Wednesday, April 28, 2021

Metamorphose et Integration: dans la serie "La Colombe" dedicacee a Nacer Amari

              Observer a distance, tel un temoin reticent, cause une distance parfois irreparable, dans l'esprit, le coeur, l'ame d'une personne. Observer a une distance peut etre ce qui arrive a une personne qui quitte son pays, le quitte jeune, sans etre preparee pour le pays qu'elle entre, et qui lui voit comme un etre invisible, inconsequent, une fois que l'immigrant perde sa voix sociale, intellectuelle, culturelle, cette force qui nous permet de nous communiquer avec dignite l'un avec l'autre. Perdre ainsi la voix exterieure, est perdre petit a petit, sa langue, son histoire, son identite. J'ai quitte mon pays d'origine a l'age de 19 ans, une adolescente aux interets intellectuels et creatifs qui vite allaient devenir inondes par une personalite timide avec tres peu d'experience comment s'integrer dans le monde du Texas des annees 1970 et 1980, ou le racisme etait palpable, et ou il y avait peu d'adultes et jeunes avec qui me communiquer sur les sujets de poesie, histoire et les arts. Je devenais vite observateur, et ma voix de poete devint inaudible, pour beaucoup d'annees. Je m'occupais a essayer d'apprendre, de comprendre ce nouveau monde americain qui n'arrivait pas a toucher mon coeur, et de qui moi non plus je ne savais pas comment lui toucher son essence, qui me paraissait bien dure, froide. J'ai fait mes etudes de maitrise en litterature espagnole et latine - americaine, et me sentir a l'aise parmi mes amis etudiants du Mexique, de El Salvador, de Costa Rica, de l'Argentine, du Panama, de la Bolivie, du Peru, etait facile, et apres leurs etudes, ces amis retournaient a leurs pays, ainsi que mes amis de la France, du Maroc, tout le monde retournait chez soi. Mes parents voulaient que je reste aux Etats Unis, et j'ai finie par me marier avec un psychologue americain de la Californie, ce qui plaisait beaucoup a mon pere, et depuis 1988, apres avoir finie mes etudes universitaires, mon mari et moi ont demenages du Texas a Washington State, pres de la frontiere du Canada, et on a un fils adulte qui cette ete termine ses etudes pour une maitrise en l'ecriture creative. A travers les annees, j'essayais de m'integrer dans le pays, mais je trouvais a chaque fois seulement une part de mon etre, et toujours dans des cultures qui sont considerees marginales ici, comme la culture noire, a laquelle j'etais proche a travers des amities aux liens de l'eglise noire, qui a des racines profondes avec les mouvements de droits civiles, des arts, comme la musique, comme expression d'identite culturelle et spirituelle. J'avais des liens aussi dans le monde des arts martiaux de la Coree du Sud, Tae Kwon Do, ou pour 7 ans, mon mari et moi ont pris l'entrainage pour la ceinture noire, qu'on a tous les deux obentus. Je maintenais mon contact aussi avec mon amie en France, mon ami au Maroc, et ainsi, ma vie interieure etait maintenue, ma voix exterieure de poete, muette, mais mes reves et esprit, en vie, pour finalement commencer a trouver une chance de se reanimer, a travers la decouverte de la nature et culture berbere kabyle de l'Algerie, en 2017. C'est la photographie des artistes kabyles qui m'a mis en contact a nouveau avec une nostalgie pour mon enfance, pour mon adolescence en Flandes. C'est la Kabylie qui m'a reveillee l'esprit et le coeur endormis de ma muse, a travers la beaute de sa nature, a travers la profondeur de son esprit, sa resistance, son accueil. Petit a petit, toute cette energie creative, reprimee pour 30 ans, s'est mis debout, et s'est mis a explorer ses racines, ses passions creatives, s'est trouvee une facon de donner une voix exterieure, des melodies, des rythmes, en forme d'articles, de poemes, qui depuis sont devenus des livres, qui se suivent, depuis 2017, qui naissent de l'inspiration qu'ils trouvent dans la richesse de la culture, de la nature, de l'histoire du peuple berbere de la Kabylie en Algerie. Un interet en Afrique du Nord qui remonte a mon enfance, devint ainsi une source de retrouvailles d'identite, de creativite, d'apprentissage, de partages, qui celebrent l'esprit et coeur berbere, de son courage, de son energie, de sa sagesse, de son hospitalite. 

              La photographie de Nacer Amari de Tassi Photographie est une invitation d'unir l'experience unifiant que me donnent ses visions artistiques, avec l'esprit universel de son art inclusif narratif. Un des resultats de cette invitation unifiante de son art, m'a inspiree de commencer a faire des broderies aussi a base de ses photos, et les photos d'autres photographes kabyles, comme une autre facon de celebrer la richesse de l'art berbere et ses inspirations pour mon esprit creatif. La Kabylie en 2017 m'a donnee la chance de commencer a recuperer mon enfance, mon adolesence, de commencer a briser les murs epais d'une solitude etouffante, pour trouver au coeur kabyle, comme poete si longuement errant, qui s'est trouvee a nouveau au present, ne plus prisonniere d'un passe disparu et commencer a trouver le chemin de retour vers mon ame, mon esprit, mon coeur. Apres une vie d'invisibilite, affective, sociale, intellectuelle, la Kabylie et sa nature, son histoire, sa culture m'a liberee la voix de ma muse. La photographie de Nacer Amari me permet que la metamorphose de mon esprit creatif recoit la chance de s'integrer les memoires recuperees de mon enfance et de mon adolescence me redonnees par la Kabylie. Pour la premiere fois dans ma vie, mon ame traumatisee voit l'opportunite de comprendre clairement les influences, les racines de mes inspirations: la chance de s'integrer la solitude dans un contexte de liberte creative, intellectuelle, affective, comme en ecrivait le poete bohemien - autrichien Rainer -Maria Rilke ( 1875 -1926) , de qui me parlait souvent mon oncle peintre Frans De Cauter ( 1920 - 1981). La photographie de Nacer Amari me permet d'unir mes apprentissages intellectuels avec mes apprentissages artistiques, comme son art evoque une response autant d'interet visuel, telle sa portraiture et les natures mortes de sa photographie, qu'une reponse intellectuelle, comme l'esprit tranquil zen de son art me rappelle souvent les mots de Rainer - Maria Rilke, quant a l'integration de la solitude au monde des arts et de la pensee philosophe quant au dilemme existentiel de l'homme. Cette union, cette fusion de son art de la part du photographe d'Aokas, cette metamorphose berbere de mon etre, de son expression a travers mes poemes, une expression retrouvee, liberee, me trouve face a face avec moi - meme, avec mes energies et inspirations litteraires, ses racines, ses reves, ses passions, ses symboles et leurs raisons d'etre, pour la premiere fois depuis mon adolescence, quand j'avais 14 ans, quand mes premiers interets dans la litterature sont nees, et apres quand  j'avais 16 ans, l'age de l'apprentissage sur la peinture et le dessin et la philosophie existentielle de mon oncle Frans, et finalement a l'age de 17 ans, quand j'ai commencee a ecrire mes premiers poemes en francais, comme adolescente flamande, qui voulait assurer ma privacite quant a mes ecrits, et ne pas la voir envahie. Ecrire en francais comme flamande, a l'epoque du mouvement pour l'egalite des droits flamands linguistiques et civiles face aux wallons, m'assurait une mesure d'indifference, et donc de protection, contre la curiosite de certains membres intrusifs de la famille elargie. Ma grand - mere paternelle etait d'ascendance francaise, d'Amiens, et elle parlait le francais bien, et comme j'admirais son esprit independant et protectif envers mes interets intellectuels, elle m'encourageait comme elle pouvait, comme elle savait qu' ecrire en francais fut controversiel, mais me garantisait comme adolescente une independance creative a un moment ou cela etait difficile a cause d'une relation difficile avec certains membres de la famille de ma mere. 

              La photographie de Nacer Amari me met en contact avec les moments de premieres intuitions, inspirations creatives, ce qui est tres emouvant, tres guerisant, ce qui evoque aussi de profondes moments de catharsis qui mettent dans une lumiere tres claire, le chemin parcouru depuis ce moment d'inception creatif de mon etre, jusqu'a ce moment de la realisation que son art permet l'integration de tout mon etre intellectuel et affectif. Mon etre se retrouve son centre, perdu il y a si longtemps, est libre, finalement. Metamorphose et integration: metamorphose grace au accueil berbere de la Kabylie, et integration grace a l'art inclusif, narratif, au monde unifiant de la photographie de Nacer Amari. Le troisieme livre "La Colombe" qui se dedique a l'exploration continuee de l'art et son influence de Nacer Amari, a comme la these pour l'introduciton au livre, mon article du 16 avril 2021, "Au Studio de la Memoire." Cet article " Metamorphose et Integration" continue cette introduction pour le livre "La Colombe", et explore l'influence cathartique de la photographie de Nacer Amari, a travers son esprit berbere fier et rassurant, qu'il sait exprimer dans un contexte de sonorites affectives et artistiques unifiants, inclusifs, narratifs,  qui me permet de celebrer la Kabylie, et la joie et dignite et identite qu'elle me donne a mes poemes et ma muse, pour voir clair finalement, dans l'histoire difficile, compliquee, des exigences des longues anees de solitude, avant d'entendre et commencer a traduire les notes pour les melodies y laissees pour mes poemes qui sont toutes dans la clef du coeur berbere, le seul coeur sur terre qui a travers sa charite et sa sagesse a su m'apprendre a chanter la musique qui m'a liberee du sortilege persistant de l'isolation et de l'oubli. Quelle fierte, quelle joie, de me savoir poete qui a retrouvee sa voix, son identite, grace a la culture berbere de la Kabylie, grace a son peuple resistant, qui apres des milliers d'annees de lutte, maintient toujours son identite culturelle, sa langue, sa mythologie, ses traditions, son histoire, sa liberte, et qui m'apprend a cette poete flamande - americaine, etre une apprentie heureuse, sure, accueillie au centre de la richesse, de la sagesse, de la chaleur de l'esprit et du coeur Amazighe. 

Trudi Ralston    

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