Monday, November 9, 2020

L' Assurance Ambulante de l'Inro : dans la Serie " Le Cahier Errant " dedicacee a Nacer Amari

Mon pere avait une grande passion pour les arts, et cette passion il m'a partagee avec beaucoup d'energie et conviction. Il collectionneait des livres d'art de toutes cultures, et un de mes livres favoris fut sur l'art de la Chine et du Japon, un livre qui avait des photos merveilleuses de la collection grande d'art de l'Orient qu'avait le professeur allemand Dr. Kurt Herberts, qui etait un ami professionnel de mon pere. Le livre etait grand et lourd, et je me rappelle encore l'effort que cela ma prenait de lui descendre de la bibliotheque au bureau de mon pere. Les photos les plus precieuses etaient pour moi celles d'examples de boites medicinales finement sculptees et dessinees, les Inros japonais, en laque et metal fin, comme l'or et l'argent, et le bronze, et souvent avec des incrustations de nacre et ivoire.  L'Inro fut une boite medicinale petite, au plusieurs compartiments, portee avec une ceinture flechee, nommee obi, autour du kimono, comme le kimono n'a pas de poches. L'Inro et ses differents compartiments fut assemblee et suspendue de l'obi avec l'aide d'une corde, et un cabillot, nomme netsuke, et un bourrelet, nomme ojime.  Leur origine date de la periode au Japon de Sengoku ( 1467 - 1615 ) et avec le temps ces objets de but utilitaire acquisaient une epxpression artistique superbe et tres fine et recherchee, et a partir du XIXeme siecle devinrent des ojets d'art de collectionneurs avides, comme l'etait le collegue et ami de mon pere, qui avait un musee dedique a l'art de l'Orient, a la ville de Wuppertal, en Allemagne, que j'ai pu visiter avec mon pere et ma famille quand j'avais 18 ans. Ces objets envoutants des Inros me sont graves dans la memoire, et j'y pense encore maintenant, avec les memoires que me reveille le travail sur le livre " Le Cahier Errant ", m'inspire par mon collegue, le photographe berbere, Nacer Amari

L'Inro me fascine pour le fait que c'est un objet que portait le voyageur, le nomade, le scientifique et poete errant, et pour le fait que cet objet ingenieux avait comme contenu la medicine, soigneusement garde dans des petits compartiments individuels qui ensemble s'ouvriraient et se fermaient selon le besoin qu'on avait d'eux. L'idee symbolique aussi me fascineait : separer les differentes medicines, comme separer les differentes preoccupations de notre cerveau, de notre coeur. Survivre le stress par le diviser, pour sentir moins la peine, pour rendre croyable la joie inesperee, et ne pas perdre la tete : compartimenter. Je ne pense pas que j'aurais pu survivre intacte sans cette technique, et de l'etre inspiree par des boites precieuses japonaises comme sorties d'un conte de fee exotique, cela simplement renforceait ma conviction que j'avais la bonne idee. Le livre " Le Cahier Errant " est ne de la decision d'unir le contenu de ma boite Inro, et de lui raconter ses voyages, ses victoires, ses defis. L'art photographique de Nacer Amari invite le calme, l'accueil necessaire pour risquer cette avonture, cet effort de me comprendre ma vie, et de mettre ses exploits, ses ecstases et agonies, dans une nouvelle Inro, une Inro d'esprit berbere, qui y gardera ses memoires, ses melodies. Les silences dans les photos artistiques de Nacer Amari, comme ses photos de fenetres ouvertes, m'ont donne ma permission a ma timidite de raconter mon histoire, m'ont invitee d'explorer les objets oublies dans la poussiere du temps de mon ame, de mon coeur, qui a simplement essaye de survivre, pour trop d'annees, et qui en Algerie, dans la culture et nature de la Kabylie et l'hospitalite de ses artistes et de ma famille berbere, a compris que finalement jetais chez moi, apres une vie de poete errante pour 40 ans. En Kabylie, je me trouve face a la porte de mon etre, de mon ame, de mon coeur, et les centaines de pages de mes livres d'articles et poemes dediques a la Kabylie et sa nature et culture en sont ample temoignage. Mon pere et mon oncle Frans furent les deux personnes en Belgique, en Flandes, ou je suis nee et ou j'ai vecue jusqu'a l'age de 19 ans, qui m'ont definies le caractere intellectuel, et l'Algerie et la Kabylie, ses photographes artistes avec qui je travaille depuis 2017, sont les personnes qui m'ont reveillees l'identite anesthesiee, et il y a un lien, une similarite entre la personalite et l'accueil intellectuel - culturel de la part de l'art de Nacer Amari et l'art des peintures de mon oncle Frans De Cauter ( 1920 - 1981 ) C'est la raison de l'initiative du livre " Le Cahier Errant ", comme c'est l'exploration du voyage de retour vers mes racines culturelles et identitaires que la photographie de mon collegue berbere me facilite, en toute humilite, sans y insister ou le presumir, une initiative de ma part. C'est ma chance inattendue, de reparer le pont fait de solitudes vers qui je suis, vers la profondeur et realite de mon etre comme poete, comme personne, exilee sans ceremonie comme adolescente, pas pour des raisons politiques, mais pour des raisons penibles affectives et circonstances de famille deroutantes et dechirantes. Les Inros me rappellent ma determination de ne pas me rendre, de suivre ce chemin solitaire de poete errante, convaincue qu'un jour, comme le poete errrant japonais Matsuo Basho ( 1644 - 1694 ), le maitre du poeme haiku, je trouverai une rive d'un pays ou j'entendrais un silence pas etouffant mais guerisant, une melodie pas decourageante et triste, mais une melodie pleine de joie, pleine de resistance, ou le sourire et la larme s'entendent et se comprennent. La musique du grand poete kabyle Idir, paix a son ame, fut l'annonce de la culture qui allait me liberer le coeur et l'ame de poete, et allait m'accompagner vers les rives de l'Algerie, et ses poetes visuels, et le miracle de la medicine de sa nature, de sa culture. Je reve debut ces jours, pleine d'energie, amour et conviction, et tellement heureuse d'etre libre, finalement, de pouvoir ecrire et partager mes poemes et articles, et mes livres, qui celebrent cette victoire si merveilleuse de me trouver parmi les personnes qui m'ecoutent, qui m'entendent. Mon coffre au tresor de pirate naufragee, errante, est lourd, mais ne plus ferme, et je peux le laisser, tranquille, dans la presence tranquille de la fenetre ouverte de mon collegue berbere, le photographe berbere, Nacer Amariqui m'aide a trouver les pieces du puzzle egarees de mon histoire, de la documenter dans cet esprit uni flamand - berbere que la paix de ses photos invitent. Etre permis cette chance de pause, pres de la fenetre ouverte de l'art et l'accueil de Nacer Amari est un regal magnifique de voir clair les compartiments de l'Inro de ma vie, son contenu, de comprendre ce qui m'est arrivee, de l'accepter, et de celebrer la grace d'avoir trouvee la porte ouverte, de la maison a la fenetre ouverte, qui m'a sauvee les poemes et les espoirs et leur a liberes, m'a liberee, de la mort de l'oubli. L'Inro que je porte symboliquement autour de l'obi du kimono de mon identite de poete, a le soleil et la lune berbere comme images, et a comme son medicine la plus precieuse le pendentif au symbole des Hommes Libres, Imazighen, qui me fut regale en Kabylie, et que je n'enleve plus depuis. Commencer le processus d'unir les pieces eparses de mon etre, est difficile, parfois comme le peut etre unir les feuilles tombees en automne, qui s'echappent a chaque fois avec la brise, mais l'esprit tranquil du photographe Nacer Amari me donne la confiance que c'est possible, ce qui est impressionnant. Mon oncle avait 53 ans, quand j'avais 16 ans, quand il m'a appris de peindre et dessiner, quand il m'a appris sur la litterature et l'art et ses philosophies, et maintenant, toute une vie plus tard, c'est mon collegue berbere qui m'apprend par la sagesse de silences mesures et rassurants de son art, de trouver le courage d'ouvrir les compartiments de l'Inro de mon ame de poete et de partager les avontures et voyages y oublies trop longtemps. 

Trudi Ralston

L'information sur l'Inro japonais, courtoisie de Wikipedia. 

 

  

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