Ce matin, notre chat Tigger, tout vieux et lent a douze ans, s'avait mis dans le froid mouille de l'herbe du jardin, et je le regardais patiemment, attendant qu'il revienne pour pouvoir fermer la porte de la cuisine. Une araignee attirait mon attention, descendant lentement d'une espace de l'avant - toit, ou elle etait secure de la pluie. Elle avait l'abdomen grand, qui indicait que malgre la paucite de proie, elle mangeait bien. Sa tete et ses pattes longues et poilues faisaient un contraste presque comique avec la distension abdominale. Elle paraissait plutot une gymnaste bien agile, jetant telle une corde solide, la soie de ses filieres, avec un rythme sur et precis. Il y a quelque chose de hypnotisant en regarder une araignee faire sa toile, ce qui prend environ 45 minutes, un fait que j'ai mesuree deja plusieurs fois, et qui a chaque fois augmente mon respect pour les arachnides et leur talent pour le genie architectural. Observer sa dexterite me rappellait les routines d'acrobates des petits cirques qui faisaient le tour des villages et villes ou j'ai grandi en Belgique. Sauf, cette araignee faisait sa routine sans filet de securite. Je la voyais echouer une fois, et presque tomber sur le sol, mais l'araignee se sauvait au dernier moment. Du coup, je voulais comprendre la raison pour sa chute. Je l'observais de plus pres, et me rendais compte que l'araignee n'avait que 6 pattes, elle lui manquait une des grandes pattes de derrriere et une des pattes plus petites pres de son abdomen. Mais sa confiance etait impressionnant. Elle a pris peut - etre dix secondes pour se remettre, et essayer encore d'accrocher une ligne de soie sous l'avant - toit qui allait de la mangeoire des colibris vers la jardiniere suspendue d'un fuchsia. Ses grandes pattes d'avant paraissaisent des aguilles de tricoter, je pouvais entendre dans ma tete le souvenir du son que ses aiguilles faisaient quand une de mes tantes tricotait des pullovers d'hiver pour nous quand j'etais petite. L'araignee se remettait au travail, agile, telle une acrobate - danseuse qui savait exactement le niveau de risque a prendre pour assurer la reussite de son objectif.
Six pattes avec deux pattes de moins n'etait pas sa preoccupation. Une attitude admirable. Je me rappellais une jeune femme qui etait dans le meme dortoir que moi ma premiere annee a l'Universite du Texas a Austin, la capitale de l'etat. Elle faisait son doctorat en chimie, une jeune femme toujours de bonne humeur. Elle etait d'une taille toute petite, ayant souffert des effets traumatiques de la polio, a une epoque ou c'etait rare de tomber victime a la maladie si on avait acces au vaccin. Elle avait securee une bourse pour ses etudes, venant d'une famille modeste, et je ne lui ai jamais demandee les circonstances de son defi physique. Elle avait une famille tres gentille, qui lui avaient achetee une voiture pourqu'elle puis etre independente, et elle conduisait, assise sur un grand coussin, comme sa famille ne pouvait pas se permettre une voiture speciale pour elle. Elle rigolait avec le coussin, elle avait une attitude d'optimisme infatigable, et c'etait elle qui savait m'animer le morale quand j'avais le mal du pays. Elle me disait qu'elle avait de la chance, d'avoir sa famille pres, comme elle vivait a Dallas, juste a quelques heures d'Austin, et qu'elle s'imagineait que c'etait dur d'etre loin pour si longtemps de son pays, de sa culture, de sa famille. Elle disait qu'il y a des peines qui ne sont pas physiques, mais qui font mal quand - meme. Ce qui me fait penser a nouveau a l'araignee avec ses 6 pattes. On a tous des choses soit dans le corps, soit dans le coeur, et l'ame, qui manquent. Un defaut physique se note assez vite, un defaut ou manque interieur, ca aussi est un defi. Mon amie avait une tolerance pour les problemes du coeur et de l'ame, parceque'elle savait tres bien les difficultes que presentent vivre avec des problemes du corps. Elle amait les defis, comme elle aimait beaucoup la litterature russe, elle avait pris des cours en russe, pour pouvoir lire a Tolstoi et Dostojewski dans la langue originale. Une femme admirable, aux yeux a la fois tristes et pleins de lumiere, et un rire contagieux et decisif. Elle avait le refus du sabotage, elle refusait de laisser son corps difficil lui limiter ses ambitions intellectuelles et son attitude envers la vie. Elle aurait pu utiliser une chaise roulante, mais avec beaucoup de determination , elle marchait partout sur ce grand campus a Austin de 50,000 etudiants avec ses modestes bequilles, rigolant en disant, " Comment je vais faire de l'exercise autrement alors ?" Un esprit indomitable qui lui assurait des amities fideles et sinceres.
On a tous des choses qui manquent, un beau corps peut cacher des blessures profondes du coeur, et un corps qui parait brise peut etre hote d'un esprit formidable et un intellect fort, de genie, comme fut le cas pour le physiciste renomme anglais, Stephen Hawking ( 1942 - 2018 ) qui fut le directeur du Centre pour la Cosmologie Theorique a l'Universite de Cambridge, et avant ca il etait le professeur Lucasien de Mathematiques aussi a Cambridge de 1979 a 2009. Il fut un genie de physique quantique qui souffrait de la sclerose laterale amyotrophique, SLA, connue sous le nom aussi de maladie de Lou Gehring, une maladie pour laquelle il n'exite pas une remede en ce moment, et qui enleve pendant son cours destructeur la capacite de marcher, de parler, et vers la fin, meme de respirer. Stephen Hawking a su neaumoins vivre jusqu'a l'age de 76 ans, un defi tres rare pour cette affliction, severe, ayant dedique sa vie et son talent a l'etude dans l'astronomie, specifiquement la physique quantique et la mecanique quantique. Il a une renommee a l'egale d'Albert Einstein, quoique Stephen Hawking eait prisonnier de son propre corps depuis l'age de 26 ans : 50 ans dans un corps qui etait une torture et limitation constante, n'a pas su abattre son genie, son esprit.
Le rufus du sabotage, encore une belle lecon de la nature, de la part de l'araignee sous mon avant - toit ce matin, qui m'a permis cette exploration de la resistance de l'esprit humain malgre des circontances difficiles, de corps, ou d'esprit. L'araignee a six pattes a fini sa toile, et se repose ce soir bien fiere, bien contente.
Trudi Ralston
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