Sunday, May 3, 2020

L'Invitation : En Hommage du grand chanteur kabyle Idir

Le destin est une force bizarre. Il y a beaucoup d'annees, ma copine francaise a Grenoble, qui avait fait sa maitrise en meme temps que moi a l'Universite du Texas a Austin dans les annees quatre - vingts, m'avait envoye une musique de plusieurs chansons aux titres que je ne connaissais pas. Un des titres disait " Tizi - Ouzou " - Idir. Ma curiosite fut immediate. Ma copine m'avait dit qu'elle allait inclure de la musique de l'Afrique du Nord, comme elle savait que j'avais un interet grand dans la culture et histoire de cette region de l'Afrique. C'etait dans la meme periode qu'elle m'avait introduite a  la musique de Rachid Taha aussi. Le jour ou j'ai entendue la voix d'Idir pour la premiere fois fut un jour ou il faisait froid, gris, ou je me sentais envahie du manque de pays, de solitude. J'ai mis la chanson " Tizi - Ouzou " et des les premiers sons, j'ai ressentie un frisson. Ce fut comme une melodie d'une voix me venant du plus profond de mon etre, de sa tristesse, de son combat contre la solitude, de l'invisibilite, de trop de chagrins, de la sensation d'etre enterree vivante, de ne pas avoir une voix, pas de cri, pas de larmes, d'etre muette, enfermee dans trop de peines, trop de pertes. La voix d'Idir a reveillee quelque chose qui etait en train de mourir en moi : mon ame et ses passions, mes poemes sous le sortilege du desespoir, mon energie prisonniere de l'indifference, du mepris.
Depuis ce moment, j'ai ecoute des heures de la musique d'Idir, j'ecoutais ses chansons en kabyle, je recherchais qu'est ce que c'etait la langue kabyle, qui etaient les differentes cultures berberes, autres que les Tuareg que j'avais decouvert dans les magazines National Geographic du bureau de mon pere comme enfant precoce et solitaire. J'ecoutais cette langue que je ne comprenais pas, mais qui me faisait pleurer, de joie reprimee, de rages oubliees, de courage reveille, de desir, d'espoir, pour la liberte, pour l'expression, pour une voix, une identite, une oreille. J'ai trouvee le site Les Kabyles de Paris, et apres, par hazard, Aokas Tourisme, et sur leur site, j'ai vue la premiere photo de Djamil Diboune, qui etait une photo ou il avait son dos vers la camera, regardant vers les montagnes de la Kabylie. Autre frisson. Sans voir ni le visage encore du photographe j'ai ressenti un frisson profond de reconnaissance, de besoin de savoir qui etait cette personne qui me montrait ces montanges en Afrique du Nord qui me rappellaient les montagnes de Tyrol en Autriche ou j'allais en randonnees avec mon pere et mon frere et deux petites soeurs, qui furent parmi les souvenirs les plus heureux de mon enfance en Belgique. La decouverte de la photographie de Djamil Diboune m'a sauvee l'ame de poete et ecrivaine, comme en temoignent mes livres dediques a son art, comme " Une Encyclopedie de Beaute " et " Le Secret Heureux d'Ulysse " , les deux de 2018, et plusieurs collections de poemes, comme " La Complicite du Corbeau ", aussi de 2018.
Apres, ce fut la decouverte de la photographie de Katia Djabri, a qui j'ai dedique " Poesie et Passion dans la Photographie de Katia Djabri" d'octobre 2018, et " Magie et Mystere " sur la photographie de Lotfi Bouslah, Kurt Lolo de son nom d'artiste, et ensuite " Empreintes Berberes : Sur le Sentier de l'Histoire avec les Randonneurs des Babors " de mai 2019, et un sejour en Kabylie en septembre 2019.
En mars 2020, j'ai dedique une collection de poemes " Les Poemes de Feu et Fer " a la Kabylie et ma famille berbere, qui a comme couverture une photo d'une fleur Hibiscus rouge du photographe kabyle Nacer Amari, et le mois prochain je vais publier mon livre " Algerie, Mon Coeur " qui est une celebration de tous les photographes de la Kabylie avec qui je travaille depuis 2017, et des amities et de la culture berbere a travers plus de 100 articles et poemes. Toute cette energie a vu sa naissance dans la fascination et la passion pour la Kabylie et l'Algerie qu'a fait naitre dans mon coeur la musique et voix et presence du grand poete et chanteur Idir.
J'ai si souvent revee de faire sa connaissance, de lui voir en concert, de lui pouvoir dire comme sa musique m'a changee la vie, m'a permis de trouver le chemin de mon destin, de ma muse. C'est de lui qu j'ai appris de rire a nouveau, de pleurer a nouveau, de guerir mes blessures d'ame, de coeur, de trouver ma passion et de liberer sa force, sa voix, sa mission. C'est sa musique qui a brisee les chaines autour de mon etre, qui a brisee l'impuissance, qui a reveillee une grande force interieure. Idir m'a sauvee du desert de la solitude ou ma muse etait en train de mourir une mort lente et cruelle. Il m'a menee vers tous ces artistes kabyles, tous ces amis, qui sont maintenant ma famille berbere, et ma plus grande joie sur cette terre est de partager toute la richesse de la nature, de l'histoire, de l'ame, du coeur kabyle de ce magnifique pays a la generosite et au amour aussi grands que l'immensite de ses montagnes et ses etoiles. Paix a l'ame grande et belle du poete kabyle Idir. Je lui dois tout.
Trudi Ralston 

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