Tuesday, July 10, 2018

Une Perspective Perspicace : Kamel Daoud et la Question de Langue

Quand on recherche la definition de la difference entre une langue et un dialecte, les choses deviennent tres trouble tres vite. Apparemment, il n'y a pas de difference linguistique, la difference est plutot une question de politique, et le pouvoir qui accompagne cette politique, economiquement, socialement et culturellement. Un dialecte se suppose appartient a un peuple d'une region specifique, et est suppose d'etre de tradition orale, plutot qu'ecrit. Comme flamande, j'ai grandi avec la perspective qu'une personne de mon groupe linguistique parlait un dialecte, malgre le fait que le flamand a une riche tradition d'ecrivains et poetes ecrivants en flamand, comme le poete Guido Gezelle  ( 1830 - 1899 ), ne et mort a Bruges, et qui a travaille comme instituteur dans la ville de Roeselare, ou j'ai ete ecoliere, a cote de mon village natal de Beveren. Guido Gezelle qui ecrivait dans la langue ouest - flamande de ma region, est considere un des poetes les plus importants de la litterature flamande du 19ieme siecle, et est renomme aussi pour sa traduction en flamand du " Song of Hiawatha " de Henry Wadsworth Longfellow. D'autres ecrivains importants flamands sont Felix Timmermans ( !886 - 1947 ), qui etait un laureat pour le Prix Nobel de la litterature, et Ernest Claes ( 1885 - 1968 ), et Stijn Streuvels ( 1871 - 1969 ), lui aussi plusieurs fois un laureat pour le Prix Nobel de la litterature.  Le chanteur flamand Willem Vermandere ( 1940 ) chante depuis 50 ans en flamand, et est dedique a celebrer la langue flamande dans ses chansons et aussi a promover une attitude de tolerance envers la population des immigrants de l'Afrique du Nord qui ont toujours ete marginalise en Belgique par le racisme, qui est devenu beaucoup plus intense les dernieres annees. Willem Vermandere a dedique une chanson au milliers de soldats nord - africains tues dans les trois batailles feroces au front d'Ypres entre 1914 et 1917, et qui a coute la vie a plus de 200, 000 soldats de tous pays.
 Au 13ieme siecle, l'ecrivain flamand Jacob van Maerlant a change la perspective de la litterature de son temps par l'introduction de themes qui etaient d'interet pour toutes les classes sociales, et etait ainsi considere un innovateur social et culturel important. Aussi importants etaient : Beatrice van Nazareth, ne a Antwerpen en 1200, et Jan van Ruusbroec ne a Bruxelles en 1293, et Anna Bijns ( 1494 - 1575 ), et Hendrik Conscience ( 1812- 1883 ), qui est considere un pionnier de la propagation de la litterature en flamand a un temps ou elle etait domine par la langue francaise poussee par les classes de l'aristocratie. Aussi longtemps que la population flamande etait integree dans le royaume des Pays Bas, jusqu'a 1795, le flamand comme langue et culture etait libre de s'exprimer et florissait. Apres 1795, la population flamande devenait part de l'empire francais. Apres la revolution francaise, encore une fois en 1814 et jusqu'a l'independence avec la guerre revolutionnaire belge de 1830 - 1839, etant a nouveau jusqu'a ce point part des Pays Bas, la litterature flamande et sa culture etait respectee. Une fois que le pays etait independant, apres 1830, avec maintenant une faction flamande dans le nord, et une faction wallonne, donc franco- phone dans le sud, le flamand perdait son pouvoir linguistique, social, culturel et politique, et n'allait pas le recuperer jusqu'a les revoltes des etudiants dans les anees 1968 et 1969, ou le mouvement flamand, commence pendant le 19ieme siecle finalement menerait a de l'egalite sous la loi.  Ce qui veut dire que le flamand est effectivement une langue, pas un dialecte, une langue de fierte, et qui s'est defendue pour ses droits pour longtemps et qui est maintenant parle par 6.5 million de personnes. Quand j'etais enfant en Belgique, le flamand passait par une crise d'identite, a cause du fait que le francais parle dans le pays, le wallon, avait la dominance politiquement et economiquement, et dans l'education, a tel point que toutes etudes aux universites de Bruxelles et Louvain etaient conduites en wallon, ce qui prouvait un handicap serieux pour les ambitions de la population jeune flamande. Apres la revolte des etudiants de 1968 et 1969, les lois on ete change, et finalement les etudiants universitaires flamands etaient capables de faire leurs etudes a leurs universites dans leur langue maternelle, le flamand. Avec cette victoire la confiance sociale, economique et culturelle flamande a depuis recu une stimulation de confiance et importance qui est restee. Cette lutte pour du respect pour la langue flamande avait ses cicatrices les plus tragiques pendant la premiere guerre mondiale, quand des tas de soldats flamands sont morts dans les batailles agonisantes du front parcequ'ils ne comprenaient pas les commandes de leurs officiers qui donnaient les ordres en wallon. Pendant une action en 1918 par des soldats flamands qui s'organisaient pour leurs droits de recevoir les commandes en flamand, ils inscrivaient sur une pompe du village flamand detruit de Merkem, en sang : "Hier ons bloed, wanneer ons recht ", flamand pour : " Ici notre sang, a quand nos droits ", une reference au fait que le gouvernement belge les considerait assez bien pour mourir, mais pas pour recevoir un traitement egal. Depuis 1933, cette pompe, avec l'inscription preservee, est maintenant part de la crypte de la premiere Tour d'Yser, sur les rives de la riviere Yser, un des fronts les plus importants pendant la premiere guerre mondiale, ou sonts morts aussi des milliers de soldats nord- africains, dans le service de l'armee francaise. Dans l'armee belge, 80% des soldats etaient des jeunes flamands, ce qui rendait la discrimination linguistique de la part des officiers wallons encore plus cruelle.
Dans son livre " Mes Independances : Chroniques 2010 - 2016 ", dans sa chronique du 4 juin 2013, titule " Djazairi : Le Manifeste de ma Langue ", page 223, Kamel Daoud le dit avec ces mots succints quant au conflit de langue et suppose dialecte en Algerie : "... Ceux qui vous disent que l'algerien comme langue du pays n'existe pas vous disent simplement que vous n'existez pas. " Changez le mot  algerien pour le mot flamand dans cette phrase, et voila la realite flamande en Belgique avec laquelle j'ai grandi. Il y avait des familles flamandes qui parlaient le wallon chez eux, juste pour se sentir superieur, et les familles bourgeoises envoyaient leurs fils et filles a des internats ou le flamand etait interdit en faveur du wallon, une humiliation qu'a subi ma mere et ses soeurs. Un systeme afreux, et une methode tres efficace d'eradiquer toute chance de dignite et pouvoir linguistique. Un systeme perfectionne par les anglais envers les peuples autochtones indiens des Etats Unis, et que le gouvernement francais avait installe en Algerie, et dont le systeme insidieux est immemorialise dans la litterature algerienne, comme dans la facon d'appeler les eleves avec leur nom de famille avant leur premier nom, et que les rebelles de la culture algerienne comme l'ecrivain legendaire de Constantine, Kateb Yacine et le legendaire chanteur de la Kabylie, Matoub Lounes ont portes comme un acte de defi, et dont parlent aussi les interpretations du comedien brilliant Fellag, qui decrit de facon envoutant le systeme raciste de l'education francaise coloniale envers les enfants autochtones et leur langue et culture, une humiliation que lui aussi a souffert. 
Ce qui me fascine de l'article de Kamel Daoud, c'est que ses perspectives invitent la possibilite d'une conversation hors des limites de la realite algerienne, en partageant la realite algerienne de facon qu'une personne hors de cette realite sait la comprendre et apprecier. Comme flamande d'une certaine generation, je peux apprecier la complexite de part de la realite linguistique et sociale en Algerie, et cela est magnifique a un temps ou tout le monde tourne en rond de sa propre tete, et ou la comprehension et echange culturelle et politique est en danger de se faire effacer par le narcissisme, l'intolerance, la haine et l'ignorance.
" C'est quand un peuple parle sa langue et l'honore, qu'il honore ses ancetres et maitrise sa terre, ses vents, ses sens et ses destins et ses recoltes. ", dit Kamel Daoud, dans la meme chronique sur la page 225. En Belgique, cela a certainement ete le cas pour la population flamande : une fois que le flamand a recu l'egalite linguistique, l'egalite economique, sociale, culturelle et politique ont suivies.
Vu la complexite de la situation linguistique en Algerie, avec la presence des langues berberes, comme le Taqbaylit de la Kabylie et le Tamasheq des Tuareg, la question de langue et egalite devient vite une passion et conviction, liees a des milliers d'anees d'occupations coloniales, a leur tour liees a des controversies, trahisons, et tragedies d'histoire, de politique, culture et religion, dans un pays ou ses dimensions multiples  parfois frustrees par des contradictions elusives quoique persistentes, sont rendues encore plus difficile par un territoire geographique enorme. Quant a moi, je me sens comme une personne qui prend les premiers pas, nerveux et hesitant, mais fascinee et impatiente, pour apprendre et comprendre un petit peu,  l'histoire multi - dimensionelle linguistique qui existe en Algerie. J'ai le coeur ouvert au sujet, parceque je me rappellerai tounjours ces dames et messieurs dans mon village flamand ou je suis nee et ou j'ai grandie, qui me regardaient avec un air de mepris parceque je parlais une langue qu'ils consideraient  un dialecte, donc inferieur en importance et valeur, dans leurs yeux aveugles par le prejugement et le racisme envers leur propre peuple, leur propre langue. Aucun adulte devrait regarder un enfant avec tel mepris, avec tel haine, a cause d'une langue qu'ils voulaient effacer et ecraser, et avec cette langue toute chance de dignite et egalite pour le peuple qui le parlait.
Pour donner un contexte historique que peut comprendre une personne de naissance europeenne comme moi, la phrase suivante de Kamel Daoud est bien efficace :
" Ceux qui vous disent que l'algerien n'existe pas parceque l'algerois, le setifien et l'oranais sont differents, renvoyez- les aux livres d'histoire : le francais au XIVieme siecle etait un langage de gueux et de voleurs de routes et de plebes crasses. Il a suffi d'un roi et d'une academie pour qu'il devienne lumiere et renaissance puis puissance et Etat. Ils ne sont pas mieux que nous."( sur la page 224, du meme chronique.) Je suis d'accord avec Kamel Daoud :  l'histoire a une facon, tot ou tard, de rectifier les choses.Trudi Ralston

L'information sur dialecte et langue, courtoisie de Wikipedia, ainsi que l'information sur les soldats flamands pendant la Premiere Guerre Mondiale en Belgique. Je suis reconnaissante a mon pere, Charles - Louis Desender ( 1930 - 2008 ), pour tous les enseigmnements sur l'histoire de la Belgique et pour les visites a Ypres et tous les cimetieres des plus de 200,000 soldats de ses batailles. Cela m'a imprime sur l'ame, et le coeur, depuis un age tres tendre, le mystere profond qu'est l'existence et la condition humaine.
Mon livre " Mes Independances : Chroniques 2010 - 2016 ", de Kamel Daoud est l'edition Barzakh, Alger, 2017, ACTES SUD, 2017.

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