Thursday, June 18, 2020

L'Abnegation : Le Risque de l'Exploration de l'Ame - pour Nacer Amari

Un jour d'hiver il y a longtemps, un entretien avec une peintre de qui je ne me rappelle plus son nom, me reste gravee dans la memoire, pour ses mots quant a l'evolution de son art : " Je sais qu'il y a des etappes dans mon art le long de sa poursuite, ou je suis allee un peu trop loin, ou je me suis perdue des fois, dans des themes et des styles qui se sont echappes de moi, qui m'ont desorientes pour parfois pas mal de temps. Ceci en soi parait dommage, une perte de temps, mais maintenant, toutes ces annees plus tard, ce fut la seule facon de me definir, de decouvrir vraiement qui je suis comme artiste." C'est une verite profonde, sincere, qui s'applique a l'aventure que sont les arts, que ce soit la peinture, l'ecriture, la danse, la musique, le theatre, la photographie. L'art exprime l'ame de chaque artiste, sa vision, son univers, et aussi comment il ou elle voit l'univers, dans tous ses aspects. Les deux, l'art, et l'artiste sont un couple, qui doivent apprendre a se comprendre, a se communiquer, et trouver cet equilibre n'est pas toujours evident.
J'ai grandie dans un pays de qui la religion est le catholicisme, et j'ai ete eduquee dans la discipline stricte de son systeme scolaire, ou j'ai appris le latin et le grec ancien, l'allemand, le francais, l'anglais, l'histoire, ... tous les sujets traditionnels d'un systeme bien organises et exigeants. Des l'age de 5 ans a l'age de 19 ans, la plus grande part de ma vie fut dediquee a l'etude, ce qui en fait a rendue mes annees d'etudes universitaires aux Etats Unis relativement faciles. L'abnegation etait a ce point une longue habitude. Une photo de la part du photographe berbere Nacer Amari de Tassi Photographie, d'un beau verre de vin qui parait faire de l'acrobatie avec un tire - bouchon, m'a evoquee l'dee de la relaxation, d'etre sur une plage, les pieds nus, un grand chapeau en main, la robe moitie mouillee avec l'eau salee, en compagnie d'une bonne amie ou camarade, la brise fraiche, le soleil chaud, un disque d'or dans un ciel azure, avec la promesse du coucher du soleil et ses aisances. Quand j'etais enfant, ma famille et moi on passait les etes a la mer, des de mes premieres annees, jusqu'a mon adolescence. Que de beaux souvenirs, de jours ou le temps n'existeait pas, quel souvenir de la joie simple de jouer sur la plage, de nager dans la mer froide qu'est la Mer du Nord, de trainer le sable dans les habits, les souliers, les cheveux, l'odeur de toute cette mer salee, accueillante, et de dormir contents, savant que le lendemain serait encore un jour de soleil et jeux de plage. J'y pense a nouveau voyant la photo de Nacer Amari, voyant ce jeu acrobatique du verre de vin, qui me rappelle combien de ma vie aux Etats Unis, depuis mon adolescence, a perdue de cette spontaneite, de cette aisance, dediquee comme elle a due l'etre a la survie de mon esprit, de mon coeur, de mes buts d'essayer de comprendre quoi exactement m'etait arrivee, m'arrive dans ce processus continu de m'adapter a ce pays qui ne me comprend pas, et que je ne comprends pas. La discipline m'indoctrinee des l'enfance par mon education scolaire stricte etait un contrepoids interessant avec l'interet de mon pere dans les arts comme philanthrope qui maintenait des liens intellectuels et sociaux intimes avec des artistes de plusieurs communautes, ce qui m'a introduit au style bohemien de plusieurs entre eux et elles, et m'a permis de me maintenir le courage, m'a permis aussi de sauvegarder l'espoir d'un jour pouvoir exprimer librement ma muse et ses ecrits et poemes, ce qui m'est finalement permis a travers mon travail avec les artistes berberes en Algerie, en Kabylie, a qui je dedique mes livres et collections de poemes ces dernieres bientot cinq annees.
Les emotions qui surfacent parfois quand je suis ma muse sur les sentiers de la Kabylie ou elle m'emmene, sont tres fortes, parcequ'il s'agit d'une vie d'abnegation intellectuelle, sociale, emotionnelle, culturelle, que la Kabylie, petit a petit, pas a pas, me permet de redecouvrir des melodies, des resonances, des passions, des espoirs, des joies, longuement enterrees. Je me sens parfois comme une pirate, qui trouve son tresor enfoui, pour se rendre compte que l'ile ou le tresor a ete gardee sain et sauf, est la Kabylie, en Algerie. Les photos de natures mortes de Nacer Amari sont pleines de melodies du passe, qui me reveillent au fait que le present a encore beaucoup d'aventures a m'offrir. Le bonheur de la decouverte de la nature a travers les photographes de la nature en Algerie, et les randonneurs et leurs exploits, m'a menee en ce moment a la photographie de Nacer Amari, pour m'offrir la chance de voir clair dans le chemin qu'a parcouru ma muse pour finalement pouvoir se reconcilier avec elle meme, un beau regal, qui fait le pont entre le coeur berbere et ses inspirations et mon coeur flamand et son voyage vers une catharsis liberatrice. Un magnifque symbolisme, vu du fait que l'esprit berbere est renommee pour sa dedication a la liberte, a la dignite indentitaire a travers son histoire fiere et resistante de milliers d'annees. Tant d'annees j'ai vecue avec une chaine autour du coeur, autour de l'ame, comme poete, comme ecrivaine, comme femme, comme etre humain, et je decouvre, petit a petit, parfois a travers des convulsions emotionnelles, des hesitations et doutes personnelles, des douleurs revecues, avant ne pas compris, que ma capacite pour la joie, pour le bonheur, pour l'espoir, pour l'amour, sont intactes, que mon courage et ma discipline tellement fidels m'ont finis par me sauver comme poete, comme ecrivaine, le jour ou le destin m'a introduit a l'Algerie et la Kabylie et son coeur immense et riche en culture, en charite, en histoire, en amour, en amitie, en famille. Le verre de vin acrobate de Nacer Amari est une invitation au bonheur, que j'accepte avec beaucoup d'espoir, beaucoup d'enthousiasme et reconnaissance, sur le rythme d'une belle chanson kabyle, les souliers en main, pour danser sur la grande plage de la vie que me montrent les artistes berberes comme le photographe d'Aokas de Tassi Photographie, Nacer Amari.
Les mots de ce poeme du poete Boheme - autrichien Rainer Maria Rilke( 1875 - 1926 ) sont ainsi tres adequats :
Comme un Verre de Venise

Comme un verre de venise
sait en naissant ce gris
et la clarte indecise
dont il sera epris

ainsi tes tendres mains
avaient reves d'avance
d'etre la lente balance
de nos moments trop pleins.

L'Algerie, la Kabylie, m'accueillent, avec les mains tendres de l'amitie, du respect, de l'hospitalite, de la charite et de l'amour et de la dignite, pour m'apprendre a nouveau la joie de vivre, et me permettent de donner et recevoir la richesse en tresor qu'est l'espoir.
Trudi Ralston

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