Sunday, March 4, 2018

Promesses de Printemps : Conversation avec une Muse Berbere

Hier on a eu un jour merveilleux de soleil et chaleur, un cadeau des cieux apres des semaines de pluie et grisesse deprimante. On est sorti , mon mari et moi, au jardin, pour commencer a nettoyer le debris qu'a laisse l'hiver, des tas de branches mortes apres des vents un peu forts la semaine passee. C'etait si bon d'etre dehors, de sentir la chaleur bienvenue du soleil sur mon visage, de respirer profondement  l'air fraiche du ciel bleu brillant, d'entendre les chants joyeux et impatients d'oiseaux dans les arbres du jardin et de la foret. Il y avait un parfum froid mais agreable dans la terre, et on commenceait a nettoyer pour planter des fleurs fraiches, des pensees et primeveres, dans des couleurs brillantes de rouge, jaune, bleu, et pourpre. L'energie d'etre au jardin parmi la nature qui commenca a se reveiller a nouveau apres un hiver monotone et sans couleur a traverse mon sang et coeur, et je me mis a fredonner la melodie d'une des chansons du jeune chanteur kabyle, Bilal Mohri. Je m'imagineais dans les montagnes en Kabylie, ecoutant l'echo de sa belle et forte voix, et j'y entendais libre et grande, la voix de Taos Amrouche. Plus que j'apprends sur la culture et histoire des berberes, plus que je suis fascinee. Je pensais au livre " Nedjma " , ce livre complexe et difficile, qu'avait ecrit Kateb Yacine quand il avait 28 ans, un accomplissement impressionnant pour un jeune ecrivain, vu la complexite historique et intellectuelle de l'Algerie, qui me parait comme une fleur de lotus :  chacque couche de petales revele encore un autre. L'Algerie est un pays enorme, et un pays de complexite enorme, l'ombre de son passe traumatique n'est jamais tres loin de ses angoisses et espoirs pour son futur. Je pourrais lire et relire " Nedjma " pour le reste de ma vie, et il resterait toujours des questions, des fantomes, des mysteres et contradictions quant a l'ame algerienne et ses enigmes culturels et spirituels. Je lis en ce moment aussi un des livres de Amin Zaoui, et je cherche les livres de Louenas Hassani et le veux lire aussi Karim Akouche, pour m'aider sur ce chemin de decouverte du territoire ambigu de l'ame algerienne berbere- musulmane. La decouverte de la photographie de la nature de Djamil Diboune sera toujours pour moi la porte qui a ouvert ce voyage fascinant, et qui a touche une place profondement personnelle dans l'histoire de ma vie comme poete et auteur, une vie qui connait le gout amer de la perte de racines et identite. Dans l'extase de la beaute de l'art du photographe de la nature kabyle, mon ame a trouvee un chemin vers une redecouverte de mon etre complexe exile de ma famille et de mon passe. Djamil Diboune a travers le beau silence de son art photographique m'a fourni une cle pour ouvrir le coffre ou etait perdu l'histoire de Trudi, nee Geertrui Wilhelmina, loin de Washington, loin du Texas. Dans sa photographie j'ai su trouver la raison pour l'odyssey de ma solitude, le sortilege de mon exil invisible, et la force de ma passion. Le besoin de ma fierte epineuse adoucit dans le theatre solemne des tableaux de ses montagnes et rivieres, de ses couchers de soleil et mysteres du desert du photographe berbere. Le chemin de son art m'a mis sur le chemin d'une paix et joie inesperees, inattendues, cru perdues pour la vie. Difficile alors resister d'aimer une telle muse berbere.
Comme adolescente de 14 ans, la decouverte des auteurs Antoine de Saint - Exupery, Alain Fournier, Joseph Kessel, de Rabindranath Tagore, Kahlil Gibran et Heinrich Boll a l'age de 17 ans, a laissee une impression permanente sur mon ame et coeur, comme l'a fait la lecture d'Albert Camus,  Aleksandr Solzhenitsyn et Toni Morrison les annees suivantes et les annees de mes etudes universitaires. La photographie de Djamil Diboune etait un acte revelateur pour la renaissance d'un espoir nouveau, jeune, energique, quant a la confiance et courage de ma vie intellectuelle. Je ne me sentais plus une etrangere a l'etranger, j'etais finalement une etrangere a l'aise dans sa peau meconnue, chez elle dans un pays mal emprunte et gauchement adopte. La decouverte du talent elegant et nuance dans le repertoire des photos du photographe de la nature kabyle sera toujours le moment cathartique ou le pouvoir de la malediction de l'alienation de mes espoirs de poete et ecrivain s'est fondu sous la beaute redemptrice de ses albums, ni plus ni moins. C'est le moment ou la gloire de ses photos, entre le sublime et le concret de leur genie unique, a liberee ma muse, prisonniere a la fois d'un passe perdu et un futur aveugle. Il existe maintenant 89 articles sur l'art photographique de Djamil Diboune. Ceci n'est pas une caprice, ni un accident, mes articles sont un acte de volonte, une declaration d'independence du sort, du destin, une affirmation du pouvoir de l'esprit berbere sur une vie souvent mal compris, mal juge, mal digire. Le chant berbere qui resonne dans la photographie de Djamil Diboune  m'a voulu faire comprendre, connaitre l'Algerie de Kateb Yacine, de Amin Zaoui, me veut faire comprendre l'exil de Louenas Hassani et Karim Akouche, me veut faire comprendre ma passion pour ce pays enorme et irresistible, qui me fascine depuis mon enfance, comme si quelque part cache dans les coins les plus intimes de mon coeur d'enfant il existeait deja la resolution pour mon esprit d'adulte haunte depuis toujours a l'autre bout du monde, cette resolution si claire, si belle, d'une presence irrepressible berbere, complete, abondante, guerison, joyeuse, courageuse, sans mesure, sans pretension ou condition.  

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