Sunday, August 8, 2021

Les Sculptures au bord de l'Autoroute: dans la serie "La Colombe" dedicacee a Nacer Amari

            Les nuages ce matin au jardin faisaient un effort pour absorber telles des boules de coton, les echos qui coulaient comme un liquide au bord d'un ciel lourd et humide. Mes pensees paraissaient etre sous l'influence d'une legere gueule de bois, suite d'une reunion joyeuse, un diner a Seattle, pour celebrer la fin de ses etudes de maitrise pour mon fils et ses copains et copines etudiantes en litterature. Assis ensemble autour d'une grande table ronde, dans l'ombre du jardin ample et tranquil d'un restaurant ou on n'entendait guere le bruit du trafic de la ville, on avait passes des heures agreables, en conversation sur la litterature, sur la vie et ses contradictions et defis, et reussis d'oublier pour la plupart des conversations et echanges amicales, le monde du chaos de la pandemie. Le chemin d'Olympia vers Seattle prend environ une heure et demie, y compris le trafic et ses detours parfois a cause d'accidents, comme ce fut le cas hier soir en route vers la celebration. Ce matin, les impresssions de la reunion m'ont visitees avec une insistance d'un chant, et d'images, qui m'ont inspirees de les partager, de les rendre visibles, audibles. L'autoroute du monde moderne a une couleur dominante de gris, qui comme un serpent d'un dessin aquarelle sur une grande page longue s'etend avec une repetition troublante. A travers la fenetre de la voiture, je me sentais comme une enfant, contente de detourner le regard de l'effet hypnotisant de la route grise, pour admirer les grands nuages blancs et bleu fonces qui flottaient au- dessus de la monotonie de l'autoroute comme des lamentins egares, desorientes. Au bord de l'autoroute, ils y avait des placards qui disaient: " Evitez les incendies. Eteingnez vos cigarettes dans le cendrier". Comme pour souligner l'urgence de cet avertissement, tout le parcours du bord de l'autoroute, des colonnes d'arbres noirs, brules, morts, faisaient la file comme des sculptures hantees, contortionnees dans des lignes de silhouettes d'encre noirs, sur le papier long, gris de l'aquarelle de l'autoroute qui se peigneait devant mes yeux comme une hallucination. Je pensais aux nouvelles "La Preface du Negre" (2011) de l'ecrivain algerien Kamel Daoud (1970), de qui j'avais lu tous ses livres, mais cette collection de nouvelles, m'est restee le plus long dans l'imagination et la tete. Le conte "Minotaure 504" me visitait, ce matin, me rappellant la route vers Seattle, la cacophonie de bruits repetitifs de l'autoroute, le serpent ondulant gris de voitures avancant vers un horizon aveugle, ce conte d'un chauffeur de taxi a Alger, et son monologue hallucinant sur sa vie, qui me revisitait comme la voix pour la memoire de la route vers Seattle hier soir, qui avait aboutie dans une reunion ou le gris serpent gourmand de l'autoroute fut oubliee une fois reunis avec les etudiants et leurs familles a un restaurant qui avait su creer une ambiance bucolique, avec des tables au milieu d'une pelousse grande, avec des arbres verts et des petites cascades, entourees de fleurs. Comme sortir d'une scene de theatre pour entrer une autre, comme ca, sans pause, sans hesitation. 

              C'etait rassurant, d'etre assis ensemble, et de celebrer l'espoir, et de participer dans les conversations, et de decouvrir, que le partage de ma decouverte de la culture berbere de l'Algerie, de la Kabylie, et ses artistes photographes, en 2017, qui me trouve prete de publier cette semaine un troisieme livre sur l'art du photographe berbere d'Aokas, Nacer Amari, un livre au titre de "La Colombe" suscitait un interet vif de la part des etudiants. J'avais la chance de leur expliquer que c'etait l'Algerie qui m'avait ecoutee la voix, et que c'est la Kabylie qui est la source de mon inspiration pour mes poemes, aritcles, et livres. J'etais admis dans ce circle enthousiaste de leurs conversations, par leur interet dans ma passion evidente et vive pour la culture berbere de l'Afrique du Nord, pour ma fierte envers etre ambassadeur de l'Algerie, de sa culture berbere riche, de son peuple resistant, du coeur grand et genereux berbere, qui m'avait enlevee de l'isolation et solitude ou je me sentais avalee par ses villes de beton des Etats Unis, de son indifference, comme le chauffeur dans le conte de Kamel Daoud. La Kabylie m'avait liberee du spectre post - moderniste qui envahissait les Etats Unis, comme il envahit les contours de la planete, et la communaute d'artistes photographes berberes de la Kabylie, m'avait montree le chemin de retour vers mon ame, vers mon coeur, vers le sens de l'appartenence du village kabyle, vers les origines et memoires de mon village natal ouest - flamand, et ses importants apprentissages de la part de membres de ma famille, comme mon pere Charles - Louis Desender (1930 - 2008)) qui m'a allait apprendre sur la photographie, comme mon oncle peintre Frans De Cauter ( 1920 -1981), comme ma Nanou Julienne Donatus, comme ma grand mere paternelle Celina Dujardin. En Kabylie, j'ai l'honneur d'etre accueillie comme une membre de sa famille de coeur, d'avoir fait le voyage a travers le centre de l'histoire de ma vie, comme poete, et pouvoir comprendre le chemin suivi, et de voir la route du present, du futur, heureuse, de me savoir au centre du coeur berbere de la Kabylie, en Algerie. Depuis, mes poemes et articles, mes livres reverberent de cette joie, de cette grace, de m'avoir retrouvee ma voix, mon destin d'ecrivaine, de poete, dans la culture  berbere de l'Afrique du Nord, en Algerie. Le livre "La Colombe" celebre mon admiration et reconnaissance envers la photographie de Nacer Amari de Tassi Photographie: son esprit d'espoir et courage d'etre une lumiere brillante sur l'autoroute et ses ombres menacantes, qu'est le monde en ce moment d'incertitudes voraces, d'etre les images, leurs melodies et rythmes joyeux qui accompagnent et donnent clarte, sens, identite a ma voix de poete, a travers la beaute, la richesse, la sagesse, la generosite, le poids de l'importance de son art, qui mettent au centre l'esprit, la mythologie transformative, le coeur universel et eternel berberes.  

Trudi Ralston

L'information sur le conte "Minotaure 504" de l'ecrivain Kamel Daoud, courtoisie de ma copie de son livre de nouvelles, "La Preface du Negre", Editions Barzakh, Alger, 2008, 2010, et Sabine Wespieser editeur, 2011. ACTES SUD, 2015.     

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