Friday, January 3, 2020

La Rencontre : Une Soiree avec Estas Tonne, Shakespeare et les Montagnes en Kabylie

A cinq heures du soir, il fait noir. C'est debut janvier apres tout, ici, a Olympia, et la pluie dehors parait etre en competition avec un air de guitare du musicien russe Estas Tonne, qui m'accompagne la lecture d'Anthony et Cleopatre de William Shakespeare, la piece de theatre du barde anglais de 1607 -1608, une facon de m'occuper l'inspiration entre poemes et ecrits, et de noyer un peu la nostalgie pour la Kabylie, et la melancholie hebdomadaire avec les randonnees qu'y font mes amis berberes chaque samedi. Etant a 9000 km de distance, la seule maniere de les accompagner est dans mon imagination, ayant au moins le souvenir des montagtnes et leurs villages et de mes amis et amies. Je trouvais toutes sortes de dictons sur les montagnes, comme : " On n'est pas dans les montagnes, les montagnes sont en nous ", " Allez au montagnes pour voir le monde, pas pourque le monde vous voie ", " Les ascentes les plus difficiles sont les plus satisfaisantes ",  " Ne comptez pas les defis de l'ascente, pensez a la belle vue du sommet ". Entre les dictons, je me laissais etre transportee par la passion du guitariste de l'Ukraine, par sa passion pour la musique, par le mystere de la vie qu'il celebre avec tant d'energie dans ses creations pour sa guitare, pendant que je m'echappais aussi au monde de l'intrigue politique et personnelle de la reine Cleopatre et son amant maudit, Marc Anthony. Je me sentais tel une ballerine qui essaye de danser pour quatre scenes en meme temps : moi assise a mon petit bureau a Olympia, avec la pluie et le noir dehors, moi, une gitane inquiete dansant sur la musique de Estas Tonne, et moi encore, temoin hors du temps du drame de Marc Anthony et Cleopatre, et finalement, moi sur un avion a nouveau, direction l'Afrique du Nord, pour rejoindre ma famille de coeur en Kabylie, pour me perdre et me trouver si magnifiquement dans l'immensite des horizons des montagnes du Djurdjura et des Babors. Je me sentais entre les flammes de l'enfer et l'ecstase du paradis, entre douleur et bonheur, entre larme et sourire. Une rencontre belle, magnifique, triste, impossible, qui me dechire le coeur, et le nourrit et le soutient en meme temps. La guitare de Estas Tonne se rebellait avec force dans une melodie qui me rappellait l'intensite des danses flamenco, ce qui etait une affirmation de la mer tempestueuse qui dansait dans mon coeur. Qui peut comprendre le destin ? Qui peut denouer le fil fin et resistant telle la soie d'une toile d'araignee, qui nous unit, qui nous separe, qui nous unit encore, sur ce chemin ensorcelant et incomprehensible sur lequel nous met la vie, sans excuses, sans directions precises ou claires ? Alors, je continue la danse, dans ma tete, sur mon clavier, dans mes reves, dans mes poemes, jusqu'a ce qu'arrivera le moment ou je pourrai embrasser a nouveau a mes amis et amies en Algerie, et dire et crier un bonjour de joie et reconnaissance a mes montagnes en Kabylie, qui m'entourent ou je regarde ce soir dans mon petit bureau, ou j'essaye de ne pas me perdre dans l'empire romain, et l'energie affolee d'un musicien russe du nom de Estas Tonne, qui pour m'animer l'esprit un peu, siffle une melodie de baladeur bresilien, et m'invite a danser sur une plage chaude, loin d'ici.
Trudi Ralston

" Keep your eyes on the sky, and you will rise, it would be nice, to rise. " Estas Tonne
( " Regardez vers le ciel, et vous allez vous lever, ce serait beau, de se lever .")

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