Saturday, February 5, 2022

L'Air Charge de Sel: La Memoire de la Fenetre - dans la serie "L'Esprit Itinerant" dedicacee a Nacer Amari

            La memoire et ses sensibilites sont souvent unies, on peut se rappeler un moment dans le passe, visuellement, en s'en rappeler aussi les sons, les senteurs, les emotions, la joie, l'espoir. Une memoire recente d'une vue de sa fenetre ouverte de la part du photographe d'Aokas, Nacer Amari de Tassi Photographie, qui montre la montagne baignee dans la lumiere d'un soleil brillant, et un ciel bleu clair avec des nuages qui paraissaient faire la sieste en toute tranquilite, m'a reveillee une nostalgie, pour la beaute joyeuse du moment, a su me faire rappeler les memoires d'une ete passee comme enfant, a la plage d'Oostende, ou vivait ma grandmere paternelle, et sa fille la plus jeune, ma Tante Lieve, et ou avait aussi un appartement d'ete mon grandpere paternel. Mon pere et ma mere, frere et deux petites soeurs avaient ete invitee ainsi de venir passer l'ete a Oostende, dans le grand appartement de la mere du chef de la societe ou travaillait mon pere, une faveur pour remercier les efforts de la part de mon pere de revitaliser l'entreprise, avec beaucoup de succes. L'appartement avait une vue directe de la plage, et de la mer, et avait une fenetre enorme dans la salle a manger. Je me rappelle encore maintenant des lever et couchers du soleil, les sons des vagues, des mouettes, les couleurs magnifiques du soleil sur l'eau ondulante de la mer du Nord, et l'air charge de sel, si apaisante et fortifiante a la fois, cette senteur qui collait a la peau, quand on marcheait sur le sable, qui se mettait dans les narines, les cheveux, et qui se melangeait aussi dans le dejeuner qu'on mangeait chaque jour sur la plage, ne pas voulant manquer ni une minute de soleil, de mer, d'une ete chaude, de ces jours eternels sans temps, sans exigences, ces deux mois d'insouciance, que je n'ai plus connue depuis. J'avais 12 ans, et j'etais en charge de mon frere, qui avait presque 11 ans, et de mes petites soeurs, qui avaient 8 et 7 ans. Ma pere passait ses jours en bronzage, ou faisant des achats dans les boutiques, des robes, souliers, sacs a main, pour sa deja volumineuse collection, et nous on passait les jours sur la plage, jouants, avec les autres enfants en vacances, et je me rappelle un jeune qui jouait chaque jour a nouveau la meme chanson de John Sebastian, si populaire a l'epoque, " In the Summertime", "En Ete", qui meme toutes ces annees plus tard, me rappelle ces premieres emotions, un melange de curiosite et fierte, d'etre une adolescente qui jouit de l'attention des garcons sur la plage, sans en comprendre trop le contexte exacte, autre que mon frere etait le messager fidel qui m'apportait le courier verbal: " Ce garcon la - bas, il dit que tu es belle." Ma reaction etait un melange de surprise et ennui, pour le fait que j'etais tres occupee a prendre soin de mon frere et mes petites soeurs, d'assurer que je ne les perdais pas dans la foule sur la plage, ou s'eloigneaient trop loin de moi. Qui avait temps pour des telles observations de la part de garcons inconnus, ma mere en serait jalouse, et j'avais pleins de cousins qui me dirigeaient leurs attentions et energies, dans nos jeux de guerriers et de futbol. Mais ces premieres attentions me donnees sur la plage de la part de garcons respectueux, gentils, laisseraient leurs traces d'interet, de nostalgie aussi, de ne pas avoir eue la chance ou la connaissance d'y repondre autre qu'avec un sourire timide. La grande fenetre ouverte a l'appartement, avec son univers grand de la mer, et le soleil, la lune, et ses lumieres de jour, de nuit, devenait un compagne d'emotions vives, ne pas encore compris, de se trouver entre le monde de l'enfance et de l'adolescence. 

           La Kabylie, sa nature, son peuple, ses artistes, son histoire, ont un effet qui me rappelle a ma premiere passion culturelle, a l'age de 13 - 14 ans, l'archeologie, qui predate ma passion pour la poesie quand j'avais 16 ans. La Kabylie sait ranger mes memoires, mes experiences de mon enfance et adolescence en Flandes, en Belgique, qui pour tants d'annees s'etaient perdues dans mes efforts de m'adapter a ma vie aux Etats Unis, au Texas, pour dix ans, et depuis, a Washington State. Les Etats Unis ou je me sens encore toujours a l'exterieur de la fenetre de son etre, de sa conscience, que je percois comme perdue, videe de volonte, de courage politique, et sociale, et qui m'a fait avaler pour ce qui paraissait une eternite, une solitude qui m'avait trempee, comme une pluie noire, jusqu'au plus sacrale, la peau de mon ame. La Kabylie, en commencant avec la musique d'Idir, et apres la photographie de la nature de ses artistes d'Aokas, pour culminer dans la photographie de natures mortes et portraits de l'artiste visuel Nacer Amari, a su reveiller les plus beaux souvenirs de mon enfance et adolescence, et a su inspirer le desir pour un present d'espoir, de dignite, d'appartenance, comme poete, comme ecrivaine, qui a trouvee sa voix dans les chants et la beaute, dignite, identite, fierte, resistance, coeur et courage de ma famille et mes amis et collegues berberes. C'est une experience profonde, qui a su me definir l'esprit et le but de mes livres et leurs articles et poemes: celebrer cette grande liberte, cette grande joie, de donner temoignage a l'importance de la culture berbere de la Kabylie, qui m'a resuscitee le coeur et l'esprit, la joie de vivre, l'espoir. La sensation d'un espoir, determination, optimisme profonds, que j'avais ressentie, ces soirees et matins voyant le lever et coucher du soleil pres de la grande fenetre de l'appartement d'ete a Oostende, il y a toutes ces annees, j'ai ressentie a fond, voyant le soleil a midi a Aokas, comme une immense perle brillante, a travers la perspective de la camera du photographe Nacer Amari, qui y a captee la montagne, le ciel bleu clair et ses nuages blancs, legers, et m'a fait revivre cette meme sensation, cette fois me donnee par ce tableau de la nature et ses esprits eternels, qui revent et gardent depuis des milliers d'annees, les espoirs et souhaits, chants et sagesses du coeur et esprit de la Kabylie, ce qui m'a inspiree ce poeme: 


La Memoire de la Fenetre

Une fenetre grande ouverte, souvent raconte une histoire, elle est tel le troubadour, qui t'invite de prendre une pause de tes voyages, de respirer a fond, de prendre un moment, de se rendre compte que le temps passe, il ne faut pas oublier les melodies, les danses, les moments de bonheur, qui donnent du reconfort et espoir au coeur.

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Il y a tres longtemps, je me suis arretee devant une telle fenetre grande, qui m'a offert, a mon esprit innocent d'enfant, des voeux, des souhaits, pour une vie qui serait heureuse, qui me donnerait la joie de famille, d'enfants, de surprises, d'explorations, de connaissances, de suivre le sentier ouvert et libre, avec proche au coeur, et talents, des amis, des camarades, avec qui partager les avontures. 

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Parfois, on se perd, le chemin n'est pas clair, ou il y avait de la lumiere, on se trouve au milieu de brumes, de tempetes, de deserts amers, sans lune ou etoiles, pour illuminer la desorientation, et on se demande, ou se trouve cette grande fenetre ouverte, ou toutes ses belles promesses, ou s'est enallee l'ete d'innocences, ou l'horizon et terre natals, ou tants d'etres chers, perdus a toujours dans l'appetit vorace du temps? 

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Parfois, aussi, le destin montre une clemence, comme il a fait pour moi, en me conduisant vers terre berbere, vers l'Afrique du Nord, vers l'Algerie, et le coeur de la Kabylie, ou elle m'a invitee de lui visiter et voir la Fenetre Ouverte, pleine de lumiere et chaleur, plein de famille et accueil, plein de joie et espoir, pour mes livres et leurs poemes, pour leurs reves si longuement vagabonds. 

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La memoire de la fenetre dans mon coeur, a voyagee dans le temps, de la plage a Oostende, pour se trouver sur les rives de l'Algerie, libre, face a face, de la Fenetre grande Ouverte de la Kabylie, pour raconter depuis, le bonheur sans egale, de voir justifiee mon courage, mon espoir tenaces toutes ces annees, de savoir acueillis, compris, le coeur de mes poemes, la voix de mon esprit.           


Trudi Ralston    

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