Les arts ont une facon de calmer l'esprit, de lui aider a retrouver son centre. Que ce soit la danse, la musique, l'ecriture, la peinture, la sculpture, la photographie. Mon oncle peintre, Frans De Cauter ( 1920 - 1981 ), je me rappelle, prenait son cafe le matin, un petit dejeuner leger avec son epouse, Ina, qui etait une photographe professionnelle, et il allait ensuite vers la fin de son petit jardin tranquil, ou il avait sa studio, ou j'ai pasee tant d'heures heureuses, tranquilles, quand j'etais adolescente, quand j'etais en apprentissage avec lui sur le dessin et la peinture. Ce matin, qui s'annonce un peu nouageux et distrait, je pense a lui, et je prends mon the, et un petit dejeuner, pour ensuite me mettre a ecrire. La nuit m'avait donnee un reve troublant, souvent du theme de m'avoir egaree, cette fois, c'etait a Fort Worth, au Texas, ou j'ai fait mes etudes universitaires avant d'aller a Austin pour ma maitrise en litterature espagnole et latine americaine. Dans mes reves angoissants, je me trouve dans une grande foule, ou je ne connais personne, et j'essaie de me retrouver le chemin, souvent, vers mon pere, de qui son esprit souvent vient a mon aide, et j'essaie recemment aussi de retrouver mon fils, probablement par soucis sur la longue duree de cette pandemie, qui parait tourner en rond comme un psychopathe enivre. C'est toujours si rassurant de me sortir du reve, et de me rappeller que mon fils est a la maison, comme ses cours universitaires se font tout en ligne en ce moment. J'ai grandi dans un petit pays, en Flandes, en Belgique, qui a en ce moment 11 millions d'habitants, et les Etats Unis, au je vis depuis plus de 40 ans, a en ce moment une population de 330 millions de personnes. Etre juste 1 personne dans une foule immense comme ca, n'est pas tres rassurant pendant une pandemie, et cela explique probablement l'intensite de mes reves angoissants parfois, vu du fait que la seule famille que j'ai ici dans ce pays immense, c'est mon mari, et mon fils. En Algerie, en Kabylie, mon coeur et ses poemes, mon art, ont trouvee une famille accueillante, et par hazard du destin, la belle nature, et la culture et histoire riche kabyle, me met en contact avec les souvenirs, les nostalgies de mon enfance, de ma adolescence, en Flandes, me rappelle ces moments et annees furtives, breves, heureuses, quand ma famille etait encore en vie, quand il y avait encore une innocence et unite dans ma famille, qui apres s'est evaporee, petit a petit, dans ce pays immense, impitoyable, envers ceux qui sont vulnerables, qui sont mal armes face a son essence dure, cynique. En Kabylie, mes nostalgies se guerissent, se retrouvent la dignite, l'espoir, la joie aussi, se savent voir les fils de l'histoire de ma vie. Une photo d'une nature morte d'une jolie tomate rouge brillante, presentee sur une assiette et fond blanc clair, invitant, du 27 mars 2021, de la part du photographe berbere d'Aokas Nacer Amari de Tassi Photographie, me rappellent les visites que nous faisait l'artiste peintre expressionniste flamand de Gent, Raoul Van den Heede ( 1924 - 1999 ). Un homme d'appetits baroques, bohemiens, quant aux femmes et le vin, Raoul avait un coeur ou vibrait la passion pour les arts, pour la vie, malgre avoir eu une enfance dure, et avoir ete prisonnier des nazis, a l'age de 18 et 20 ans, pendant la seconde guerre mondiale, deux fois, entre 1942 et 1944, une fois a Plauen, et la seconde fois a Elstertal, pour se retrouver encore a Plauen. Il en fait, s'echappe deux fois, et apres s'echapper la seconde fois, en 1944, il se trouve a 88 km plus loin, a Luneberger, ou il a ete liberee en 1945, avec les prisonniers de guerre americains par la 3ieme armee du general americain Patton. La guerre et ses monstrosites lui influencent les perspectives expressionnistes dans ses peintures et aquarelles apres. De taille petite, il etait tres musclee, avait travaille depuis la mort de sa mere, quand il avait 15 ans, dans des labeurs durs, et aussi comme secretaire pour un journal socialiste, et comme acrobate dans un des cirques de la region, et des tres jeune sa passion fut la peinture. A l'age de 12 ans, il gagne deux concours de peintures internationales pour enfants. En 1955, il commence ses etudes a l'Academie des Arts de Gent, ou il recoit son diplome avec des grands louanges pour son talent, et il fait une annee d'etude apres sur la peinture dans le sud de la France, a Saint - Raphael. Ses peintures ont le sujet de femmes, enfants, d'hommes, paysages, scenes marines, et natures mortes. La nature morte de Nacer Amari de la belle tomate, ce legume - fruit d'origine et histoire exotiques, cette nature morte tranquille, joyeuse qui celebre l'abondance, avec ses couleurs rouges et blanches eclatantes, m'a resuscitee les memoires du peintre ami de mon pere et de ma famille, de Raoul, de cet homme au voix stentore, au rire volumineux, qui nous visitait en motcyclette, en bottes de chasse, avec ses chemises blanches ouvertes style bohemien, qui me faisait un peu peur, pour son energie infinie, sa facon d'envahir une espace, avec son regard intense, son air de nonchalance et intention precise a la fois. Ses peintures a l'huile grandes, etaient une invitation au monde inquiet, turbulent, angoissant parfois aussi, de l'expressionnisme et son style apres la seconde guerre mondiale. Y etre introduit comme enfant de 8 ans, fut toute une experience. Raoul m'a fait une peinture d'une fille Roma, pour mon 18eme anniversaire, et ensemble avec quelques peintures de mon oncle peintre surrealiste Frans, ce sont les seules memoires tangibles, que je peux toucher, des dizaines de peintures de ces deux artistes si proches a mes memoires, qui me restent apres tout le drame dans ma famille qui a fait disparaitre tous les tresors d'art de ma famille auxquel j'avais droit. C'est bien que j'ai une attitude zen quant a matieres, l'humiliation d'avoir ete niee mon heritage fut et reste un enigme cruel. Mais, les memoires me restent, en eux un heritage precieux, et j'ai la chance que je peux les revisiter, et les partager avec mes collegues artistes et ma famille berbere en Kabylie. Le monde de la photographie de Nacer Amari sait me faire le pont entre hier et aujourd'hui, a travers ses paysages, ses portrait kabyles, ses natures mortes, a travers le monde de son art narratif, qui trouve un equilibre unifiant entre l'heritage culturelle de sa Kabylie et des preoccupations artistiques aux sonorites universelles, comme le reussit faire sa nature morte de la tomate et ses influences historiques exotiques.
La tomate est un legume - fruit, dans la famille de Solanum lycopersicum - "lyco" est le mot grec pour loup, et "persicum" est le mot latin pour peche - une espece qui est originaire du Sud du Mexique, et de l'Amerique latine, sepcifiquement des pays des montagnes Andes, de leur cotes pacifiques, de la Colombie, le Peru, l'Ecuador et le nord du Chile. Le mot tomate est derive de la langue Nahuatl, de leur mot " tomatl "que les espagnoles colons ont change en " tomate " quand ils l'ont decouvert dans le repertoire culinaire de l'empire des Azteques, au XVeme siecle, et apres la conquete et destruction de l'empire azteque, ils lont importe en Europe, ou le legume - fruit est depuis connu comme tomate en francais, tomato en Angleterre, et tomaat en flamand et neerlandais. L'eglise catholique trouvait le beau legume - fruit exotique avec ses couleurs rouges et jus et graines explosives, scandaleusement sensuelle, et decourageait sa consommation, mais malgre ces efforts ridicules, la tomate a su s'etablir tres bien a partir du XVIIeme siecle en Europe, et les espagnoles l'ont importe en Asie, dans leurs colonies comme les Philipines, d'ou la tomate s'est repandue vers la Chine, l'Asie du Sud - est et tout le subcontinent de l'Asie. La tomate fut tres populaire dans les pays de la Mediterranee, et fut dela importee au Moyen Orient et l'Afrique du Nord. Aujourd'hui, on peut trouver la tomate dans tous les climats temperes de la terre, et dans des serres, qui permettent qu'on la cultive toute l'annee. La Chine produit 62,8 tonnes de tomates chaque annee, suivie par l'Inde ( 19 tonnes ), la Turquie ( 12,8 tonnes ), les Etats Unis ( 10,9 tonnes ) et l'Egypte ( 6,8 tonnes ), et les Pays - Bas produisent 476 tonnes de tomates par hectare, la Belgique en produit 463 tonnes, et l'Icelande, 429 tonnes par hectare. La tomate a un beau symbolisme. Ce legume - fruit, qui on estime se cultive dans les Ameriques de son origine depuis 500 B.C., a des benefices pour son contenu bas de sucre, et pour son contenu haut de la vitamine C. Son nom autre que tomate, fut " pomme d'amour " pour etre consideree un aphrodisiaque, et un symbole aussi de la fertilite. On encourageait les jeunes couples de consommer quelques tomates avant de se consommer l'amour, s'ils voulaient un enfant. Dans les cultures de l'Afrique de l'Ouest, la tomate est associee avec la vie, le sang, la fertilite aussi, et en Chine, la tomate est vue comme une bonne augure, associee avec la stabilite economique et aussi avec une sagesse spirituelle. On croit que les personnes qui apprecient la tomate sont des personnes qui ont de la patience, de la generosite, envers la nature, et envers les personnes. La tomate est aussi utilisee dans des expressions de timidite, pour faire reference a l'apparence furtive d'une couleur au visage, rouge de tomate, couleur du visage quand brevement se rendent visibles des emotions intenses d'affection ou gene, un sentiment duquel je me rappelle tres bien comme adolescente timide quand un beau garcon etait en vue, ou par hazard un invite de famille. Les souvenirs des repas avec le peintre Raoul Van den Heede sont pour moi aussi associes avec la tomate, comme ma mere en faisait souvent des salades piquantes en ete, et les fourrait aussi chaudes, avec de la viande, ou froides, avec des crevettes, et cela fut le cas quand Raoul etait de visite. Regarder a Roaul manger etait fascinant comme enfant curieuse comme je l'etais. Il en faisait un art, une peinture expressionniste, un evenement sensuel, une avonture de sons, de gesticulations, qui m'ensorcelaient par leur franchise, par leur enthousiasme. Je me rappellerai toujours le moment ou il s'etait rendu compte que je lui fixait de mon regard, fascinee. Il s'est arrete pour un moment, m'a souri la bouche pleine en me donnant un clin d'oeil gentil et tolerant, pour retourner avec vigueur a son repas, et une conversation animee avec mon pere sur son chat et ses chatons qui lui avaient a nouveau envahi le lit. Apres, je n'avais jamais plus peur de lui. Comme jeune enfant, c'etait interessant aussi, d'apprendre que cet homme gentil et passionne, se luttait contre l'alcoolisme, depuis ses annees d'horreurs pendant la Seconde Guerre Mondiale, une bataille qui lui a presque coutee la vision, et qu'il a su vaincre, parcequ'il se rendait compte qu'une fois aveugle a cause du vin et du whiskey, il ne pourrait plus peindre, et que cela rendrait sa vie intolerable. Son art etait sa raison d'etre. La nature morte de Nacer Amari, de sa belle pomme d'amour, m'a permis ce detour agreable dans le monde des souvenirs de mon enfance, comme son art accueillant, narratif me permet faire tants des fois, a travers la grace, le bonheur qu'est pour moi le monde des arts et des amities de la Kabylie, en Algerie, ce pays en Afrique du Nord, qui me redonne un chez moi pour mes memoires, pour mon art, pour mes livres et poemes, grace a son coeur grand pleins de chansons et energies de resistance, de courage, de joie de vivre, de chaleur, n'importe les circonstances, n'importe la persistance de defis.
Trudi Ralston
La recherche sur le legume - fruit exotique qu'est la tomate, courtoisie de Wikipedia, et les memoires sur le peintre flamand Raoul Van den Heede ( 1924 - 1999 ), courtoisie de mon pere, Charles - Louis Desender ( 1930 - 2008 ), et courtoisie de l'article de Geert Vandamme, la revue " Gandavum ", ( 2000, nr. 3- 4 ) , de mars 2015, quant aux details specifiques de la vie comme jeune homme de l'artiste, et courtoisie de mes propres vives memoires des visites de Raoul Van den Heede a notre maison, et a sa studio, a Drongen, en Flandes de l'Est, pres de Gent, en compagnie de mes parents et frere et deux petites soeurs.
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