Saturday, November 17, 2018

La Vision Claire de Kamel Daoud : L'Urgence du Partage Libre de la Culture

Depuis mon enfance, je suis fascinee par d'autres cultures. Tout ca a commence par les magazines de National Geographic que mon pere collectionnait avec passion et conviction. Je me mettais dans son bureau plein de livres pour m'inonder dans des mondes exotiques et lointains. Au debut a travers les magnifiques photos des magazines, et apres en lisant ce que je pouvais des mots en anglais pour essayer de rever et comprendre les articles qui m'introduisaient au monde des geisha, des Tuareg, des Masai, des Inuit, des tribus de l'Amazone bresilienne, au mariage en Inde, a la Chine, la Mongolie. Avant l'age de 12 ans, j'avais deja la fievre du voyage et des livres. Comme jeune adolescente de 13- 14 ans, je devorais les livres : Alain Fournier, Alphonse Daudet, Arthur Rimbaud, Ernest Hemingway, et quelques annees plus tard, j'ai decouvert Rabindranath Tagore, Kahlil Gibran, Heinrich Boll, Aleksandr Solzhenitsyn, Albert Camus. Cette passion pour les livres comme une fenetre ouverte sur des mondes inconnus m'est reste, avec l'exploration a l'universite et mes etudes en litterature espagnole et latine - amerciane de l'oeuvre de Fedrico Garcia Lorca, Pablo Neruda, Gabriel Garcia Marquez, et apres mes etudes les livres de William Faulkner, Toni Morrison, Kateb Yacine, suivi par l'heureuse decouverte des livres d'Amin Zaoui et de Kamel Daoud.
C'est pour cette raison que les livres et les chroniques de Kamel Daoud m'enthousiasment tellement : la passion et la conviction du journaliste et romancier celebre quant a l'importance de partager la culture librement, pour sauver le monde et les generations suivantes de la misere du fanatisme et du racisme qui risquent d'envahir la planete entiere comme une maladie mortelle. Son article merveilleux, qu'a partage l'auteur aujourd'hui, le 17 novembre, "Tous les livres sont sacres : un texte inedit de Kamel Daoud "  est ample, enthousiaste, energique et profondement optimiste et concret. L'auteur explique dans des termes tres claires les obsessions du monde actuel, ceux du monde de l'Occident, dans lequel j'ai grandi, et ceux du monde dit " arabe " de l'auteur. Kamel Daoud explique avec grande eloquence et precision, a travers le mythe de Robinson et Vendredi, les dangers dans lesquels le monde du XXI ieme siecle se trouve si ce monde insiste sur la negation de l'autre, et que la seule facon de guerir l'abime entre moi et l'autre, c'est le dialogue. La litterature permet le dialogue meme si l'autre sur qui on apprend vit sur un autre continent, parceque les livres, ils donnent entree a la terre entiere, a toutes les litteratures, a toutes les langues, celles qu'on connait et meme celles qu'on ne connait pas, a travers la merveille de la traduction. La litterature nous approche l'un de l'autre, nous fait comprendre que les recits ou le recit avec lequel qu'on a grandi n'est qu'un de centaines de recits possibles. Le monde ne reste pas un univers clos une fois que la clef de la litterature et de la culture nous ouvre la perspective. Cet article de Kamel Daoud tremble avec joie, espoir, avec une urgence et confiance qui sait que la verite est une riviere grande avec beaucoup de rivulets, qui tous menent au centre du coeur humain si ce coeur est ouvert et bien informe, si ce coeur recoit la nourriture de livres de toutes cultures, qui avec chacque page rendent plus petit l'abime entre moi et cet autre sur qui j'apprends avec chacque page que je tourne, et je me permets ces mots de l'article de Kamel Daoud :
" La litterature aide a converitr l'identite en solidarite et ouvre l'humain a son inquietante condition. Nous y sommes egaux et communs, singuliers et distincts, et nous occupons tout a tour le centre du monde, son nombril mouvant. C'est ce dialogue par les livres et l'oeuvre que l'on doit poursuivre. "
Quand j'etais enfant, combien de fois les adultes du voisinage, de la famille, etc.. m'ont dit " mais pourquoi tu es toujours interessee par d'autres mondes, d'autres cultures, et d'autres langues ? Tu ne vois pas que ce sont des mondes trop differents, que tu n'arriveras jamais a comprendre ? " Je ne le croyais pas en ces moments, et je ne le crois pas maintenant. Comme explique si bien Kamel Daoud, c'est quand on rejette l'autre, sa culture, sa version du monde, quand on refuse de comprendre, d'apprendre a travers le partage, la culture de cet autre, on invite la perfide consequence que cet autre a son tour fera tout dans son pouvoir de me nier ma culture, tot ou tard. Deux guerres mondiales avec la perte de vie de 90 million de personnes en sont l'evidence tragique. Le monde est deja tres polarise ces jours, avec une resurgence troublante de fanatisme religieux, racisme culturel et meme linguistique. Comme explique le journaliste et romancier algerien tres bien, les convictions des obsessions d'un seul livre, comme la Bible ou le Coran, peuvent  bruler la terre avec la haine et sa predilection dangereuse d'exclusion avec ses formes extremes monstrueuses, comme le genocide, mais les livres, comme fenetres ouvertes au monde, comme liens entre les cultures et perspectives du monde, peuvent nous sauver de nous memes et nos pires inclinaisons quand on oublie que cet autre avec sa langue exotique, sa peau doree et son sourire un peu hesitant, c'est simplement une personne  fascinante que je ne connais pas encore.
Une autre perspective interessante de la part de l'auteur est qu'il veut maintenant que l'Occident finalement s'approche a admettre la culpabilite quant aux horreurs de la periode des colonisations, que les pays du Sud, du monde dit "arabe" trouvent le courage d'asumir leur responsabilite pour le futur de leurs pays maintenant qu'ils se trouvent dans la periode du post - colonialisme.  Un exemple poignant est le traitement malheureux que souffrent les immigrants du Maghreb en Europe, et le triste traitement des immigrants subsahariens de la part des pays du Maghreb. Personne n'a droit de reclamer manque de complicite dans cette tragedie.
Kamel Daoud montre un courage resolu dans cet article, et une vision concrete pour commencer de combattre l'ignorance, l'indifference a la souffrance, et le fanatisme, un livre a la fois. Je lis en ce moment son essai " Le peintre devorant la femme " sur le besoin de l'erotisme qui domine l'art de Pablo Picasso.  Kamel Daoud en reussit une conversation honnete et fascinante, a laquelle l'auteur s'approche avec sincerite et enthousiasme, et avec aussi sa perspective de l'homme du Sud, comme il dit lui meme, ce qui ajoute un element profondement relevant a cette conversation sur l'art et l'erotisme et leur besoin mutuel. Kamel Daoud est fascine par la vie et toutes ses contradictions, mysteres, obsessions, et l'art, dans ce cas la peinture moderne de Picasso, comme la litterature, est une maniere de comprendre, d'integrer, pas rejeter, parceque quand on lit, on apprend, on ouvre le coeur et l'esprit et cela est l'ultime joie et liberte, et la plus belle facon de celebrer notre communaute si diverse de cultures et ses expressions aux petales nombreux et complexes, telles d'une fleur de lotus. Pourquoi se limiter, fermer le monde et son etre, et insister qu'il y a seulement un petale a voir et a decouvrir ? Pourquoi insister qu'il y a seulement un petale, et detruire tous les autres petales du lotus? Pourquoi inviter la mort de la terre, de l'humanite, au lieu de celebrer sa magnifique et riche diversite?
Trudi Ralston

L'article de Kamel Daoud du 17 novembre, " Tous les livres sont sacres : un texte inedit de Kamel Daoud " se trouve sur Middle East Eye, www.middleeasteye.net et est un texte qui a ete lu par l'auteur lors d'une conference donnee au Theatre de Vidy a Lausanne, le 12 novembre 2018.    

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