Monday, April 8, 2019

Au Nom de la Dignite : La Visite des Randonneurs des Babors a L'Kalaa N'Ath Abbes

Les Randonneurs des Babors, Bejaia, sont un groupe qui fascine pour leur dedication, leur energie, leur passion pour la nature, l'histoire et la culture de l'Algerie. Chaque semaine le groupe se reunit pour une randonnee de decouverte qui est toujours comme a observe Fodil Bousba dans le partage de ses photos et recit de la randonnee du 6 avril vers L'Kalaa N'Ath Abbes : " pour savourer un melange de l'histoire, de tourisme et de sport. " La plume du groupe, Achour Zemouri a dedique un article imposant a cette randonnee, un article multi - dimensionnelle qui permet au lecteur de visiter un chapitre important de l'histoire de l'Algerie, et sa lutte contre l'occupation coloniale francaise de 1830 a 1962. La randonnee met les Randonneurs des Babors face a face avec le village de la prestigieuse famille de Sheikh Mohamed Mokrani, qui sera centrale dans le recit de cet article. 
" Le groupe arrive a Ighil Ali centre, ce village qui a vu naitre Taoues Amrouche et El - Mouhoub Amrouche ", dit Achour Zemouri dans l'introduction de son article envoutant. Taoues, ou Taos Amrouche , la chanteuse legendaire kabyle, nee en 1913 et morte en 1976, devenait en 1947 la premiere femme algerienne de publier un roman. Sa mere Fadhma Ait Mansour etait une chanteuse fameuse kabyle, et Taoues Amrouche illustrait dans ses chansons et son style litteraire les traditions orales kabyle de son heritage maternel. Une ecrivaine et chanteuse prolifique, ses livres comme " Jacinthe noire " ( 1947 ), " La Grain magique " ( 1966 ), " Rue des Tambours " ( 1969 ) et " L'Amant imaginaire " ( 1975 ) restent populaires, et sa collection de chants berberes est de renommee internationale, comme " Chants berberes de Kabylie " ( 1967 ), " Chants de l'Atlas ( Traditions Millenaires Des berberes D'Algerie ) ( 1970 ), et " Chants berberes de la meule et du berceau " ( 1975 ). Son frere, El - Mouhoub Amrouche, ne a Ighil Ali en 1906 et mort a Paris en 1962, etait un ecrivain, poete et journaliste francophone. Deja on est dans une ambiance historique et culturelle et tout ca entouree d'une nature sublime : " D'Ighil Ali centre, la route mene vers L'Kalaa, en ascension sur environ 4 km, sur un chemin plat sur environ 8 km. On arrive a la limite de la wilaya de Bejaia avec celle de Bordj Bou Arreridj. ... Les mamelons pointus et aggressifs, les ravins sinueux, les gorges, le tout forme un panorama splendide dont on a du mal a se detourner les yeux. " Sur cette randonnee, le groupe est sous la direction du guide Larbi Djadoud. Ce qui suit est une tres belle description de Achour Zemouri sur le village L'Kalaa, qui se situe comme un bijou haut et fier dans cette region montagneuse au beaute a la fois idyllique et imposante, comme en temoignent les photos partagees par le groupe :
" ... etonnes aussi par cette irresistible forteresse mythique que seules ses maisons seculaires en temoignent de l'acharnement de l'armee francaise, qui n'a pas lesine sur les moyens pour raser le village pour en avoir enfante les heros qui ont donne du fer a retordre aux troupes du marechal Randon et au paras de Bigeard. "
Le premier edifice de El L'Kalaa est la grande mosquee, El Kabir, une architecture andalouse, avec son minaret orne. A cote de la mosquee El Kabir, est la mausolee de Hadj Mohamed Mokrani, ne a L'Kalaa N'Ath Abbes en 1815 et tombe au champ d'honneur a Oued Souflate, dans la region de Bouira, le 5 mai 1871, comme est inscrit sur un deuxieme memorial, qui explique que le frere du Sheikh Mokamed Mokrani, Boumezrag et Cheikh Belhaddad de Seddouk et a la tete de 20000 cavaliers, a livre une bataille farouche aux troupes de de l'armee coloniale. La maison de la famille Mokrani se trouve derriere la mosquee, et le guide Larbi Djadoune observe que " La maison devrait etre restauree et classee comme patrimoine historique ", et que 80% des habitations sont dans un etat de delabrement avance : " Avant la colonisation, le village comptait environ 7500 habitants, aujourd'hui, il reste environ 120 foyers. "
L'Kalaa N'Ath Abbes est une ancienne cite et capitale d'un royaume local du XVIeme et XIXeme siecle,  et le nom veut dire " la forteresse ". L'Kalaa, est batie sur un plateau rocheux d'une superficie de 400 hectares dans la chaine des Bibars, a pres de 1000 metres d'altitude et Achour Zemouri explique que l'appellation de L'Kalaa de Ath Abbas " est relative a Abdelaziz El Abbes, fils du dernier sultan hafside de Bejaia. " La chaine des Bibars se nommait El Ouennougha avant la colonisation francaise. A ce point dans le recit de Achour Zemouri sur cette randonnee je ressens une emotion palpable pour ce site, un respect profond et des emotions intenses inspirees par son histoire qui est une illustration vive du courage du peuple kabyle, de son esprit de resistance, de sa lutte pour la dignite, la liberte de son identite. Les belles photos de cette forteresse perchee dans les montagnes comme un musee a l'air libre, laissent une impression d'emotions ou on s'imagine le passe, d'un peuple fier et fort, et qu'on veut partager, qu'on veut qu'il soit honore, mise a la lumiere, pour son histoire qu'il faut rappeller, partager, comme est le but des Randonneurs des Babors, et comme est le but de de mon premier livre sur les explorations du groupe, " Empreintes Berberes : Sur le Sentier de l'Histoire avec les Randonneurs des Babors " que je viens de publier.
Les cicatrices de la colonisation francaise sont visibles a K'Lalaa N'Ath Abbes, sont visibles dans la maison de la famille de Sheikh Mohamed El Mokrani, et l'histoire de courage de sa part et de la part de son fere Boumezrag El Mokrani et de la part de Cheikh Belhaddad de Seddouk, qui seraient deportes par le pouvoir colonial a la colonie punitative de la Nouvelle Caledonie. Rien ne fait plus peur au pouvoir oppressif que le courage, il cherche toujours a l'aneantir. La beaute de la region de L'Kalaa donne une dignite a l'histoire heroique associee avec la citadelle et ses heros. Il y a une video partagee par Djamal Merabti , qui souligne les emotions et le respect pour les heros du mausolee du village Ighil Ali, ou les randonneurs se posent pour une priere pour les martyrs du combat contre l'occupation coloniale, specifiquement de la bataille de 1871, ou Sheihk Mohamed El Mokrani a donne l'ultime sacrifice. L'esprit convivial retourne vite au groupe des randonneurs, mais ce moment de priere et silence est profondement evocatif et emouvant. L'Algerie reste un pays ou le passe a laisse ses memoires partout, et de qui l'ame du pays continue sa lutte pour le droit a son propre destin, son propre futur. Cette randonnee m'a donnee beaucoup de matiere pour la reflection, pour l'appreciation du groupe et pour son esprit resistant et courageux et je vais continuer de faire de mon mieux pour partager leur dedication a la promotion de la richesse si variee de la nature, de la culture et de l'histoire en Algerie.
Trudi Ralston 

L'information additionelle sur la chanteuse et ecrivaine kabyle Taos Amrouche et son frere Jean Amrouche, courtoisie de Wikipedia, ainsi que l'information sur Sheikh Mohamed El Mokrani.
Je suis reconnaissante a Achour Zemouri pour son recit si riche en information sur l'histoire.
Je veux remercier aussi a Djamal Merabti et a Fodil Bousba pour leurs photos illustratives et belles, et a Mahmoud Mokrani pour illuminer certains aspects sur le sujet de cette randonnee.    
  

No comments:

Post a Comment