Friday, February 15, 2019

L'Arbre Monstre

La neige avait apparu comme par enchantement, tombeant dans des morceaux tourbillonnants, comme des giclants geants de creme fouettee. La chute de neige continuait pour 24 heures, et juste avant la fin du jour, au moment ou la nuit ajoutait ses ombres fantomatiques a la danse delirante de la neige, les vents demarraient et faisaient que les arbres se balanceaient dangereusement, generants des eclats de poussiere de neige qui tombeaient de leurs couronnes balancantes. L'arbre de cerisier age de 35 au centre de notre jardin avait l'apparence d'un fantome blanc au milieu d'un theatre aux phares baissees. Ses branches se remuaient comme les pattes frenetiques d'une araignee mutee enorme. La vue etait troublante pour moi. Je me demandais pourquoi. Cela m'a pris un moment pour realiser que les branches raclantes de l'arbre me rappellaient comment des annees plus tot l'arbre avait eu une forme maniable, qui s'avait echappee au controle, et qui etait trop haute maintenant pour etre taillee sans l'aide d'un professionnel. En ce moment, l'arbre avait l'air en desequilibre, avec ses branches allantes d'un cote, et trop lourdes dans d'autres parties. C'etait troublant. La pensee est venue a moi, que cela arrivait aux gens aussi, quand ils souffraient meme de la negligence benigne a leur ame, cela les change. Ils commencent a se sentir et apparaitre hors d'equilibre. Dans les cas extremes, ils deviennent comme l'arbre, donnant l'impression d'un monstre, parfois en apparence physique et parfois, les blessures sont invisbles, cachees. D'une maniere ou d'une autre, nous sommes tous des arbres qui essaient avec toute la force qu'on puisse rassembler de rester debout dans l'assaut des tempetes de la vie, qui nous trouve racles de facon plus, ou moins visible. Comme je regardais l'arbre braver le vent et la neige, je me preocupais que certaines de ses branches plus turbulentes allaient se rompre. Ceci n'aurait pas tue l'arbre, mais cela l'aurait depouillee de sa dignite, depouillee de sa chance d'apparaitre comme un bel arbre cerisier peut apparaitre avec un soin et faconnage adequats. Je me rendais compte que je ne voulais pas que l'arbre perde aucune de ses branches, cet arbre etait la depuis qu'on avait achete la maison, nous avait donne tant de fruit, ombre, et des belles fleurs en printemps. Le cerisier vieillissait, et je voulais garder cet arbre encore beaucoup d'annees. Je me rendais compte que je m'identifiais avec la condition de l'arbre, sa determination, et c'etait une metaphore pour mes propres luttes, pour la realisation que " ma jeunesse fou le camp comme un air de guitare " comme l'avait lamentee Francoise Hardy, pour la lutte pour atteindre mes reves, pour mon effort de m'accrocher a mes raccines, qui avaient ete transplantees a ce pays quand j'etais adolescente. J'avais vu ma part de defis et j'avais su survivre les tempetes sans des branches rompues. C'etait moi l'arbre. Je voyais sa lutte de facon differente maintenant, l'arbre et moi avaient quelque chose en commun, ce qui me donnait un sens de camaraderie avec le cerisier, un beau sentiment, vu du fait que une grande partie de mes ecrits etait connectees et inspirees par la nature, tout le chemin de retour aux mes premiers poemes a l'age de 17 ans. L'arbre ne me paraissait plus tellement comme un monstre, et meme si cela etait le cas, sa lutte courageuse contre le vent et la neige, etait juste un rappel que moi aussi j'avais un peu de monstre en moi, pas par but ou conception, mais par circonstance, a cause de certaines difficultes que j'avais du surmonter, a cause de ma lutte pour equilibre et dignite et appartenence dans ma vie. Si on vit assez longtemps, on termine avec un peu de monstre en nous, a l'interieur, cache, et peut -etre aussi un peu a l'exterieur, visible, peut -etre dans une ride, ou une posture, ou une ligne autour de la bouche ou du sourcil. Le vent se calmait, les branches de l'arbre se detendaient, comme les membres stresses d'un danseur fatigue, et moi aussi, je me detendais. Si l'arbre et moi etaient tous les deux un peu de monstres, on etait inoffensifs pour la plupart. Je souriais. " Personne ne sort d'ici vivant "  : un mantra qu'avait rendu fameux le groupe " The Doors " dans leur album " Waiting For The Sun " de 1968. On termine tous et toutes de forme un peu courbee, a l'interieur et a l'exterieur, comme l'arbre cerisier de notre jardin, face au moment ou la tempete finale nous abattra.
Trudi Ralston 

Cet article j'avais ecrit originalement en anglais, sous le titre " The Monster Tree ", et est dedie a Fodil Bousba, un ami de qui j'admire son equilibre et sang - froid.            

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