Sunday, June 27, 2021

Sous le Sortilege d'une Bonne Augure: Le Coucher de Soleil Magique de Katia Djabri

             " Regarde ce coucher de soleil. Ses couleurs, son eclat. Ce n'est pas juste un coucher de soleil mais un jour qui finit. Un jour passionnant qui s'enva. Une page de notre vie, qui prend le chemin, en attente de demain." Avec ces mots poetiques pleins de sagesse et tendresse, la photographe berbere Katia Djabri introduit sa photo d'un coucher de soleil eblouissant du 26 juin 2021. La photo est de deux fleurs en silhouette, deux fleurs sauvages, qui paraissent etre sous un enchantement, qui les permet de se parler, de se partager la beaute envoutante de ce coucher de soleil, avec ses couleurs en arriere plan sepia, qui ajoute a une ambiance d'intimite et de nostalgie. Les silhouettes dans le monde de la photographie, et du theatre aussi, sont une facon de creer une atmosphere dramatique, de mystere, et la presence de la silhouette remonte a l'art ancien grec, et allait grandement influencer l'art des anciens egyptiens et anciens romains. Le theatre des silhouettes voit une renaissance les dernieres annees, surtout dans les Iles Britanniques et les Etats Unis, et aussi en Australie. Il y une compagnie de theatre "The Silhouettes" de l'etat de Colorado dans l'Ouest des Etats Unis qui utilise la danse, les silhouettes, la musique pour communiquer a travers les silhouettes et leurs ombres, les idees de leurs contes. Les sihouettes ne montrent que le contour, l'interieur des images, des personnes, reste noir, et ainsi, les silhouettes savent communiquer plus, a travers l'abstraction de la forme humaine, d'animaux, d'objets, comme les sujets deviennent des abstractions d'idees, de situations. Phil Douglis en parle dans son article de Gallery Fifty, " Using Silhouettes as Abstract Symbols and Metaphors", une etude sur les facons que les silhouettes sont efficaces dans les arts visuels. Meme les silhouettes faites comme des portraits en utilisants agilement les scissaux et le papier noir voient une resurgence, comme dans l'art de l'artiste australien S. John Ross, qui partageait son art dans des foires agriculturelles pour 40 ans, jusqu'a sa mort en 2008. La portraiture en silhouettes etait tres populaire dans le XIXeme siecle, avant que la photographie est devenue accessible comme expression artistique pour les portraits. La photo de Katia Djabri a une charme desarmante, de la part de ces deux fleurs qui paraissent echanger leurs impressions de ce beau coucher de soleil. La photo a en fait l'effet d'une scene d'un conte de theatre de marionnettes, cet art ancien de qui ses origines remontent a la Grece ancienne, au Veme siecle B.C., et on a trouvee des marionnettes en bois et ivoire, dans des tombes anciennes egyptiennes. Les marionnettes etaient aussi populaires en Chine ancienne, et restent populaires au Japon, dans l'art sophistiquee du bunraku, qui a ses origines dans les rites des temples Shinto. En Inde et l'Indonesie aussi, le theatre de marionnettes en silhouettes a une tradition ancienne, surtout en Bali et Java, une tradition indonesienne au nom de wayang. Au Vietnam, il y a une tradition de manipuler des marionnettes sur une surface de l'eau, qui donne l'impression que les marionnettes savent se bouger sur de l'eau. Aux Philippines, il y a le Festival Higantes, qui remonte a les annees 1800 A.D., ou des marionnettes geantes faites de papier mache, plus de cent, se paradent en ville. Une artiste notable de cet art est Amelia Lapena Bonifacio. Les marionnettes de theatre d'ombres a aussi une renommee en Burma, ou les marionnettes ont su maintenir l'integrite de leur art depuis ses origines en 1780  de la part de U Thaw, durant le regne de la dynastie Konbaung. En Europe, les marionnettes deviennent populaires sous l'influence de la Commedia dell'arte italien, avec la marionnette Pulcinella, et en Amerique du Nord, Centrale, et du Sud, l'art des marionnettes fut influencee par les cultures amerindiennes et par les colons espagnols, portugues, anglais, et francais. En Australie, dans les annees 1960, Peter Scriven commence le Theatre de Marionnettes de l'Australie ( Marionnette Theatre of Australia), et il y a plusieurs groupes australiens de theatre de marionnettes qui voyagent le monde. Aux Etats Unis, il y a le Homegrown Theatre a Boise, a l'etat nord - ouest de Idaho, qui suit avec son theatre de marionnettes un programme d'art avantgarde. 

            L'exploration du monde des silhouettes, des marionnettes, comme expression artistique dans le monde du theatre et de la photographie, qu'invite la photo du coucher de soleil avec les protagonistes magiques des deux fleurs en silhouettes de Katia Djabri invite aussi une reflection bien personnelle quant a l'importance de la Kabylie et ses artistes photographes berberes qui ont un impact decisif sur ma vie de poete, sur mes inspirations, sur cette chance unique que l'Algerie et la Kabylie me donnent d'avoir une voix, une visibilite si guerisante, comme membre et collegue de ma famille berbere. Contempler la photo de Katia Djabri me rappelle a un film important avec les acteurs americains Robert de Niro ( 1943), et Robin Williams (1951 -2014), de 1990, " Awakenings", qui se traduit comme "Les Reveils. " Le film, sous la mise - en - scene de Penny Marshall (1943 - 2018)  se base sur le livre de memoires de Oliver Sacks (1933 - 2015) de 1973, le neurologue anglais, qui allait decouvrir les effets benefiques de la medicine L- Dopa, pour des patients qui souffrraient de la maladie de la lethargie encephalitis, une maladie qui attaque le cerveau, qui reduit ses victimes de vivre comme des statues, immobiles, et muet. La maladie fut decrit pour la premiere fois en 1917, par le neurologue autrichien Constantin von Economo ( 1876 - 1931), et par le pathologiste francais Jean - Rene Cruchet 9 1875 - 1959) . Entre 1915 et 1926, une epidemie de la encephalitis lethargica se repandait a travers la planete, et plus d'un million de personnes en souffraient, avec plus de 500, 000 morts. La plupart des personnes qui survivaient n'ont pas regagnees leur vigueur pre - morbide. Les degats de cette maladie affreuse sont similaires a ceux de la maladie de Parkinson. Dans le film, "Les Reveils", le protagoniste que joue l'acteur Robert de Niro, retourne a sa condition normale avant la maladie sous l'influence de la medicine L - Dopa, mais tragiquement, l'effet ne dure pas, pour des raisons inconnues encore. Le role du neurologue est joue par l'acteur Robin Williams. Les deux acteurs font un effort remarquable avec ce sujet si douloureux. Le parkinsonisme post - encephalitqiue etait le resultat tragique de la pandemie de 1918 - 1920, la grippe dite espagnole, et on suspecte que la cause etait un virus, et il y a des sources qui pensent que la streptococcus pneumoniae en fut la cause. Le film m'avait profondement emue, et quand j'y pense maintenant, je me rends compte que la raison pour la reaction profonde que son histoire m'a laissee, etait pour l'impuissance que j'avais vecue tants d'annees aux Etats Unis, et comme cette isolation intellectuelle et sociale - affective m'a ete enlevee en 2017, quand j'ai eu la chance de decouvrir la culture et la nature et avec elle ma famille et collegues berberes en Algerie, en Kabylie. L'horreur de mes souffrances comme poete, comme artiste, etait enlevee, et petit a petit, mon esprit, mon coeur, mes poemes, ma voix, s'est liberee, et le sortilege penible, destructif, d'etre immobile, muet, a ete brisee. J'ai eu la chance que la medicine culturelle, spirituelle, artistique du coeur et chaleur kabyle n'est pas just passagere, elle m'a redonnee ma vie de poete, mon ame, ma capacite pour la joie, pour le rire, apres tants d'annees de me trouver comme mort - vivant, invisible, au coeur et ame, enterrees vivants. Le frisson me reste de temps en temps, la nausee aussi, dans des moments d'angoisse. La photo du beau coucher de soleil de l'artiste kabyle Katia Djabri raconte toute une histoire pour moi, du triomphe face a des defis enormes, de solitudes inconcevables, de courages etouffes, mais tetus et en vie, et d'une joie, d'un bonheur si immense, de me savoir membre de ma famille berbere, d'etre permis d'aimer a fond et avec telle fierte a ma Kabylie, et a ma famille berbere. Comme dit la photographe: "Ce n'est pas juste un coucher de soleil." Non, pour moi, c'est le conte invraisemblable d'une poete flamande naufragee aux Etats Unis, qui apres toute une vie d'espoir tenace, a vue et recue l'amour de sa vraie famille, sa famille de coeur berbere, pour mes poemes et leurs reves de dignite, d'appartenence,  sur les rives de la rebelle exceptionnelle, la Kabylie, en Algerie, en Afrique du Nord. 

Trudi Ralston

La recherche sur l'histoire des silhouettes et les marionnettes, et sur les marionnettes du theatre d'ombres, courtoisie de Wikipedia, ainsi que l'information et la recherche sur l'encephalitis lethargica, et le film "Awakenings" de 1990, qui a comme sujet cette maladie. 

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