Wednesday, March 21, 2018

Le Silence du Neant : Les Ruines Agonisantes de Djamil Diboune

Le 18 mars, Djamil Diboune a partage 12 photos d'un village berbere en ruine. La date de ce partage est important, vu du fait que le 18 mars etait le jour ou les Accords Evian ont ete signes a Evain- les- Bains en France entre la France et le Gouvernement Provisionnel de la Republique de l'Algerie, le gouvernement en exile du Front de Liberation Nationale, effectivement ainsi mettant fin a la Guerre de l'Independence, qui durait de 1954 jusqu'a 1962, une guerre agonisante dont les verites ont ete cachees sans scrupules par le gouvernement francais pour plus de 50 ans. Les statistiques des pertes de vie dans la population algerienne qu'a cause cette guerre brutale coloniale de la part de la France sont evidence incontestable de la cruaute inhumaine qu'a souffert l'Algerie : 300,000 morts, 2 millons algeriens deplaces ou reetablis, une tragedie dont les blessures restent peniblement visibles, comme dans les villages abondonnes dont Djamil Diboune partage des exemples touchants dans sa serie du 18 mars. L'Algerie est un pays auquel il est impossible de rester indifferent : pour le courage de son peuple; la complexite de son histoire, ancienne et moderne; pour l'immense diversite et beaute de sa nature, comme la region des montagnes de la Kabylie, que celebre le photographe de la nature berbere Djamil Diboune avec tel talent et passion; pour la richesse de sa culture intellectuelle et artistique, avec des geants visionnaires comme Kateb Yacine de Constantine;  pour ses musiciens brillants, comme Idir, Slimane Azem, et le martyr du peuple, victime de la decennie noire pendant la Guerre Civile Algerienne de 1991 a 2002, le courageux et legendaire rebelle Matoub Lounes. La complexite de la Guerre de l'Independence est profonde, la periode coloniale francaise a laissee ses traces et cicatrices nefastes et douloureuses, et comme chacque maitre malevolent, le colonisateur a laisse aussi le poison de la corruption de l'espoir, de la dignite, et d'intentions, comme Kateb Yacine avait compris et prevu trop bien. Cet heritage douteuse qui seme le desaccord, est evident dans les preocupations d'ecrivains contemporains, comme Amin Zaoui, Karim Akouche et Louenas Hassani, qui font face aux conflits intellectuels et politiques complexes et provocatifs avec lesquels l'Algerie lutte apres une Guerre Civile longue et profondement traumatique.
Les 12 photos de Djamil Diboune sont faites avec un respect et discretion imposante. Les photos montrent un amour profond pour la tragedie de ses edifices abandonnes forcement, et le photographe kabyle montre l'esprit et l'ame derriere les edifices en ruine, il montre ce qui reste du coeur d'une maison, de ce qui etait une place de famille a un temps de securite, de joie, de bonheur, espoir et dignite. Je sentais un gene en voyant les photos, parceque je sentais dans chacque prise une sensibilite immense vers une part de l'histoire de l'Algerie trop peu connue : la misere insupportable des relocations forcees de la part des militaires francais, sous le pretexte de vouloir controler les rebelles. Les populations qui etaient forcement deplacees etaient mises dans des " centres de regroupements," qui etaient en effet des camps controles par les militaires francais, et des villages entiers etaient convertis dans des camps, et les conditions dans ces camps etaitent souvent deplorables. Pour les personnes qui connaissent les documentaires sur les camps d'internement pour la population americaine- japonaise aux Etats Unis pendant la segonde guerre mondiale, ou les habitants y forces souffraient la perte de leur maison, travail, ecole et dignite, le froid en hiver, et une chaleur etouffante en ete, ou les gardes abusaient souvent de leurs prisonniers, et il y avait une manque de soin medical, de nourriture suffisante, on peut facilement s'imaginer la misere de ces " centres de regroupements" en Algerie, et l'angoisse constante du mepris dans un tel environnement hostile. La relocation de 2 millons d'algeriens avait ainsi un impacte desastreuse, au niveau individuel et pour la vie et structure sociale de communautes et familles, avec l'interruption de travail, et etudes d'ecole, et au niveau economique, avec la recolte des champs negligees, et le soin de betail et proprietes abandonnees, dont les effets sont encore palpable aujourd'hui. En avril 2017, il y a eu place une exhibition titulee " Discreet Violence : Architecture and the French War in Algeria " une exhibition a Zurich, qui avait comme sujet la relocation forcee de la population algerienne durant la Guerre de l'Independence, et met l'attention specifiquement sur ces "centres de regroupement." Cette exhibition est le resultat en part de la these doctorale de Dr. Samia Henni, titulee : " Architecture of Counterrevolution : The French Army in Algeria, 1954 - 1962", un livre depuis publie en automne de 2017. Les photos de Djamil Diboune montrent des ruptures, des fondations tombees, des toits demoulis, des fenetres rompues. L'absence  d'espoir dans ces edifices blesses, tortures par l'oubli et le silence implacable du temps qui passe, sont montres avec une passion respectueuse de la part du photographe berbere. Ca reste infuriant a quel point la France a su nier toute verite sur la brutalite de cette guerre atroce. Finalement, tres, tres lentement, il y a au moins un soupcon d'une tentative de commencer a admettre la profondeur des atrocites. C'est comme une co - conspiration de la part de pays qui sont tous coupables d'atrocites coloniales : les espagnoles en Amerique centrale et sud, les anglais un peu partout, les holandais avec leur systeme meprisable de Apartheid en Afrique du Sud, et les Etats Unis avec l'histoire du genocide de la population indigene des tribus amerindiennes,  les belges dans le Congo, et les francais avec la colonisation brutale de l'Algerie. La nature en Algerie est si belle, et les moments ou Djamil Diboune partage des photos de villages fantomes dans la region majestueuse des montagnes de la Kabylie, sa region native, sont toujours tres emouvants. Il y a un stoicisme dans ses photos, et aussi une nostalgie de courage et d'espoir, ainsi qu'un amour qui temoigne de la profondeur de l'ame berbere algerienne, qui est forte et fiere. Le silence du neant : qu'il soit enleve du passe de l'Algerie, pour un demain de nouvelles opportunites, libre de conflit et trahison.

L'information sur les statistiques de la Guerre Algerienne de l'Independence, courtoisie de Wikipedia.
L'information sur les " centres de regroupements " de la militaire francaise et la relocation de la population algerienne pendant la Guerre Algerienne de l'Independance, courtoisie de BMIAA, Bigmat International Architecture Agenda, et le livre de Dr. Samia Henni.  
La passion pour le sujet de l'histoire fascinante et complexe de l'Algerie, courtoisie de ma lecture de Kateb Yacine, surtout son livre prophetique " Nedjma ".
L'amour pour la nature enchantante de l'Algerie, courtoisie du photographe de la nature dedique et sincer, Djamil Diboune.    

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