Wednesday, March 3, 2021

Pres l'Eau de la Fontaine - dans la serie " La Maison aux Fenetres Invisibles " dedicacee a Nacer Amari

La nuit, les temperatures ici restent froides, -3,5 degres Celsius, mais le jour, le soleil sort, avec un ciel bleu clair, ou les oiseaux chantent leur espoir pour le printemps, et il fait pres de 15 degres, tres rare pour la saison et la region ici du Pacifique Nord - Ouest. Etre au jardin est un plaisir, et j'y etais cette apres - midi, en ecoutant une belle musique de l'Afrique de l'Ouest, un groupe de 4 musiciens, " Sona Jobarteh & Band ", une musique instrumentale, et de chansons aussi, de la part de la musicienne du groupe, qui a une voix pleine de nuances. Ecouter une musique que je connaissais pas, dans un langue que je ne connais pas, et ne comprends pas, m'attire beaucoup dans les moments ou je ressens un besoin de repos, de recharge de mes energies, de mon esprit. Je me rapelle la premiere fois que j'ai entendue chanter au chanteur berbere Idir. Les emotions intenses que m'ont reveillee sa voix en kabyle, les melodies, de la part d'instruments que je ne connaissais pas, et qui m'ont emues profondement. Ne pas comprendre autre que de facon affective, les mots d'une chanson d'une langue etrangere, m'a toujours ete rassurant, et la musique berbere de la Kabylie a su toucher un accord dans mon coeur, dans mon ame, que j'avais oubliee, perdue. Comme j'ai vecue tants d'annees dans un pays anglophone qui n'a jamais rien compris de ce que je disais, quoique je parle et ecris l'anglais tres bien, ai ecrit et publiee une memoire de 400 pages en anglais, et plusieurs collections de poemes en anglais, on me m'entendait pas. Ecouter une musique dans une langue que je ne comprenais pas, mais de qui leurs melodies me touchaient le coeur tellement, qu'elle m'a fait pleurer d'espoir, de peine, a la premiere ecoute, est une catharsis a l'envers qui est fascinant. La musique berbere chante dans une langue que mon coeur comprend au - dela du besoin immediat de savoir de quoi parlent precisement les mots. Apres, j'ai cherchee pour des traductions des chansons d'Idir, de Matoub Lounes, de Slimane Azem, et la traduction de leurs chansons en francais, a juste affirmee a quel point mon coeur et esprit de poete, etait asoiffee et afamee pour une terre ou les racines des fleurs de ses poemes ne mouriraient plus comme dans le sol sec anglo - americain. Me mettre dans l'eau de la fontaine d'une langue qui m'enveloppe de son coeur, de sa chaleur, de sa sagesse, comme le sait faire la musique berbere, de Tinirawen, de Idir, est comme se mettre dans une eau chaude, acueillante qui lave tout le stress, toute tristesse, qui donne a boire a l'espoir de mes poemes, de mon amour pour l'Afrique du Nord si longuement niee, et que la Kabylie m'a invitee a vivre, a explorer, a travers son histoire, sa culture, son peuple, en me donnant l'hospitalite de toute une famille, de collegues et camarades kabyles, qui me permettent d'etre la poete et ecrivaine libre, heureuse, pour partager, pour celebrer la richesse intellectuelle artistique, du monde berbere, de son courage et resistance historiques, qui se reflete dans sa nature, dans ses affinites aesthetiques et sociales. Ce poeme exprime cette reconnaisance envers la Kabylie, envers sa sagesse, sa charite de coeur et esprit legendaires, de qui j'apprends tous les jours. Je veux dediquer ce poeme a ma famille berbere, a mes collegues en Kabylie, et a Ghassane et Malika Anki et les beaux souvenirs d'avoir ete accueillie a leur maison a Bejaia et a Ighzer Amokrane en septembre 2019 :   

Pres de l'Eau de la Fontaine 


Pres de l'eau de la fontaine, une eau fraiche, claire, loin du bruit du monde et ses detresses, pres de cette eau, au pied des montagnes fieres et resistantes de la Kabylie, mon esprit retourne et se calme, se retrouve les energies.

Dans l'ombre accueillante de la melodie sonore de ses eaux froides qui adoucissent la fievre d'angoisses qui tourmentaient pour si longtemps le sommeil de mes reves, de mes poemes, pres de l'eau de la fontaine berbere, cette fontaine en Algerie, pres des montagnes d'Ifri, j'ai pu boire la sagesse tranquille des messages de courage que se rapelle l'histoire qui reverbere sur les terres berberes. 

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Pres de l'eau de la fontaine, aux echos cristallines de chansons kabyles, dans le repos d'une journee chaude a Ighzer Amokrane, pres de ma famille berbere, j'ai compris que le passe ne doit pas etre une prison, mais peut se redefinir, comme le fait le coeur berbere, avec chaque defi qu'il affronte, qu'il survient. 

Quand le jour, lointain j'espere, vient que comme une fleur a la fin de l'automne, mon esprit doit lacher ses racines, ses petales, que ce soit connu, que j'ai vecue, que jai ete permis, avant de quitter cette terre, le bonheur sublime d'etre poete et collegue, aimee, appreciee, accueillie, dans le coeur chaud, immense berbere de la Kabylie, en Algerie. 


Trudi Ralston


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