Friday, January 17, 2020

Avec la Lumiere des Etoiles dans ses Yeux : La Rencontre au Souk d'Ifrane

Au cours de ma lecture des livres de l'ecrivain - journaliste anglais Colin Thubron ( ne en 1939 ), qui  a etabli une renommee internationale avec ses livres de voyages, tels " L'Ombre de la Route de Soie ", et " Le Coeur Perdu de l'Asie ", j'ai fait la connaissance d'une culture unique musulmane du nord de la Chine, la culture Uighur. Une culture Turkique d'origine de l'Asie Centrale et Est, dont 3 millions de personnes vivent en Chine, les Uighurs se trouvent persecutes brutalement depuis 2016 par le gouvernement chinois de Beijing, qui a en ce moment 1 million d'Uighurs dans des camps de concentration, pour les "re - eduquer " et " liberer " de leur culture et de leur religion. Un million de personnes dans des camps de concentration, ou elles sont privees de leur dignite, de leur liberte, de leurs familles, de leur droits humains de traitement corrects quant a hygiene, nourriture, soins medicaux, mouvement, logement qui les protege du froid et de la chaleur, de protection contre souffrances physiques et mentales a cause d'humiliations systematiques, de tortures. Un scandale et outrage que le monde n'a pas vu depuis les camps de concentration des Nazis pendant la Seconde Guerre mondiale. Par hazard, j'ai decouvert une belle video avec de la musique qui celebre la culture Uighur, que j'ai envoye a un ami photographe en Algerie. La musique a des resonances avec certains aspects de la musique kabyle, comme dans les magnifiques ballades du chanteur kabyle Idir. La musique a aussi des resonances avec la musique que je me rappelle des cultures amerindiennes du sud - ouest des Etats Unis, comme la culture Hopi et Navajo. J'etais emue par les melodies, qui m'ont fait comprendre, encore une fois, de quelle facon profonde la culture berbere en Kabylie a su toucher mon coeur, et mon ame, cette culture et ses amities qui sont pour moi une fenetre ouverte, telle la belle photo au titre " Les plus beaux voyages se font par la fenetre " de Nacer Amari de Tassi Photographie, du 9 juin 2019, pour la muse, pour l'inspiration de mes poemes et mes articles. La musique m'a aussi permis de revisiter un beau souvenir de mon sejour au Maroc, et je pense specifiquement a mes jours a Ifrane, et une visite au souk hebdomadaire d'Ifrane, qui est situe au milieu des montagnes de l'Atlas marocain. La visite au souk m'a plongee dans un monde qui m'a emerveillee, et qui m'a rappellee aussi les souvenirs lointains de visiter les marches de Mexico City en 1978, ou j'ai passee un mois avec une famille mexicaine, une des filles de laquelle etait une amie a l'universite a Fort Worth, au Texas, ou j'etais etudiante. Le souk a Ifrane etait tres grand, et il y avait beaucoup de monde, malgre une pluie et un ciel plein de nuages qui paraissaient annoncer un orage. Ce qui m'impressionnait tout d'abord, furent les couleurs des habits des hommes, femmes et enfants, des couleurs brillantes, joyeuses, un arc - en - ciel de rouge, jaune, turquoise, vert, pourpre, orange, avec des nuances de fil aux accents argentes et dores. Les enfants dans leurs robes berberes, les femmes aussi, certaines avec des foulards berberes, d'autres les cheveux libres, les hommes aussi, certains dans des robes musulmanes, avec certaines de leurs epouses et filles avec le hijab, et parfois la burka. Ce fut ma premiere introduction a l'Afrique du Nord, hors de la modernite vibrante de la capitale Rabat, et des villes historiques et touristiques fameuses de Sale, Meknes et Fez. Ifrane me mettait dans une communaute berbere, et le souk me permettait une experience inoubliable de vivre quelques heures dans la perspective de la communaute locale et son melange fascinant de cultures et langues. Avec mes blue jeans et cheveux blonds et regard fascine par tout ce qui m'entourait, c'etait evident que j'etais une etrangere de visite. Mais tout le monde etait gentil, et dans ma memoire, je faisais un effort pour registrer toutes ces belles personnes, tout ce marchandise exotique, tous les sons, toutes les impressions de ces moments fascinants et uniques. Je me rappelle surtout une famille, de qui le regard dans les yeux du pere me reste gravee pour la vie. Un homme d'environ 40 - 45 ans, au visage fier et detendu, il etait au souk avec son epouse, une belle femme, et leurs six enfants, quatre filles, et deux garcons. L'enfant la plus jeune, une bebe, etait dans ses bras. Je lui ai souriee, emue par cette scene, de cette belle famille, et par le regard dans les yeux du pere, qui m'a sourie a son tour, avec un regard qui avait toutes les etoiles du ciel dans leur lumiere brillante. Par respect, je n'ai pas prise une photo de cette famille, mais comme j'avais envie de le faire. Le pere a senti que j'etais emue, il a vu un chagrin dans mes yeux a moi, ce fut un echange sublime, ou il a compris une solitude dans mon etre qui en part expliquait pourquoi je me trouvais a ce souk en Ifrane avec comme seul compagne mon mari qui etait a l'autre bout de la grande espace du souk.  Le pere a compris et vu une blessure, et je n'oublirai jamais son regard de charite, de tolerance, et de fierte envers sa famille, son tresor, de son epouse et de ses six enfants, qui me souriaient eux aussi. Meme maintenant 4 mois plus tard, le souvenir de ce moment sublime me trouve le coeur qui se noye dans des larmes chaudes. Sur une video qui fait appel a l'aide pour les atrocites qui se passent en ce moment meme, contre la population Uighur musulmane en Chine, une video clandestine, je me rappelle dans les rangs des prisonniers agenouilles dans un des cours d'un des immenses camps de concentration, un homme d'environ le meme age du pere berbere au souk a Ifrane. Je ne peux pas oublier le visage de cet homme Uighur, de dignite feroce, de desespoir contenu, le regard lointain dans ses yeux, qui paraissaient avoir deja quitte cette terre pour joindre les esprits de sa culture. Je pensais a sa famille, avait - il une epouse, des enfants ? Une maison, des terres, des animaux, comme la culture Uihgur est agreste?  Comment allait survivre cet homme fier, habitue a l'air libre, aux montagnes, au ciel ouvert grand, dans l'enfer ou il se trouvait avec un million de son peuple? Qu'a gagne le monde avec l'aggression de tous les empires, que la poussiere de la destruction de tout ce qui est beau, joyeux, libre et digne? Le moment ou j'ai ete permis le regard dans les yeux du pere de la famille berbere au souk a Ifrane, fut un moment ou j'ai ete permis, comme heretiere orpheline d'une civilisation egaree, une vue et une affirmation du paradis dont est capable cette terre.
Trudi Ralston


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