Savoir creer toute une ambiance, tout un recit, avec juste un minimum de couleurs, de lignes, de sujets, est un art auquel la photographie moderne se rend magnifiquement. C'est fascinant d'etudier les photographes de la nature de la Kabylie. Il y a un talent tres beau, qui brille comme une etoile, chacun et chacune des photographes avec leur style et leur signature. Le jeune photographe de la nature Kurt Lolo de Lolo Pics a un sens de savoir sculpter avec de la lumiere, et la photo de ses deux libellules amoureuses en est un exemple intrigant. Deux libellules, la femelle accrochee a un tige vert fin et le male accroche a elle dans une danse semi - aerienne, paraissent faites de verre, d'un verre fin, presque du cristal de couleur d'ambre. C'est un moment magique pour la concentration du moment de l'extase, qui dans ce cas s'exprime comme l'arret microsecondes de mouvement. C'est peut - etre ca l'extase le plus sublime, ce moment ou tout s'arrete, se suspend, et pour une fraction de secondes, on touche l'eternel, l'espace, le neant, le coeur de la terre et l'esprit du ciel. Tout s'arrete, et tout s'explique, pour le plus bref et le plus delicieux des moments. La nature comprend cette magie, et la celebre sans inhibitions, sans complexes, sans exigences, ainsi savourant la joie et le bonheur de l'amour en toute liberte, en toute abondance. Les etres humains passent une vie entiere essayant de recuperer cette innocence et cette energie ivre du bonheur libre. Les libellules de Kurt Lolo sont unis, pas juste en corps , mais en etre. Les couleurs du tableau sont un contraste sublime, qui en fait par leur application spartane, soulignent et amplifient la these de la photo. Le tige vert, en ligne verticale, les libellules de couleur de l'ambre transparente, et " les deux temoins ", comme les indique le photographe dans le titre de sa photo, une petite scarabee brillante noire, et une toute petite fleur timide a cote du tige, qui observent la celebration d'amour des deux libellules. C'est une photo qui rappelle la finesse des tableaux sur de la soie des cultures chinoises et japonaises, qui sous l'influence de philosophies comme Zen et Tao perfectionnaient l'art du minimalisme en concept et expression artistique, a travers de la broderie exquisement fine ou entre autres, les libellules figurent comme sujet, comme les oiseaux, les papillons, les poissons. La discipline est tout dans ces creations, l'equilibre entre la lumiere, les lignes, les couleurs. La photo de Kurt Lolo est digne de la comparaison avec ces creations artistiques de l'Orient. Sa photo a un equilibre impeccable. Tout vibre avec la presence de l'esprit de l'artiste qui est temoin en meme temps qu'il est createur d'une scene parfaite, en beaute, en tension, en joie sensuelle et spirituelle a la fois.
La photo de Kurt Lolo est aussi une symphonie visuelle qui celebre l'espoir. La beaute a cet effet, dans des moments de troubles, de stress, elle peut calmer l'angoisse, la tristesse, l'indifference. Les deux libellules en verre d'ambre avec toutes les lignes des ailes, des pattes, de leurs corps courbes pour accomoder le moment de la passion, leurs yeux brillants ebenes, l'union en ligne continue elegante et spontanee entre eux, tout est d'une perfection supreme. Cette sculpture rendue avec confiance et classe, inspire de la joie, et quel don, car le monde des insectes, malgre son immense presence sur terre, lutte lui aussi avec la survie de ses especes, et parmi les populations d'insectes sous stress a cause de la pollution, de la destruction de habitat, d'insecticides et du changement du climat global, sont les abeilles, les scarabees, les demoiselles et les libellules. Selon des etudes faites par National Geographic, ce declin des populations globales des insectes est maintenant a 40%, et la communaute globale des scientifiques se trouve secouees et bouscoulant pour trouver des solutions. Il y a un article dans la magazine The Washington Post d'octobre 2018 ecrit par Ben Guarino qui decrit en details alarmantes les consequences du declin des populations d'insectes sur terre quant a l'ecosysteme global et les etres humains et le futur de la planete. Celebrer la beaute des insectes de la terre comme le peuvent faire les photographes de la nature, comme les talentueux photographes de la Kabylie, est ainsi un document important quant aux urgences de la biologie et ecologie du monde. Ces photos de leur part, comme cette magnifique photo des libellules amoureuses de Kurt Lolo sont l'evidence precieux que le coeur et ame humain restent capables de comprendre l'importance vitale de preserver et respecter le monde naturel si on veut survivre comme race terrestre. Les libellules sont un symbole de transformation, d'agilite, d'alacrite, et aussi de liberte, de fortune. Leurs images furent celebrees deja dans l'antiquite egyptienne, et sont celebrees dans les cultures amerindiennes des Navajo et Hopi et Zuni. Ils apparaissent dans la mythologie japonaise, comme dans la legende du fondateur mythique l'empereur Jinmu, qui fut protege par une libellule quand une moustique lui avait mordue, la libellule a devoree la moustique. Au Japon encore, la libellule est associee avec l'automne, et sont aussi des symboles du courage, de la force, et du bonheur, et elles apparaissent aussi dans la literature et les arts, comme dans la poesie haiku. Il y a une legende dans le sud des Etats Unis qui dit que les libellules guerissent les serpents quand ceux la sont blesses. Pendant les annees vingts du XXeme siecle, les libellules furent des motifs populairs de l'Art Nouveau dans la sculpture et les arts decoratifs comme les lampes et objets d'art de l'entreprise Tiffany de New York, qui devint celebre pour leur art vitrail. Esperons que ce symbole de resistance et energie que les arts celebrent a nouveau, est une bonne augure pour le futur. La belle photo de Kurt Lolo des deux libellules en etreinte de passion amoureuse a certainement cette energie vitale de renaissance et de bonheur.
Trudi Ralston
La recherche sur la tradition de l'art sur de la soie, et sur le symbolisme de la libellule dans la culture, courtoisie de Wikipedia.
L'article du Washington Post " Hyperalarming study shows massive insect loss " de Ben Guarino, est du 15 octobre 2018.
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