Friday, June 12, 2020

La Visite - Au Studio des Souvenirs - pour Nacer Amari

On peut se promener sur un chemin pour toute une vie, et ne pas se sentir a l'aise, et continuer quand meme, par habitude, par obligation, par espoir meme, pour se croire capable de trouver un jour le sentier qui mene vers la liberte pour se realiser les talents, les reves. Le long ce chemin incertain, parfois on a de la chance de rencontrer des personnes qui sont tels des sentinels, et mon oncle Frans De Cauter ( 1920 - 1981 ) fut une telle personne. Il etait le frere aine de ma mere, et artiste, peintre, qui aimait aussi beaucoup la musique et la litterature. C'est lui qui m'a appris a dessiner et a peindre, m'a appris sur les philosophes et ecrivains importants du XIXeme et XXeme siecles, et ce que j'ai appris de lui m'inspire encore, comme les ecrits du poete Boheme -autrichien Rainer Maria Rilke. Recemment je pense regulierement a mon oncle Frans, parceque la photographie de Nacer Amari de Tassi Photographie me rappelle a mon oncle peintre, quant a temperament tranquil et quant a son art photographique qui est plein de silences agreables, ou je trouve de l'espace pour mes souvenirs, et un repos pour mes poemes et mes ecrits. C'est un peu comme etre sur une plage pleine de brises fraiches, pleine des mouvements calmes des vagues, et dans cette espace, j'entends les melodies de reves, du passe, du present, je me sens a l'aise, permis d'etre moi meme, sans devoir de m'expliquer trop, et en meme temps contente de me savoir capable d'exprimer des choses qui vivent tres au fond de mon etre, sans me sentir envahie, ou exposee, sans me sentir vulnerable. Tout le contraire, dans le monde de sa photographie de Nacer Amari, je me sens chez moi, pas seulement dans un sens intellectuel, ou spirituel, mais dans un sens qui affirme mes sensibilites, mes experiences, mes fiertes et certitudes. Etre dans son monde est etre en famille. L'impact qu'a la presence et la culture berbere dans ma vie ces dernieres presque 5 ans maintenant, est un point de fascination pour moi. Ayant vecue dans un silence presque mortel pour la plupart de ma vie, a cause de pertes de famille, traumes ne pas resolus, a cause de personnes dominantes et egoistes comme ma mere, a cause de personnes certaines meme bien intentionnees qui petit a petit m'avaient deconstruit le coeur et l'esprit, sans que je me suis defendue, par manque de confiance, par circonstances bizarres et difficiles. L'introduction a la culture berbere de l'Algerie m'a donnee une seconde chance comme poete, comme ecrivaine, et aussi comme etre humain, qui avant se sentait egaree, invisible, muette, anonyme.
Face a la photographie de Nacer Amari, je me sens comme face a un piano, et un violon, qui jouent pour moi les melodies de moments, de personnes, d'influences, qui m'ont definis, mais que je n'avais jamais pu partager, et integrer dans la personne que je suis, comme femme, comme poete, comme ecrivaine qui a vecue et connue beaucoup d'influences culturelles et intellectuelles differentes. Les photos de natures mortes, de portraits d'enfants kabyles, des plages d'Aokas et Bejaia, de fleurs, de faune, de fenetres ouvertes, d'objets de valeur sentimentale, comme un coffre au tresor, un moulin a cafe, un soulier elegant, reveillent des emotions, car ils sont lies a des souvenirs, des memoires d'enfance, d'adolescence, et me permettent de reunir finalement toutes les pieces du puzzle qu'est ma vie. La photographie de Nacer Amari me permet de revenir sur mes pas, de voir dans le passe, lui enlever la brume, pour voir plus clair dans le present. Les photos du photographe d'Aokas me mettent face a moi - meme, sans jugement, sans appropriation, sans intrusion, sans demandes. Son art me permet etre au studio de mon oncle, et de comprendre que peut - etre un peu plus tard que je l'avais imaginee, qu'il n'est jamais trop tard pour suivre nos reves, et de les realiser. Son art me permet d'apprecier la joie de me rendre compte que malgre beaucoup, beaucoup d'annees, plus de 40 ans en fait, d'isolation et solitude, j'ai maintenant une quantite de mes livres et collections de poemes publies qui celebrent la nature et la culture berbere de la Kabylie, qui celebrent la joie d'etre une membre de ma grande famille berbere a Bejaia. A travers la photographie de Djamil Diboune, l'Ulysse berbere m'a introduit aux montagnes et a la flore et faune en Algerie, et de Katia Djabri qui m'a introduit au monde des nuages et de ses magnifiques roses, et de Kurt Lolo qui m'a introduit a la beaute et le mystere du grand Sud algerien, et les groupes de randonneurs, des Babors, du Sahel, et les Marcheurs, qui m'ont introduit a l'importance historique des montagnes et des randonnees en Algerie, je vis le bonheur de pouvoir exprimer mon amour et passion pour la culture, histoire et nature de l'Afrique du Nord dans les poemes et articles de mes livres. 
La photographie de Nacer Amari m'a introduit a la paix qui vient de se comprendre, de pouvoir integrer le passe avec le present, d'avoir la chance de se connaitre le chemin pris, d'entendre finalement toutes les nuances et de comprendre finalement tous les pas qui expliquent comment faire pour resoudre le puzzle de ma vie, comment voir clair le comment et le pourquoi des contradictions, des defis, des sourires et des larmes. Telle une brise fraiche, son art cree la sensation, la possibilite de la liberte et de la franchise pour ma muse, de franchise fiere, de dignite recuperee, d'identite affirmee, et de la paix qui vient avec la realisation que finalement, tout est en ordre, quant a ma vie, tout est encore possible aussi, et tout est bien, n'importe les defis encore a resoudre. Dans la presence de l'art de ce photographe tranquil et sincer, les melodies de mes ecrits et de mes poemes deviennent claires, surs de leur but, de leur voix, de leurs expressions. Il est mon cousin berbere qui tolere que c'est lui qui connait par coeur le chemin vers le studio de mon oncle, et qui tolere que quand j'ai envie de me rappeler la sensation de confiance de mon enfance et part de mon adolesence, qu'il me va trouver face a la fenetre ouverte de sa maison en Kabylie, parceque Nacer Amari comprend, pour lui, pour moi, ces mots encore du poete Rainer Maria Rilke, de ses ecrits de ses " Lettres a un Jeune Poete " :
" Etre artiste veut dire : ne pas calculer et compter; grandir et murir tel un arbre qui ne se depeche pas le flux de sa seve, et qui se repose a l'aise dans les tempetes du printemps sans avoir peur que l'ete puisse se tarder. Mais l'ete arrivera. Mais seulement pour ceux qui sont patients, qui sont simplement la, dans leur vaste, paisible tranquilite, comme si toute l'eternite etait devant eux. C'est une lecon que j'apprends tous les jours, parmi des difficultes pour lesquelles je suis en fait reconnaissant : la patience est tout. "   
Trudi Ralston 

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