Sunday, November 25, 2018

Kamel Daoud : Les Clefs du Paradis - Une reflection sur " Le Peintre Devorant la Femme "

Lire les ecrits du journaliste et romancier algerien Kamel Daoud est toujours une aventure. L'auteur a un style qui invite la speculation, la question, la possibilite, la meditation. L'auteur cherche a comprendre le monde, cherche comme Sherlock Holmes pour des indices dans la scene du crime ou la modernite semble avoir ete enlevee, disparue, dans cette vague immense du retour a un fanatisme aveugle, en rage, qui risque non seulement diviser, mais detruire le monde, comme dans un jeu mortel et sadique d'un film apocalyptique. L'Occident est dans une crise de conscience pas rassurante, et le monde de Kamel Daoud essaye de comprendre un passe epuise qui chasse l'espoir fragile d'un futur vivable comme un orage chasse le delire destructeur. Dans un monde vide de metaphores croyables, l'auteur construit avec une passion meticuleuse a travers ses ecrits un theatre de personnages pour faire comprendre l'urgence de ses tourments. Kamel Daoud est un ecrivain a l'esprit ouvert, qui invite le dialogue, qui n'aime pas tourner en rond, qui risque la controversie quotidiennement, pas par arrogance, mais par necessite, par conviction. Il risque tout, se mettant parmi les acteurs de ses ecrits lui - meme, comme un messager a haute voix faisant le tour du monde, esperant contre tout espoir que la raison gagnera sur l'hysterie destructive des messagers de la haine et du neant. Son essai sur le besoin de l'erotisme dans l'art de Pablo Picasso " Le peintre devorant la femme " est une dialectique brillante, parceque quoique c'est strictement dit un monologue, la facon intime dont Kamel Daoud invite le lecteur exprime le desir pour le dialogue, la dialectique. L'auteur passe la nuit au Musee national Picasso a Paris, parmi les peintures de l'artiste espagnol, et nous partage ses impressions, ses questions, et on apprend sa perspective, ses doutes, sa rebellie intellectuelle, ses emotions d' homme comme il dit lui - meme du monde dit "arabe". C'est un dialogue franc, fascinant, sur l'art comme anti - dote du fanatisme, de l'ignorance, de la mediocrite, de la peur. Cet essai retourne les clefs du paradis a toute ame ouverte a ses observations sur l'erotisme, sur la femme, sur l'homme quant a la femme, sur les tensions entre les sexes, sur la misere du fanatisme, sur le conflit de Robinson et Vendredi, sur la condition humaine. C'est un essai audace, et tellement necessaire, il y a un besoin enorme pour le partage, un desir enorme de comprendre ce qui nous separe et pourquoi, du monde dit " arabe ", et c'est tellement informatif d'avoir le privilege de ce monologue qui refuse sa solitude et decide que le dialogue est possible meme quand on est le seul acteur sur la scene, aussi longtemps que l'acteur reste convaincu qu'il y a au moins une personne dans le public qui comprend a fond sa passion, qui ne peut pas attendre pour partager un dialogue a son tour, qui lui va liberer de la prison de son monologue a lui ou a elle. C'est ce qui va sauver la planete, tot ou tard, ce qui va faire comprendre le monde entiers, et esperons que ce sera sans la necessite d'un apocalypse, que c'est l'art qui a toujours eu les clefs du paradis, on les a simplement, betement et negligemment, mal placees.
Trudi Ralston

Mon exemplaire de " Le peintre devorant la femme " est l'edition Kindle sur Amazon, du 7 novembre 2018.
      

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