Tuesday, September 7, 2021

Les Ombres dans le Silence: Le Portrait de Tebbal Mustapha de Nacer Amari - dans la serie "L'Esprit Vagabond"

             Le jour en septembre 2019, quand nos amis kabyles Ghassane et Malika Anki qui vivent a Bejaia, et ont une maison aussi a Ighzer Amokrane, nous ont emmenee a mon mari et moi, a Ifri, pour visiter le musee et la maison ou a pris place le Congres de la Soummam en aout 1956, il faisait tres chaud. Le ciel a Ifri, qui est aussi le nom d'une divinite feminine Amazighe, je venais d'apprendre, etait d'un bleu azure, et dominait un silence imposant, qui s'attachait au mausolee et ses edifices tel un sentinel geant, y envoye par les montagnes des Bibans et leurs anciens secrets. Le poids du silence a Ifri etait rassurant, un compagne solemne, dans ce site ou fut ecrit le destin d'une Algerie qui serait finalement libre de la terreur monstre que fut l'occupation francaise coloniale pour 132 ans. Ifri est le village a 50 km ouest de Bejaia, et a 150 km a l'est d'Alger, situe dans la commune d'Ouzellaguen, que j'apprenais etait celebre en Kabylie, pour etre le lieu ou s'est deroule le Congres de la Soummam, avec son chef - lieu Ihgzer Amokrane, et compose de 33 localites y compris, Ifri. La region d'Ouzellaguen compte plus de 1600 maquisards, morts aux champs de combat de la Guerre de l'Independance. La resistance contre les invasions etrangeres de la part d'Ouzellaguen remonte a l'invasion romaine, avec les vestiges historiques d'Ighlil - Oumsad comme temoins de cette periode: " le nom de famille Zellag est un patronyme ancien, identique a celui de l'ach ou tribu, c'est a dire les Ouzellaguen, car les Ouzellaguen, forment historiquement une federation de tribu ancienne, deja mentionne par l'historien Ibn Khaldoun, au XVeme siecle." Les Ouzellaguen allaient garder leur independance sous les turcs, et n'allaient perdre leur liberte que sous les colons francais. En 1851, du 25 - 28 juin, sous Cherif Bou Bagla, les Ouzellaguen ont livres une bataille decisive a l'armee francaise dirigee par les generaux Camou et Bosquet, en charge de briser la resistance. Tous les villages sont incendies et rases, et cette defaite est la fin de l'independance des Ouzellaguen, et en 1857, la region est totalement soumise par l'armee francaise, sous le controle du gouverneur general Randon. Lors de l'insurrection de Cheikh El Mokrani en 1871, la population se trouve s'engagee en masse dans la lutte, et la resurrection vaincue, elle doit se soumettre, et le sequestre total des terres appartenant a la population est decrete par le gouvernement francais, et son administration etablit un centre de colonisation a Ighzer  Amokrane: "et le territoire ampute de sa tribu, est transforme en douar par les francais". La resistance berbere contre l'invasion brutale de l'armee francaise et son gouvernement remonte ainsi au premiers annees de la colonisation. L'Algerie allait se liberer avec une determination et courage infatigables, et en fait, allait forcer au genoux la France et sa Republique, allait couler la IVeme Republique francaise (1946 - 1958) et faire reinstaller Charles de Gaulle comme premier president de la Veme Republique, dans une crise qui allait mettre fin une fois pour toute a l'empire coloniale francaise. Avant que l'Algerie allait securer son independance, le gouvernement et l'armee francaise allaient permettre et utiliser un degre de violence et brutalite en Algerie qui continue a choquer et que la France n'a commencee d'admettre avec beaucoup de resistance que les dernieres annees. 

               Un portrait en noir et blanc du 3 septembre 2021, de la part du photographe berbere Nacer Amari de Tassi Photographie, "Tebbal Mustapha, le maquisard" impressionne pour son protagoniste qui a les yeux qui sont les gardiens d'avoir vecue cette guerre de l'Independance, comme combattant pour la liberte. Le photographe explique que Tebbal Mustapha " a rejoint  le maquis en 1955, la premiere mission de sa compagnie a ete d'aller a pied jusqu'a la Tunisie pour ramener des armes. Le point de depart etait Djoua, un village de Bejaia. Mustapha le maquisard est rentre chez lui 6 mois apres l'independance. Sinon pour sa personne, les temoignages des gens en commentaires sur son portrait disent tout: respect, sympathie, gentillesse, courage..."  Un courage que l'occupation francaise avait deja eprouvee avec une brutalite medievale pour plus de 100 ans au moment de l'eruption de la Guerre de l'Independance le 1 novembre 1954. Comme enfant ayant grandie dans un petit village tranquil ouest - flamand, nos livres d'histoire a l'ecole n'allaient mentionner que la France avait ''donnee " son independance a l'Algerie, comme elle l'avait aussi donnee "en passant", au Maroc et la Tunisie en 1956. La verite des circonstances de la Guerre de l'Independance de l'Algerie, etait une guerre qui durait 8 ans, et de qui sa brutalite de l'armee francaise rivalisait les atrocites de la Seconde Guerre Mondiale. La colonisation francaise de l'Algerie etait des son debut un regne de terreur: les 3 premieres decennies, a partir de 1830, d'une population totale de 3 millions d'hommes, femmes et enfants, entre 500,000 et 1,000,000 algeriens sont morts de famine, de maladies, aux mains des colons francais, cela est un tiers de la population en 1830 -1860.  L'invasion de l'Algerie en 1830, sous la direction du gouverneur - general Bugeaud, fut violente, avec sa politique de la terrre brulee, qui encendiait des entiers villages, detruisait les vergers, tuait le betail, enlevait les terres, et le pouvoir des chefs locales, massacrait, terrorisait a travers des viols collectifs, la torture. Cette violence etait le standard pendant la Guerre de l'Independance, un genocide systematique, qui est plus choquant encore vu du fait que ce niveau d'atrocites etait la pratique apres la fin de la Seconde Guerre Mondiale qui avait ecoeure le monde avec le niveau de cruaute commis par le regime monstre des Nazis. La Guerre de l'Independance en Algerie allait couter la vie a 1,500,000 million d'hommes, femmes et enfants, dont on estime 152,863 maquisards du FLN, le Front de Liberation Nationale. En comparaison, l'armee francaise deployait 1,5 millions de soldats, dont 26,000 mils sont morts. L'armee francaise utilisait des helicopteres pour bombarder des villages entiers avec du napalm, et contre les maquisards du FLN. Les soldats pionniers de la Legion Francaise Etrangere, muraient les maquisards du FLN, qui refusaient de ceder, et sortir des grottes et cavernes, pour les laisser mourir de suffocation. Des entiers villages etaient mis sous supervision militaire: entre 1957 et 1960, plus de 2 millions d'hommes, femmes et enfants algeriens etaient forces de leurs villages, surtout dans les regions montagneuses, et mis dans des camps dans les plaines, ou il etait tres difficile de reconstruire leur vie sociale et economique. Dans des centains de villages, les vergers, les recoltes ceux ne pas deja brules et detruits par les soldats francais, se perdaient par manque de soins.  Ce n'est que depuis les dix dernieres annees que le gouvernement de la France a commencee d'admettre le degre de la brutalite et du genocide envers le peuple algerien pendant la periode coloniale francaise de 1830 - 1962. Un des chefs les plus importants et les plus puissants du FLN pendant la Guerre de l'Independance de l'Algerie, fut le Kabyle Krim Belkacem ( 1922 - 1970) qui fut le chef du FLN de la 3eme wilaya, Kabylie, et ses environs. Apres son role important au Congres de la Soummam, il etait le premier ministre de la Defense, dans le gouvernement provisoire de la Republique Algerienne en 1958, et vice - president de l'Algerie. Krim Belkacem etait un des 6 fondateurs du FLN historique ensemble avec Rabah Bitat, Mostefa Ben Boulaid, Mourad Didouche, Mohammed Boudiaf, et Larbi Ben M'Hidi, qui lui fut lachement torture et tue par l'armee francaise en 1957, un fait admis par le general Aussaresses en 2000, qui en 1957 etait colonel en charge de l'assasination de Larbi Ben M'Hidi, de lui pendre, pour donner l'impression d'un suicide. Krim Belkacem et Larbi Ben M'Hidi, etaient present au Congres de la Soummam du 13 aout au 20 aout, 1956, ensemble avec Abane Ramdane, Amar Ouamrane et Youcef Zighoud. Etre sur place au mausolee, face aux sculptures de ses ingenieurs de l'Independance de l'Algerie fut inoubliable. Les ombres dans le silence de ce jour chaud et solemne a Ifri, etaient les responsables des morts de tous ces plus d'un million d'hommes, femmes et enfants qui ont perdus la vie pedant la Guerre de l'Independance, et les plus de 140,000 soldats du FLN pour donner une chance a son propre destin a l'Algerie. Les yeux du maquisard Tebbal Mustapha dans le portrait lui fait par le photographe Nacer Amari sont des miroirs de qui leur lumiere contient l'histoire d'un homme kabyle courageux qui a vecu, et survecu, une guerre de qui les sacrifices de son peuple ne sont pas assez connus dans le monde. Une guerre se quantifie dans les livres de l'histoire dans des statistiques, des strategies de batailles, mais le vrai prix d'une guerre se mesure dans les sacrifices de chaque personne qui y a trouvee la mort, ou l'a vecue, l'a survecue, et qui sont temoins de ce qu'exige une guerre du coeur, du corps, de l'esprit et de l'ame, pour defendre le droit au destin, le droit a la dignite, a la liberte. Peu sont les pays comme l'Algerie, qui connaissent a fond le poids du tribut que demande une guerre au nom de la liberte. Le peuple algerien possede un coeur de qui son courage est aussi resistant, aussi immense, que le ciel, le soleil, la lune et les etoiles, qui gardent ses montagnes, ses vallees, son Sahara, ses reves, ses espoirs. Plus que j'apprends sur l'Algerie, sa culture, son peuple, plus que je veux savoir, comprendre, la richesse complexe de son histoire, de sa vision, de sa voix, plus que je reve qu'elle recevra la chance du moment quand les ombres dans le silence ne lui obscurcissent plus la lumiere de son demain.      

Trudi Ralston 

La recherche et information sur la Guerre de l'Independance de l'Algerie, courtoisie de Wikipedia.  

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