Wednesday, April 21, 2021

Cher Cousin Berbere - dans la serie " La Colombe " dedicacee a Nacer Amari

Il y a des moments ou les choses qui sont parfois nebuleux deviennent claires, et dessinent des lignes, comme sur un tableau, des lignes claires, comme faites avec de l'encre qui met en relief les pensees qui apparaissent sur le fond net du tableau. Certaines choses de la vie, du monde, sont evidentes, s'acceptent plus au moins, selon nos dispositions, nos perspectives, nos connaissances, nos convictions, et d'autres sont plus difficiles a comprendre, a formuler, a accepter, a ranger. Vivre dans un autre pays pour tres longtemps, comme c'est le cas pour moi, et des millions et millions de personnes sur cette terre, pour une quantite des raisons, personnelles, sociales, ideologiques, economiques, politiques, vous change les sensibilites affectives, les intensifie, les amplifie, les rearrange aussi, parfois peniblement, et change aussi, pour le mieux ou son contraire, la voix interne qu'on possede, qui ou se perd, ou survit, plus forte, plus resistante. La Kabylie, sa nature, sa culture, son coeur accueillant, m'a fait comprendre que mon coeur de poete a beaucoup de choses a dire, beaucoup de choses a decouvrir, a voir dans une nouvelle lumiere, a comprendre, apprendre et partager a travers l'esprit fort, resistant berbere et ses energies de courage, de sagesse. Cette lettre, " Cher Cousin Berbere " ecrit en forme de poeme, explore une de ces lignes, qui se dessine dans mon coeur, en ce moment dans l'histoire humaine si complexe a cause de cette pandemie polymorphe et ses fata morgana, qui nous tourmentent de pres, de loin: 

Cher Cousin Berbere 

Les jours ici en ce moment, sont chauds, avec plein de soleil, un ciel bleu et des beaux blancs nuages, les gens sont contents de pouvoir sortir au moins a l'aise dans leurs jardins, et prendre soin des plantes, des espoirs qu'apporte ce printemps au climat tranquil, agreable. 

Le vent se met entre les arbres comme une pantomime relaxe, qui cherche une sieste, qui se met l'ombre comme une couverture legere pour ses pas de danse. 

La nature est a l'aise, c'est l'homme qui est inquiet, qui ne comprend pas trop bien ce qui se passe, combien de saisons encore va prendre cette pandemie et ses divergences. 

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Ce matin, j'ai appris que le consulat d'Algerie a New York n'accepte pas encore des applications pour des visas de touriste ou leur renouvellement, et que les frontieres vers l'Afrique du Nord sont a nouveau fermees pour nous ici aux Etats Unis. L'Europe non plus ne veut pas de nos visites, ce qui rend la route vers la Kabylie presque invisible, comme si quelqu'un avec une gomme grande a decidee de pour le moment effacer le sentier d'ici vers les rives ou reve et vit ma famille berbere qui me manque tellement. 

Il y a des pays qu'on peut visiter, et nul mene vers l'Algerie : Albanie, Armenie, Belarusse, Cambodia, Haiti, Estonie, Zambia, Ghana, la liste est longue et insiste a donner l'illusion, que tout est bien, on peut voyager, juste ne pas ou on veut. 

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Quelle situation bizarre, il faut garder l'espoir et la patience, ce qui certains jours n'est pas evident, cher cousin berbere, quand mes poemes depuis des mois, je trouve endormis debout dans ma valise, qui se reveillent le matin, et s'imaginent que c'est la Kabylie qu'ils voient dans la distance. 

L'esprit et le coeur berbere en Kabylie, sont forts, sont resistants, comme l'est aussi mon coeur et esprit flamand, alors, il n'y a pas d'autre choix que de continuer avec courage, de chanter quand - meme, de sourire, quand le manque de pays, le chagrin pour etre reunie avec mes racines kabyles m'envahit.

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On n'a pas de choix que s'avancer sur cette route de duree inconnue, un jour a la fois, avec amour, avec patience, avec humour aussi comme le possede Fellag, et de continuer a ecrire mes articles, mes livres , mes poemes, qui celebrent, qui revent, de la fenetre grande ouverte, de la maison ou vit, ou respire, ou aime mon coeur et ses joies, a cote de ma famille kabyle. 


Trudi Ralston 

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