Vagabond"

             Parmi mes memoires cheres de mon enfance et mon adolescence dans un village dans l'ouest de Flandes, sont les heures passees au restaurant de mon oncle artiste peintre expressionniste - surrealiste, Emiel De Cauter ( 1921- 1976) qui etait le frere du peintre surrealiste Frans De Cauter ( 1920 - 1981). Le restaurant de Emiel et son epouse Nora, etait ou se reunissaient les artistes, les intellectuels, les musiciens du village ou vivaient un groupe d'artistes, le village de St. Martens - Latem, pres de la ville est - flamande de Ghent. A son restaurant et bar, il y a avait toujours un groupe de musiciens Roma, et son fils Koenraad etait uns saxophoniste accompli et chanteur accompli, qui avait une predilection pour les chansons de Georges Brassens. Frans et son epouse Ina, une photographe professionnelle, travaillaient au restaurant, ainsi que Agnes, la soeur ainee de ma mere, et l'epouse du sculpteur Fredric Minne, lui le fils du sculpteur George Minne ( 1866 - 1941), contemporain du peintre moderniste - symboliste Gustav Klimt et du peintre expressionniste Egon Schiele, et ami du sculpteur Auguste Rodin, qui disait de son art: "Je n'ai rien a t'apprendre", quand ils se sont connus a Paris en 1890. Les sculptures de George Minne sont celebres pour montrer les conflics interieurs de l'homme, et se trouvent dans des musees a Ghent, et en Essen en Allemagne, et en Melbourne en Australie. Comme enfant curieuse et serieuse, c'etait fascinant d'ecouter les conversations de mes oncles, des musiciens, d'apprendre tant sur les arts, la philosophie, la musique, a un jeune age, des memoires qui me visitent et inspirent encore toutes ces annees plus tard. Un portrait de Amara Abderrahmane gros plan en noir et blanc du 13 novembre 2021 du photographe berbere d'Aokas, Nacer Amari de Tassi Photographie, a suscitee ces memoires cheres pour le fait que dans le regard de ce portrait il y a cette fierte identitaire que j'ai vu tants de fois dans mes oncles Frans et Emiel, une fierte qui allait rester au fond de mon coeur, et de qui son energie et sa presence allait m'etre redonnee a travers le regal inestimable de la culture berbere de la Kabylie, de qui mes livres et leurs poemes et articles temoignent, 9 livres en ce moment, depuis 2017, et je travaille en ce moment sur mon livre suivant, " L'Esprit Vagabond". Les flamands sont connus pour leur esprit de resistance et leur fierte identitaire, et toutes les annees vecues aux Etats Unis, 10 ans au Texas, et depuis a l'etat de Washington, avaient laissees leurs traces, leurs blessures, de vivre anonyme dans un pays immense qui chaque jour perd une autre piece de son ame deja molle, mal definie. La Kabylie m'a sauvee le coeur de poete, m'a reveillee mon sens de l'identite, de l'appartenance, de la fierte et de la dignite creative. Le portrait de Amara Abderrahmane presente une belle opportunite d'exprimer ma reconnaissance et mon respect a Aokas, qui est au centre de l'esprit Kabyle resistant, fier, accueillant, quant a sa culture, son histoire, sa richesse artistique - intellectuelle. 

             Les mots du photographe Nacer Amari donnent un contexte a la personne de Amara Abderrahmane et son importance quant a Aokas: " Abderrahmane est le fils d'Aokas, estime par tout le monde. On l'appelle souvent "tonton Abderrahmane" pour sa sympathie, et generosite. Il fut membre fondateur du Cafe Litteraire d'Aokas qu'il a preside pendant un mandat. Abderrahmane est actif dans differents mouvements culturels - ecologiques Kabyles et berberes. Il a fait ses etudes superieures en Belgique d'ou il a obtenu un diplome en physique nucleaire. Tonton Abderrahamne figure dans un film court metrage " La Bague Ensorcelee" de Kurt Lolo. Amara Abderrahmane a ecrit un ouvrage genre de biographie de l'anthropologue berbere Rahmani Slimane, fils d'Aokas aussi." Le Cafe Litteraire d'Aokas a une renommee nationale et internationale pour la liste impressionnante d'intellectuels et ecrivains, qui y ont donnees des conferences: Younes Adli, Chakri Amari, Mustapha Bouchachi, Rachid Boudjedra, Ouarda Baziz Cheriff, Kamel Daoud, Abdelkader Gouchene, Mhamed Hassani, Louenas Hassani, Amar Ingrachene, Lynda Koudache, Rachid Oulebsir - qui m'a introduit a la richesse de la mythologie berbere pendant mon sejour en Kabylie en septembre 2019 - Said Saidi, Amin Zaoui. Quant a l'ouvrage de Amara Abderrahmane sur l'anthropologue Rahmani Slimane ( 1893 - 1964), il etait membre de la Societe Historique Algerienne depuis 1934, et participa a plusieurs congres organise par le Federation des Societes Savantes de l'Afrique du Nord, et ce, a Venice en 1949, et a Vienne en 1952. Ses ecrits et travaux ethnologiques chez les populations de Oued Marsa lui valurent une distinction en 1942: le Grand Prix Litteraire de l'Algerie. Plus que j'apprends sur la richesse de la culture et de l'histoire de l'Algerie, et de la Kabylie specifiquement, plus que je veux apprendre, comprendre, et plus que je veux la partager dans mes livres et mes poemes. Il y a un reve angoisse, qui me revisite de temps en temps, depuis beaucoup d'annees, et de qui son contenu varie un peu de decor, mais jamais de preoccupation: je me trouve seule dans une immense ville anonyme, d'acier et de beton, et je marche, au rebord d'une auto - route poussiereuse, bruyeuse, et les voitures me passent a grande vitesse, et je me demande ou je suis, est - ce la route qui menera vers mon village natal? Est - ce la route vers Austin, Texas, ou j'ai fait mes etudes universitaires? Est - ce la route qui mene nulle part? Je demande a des personnes que je rencontre, s'ils connaissent a mon pere, qui est mort deja 13 ans, s'ils connaissent  a mon fils, si quelqu'un sait d'ou je viens, et quelle est cette route avec ses lumieres aveuglissantes sur laquelle je me trouve encore? La decouverte de la Kabylie, de ses photographes artistes, de son coeur accueillant, chaud, charitable, resistant, m'a liberee et me guerit des pires de ses angoisses, de m'avoir sentie si invisible, si seule et muette comme poete et artiste. Je serai si heureuse de retourner en Algerie, en Kabylie, de me retrouver sur terre berbere, et presenter mes 5 nouveaux livres, depuis 2019, et mes travails artistiques a base de photos des photographes Djamil Diboune, Katia Djabri, Kurt Lolo et Nacer Amari. J'en ai fait 5 en ce moment, et je travaille sur un sixieme travail. En Kabylie, mon coeur de poete, se sent libre, se sent en famille, comme je suis la seule membre survivante de ma famille proche, mes deux parents sonts morts en 2008, et aussi mes deux soeurs, en 1998 et 2005 et mon frere, en 2020, qui etaient tous les trois plus jeunes que moi. En Belgique, il me restent une tante et quelques cousins et cousines. La profondeur de la conscience culturelle de la Kabylie, d'Aokas, m'impressionne beaucoup, la passion et le respect, pour maintenir l'integrite de la culture berbere, son histoire, son heritage, son importance, sa resistance, sa sagesse, cette culture riche et profonde, qui m'a donnee ma voix de poete, qui me permet de me reconcilier le passe d'une longue vie de solitudes intellectuelles ici, et me donne la chance sans egale, de celebrer la fierte, la joie, le courage, et l'espoir, imprevue, si bienvenue, de la dignite, de la fierte, de pouvoir partager mes poemes, mes livres , qui celebrent le coeur et l'esprit culturel riche et accueillant de la Kabylie, d'Aokas.

Trudi Ralston  

La recherche sur le Cafe Litteraire de Aokas, et sur Rahmani Slimane, courtoisie de Wikipedia. 

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