Saturday, October 20, 2018

Le Risque : Quand la Traduction devient la Mode - Une Reflection dediquee a Kamel Daoud

Ce matin, je notais que Kamel Daoud, le journaliste et romancier celebre algerien, a ses ecrits en anglais maintenant ici aux Etats Unis, et l'article partageait un de ses chroniques traduit impeccablement du francais, avec le titre " What to Do when Your Colonizer Aolologizes ", un article qui a apparu dans le New York Times le 15 octobre. J'ai lu avec beaucoup d'interet les chroniques de Kamel Daoud " Mes Independances : Chroniques 2010 - 2016 ", apres avoir lu " La Preface du Negre ", "Meursault , Contre - Enquete " et "Zabor, ou Les Psaumes ". Ce serait arrogant de ma part de pretendre que je comprends toutes les nuances politiques et historiques des chroniques de " Mes Independances ". L'histoire en Algerie est d'une complexite pas commune, et l'enthousiasme envers les romans de Kamel Daoud me venait avec plus de facilite, et c'est cet enthousiasme et cette passion pour ces ecrits qui m'a donne la confiance de lire " Mes Independances ", apres avoir lu " Zabor ", un livre remarquable et bien difficile.
Pour donner un peu de contexte, je suis nee et j'ai grandi dans la partie flamande de la Belgique, dans un petit village a cote d'une ville de taille mediane, et a l'epoque, dans les annees soixantes, le racisme envers les immigrants de l'Afrique du Nord etait de tous les jours. Je me rappelle comme jeune adolescente de 13 ans les signes dans les fenetres des restaurants a Bruxelles : " interdit aux Nord Africains ". Je me rappelle la colere que je sentais envers cette haine, comme flamande de visite a Bruxelles, la capitale de mon pays, a un temps ou les flamands, leur culture et leur langue etaient consideres inferieurs a tout ce qui etait wallon. Je me rappelle les manifestations dans la ville de Roeselare, a cote de mon village natal de Beveren, de la part des etudiants qui voulaient que la loi en Belgique reconnaissait la langue flamande comme ayant les memes droits et privileges que le wallon. Je me rappelle les questions a mes parents, et les autres adultes de la famille, pourquoi ce mepris envers les gens de l'Afrique du Nord? Qu'est ce qu'ils nous ont fait? La reponse etait toujours un melange d'incredulite a ma curiosite et d'admonition de ne pas en parler, c'etait indecent pour une jeune fille de bonne famille. Moi je ne comprenais pas, pour moi, les familles algeriennes etaient des personnes belles, avec une peau doree, avec des yeux et des cheveux noirs exotiques, qui parlaient une langue que je ne comprenais pas, mais qui me fascinait. J'apprenais tout ce que je pouvais sur l'Afrique du Nord, sur son histoire, sa culture, et je me rappelle jusqu'aujourd'hui le petit soupir qui m'a echappe quand j'ai vu une photo d'un beau jeune guerrier Touareg dans une des magazines de National Geographic de mon pere. Je voulais apprendre, comprendre, et cela m'etait decourage par le fait que je montrais un interet dans un peuple et une culture meprises.
Toutes ces annees plus tard, me voila, ecrivant des centaines d'articles et ecrivant des livres de prose et des collections de poemes sur la nature et les photographes de la nature en Algerie, de la Kabylie, et lisant tout ce que je peux de Kamel Daoud, Kateb Yacine, Amin Zaoui. Le centre de ma passion est la photographie de la nature de Djamil Diboune, ne au village de Laazib en Kabylie, et qui vit avec sa famille a Aokas, Bejaia. Tout l'effort qu'a un temps on a mis de m'interdire l'exploration de la culture en Afrique du Nord s'est fleurie dans une passion et respect profonds pour la nature, l'histoire et les peuples dans le nord de l'Algerie. Comme Djamil Diboune travaille dans le Sud de l'Algerie dans le forage petrolier, il ramene aussi des photos merveilleuses de la faune et flore du Sahara. Ecrire sur son art me donne une joie auparavant pas connue a mon coeur et etre de poete et ecrivain. Je vis depuis mon adolescence aux Etats Unis, dix ans au Texas, ou j'ai obtenu ma maitrise en litterature espagnole et latino- americaine a l'Universite du Texas a Austin, et depuis je vis dans la capitale de Washington State dans le Pacifique Nord - Ouest avec mon mari americain et notre fils. Tout ca pour expliquer que la variete et connaissance de cultures et langues m'est bien connue. Depuis 24 ans, je suis membre d'une eglise afro- americaine, et j'ai une ceinture noire dans l'art martial coreen de Tae Kwon Do, un fait que j'ai accompli apres 5 ans d'effort intense a l'age de 43 ans. Les autres cultures et langues me fascinent. Il y a une jeune photographe de la nature kabyle, dont je viens de publier une collection sur sa photographie, " Poesie et Passion dans la Photographie de Katia Djabri ", et je suis en train d'unir les environ 65 articles pour un segond livre sur la photographie de Djamil Diboune apres la publication en mars de 95 articles, a 200 pages, sur son art, " Djamil Diboune : Une Encyclopedie de Beaute ". Recemment, j'ai commence a traduire aussi en anglais les articles que j'ecris en francais toujours sur la photographie de Kurt Lolo, lui aussi un photographe berbere qui montre un talent unique. Ce qui m'a fait penser, est - ce que je devrais penser a la traduction des livres sur la photographie de Djamil Diboune en anglais? Kurt Lolo a une facilite et connaissance de l'anglais et mes conversations avec lui sont aussi souvent en anglais que le francais, parceque il se sent confortable dans les deux langues, ce qui, ensemble avec son esprit enthousiaste envers mes articles, m'a aide a prendre la decision de les ecrire sur sa photographie dans les deux langues. Ce qui me fait revenir a mon dilemme face a l'art de Djamil Diboune. Kamel Daoud ne fait pas d'excuses pour sa choix d'ecrire en francais, le meme que Kateb Yacine, qui a ecrit son chef- oeuvre " Nedjma " en francais. Je me sens alors en tres bonne compagnie dans ma conviction d'ecrire en francais sur la photographie de Djamil Diboune, parceque c'est dans cette langue que je sais exprimer toutes mes convictions et passions intellectuelles et emotionelles avec la meilleure precision. L'anglais est une langue qui m'est restee distante, quoique je la parle et ecris tres bien, et j'ai plusieurs livres en prose et plusieurs collections de poemes en anglais. C'est juste que je me sens bien dans ma peau en francais,  ce qui a toujours ete un point de confusion pour ma famille, vu du fait que je suis flamande, et que le francais etait associe avec les wallons et leur racisme envers les flamands. Ce qui me donne de la sympathie pour Kamel Daoud, qui a du justifier son choix d'ecrire en francais pas mal de fois. Si avec le temps je sens un interet qui est valable de la part de Djamil Diboune que je lui traduise aussi mes articles en anglais, peut- etre ma perspective changera. Mais j'ai un doute sincer avec l'idee de traduire sans conviction, sans but plus grand que les possibles profits d'etre a la mode, d'etre populaire. La traduction en anglais de " Mes Independances " enleve la complexite de la situation politique et sociale en Algerie de sa terre, et risque de diluer meme si c'est d'un degre minime, la passion et la dignite des conflits dont parle avec telle dedication et interet Kamel Daoud. Je me rappelle mon enthousiasme quand j'ai lu " Meursault, Contre- Enquete" en francais, et j'ai aussi la traduction en anglais, comme mon mari ne parle pas le francais, et la traduction est bonne et je peux l'accepter, vu du fait que c'est un roman et la litterature est suppose d'avoir un contexte et esprit qui se traduit dans toutes les langues. Les situations politiques sont plus complexes, car les personnes qui cela affecte sont souvent victimes de circonstances ou la langue est centrale dans les conflits quant aux problemes economiques, sociaux et culturels. Quand des dignitaires d'un autre pays rendent visite a un pays voisin, ami ou ennemi, ils parlent toujours la langue de leur origine, pas la langue du hote, et l'hote parle dans sa langue, et les deux se communiquent a travers le moyen de la traduction, parceque dans ces circonstances, la langue maternelle, ou les langues maternelles - comme on ne peut pas eviter la complexite de l'heritage, et la douteuse heritage linguistique a cause de colonisations - est l'identite et la dignite. J'espere de tout coeur que les personnes qui lisent les chroniques de Kamel Daoud en anglais se rendent compte jusqu'a la moelle de la sincerite et de la passion du journaliste.
De la meme maniere, j'espere que si je traduis les articles sur la photographie de la nature de Djamil Diboune en anglais, que rien ne se perdra de ma passion, de ma conviction envers son ame et son art.
J'avais demande a un ami berbere de me traduire un poeme que j'avais ecrit " Quand Je N'aurai Plus de Sang ", un poeme sur ma reverence envers la nature en Kabylie, et cette personne m'a explique que c'est une entreprise difficile, comme il y a une difference entre le kabyle parle et le kabyle ecrit, et je lui ai explique que je comprends : il y pas mal de difference aussi entre le flamand parle et le flamand ecrit, dependant de si c'est une traduction phonetique ou standardisee aux influences de neerlandais, qui est la consequence de la repression et le mepris envers le flamand pour si longtemps. Alors, je comprends. Je comprends aussi que la situation culturelle et politique et historique et sociale en Algerie est tres difficile a expliquer, y compris pour les gens qui y vivent, et c'est pour cela que j'espere encore de tout coeur que les traductions en anglais ici aux Etats Unis des chroniques de Kamel Daoud ne se perdent pas dans une indifference dans cette epoque ou il parait inevitable que les personnes les plus insensibles pourraient en profiter et les meilleures intentions risquent devenir un cirque de mode et d'opportunisme.
Trudi Ralston

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