Tuesday, June 29, 2021

Apotheose: Les Eaux Calmes - dans la serie "L'Esprit Vagabond" dedicacee a Nacer Amari

                     L'ete de mes seize ans, j'ai passee sous l'apprentissage de mon oncle, le peintre flamand surrealiste Frans De cauter ( 1920 - 1981). Cela allait prouver etre une des initiations au monde de la peinture, du dessin, et philosophie moderne les plus importantes de ma vie. Cette experience si profonde, dans la presence de cet homme tranquil, timide, intelligent, allait etre la fondation pour toute une vie plus tard savoir apprecier l'esprit tranquil de l'art du photographe berbere, Nacer Amari. Le monde artistique de Frans et de Nacer Amari ont des paralleles qui plus le temps passe faisant de la recherche pour des articles et poemes sur la photographie de l'artiste berbere, plus que l'ete passee au studio avec mon oncle se revele son importance. Un element qui resurgit dans la photographie de Nacer Amari est le silence, la paix interieure, qui se reflete dans toutes ses photos, ses portraits, ses natures mortes, ses paysages maritimes, ses photos de faune et flore. L'esprit du Tao et ses silences etait la seconde lecon tres importante qui m'a marquee comme adolescente introspective, et qui a beaucoup influencee mes premiers poemes, et m'ont calmee les frustrations d'une education catholique scolaire solide mais rigide. Les mots du philosophe et poete chinois Lao - Tzu ( 614 - 517 B.C.) resonnent encore dans mon esprit et je le retrouve dans l'art visuel de Nacer Amari. J'y retrouve ce calme reflexif, meditatif du monde de l'oeuvre de Lao - Tzu, le " Tao - Te - Ching", ce qui se traduit comme "Le Livre vers le Sentier de l'Integrite". Le calme reflexif, comme a travers le symbolisme d'une eau calme, lisse, est au centre de la philosophie du Tao, et etudier et ecrire sur la photographie de Nacer Amari me permet de me calmer les eaux de mon esprit, de mes inspirations, de les voir claires, de les voir les contours definis, les lignes, les voyages, de comprendre, pour la premiere fois, a fond, que comme le dicton Tao dit: " On ne peut pas voir notre reflection dans une eau qui coule. Seulement l'eau calme, quiete nous permet de se voir clairement." Cette verite, cette realite, pour moi, comme poete qui approche l'automne de sa vie, qui recoit dans la culture et nature de la Kabylie et ses artistes, dans l'accueil de sa famille berbere, une voix, une expression, une chance de chanter, de celebrer, de partager son coeur et ce nouveau bonheur, une chance de partager, de celebrer l'Algerie et sa culture berbere, me permet de finalement pouvoir me retrouver mon identite comme poete, comme personne, apres trop d'annees de vivre le coeur et l'ame dans un etat d'inquietude, de reflections pour mon etre qu'a travers des eaux troubles, qui distortionnaient ma confiance, mes reves, ma liberte, ma dignite. 

                      La photo du 26 juin 2021, "Le Silence de la Nature" de Nacer Amari de Tassi Photographie, a qui j'ai dedicacee aussi mon article "Au Portail des Convergences", touche a cette importance du calme, pour l'esprit pour pouvoir se voir clairement, completement. Avoir la chance de me voir clairement comme poete, comme personne, a travers la grace de l'art de mon collegue berbere, est une fierte grande et une joie immense. Il y a une beaute emouvante dans le fait que c'est mon oncle Frans flamand et son art qui m'ont sensibilisee envers l'esprit calme et son importance intellectuelle et artistique - affective, et le fait que l'art du photographe berbere Nacer Amari m'a fait redecouvrir cette importance, et me donne la chance de pouvoir voir claire dans le monde de mes poemes, de mes inspirations autant intellectuelles que artistiques et affectives. Cette verite sublime, est pour moi l'apotheose puissante d'une vie qui m'a exigee beaucoup d'annees de solitudes, d'isolation, de luttes contre le desespoir, de refus de laisser le noir me voler ma resistance, mon courage. Je dedique avec grande reconnaissance ce poeme a mon collegue et camarade, et a ma famille berbere en Kabylie:


                                                                   Apotheose


Je me rappelle, l'odeur de la peinture a l'huile, je me rappelle les pinceaux mis a cote le soir, je me rappelle les tableaux moities finies, ou encore vierges, impatients pour tes visions et leurs couleurs et melodies. Je me rappelle, les soirees agreables, de conversations sur la poesie de Rilke, sur l'art de Klee, de Chagall, et  comme on discutait jusqu'a tard dans la nuit sur la musique, sur la danse, sur la vie. 

J'etais si heureuse, j'etais si contente, que tu m'ecoutais les idees, les pensees, les questions, moi, qui etait une adolescente seule, qui voyait dans ta patience, dans ton plaisir de me partager tes connaissances, ton art et ses visions et explorations, la chance de me construire un monde, un univers, tout a moi, d'apprendre de voler sur mes propres ailes, de croire dans la beaute de mes poemes, de mes reves. 

                                                   * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * 

Tu serais si fier, mon oncle peintre, si tu savais, et peut - etre tu le vois quand - meme, que c'est en Kabylie, parmi mes collegues et famille berberes, que j'ai su redecouvrir mon ame, mon esprit, mes poemes, que j'avais perdue, qui m'avaient ete enlevee, dans ce pays dur qu'est les Etats Unis, ou j'etais abandonnee, dite de rester invisible, sans voix, sans visage, d'oublier mes reves, mes espoirs et voyages. 

Laisse - moi t'introduire, a cette belle famille berbere, d'artistes, de camarades, de soeurs, de freres, qui m'accueillent, qui m'aiment, tu verras tous les livres dans lesquels je celebre l'Algerie de mon coeur, tu verras la lumiere de joie dans mes poemes, tu y entendras mon sourire, tu me verras la nuit m'envoler vers les rives, avec ma valise et ses reves, la ou les eaux calmes m'attendent, et ou je me vois la reflection clairement.  

                                                   * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * *  

Laisse - moi t'introduire aux photographes berberes, et a mon collegue et camarade Nacer Amari, qui je suis sur, tu reconnaitras, car je pense que c'est toi qui m'avait dit, il y a une eternite, il y a juste maintenant, qu'un jour j'allais etre libre, j'allais trouver des ames soeurs avec qui partager le bonheur, avec qui briser les murs de la solitude, avec qui vivre ma vie de poete, amplement, et fiere. 

Maintenant, je me rappellerai, la fenetre ouverte berbere, je verrai les maisons ou m'attendent ma famille, ma famille d'ame, esprit et de coeur, qui m'accueille les bras ouverts, j'entendrai les chants berberes, les echanges au diner, je ferai encore des souhaits sur les etoiles et la lune Tiziri berbere, et le matin, j'embrasserai le soleil qui se leve sur Yemma Gouraya a Bejaia, et sur la plage a Melbou et a Aokas. 


Trudi Ralston


                                                                      

  

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