Monday, March 1, 2021

Terre Sonore - dans la serie " La Maison aux Fenetres Invisibles " dedicacee a Nacer Amari

Le chanteur troubadour canadien - americain, Neil Young, ne a Toronto, au Canada en 1945, qui immigre aux Etats Unis, a Los Angeles en 1960, a une chanson de 1972, " Heart of Gold ", " Coeur d'Or " de son album " Harvest " , "Recolte " qui comme un fil traverse la graine de solitude si profondement liee a l'esprit troubadour americain. La chanson hante, pour son lyrisme melancholique, qui augmente les mots qui expriment une angoisse existentielle que la voix de Neil Young sait maximaliser : 

" Je veux vivre, je veux donner, j'ai ete un chercheur pour un coeur d'or, ces expressions que je ne donne jamais, me font continuer ma recherche pour un coeur d'or, et je me sens vieillir. 

J'ai ete a Hollywood, j'ai ete voir les arbres Redwood, j'ai traverse l'ocean pour un coeur d'or, essayant de ne pas perdre la ligne dans ma tete, c'est tellement dur. 

Ce qui me fait continuer a chercher un coeur d'or, et je me sens vieillir, et je continue a chercher ce coeur d'or. 

Je continue a chercher un coeur d'or, tu me fais chercher, je me sens vieillir, je continue a chercher pour un coeur d'or, j'ai ete un chercheur pour un coeur d'or. " 

Ce qui est frappant de cette chanson ecrit par Neil Young, est qu'a l'epoque il avait 26 ans, et le refrain de la chanson est qu'il cherche avec une melancholie urgente, un coeur d'or parceq'u'il se sent " vieillir ". La premiere fois que j'ai entendue cette chanson, fut au Texas, quand j'avais 22 ans, et j'etais a un point ou je me rendais deja compte, apres 3 ans aux Etats Unis, du coeur dur du pays. Trouver un coeur d'or, une ame soeur, serait une quete qui me prendrait presque 40 ans, et ce coeur d'or, il etait en Afrique du Nord : c'etait le coeur de la Kabylie, qui allait m'accueillir les poemes et les livres, et l'art. Le coeur d'or kabyle m'a sauvee la vie de poete, sa dignite, son identite egaree. Je me sens a l'aise dans le monde intense du surrealisme quant a l'art visuel, parceque le monde invisible de mes reves m'y a menee souvent la nuit, pour essayer de tolerer mieux la solitude et l'isolation existentielle de ma vie aux Etats Unis. La Kabylie adoucit enormement cette blessure profonde d'avoir quittee mon pays natale trop jeune, une adolescente bien preparee intellectuellement, mais tres vulnerable affectivement et socialement. C'est beaucoup plus rare pour moi maintenant d'avoir des reves troublants, qui sont avec le temps devenus des reves lucides de plus en plus depuis l'accueil de l'Algerie et la culture berbere, et je sais resoudre souvent le conflit que le reve me presente. La plupart du temps, le conflit se centre autour de m'avoir egaree, de me trouver dans des villes bizarres, d'arquitectures futuristes, entouree de personnes autant etranges qu'etrangers, ou de temps en temps, j'ai la chance de rencontrer une personne bien aimee de mon enfance, comme ma Nanou, ou mon pere, qui m'aident a retrouver le chemin de retour vers une place ou je me sens sauve, ou je reconnais les maisons, les personnes. La beaute de ces reves est qu'il y a toujours aussi, surtout recemment, une ou deux personnes, des etrangers, des etrangeres, qui m'aident, qui sont gentils, qui m'assurent que je vais sortir du puzzle geant architectural et affectif. Hier soir encore, je me suis trouvee dans un tel reve lucide, qui m'a forcee de trouver une solution pour m'avoir perdue encore, au Texas, dans une ville de metal et bruit, ou les couleurs des habits des personnes etaient tres intenses, comme dans un tableau abstrait du peintre russe Wassily Kandinsky ( 1866 - 1944 ). Les habits, les chapeaux, etaient tres geometriques, et cela leur donnait aux personnages dans le reve, l'impression d'etre tous des harlequins, qui ne me prenaient pas au serieux, qui ne s'interessaient pas au fait que je chercheais avec beaucoup de difficultes, mon chemin de retour chez un chez moi, parmi les lumieres intenses du reve, et ses architectures immenses post - apocalyptiques. Quand je me suis reveillee, la paix du jardin, et les chants clairs de quelques oiseaux au bord de la foret pres de la cloture, et les nuages freles mais joyeux dans un ciel bleu avec un soleil chaud, m'ont permis de visiter dans mon imagination ma famille berbere, et son coeur d'or, qui dans un symbolisme a l'envers de la chanson de Neil Young, me redonne ma jeunesse et enfance laissee en Flandes. Mon coeur, et ses poemes, ses livres dedicaces a l'Algerie, a la Kabylie et sa culture, son art, son esprit de courage, de resistance, d'accueil, me permettent vivre le printemps et ete de ma vie, de sortir de la melancholie d'une longue automne et du spectre d'un hiver de froideurs et solitudes interminables, quand j'etais encore si jeune, si desireuse d'etre aimee, heureuse, libre, poete, femme, amie, camarade, collegue, sans chaines, sans ailes coupees, sans esprit negligee, meprisee. La terre sonore pour ma poesie, pour mes livres, pour mon etre, elle se trouve sur les rives de l'Afrique du Nord, en Algerie, en Kabylie. Elle me donne son coeur d'or avec chaque poeme, chaque article qu'elle m'inspire. Elle est la porte, le portail, la fenetre ouverte pres de laquelle mon esprit est permis d'exprimer toute son energie, sa passion creative, affective, de remplir les feuilles de musique invisibles, enterrees, pour tants d'annees avec des melodies de joie, d'espoir, de liberte. Cette joie, ce sens de liberte, face a cette chance me donnee par la culture berbere, par ses artistes photographes de qui leurs tableaux sont le pont entre mes poemes et la terre kabyle, s'exprime avec exuberance dans la photo de Nacer Amari de Tassi Photographie, " Sur la plage ",  a Cap Aokas, Bejaia. Cette photo de couleurs tranquilles du 27 fevrier 2021 de la mer, ses vagues, les montagnes, et le ciel, dans une harmonie de couleurs bleues reflexives, calmes, a comme protagoniste un troupeau de mouettes en vol qui laissent l'eclat et l'energie de leurs ailes blanches telle une melodie pour unir la scene qui detend l'esprit, calme l'oeil et ses perspectives. L'equilibre visuel de la photo vient des lignes horizontales de la scene, les lignes de la mer, des vagues, du sable, que les montagnes aussi suivent, tandis que les mouettes occupent une espace visuelle bien au - dela des montagnes en arriere plan. Ceci donne un rythme unifiant au tableau de la plage, ou les mouettes sont une ligne aussi, qui attire l'oeil vers la route qu'elles suivent, sans exiger que le spectateur perd de vue le monde tranquil de la mer, du sable, des montagnes, et meme du ciel que les mouettes occupent. C'est une belle contradiction structurelle, qui inspire beaucoup de calme, beaucoup d'espoir dans un monde incertain, trouble. La photo de Nacer Amari est une tres belle synthese visuelle de ce que signifie pour moi l'accueil, la paix, que me donne a ma muse la nature et la culture berbere de l'Algerie : ce sens de la liberte expansive, comme le vivent les mouettes dans cette photo. C'est une liberte et un bonheur, que moi j'apprends a connaitre, a vivre, a celebrer, comme poete flamande - americaine: apres les avoir protegee pour toute une vie avec le courage tetu du desespoir et ses energies insistantes, et de refuser d'abandonner le but, celui de leur trouver un havre hospitalier, j'ai recue la grace d'avoir naufragee mon bateau de poemes sur les rives de la Kabylie.  

Trudi Ralston


No comments:

Post a Comment