Sunday, June 20, 2021

Code et Rituel: dans la serie "L'Esprit Vagabond" dedicacee a Nacer Amari

                      Le vent etait deja chaud, une brise douce, agreable, venant du sud, que ces jours ci d'etes tres chaudes pour la region ici, faisait qu'on reniflait son odeur, pour etre sur qu'il n'y avait pas le gout de fumee, avec les temperatures qui depassent les 45 degres Celsius dans les etats, comme la Californie, Arizona, Utha, Nevada, au sud de nous. J'avais deja donnee a boire aux animaux de la foret derriere le jardin, et aussi aux abeilles et papillons et libellules. La senteur des branches des sapins en fond du jardin me donnait une sensation d'espoir, de paix. La lumiere jouait avec la brise, pour faire des tableaux de danseurs ondulants avec les couleurs vertes des feuilles des arbres caduques et des aiguilles des sapins qui m'entouraient comme des geants solemnes taciturnes.  Le bruit ondulant du vent, comme venant d'un baton de pluie, avait un effet meditatif, et je pensais a un passage du livre de l'ecrivain russe Aleksandr Solzhenitsyn ( 1918 - 2008) , " Un Jour dans la Vie de Ivan Denisovich" (1962), qui decrit un jour d'un prisonnier dans le systeme Gulag en Siberie des camps de concentration pour les dissidents politiques dans le systeme soviet, ou l'ecrivain avait passee plusieurs annees comme prisonnier lui - meme. Ivan Denisovich doit construire chaque jour un mur, et le soir, demolir ce meme mur, et le faire ainsi de suite tous les jours, dans un effort du systeme punitif de demoraliser et decourager les prisonniers. J'ai lu ce livre quand j'avais 22 ans, et je me rapelle encore le gout, la senteur du courage du protagoniste, son refus d'abandonner la dignite, l'espoir dans des circonstances inhumaines de privation, de froid, d'humiliation. Ce matin, au jardin et ses silences, ou le monde de la pandemie de la Covid parait une pantomime distante et ordinaire, je pensais a nouveau a ce livre qui me visite de temps en temps, dans des moments ou j'ai besoin de son inspiration, de son calme zen, de son insistance de voir au - dela de la realite physique que le monde nous impose. Ce matin, c'etait la pensee a l'Algerie, a la Kabylie, a mes collegues et amis, a ma famille berbere, qui m'inspirait de voir au- dela de l'incertitude que continue a exiger le virus qui cause tant de consternation et destruction sur la planete. Je m'imagineais etre dans un champ kabyle, a l'heure du repos de midi, aux conversations entre membres de familles, qui travaillent ensemble pour assurer les recoltes, je pensais a la fraicheur de l'air dans les montagnes, a la brise de mer, a Bejaia, a Melbou, a Aokas, et dans mon imagination, la distance evaporait, et les nuages devenaient mon navire vers le pays et ses rives qui garde mes poemes et ses inspirations. 

                           "Code et rituel", etaient les mots qui comme des sons d'un tambour s'anonceaient sous l'ombre des arbres. Le code necessaire pour faire apparaitre la clef qui saurait me teleporter vers la Kabylie, et le rituel de decouvrir une facon de ressentir de pres les sourires, la lumiere de leur coeur et de leurs yeux, de ma famille berbere en Algerie. Peut - etre la brise me trouverait une facon de me sculpter avec son souffle le contour de mes camarades, la chaleur de leur presence, et comme le vent doux ce matin, je pourrai toucher ce contour, le savoir concret, reel, comme le tronc et les branches et feuilles des arbres et leur lumiere claire, leur parfum de terre et racines. Les enfants parlent a tout qui les entoure, le soleil, les fleurs, les insectes, les chats, les chiens, et aussi leurs animaux de pluche, comme si toutes ces creatures, et tous ces objets les entendent la voix, les mots, l'intention. Pour l'homme moderne, ceci parait naif, une illusion enfantine provisoire, passagere, mais les moments d'intense isolation, de silence asphixiant, de solitude epuisante, l'etre humain adulte et ses instincts coinces, cherche a etablir des liens qui touchent a ce desir pour s'approcher au coeur chaud de ceux qu'il manque, qu'il aime, qui lui entendent, qui lui partagent l'espace grande et libre que peuvent occuper les ames soeurs, les coeurs qui se voient clairement les dessins, qui entendent clairement les melodies entre eux, vastes, heureuses. Les enfants, qui ont un lien de respect avec l'intuition et ses mysteres et secrets, trouvent entree au monde de la sagesse des cultures anciennes, qui sait que le vent est aussi un messager du monde des esprits, que le soleil est astre, et aussi gardien, comme le savaient les anciens egyptiens, que la frontiere entre le monde concret et le monde spirituel meme les animaux le respectent, comme le corbeau, le jaguar, l'aigle, l'ours, la baleine, et que le long la route d'enfant vers la vie d'adulte, cette intuition, cette sagesse, se perd dans le bruit engourdissant du monde. Mon coeur a souffert pas mal d'annees de solitude et isolation, avant de trouver les bras ouverts de la nature, et du coeur kabyle pour mes poemes, un accueil et hebergement pour les exploits de ma muse, son retour a l'identite et dignite culturelles et affectives. M'imaginer que le vent doux venant du sud, me peut sculpter en ombre et lumiere mes camarades en Kabylie, leur dire bonjour, demander a la brise gentille de leur dire bonjour de ma part, de leur envoyer mon message sur le navire grand du ciel et ses nuages, me parait aussi sur que la senteur et toucher des arbres que m'entourent, et pour cette raison, j'envois ce poeme et sa melodie vers toi, ma Kabylie:

                                                                 Code et Rituel


Ce matin, je te vois de loin, aussitot que la nuit s'est echappee de mon chemin, et je viens te dire bonjour, sur la brise et ses parfums de mon jardin. Cela m'arrive comme ca, ces moments ou je vois le portail qui me transporte vers toi, pres des arbres de la foret. Les ecureuils m'indiquent le sentier, les oiseaux me donnent le code pour l'entree, et il me faut juste dire le nom de la region ou tu vis, loin d'ici.

                                                                   * * * * * * * * * * 

Le silence qui m'entoure, me donne le code en signes que le ciel transporte la haut, vers le soleil qui avec ses rayons sait atteindre tres vite, la maison en Kabylie, ou la chaleur du jour laissera son message pres de ta fenetre ouverte. Tu entendras le chant des oiseaux autour, soudainement la brise te dira bonjour, et ce sera le vent d'ici qui annonce le poeme qu'il te laissera sur ta terre berbere.  

                                                                    * * * * * * * * * *

Code et rituel, comme les enfants le savent quand ils font leurs voyages, vers les pays d'enchantement que seulent ils voient, que les adultes souvent ne connaissent pas, mais qui a pleins de guerriers et sages courageux, qui transmettent les messages pour ceux qui ressentent au - dela de l'evident, qui entendent le tambour dans le silence qui traduit le code avec son rituel de danse, sur des ailes faites de l'espoir et de la joie.         

                                                                     * * * * * * * * * *

La distance n'est qu'un pont grand et les souhaits fervents sont sa traversee sure, n'est qu'une illusion du monde des adultes endormis sous le poids de trop de sortileges qui rendent muet et aveugle, qui volent les couleurs et chants joyeux de la voix humaine. La distance n'existe pas entre ceux qui comprennent le code et le rituel de la langue ancienne, avec ses signes si claires et visibles, que parlent les coeurs et esprits libres.  


Trudi Ralston

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