Sunday, May 17, 2020

La Balise de Reperage : Le Message de la Riviere de Nacer Amari

En 2015, j'ai publiee une collection de poemes pour mon ami Dr. Driss Ouaouicha, avec qui remonte mon amitie plus de 30 ans, a nos etudes a l'Universite de Texas a Austin. La collection modeste a 30 pages est un testament sincer pour cette amitie et ses significations intellectuelles et culturelles, et exprime mon interet et amour pour la culture et l'importance profonde qu'a pour moi l'Afrique du Nord quant a son heritage historique et artistique.
Cette collection fut l'ouverture a mon introduction a la culture berbere de l'Algerie, specifiquement de l'influence centrale qu'allait prendre la culture kabyle, a travers l'art de ses photographes de la nature et a travers les exploits de ses differents groups de randonneurs. Le symbolisme des montagnes du Djurdjura et des Babors y deviendrait un refrain d'inspiration et decouvertes personnelles et culturelles de grande joie et espoir. La collection " Les Poemes pour Driss " sont dans un sens des extraits de reves hallucinants, qui m'ont inspiree une passion pour l'oeuvre de Kateb Yacine, pour " Nedjma "  et ce fut a travers la decouverte de la nature en Kabylie, que mes hallucinations de manque, d'exile culturel et ses douleurs, ont su perdre leur agonie et ont decouvert la joie de l'appartenance et ma grande famille berbere qui a adoptee cette poete flamande - americaine. Le coeur de la Kabylie, ses montagnes, ses rivieres, ses photographes et randonneurs, m'ont liberee ma muse, lui ont donnee son destin, sa voix et son bonheur. Mon ami Driss etait celui qui a permis cette entree vers la porte qui me menerait vers le portail de l'Algerie, de la Kabylie, vers la magnificence de la culture berbere, qui a sauvee le naufrage de mon etre en ame de poete et femme libre et fiere. Mes livres sur ses photographes et randonneurs en sont temoignage, et ces livres se trouvent dans la bibliotheque royale a l' Universite Al Akhawayn d'Ifrane au Maroc, ou j'etais invitee de donner une lecture de mes articles et poemes en septembre 2019, et ou Dr. Driss Ouaouicha fut president jusqu'a novembre 2019 quand il a accepte le poste de Ministre de l'Education.
La photographie de Nacer Amari de Tassi Photographie, evoque des resonances qui me rappellent des souvenirs importants de mon adolescence, surtout des souvenirs de mon oncle Frans De Cauter ( 1920 - 1981 ) qui fut peintre et qui m'a introduit a la peinture et la philosophie existentielle du XXeme siecle, et des souvenirs importants de mon pere, Charles - Louis Desender ( 1930 - 2008 ), qui m'a introduit a l'importance de la photographie comme expression artistique - intellectuelle. Nacer Amari est une personne tranquille, de qui ses photos, comme sa photo du coquelicot naissant du 30 mars 2020, qui m'a inspiree le poeme du 14 mai 2020, " L'evidence : De l'Autre Cote du Temps qui Passe ", savent sensibiliser avec une fine couche de reflection. Comme j'ai expliquee au photographe d'Aokas, ses photos sont comme des notes d'une melodie qui me vient de tres loin, et qui sont part d'une feuille de musique qui a les memoires de ma vie. Une fenetre ouverte qui est pleine de chansons qui attendent patiemment que je les accueille. Il y a un ocean de silences dans mon ame et coeur, qui me parlent dans une langue supprimee et de qui je peux entendre, venant de tres loin, les premiers mots et rythmes, qu'un jour j'espere interpreter. L'esprit tranquil des photos de Nacer Amari parait eliminer la peur des espaces que s'exige avec le temps la solitude prolongee. Ceci est un grand regal, de qui son importance malgre son camoufflage de modestie est neaumoins tres emouvante et puissante. Les rivieres en Kabylie sont les nymphes des montagnes, elles chantent les memoires de ses heros et martyrs, de ses legendes et de son histoire, du peuple algerien qui a une ame et coeur resistant a travers les milliers d'annees d'invasions et civilisations, et la culture amazighe telle une etoile brillante reste l'heritiere legitime et eternelle, Imazighen, peuple originair de l'Afrique du Nord.
La nature et l'histoire en Algerie sont unes, et la photo de Nacer Amari, prise a Mesbah, un ancien village kabyle, souligne cette verite. La photo a une energie de joie printanniere, d'espoir, de la part de la nature, qui celebre l'abondance de cette eau fraiche qui veut partager son regal, de vie, de renaissance. A un moment ou l'homme se trouve prisonnier de ses propres imprudences et impatiences, la nature continue ses rythmes et ses exploits, et l'homme observe, et esperons, apprendra, de sa sagesse, de ses lois. Un magnifique souvenir des randonnees en Autriche avec mon pere et mon frere et nos deux petites soeurs, et notre mere, furent les rivieres des montagnes, avec leur eau si froide qui etait si rafraichissante dans la chaleur etouffante de l'ete, un souvenir me permis revisiter dans cette photo, et dans le souvenir de boire des sources des eaux fraiches des montanges en Kabylie. L'eau fraiche des montagnes de la Kabylie que je comprends etre a travers cette photo, le symbole de la renaissance de mon ame de poete, de la purification de mon coeur, de la magnifique redecouverte de la joie de vivre que m'a permis la nature et la culture berbere de l'Algerie. La photo de Nacer Amari a pris mon attention pour la composition de la scene de cette riviere. L'energie de ses eaux est abondante, toleree par les roches et les racines des arbres sur lesquelles elle passe. La terre sait qu'elle ne doit pas contenir cette eau, ne doit pas la contredire, mais accepter avec generosite sa passion et sa determination. Ainsi me parait certains jours l'inquietude de mon ame, qui ressentais tant de joie reprimee, tant d'emotions profondes et fortes, qui ont du resider au fond des caves de mon coeur, tels des prisonniers oublies, plein de faim et soif, et qui jouissent maintenant de la tolerance de la terre en Kabylie, qui avec sagesse et charite acceuillent et laissent courir toute l'energie de tant d'annees sans voix, sans chansons, sans eau claire, rafraichissante pour mes poemes, pour mes ecrits. La photo de Nacer Amari est un eclat de vie, un festin de sons, de senteurs, de couleurs intenses de vert, marron de la terre et ses racines, feuilles et branches d'arbres, et du blanc rapide de l'eau de la riviere, qui court avec vitesse, et une joie tetue et impatiente, car l'hiver s'est acheve pour elle, pour tout ce qui l'entoure, comme il s'est acheve finalement pour mon ame qui a su survivre un hiver qui paraissait interminable. Grace a sa nature incontenable en beaute et energie de ce grand pays, l'Algerie, qui est le battement de mon coeur, ce grand pays de l'Afrique du Nord, ou je suis chez moi, sous son soleil, sa lune et ses etoiles, pres de ses montagnes, ses villages, et ses rivieres mystiques.
Trudi Ralston

" N'importe la grandeur de la riviere, elle desire de s'agrandir. " dicton africain.
" Aucun homme entre la meme riviere deux fois. Ce n'est plus la meme riviere, et il n'est plus la meme personne. " Heraclite.


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