Wednesday, June 13, 2018

La Tourterelle Triste : La Bonne Fee de la Foret

Il y certains silences qui sont reserves pour l'intimite de l'ame, et qui ne se traduisent que difficilement. Ce sont les silences que nous laisse comme une presence insistente, la douleur dans toutes ses formes, et que cette douleur sait nous faire ces costumes de silence comme faits de mesure, juste pour nous, et pour s'assurer que ce costume de silence reste le plus discret possible, le costume complet et toutes ses detailles est visible seulement a travers nos yeux. Le monde autour peut supsonner qu'on est dans ce costume qui gratte a chacque fois qu'on bouge avec meme la moindre impatience, mais la coupe et lourdeur de ce costume, ah, ca c'est tout a nous de le supporter. Ma douleur a moi, mon costume de silence fait a mesure juste pour moi, est le vide de ce grand pays qui m'a absorbe et qui m'a devore ma famille par tous les moyens possibles : la fatigue, l'arrogance, la mefiance, le mepris, la perte de memoire, le cancer, le suicide, l'avarice, la lachete, comme dans un western mal intentione et pire interprete, avec juste deux personnes qui ont survecu le duel macabre, moi et mon frere, qui reste invisible dans l'immensite du Texas. Ce matin, dans mon jardin tranquil ici a Olympia, mon costume de silence, heritier de l'implosion tragique de ma famille, qui avait pense que ce pays allait lui sauver, etait presque agreable, mon sourire me le confirmait, pendant que je regardais avec plaisir quelques papillons monarcque, rares ces jours, folatrants dans la chaleur douce du matin, jouissants de l'abondance de fleurs brillantes de notre jardin. Mon mari adore jardiner, et c'est une joie profonde pour moi, la paix de ce jardin le printemps et l'ete, qui addoucit tellement ces moments ou le vide du silence risque de trahir la maladresse de son costume. Dans le foret derriere le jardin, j'entendais le cri melancholique d'une tourterelle triste. Depuis mon enfance, la tourterelle triste m'a fascinee, comme le presentiment d'une douleur qui n'etait pas encore la mienne, mais qui etait deja presente dans la chanson belle et hypnotique de cet oiseau discret. Je pensais a Zabor, l'hero courageux du fable de Kamel Daoud, et je pensais a mes amis randonneurs a Bejaia, et leur amour pour la vie, pour l'espoir. La tourterelle triste etait comme une caresse avec son cri assourdi parmi le chant de carillon du jardin, si paisible, si loin de toute tristesse d'un passe survecu avec beaucoup de patience, beaucoup de solitude. Je pensais aux sourires dans les photos de mes amis et amies randonneurs, a leur dignite, leur camaraderie, a la gentillesse et intelligence de Lemnouer Khaled, et ses mots d'encouragement de mes articles. La tourterelle triste me parlait dans une voix douce, comme si elle avait decide d'etre la bonne fee de la foret, et dans mon costume de silence qu'elle me paraissait ajuster d'une taille plus confortable, je lui parlais a mon tour de mes amis, de mon ami Lemnouer, et de leur courage a eux, son courage a lui de vivre avec dignite la douleur de leurs ames, de leurs coeurs, et de marcher dans cette vie dans leurs costumes a eux que le silence de leurs douleurs les exigeait a porter, et comme cela me donnait de l'energie a mon courage, a mon sourire, cette amitie de l'autre bout du monde qui m'assure que la vie est toujours belle quand les costumes juste visibles de nos peines ne peuvent pas suprimer la joie contagieuse et le mystere merveilleux et profond d'un beau sourire, plein d'espoir, plein de pouvoir.


Pour Lemnouer Khaled et tous les ami(e)s randonneurs en Kabylie.

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