Sunday, October 1, 2017

De Borneo a Bejaia : Histoire d'un Papillon

C'est toujours un voyage un peu brusque, emotivement, de plonger dans le passe quand on commence a nettoyer des placards pleins de souvenirs oublies depuis beaucoup d'annees. Les placards que je nettoyais ce weekend etait pleins des boites avec des lettres et photos des dernierres 40 annees. Comme j'aime ecrire moi - meme, j'ai toujours eu le coeur sentimental quant aux lettres de famille et d'amis et amies.  J'ai decouvert des lettres de mon pere, mes soeurs, ma mere, des cousins, des amis et amies d'un peu partout du monde de mes annees universitaires au Texas, a Fort Worth et Austin: des lettres du Mexique, de Costa Rica, de Panama, du Japon, de la Belgique, ou etait ma famille, et de la France, de Zaire, maintenant le DRC, du Maroc. Parmi les lettres etaitent beaucoup de photos. Je me sentais inondee de memoires, de tous ces bons moments dans le passe, avec toutes ces photos de tant de personnes aimees,de tous ces voyages exotiques que j'avais su faire comme etudiante, me donnant une richesse d'amities qui restent fideles encore aujourd'hui. Les lettres et photos rendaient vives aussi la douleur de voir des images de mes soeurs et parents deja morts beaucoup d'annees. Le miel doux des bons souvenirs, et le gout amer de tristesse et chagrin, le melange qu'est la vie humaine. Mon mari et fils sortaient d'autres boites a leur tour, et me montraient un globe grand de verre qui tenait un papillon d'environ 14 centimetres, aux ailes etendues, avec un petit titre inscrit en bas qui disait : " Trogonoptera Brookiana ". J'etais sure que c'etait un papillon d'un foret tropicale, et en effet, Wikipedia confirmait le fait, et ce papillon est des forets tropicales des isles de Borneo, Natuna et Sumatra et est le papillon national de Malaisie. Tout a coup, avec la decouverte du papillon prisonnier et mort dans le globe, ma melancholie avec ce voyage dans le passe, trouvait un point focal, une raison d'etre. Je regardais le papillon exotique, avec ses ailes de velours noir avec des couleurs vert brillants, prisonnier dans ce globe toutes ces annees, cette belle creature, privee de sa liberte et sa vie sous le pretexte de partager sa beaute pour satisfaire notre curiosite a l'autre bout du monde. Les emotions profondes de revisiter toutes les lettres de ma jeunesse et les photos qui racontaient a nouveau leur histoire, reveillaient une sympathie profonde face a cet bel animal reduit a un objet de curiosite. Les blessures du passe avec tous ces morts tragiques dans ma famille changeait dans un moment de revolte, de rage silencieux, et je respirais fort pour ne pas permettre des larmes qui brulaient dans mon coeur comme un feu feroce. Je respirais lentement pour me calmer, et je cherchais une musique dans mon ame, un point de calme et beaute. Je me trouvais face a face avec les photos de Djamil Diboune, ses merveilleuses prises de chutes d'eau et rivieres montanieres des derniers jours, et le pire de la tristesse passait. Je voulais ecouter une musique, mais je ne voulais pas interrompre le rythme de travail avec mon mari et fils qui aussi vidaient leurs placards de souvenirs. La douleur chaude dans mon coeur s'epanouait quand je me notais fredonner une melodie d'une des chansons de Bilal Mohri. De loin, comme d'un desert grand et sonore, et avec une insistance sure, j'entendais la voix ancestrale du jeune chanteur Kabyle, et ensemble avec les souvenirs des montagnes en Autriche auxquels me rapellaient les photos de chutes et rivieres montanieres de Djamil Diboune, j'etais capable de laisser la peine, de lacher le papillon prisonnier et ces blessures dans mon coeur, et accepter avec calme et espoir tout ce qu'il y a de beau dans mon present. Quelque chose de profond dans l'ame berbere sait me rassurer d'une facon spirituelle et tout a fait concret a la fois. J'avais perdu mon pays et famille natales, mais avec ce que je peux partager et apprendre de l'esprit berbere, je retrouve a chacque coup ma dignite et energie, comme si le fait d' apprendre a connaitre le monde berbere me redonne les pieces perdues de mon ame. Dans les images des montagnes de la Kabylie je retrouve ma joie avec une presence rajeunie. Dans la beaute eternelle de la musique Kabyle et les images eblouisssantes du photographe solitaire et taciturne Djamil Diboune, en Afrique du Nord, une region du monde proche a mon coeur et ses passions depuis mon enfance, j'ai decouvert une saison en paradis pour mon ame, a Bejaia, en Aokas, ou le passe perd son pouvoir et le papillon de mes reves et espoirs vole libre et fort.

Pour mes amis a Aokas Bejaia Tourisme,
mes amis a Mer, Montagne, Nature,
pour Chamy Esp et pour Djamil Diboune.

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