Monday, June 8, 2020

Une Reverence : L'Accordeur de Piano - pour Nacer Amari

Ma premiere annee aux Etats Unis, fut une annee de preparation pour mes etudes universitaires. Je l'ai passee a Dallas, au Texas, dans une famille dans une suburbe de la grande ville texanne, et pour gagner un peu d'argent de poche comme etudiante prenant des cours en anglais et histoire des Etats Unis, et une introduction a l'espagnol, je gardais les enfants le soir et les weekends pour les familles et voisins de la famille ou j'etais en residence comme etudiante en echange. C'etait vers la fin des annees soixante - dix, l'epoque du boom petrolier, et en fait, le pere de la famille qui etait responsable pour moi, etait le geologue en chef pour Ray L. Hunt, le plus jeune fils du grand magnat texan du petrole, H.L. Hunt ( 1889 - 1974 ), qui etait le proprietaire d'un des gisements de petrole le plus grand sur terre, dans l'est du Texas, et pour qui en fait j'ai fait du baby sitting une soiree pour sa petite fille dans sa grande maison a Dallas.
Ce que je me rappelle le plus, ce fut le desir de ces enfants de familles riches, pour etre spontanes, pour etre permis de s'exprimer librement, sans les restrictions d'un comportement bien deligne et controle, tres anglais en certain froideur d'emotions, bizarre a voir, surtout dans des enfants. Ils etaient entoures de luxe, souvent exageree et extravagante, mais ils revaient de rire, d'etre libre de courir, de rever, de s'imaginer. J'ai toujours beaucoup aimee les enfants, et quand j'etais adolescente je revais d'avoir une grande famille avec 7 ou 8 enfants, et j'avais des noms pour eux tous. La vie a parfois ses propres idees de ce que elle pense est notre destin, et apres avoir pensee que je ne saurais jamais capable d'avoir des enfants, la vie m'a blessee, a l'age de 35 ans, avec la naissance de mon fils, Nicholas, qui est une source de grand bonheur. Comme moi, il est ecrivain aussi, ce qui ajoute une mesure de camaraderie intellectuelle. Quand Nicholas etait enfant, notre maison etait toujours pleine d'enfants du voisinage, et apres, de ses amis d'ecole, et cela continue, maintenant qu'il est adulte de presque 30 ans, ses amis d'universite aiment encore visiter pour des diners et des reunions ici a la maison.
Les enfants du voisinage exclusif a Dallas etaient toujours contents quand je venais pour les garder. On a rigole tellement, on faisait des forts avec les muebles chers, on avait des petits theatres en costumes, ou ils etaient permis d'etre des guerriers, des fees, des heros, des animaux courageux, comme des tigres, des lions. Ce qu'ils aimaient le plus c'etait que moi je devenais a nouveau enfant avec eux, cela les amusait sans mesure, de savoir et decouvrir qu'une personne qui pour eux etait une adulte, pouvait rigoler, pouvait s'imaginer, pouvait comprendre, ecouter leur langue, se mettre dans leur monde d'imagination, de reves, de douceur, d'innocence. Ce fut une complicite merveilleuse, car vers la fin du soir, avant qu'ils devaient aller dormir et leurs parents revenaient a la maison, on mettait tout en ordre a nouveau, et le secret de nos pieces de theatre, de nos jeux, restait un secret bien garde, ce qui leur donnait aux enfants une mesure de pouvoir, de confiance.
Je n'y avais pas pensee depuis longtemps a mes petits et petites camarades texans, jusqu'au moment ou j'ai revisitee les merveilleux portraits d'enfants kabyles que fait le photographe Nacer Amari de Tassi Photographie. Ses portraits sont d'enfants qui sont surs d'eux, de leur identite, d'enfants ou la fierte culturelle est evidente, ou la lumiere de l'innocence est abondante, des portraits ou leur dignite en tenues kabyles est emouvante, pour l'importance que ces portraits montrent quant a l'importance pour le respect envers la dignite de l'identite. Les portraits que fait Nacer Amari d'enfants qu'il connait, d'enfants de sa communaute, de sa famille, sont precieux, parceque ces enfants se sentent a l'aise, se sentent detendus, aiment montrer leur confiance, leurs beaux habits kabyles, ils sont des rois et reines quant a la richesse de leur heritage culturel et historique, il n'y a pas d'hesitation, pas de vide, pas d'ennui, pas de solitude, comme j'ai vu si souvent dans les regards et coeurs des enfants pendant mon annee de residence a Dallas. La richesse sans le tresor de l'identite, l'heritage culturel, est un vide, et je ne regrettrais jamais que j'ai tout fait pour ces enfants texans riches de les laisser quelques fleurs du bonheur que peut etre un sens de qui on est, de nos talents, de nos reves, de notre bonte, et capacite pour le respect l'un envers l'autre, pour la charite, pour la joie. J'aime beaucoup revisiter les portraits d'enfants kabyles que fait Nacer Amari, qui me rappelle l'importance de l'accordeur de piano, qui assure que les melodies qui viennent de notre instrument sont celles qui sont en accordance avec les notes et leurs intentions musicales qu'on veut communiquer. Dans ce sens, le photographe d'Aokas a un don qui tel un diapason sait nous faire entendre les resonances qu'on a malplacees, oubliees, par peine, ou par les exigences que nous fait la vie. L'art photographique de Nacer Amari est silencieux, a une couche presqu'invisible ou respire une energie de paix, de tranquilite, d'une sagesse discrete qui ne s'impose pas, mais qui est palpable, reelle, qui ecoute, qui attend, qui a une patience qui comprend les vibrations qui vivent entre les notes d'une chanson, un portrait, ces pauses qui disent autant que les melodies elles memes.
Trudi Ralston 

" La musique, une langue qui franchit, la ou les autres langues s'arretent. " Rainer Maria Rilke ( 1875 - 1926 )

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