Thursday, July 9, 2020

Le Chat Birman sur le Toit - En Reconnaissance de l'Art de Nacer Amari

Il y a beaucoup d'annees, j'avais une chat birmane, tres belle, d'une fourrure velours noir, et des yeux amandes comme des emeraudes d'un vert pale. Cette chat avait l'habitude d'aller se balader sur le toit de la maison, et s'asseoir tel une chat egyptienne, et me regarder d'en haut. J'avais souvent l'impression qu'elle se sentait superieure a moi, comme si elle savait des choses que moi je ne comprenais pas. Apres la chat birmane, j'ai adoptee une chat gourmande super sympathique, Sneakers, et un petit chat orphelin timide, Tigger, que j'ai eu pour 11 et 13 ans, et avec les silences de la pandemie, cela me manque d'avoir des chats. Voyant les nuages au - dessus de la maison, me rappellait ces moments de mon enfance ou je passais en ete les pauses entre jeux ou devoirs, en regardant les nuages et leurs formes amusantes. J'avais toujours envie de grimper dessus, et partir, loin, loin... de mon petit village. Et a l'age de 19 ans, je suis partie, sans savoir que le temps viendrait que la masion serait vendue et toute ma famille morte. Marcher sur les nuages parait une idee tres agrable a nouveau, pour voir le monde tel le font les oiseaux, plus haut encore, sur les branches d'un arbre grand. Quelle vue, quel plaisir de voir les va et vients des etres humains et toutes leurs folies ces jours. Peut -  etre c'etait la raison que ma chat birmane aimait se balader sur le toit, parceque'elle n'etait pas vraiement impressionnee avec le monde des hommes et femmes en bas.
La pandemie parait installer un nouveau sorte de silence. Le silence du doute, le doute de l'incertain. C'est comme etre au theatre, et au milieu d'une scene, les acteurs arretent ce qu'ils disent et font, et quittent le theatre, ce qui en fait brise toute illusion qu'il s'agaissait d'une histoire croyable. Le theatre sait effacer les lignes entre le reel et l'imaginair, et cette pandemie est telle une piece de theatre interrompue, elle revele toutes nos illusions, nos masques, nos incertitudes, notre fragilite. On cherche a comprendre, a cataloguer ce qu'on a vecue, ce qui nous reste de cette piece de theatre qu'est notre vie. Du coup, ce ne sont plus des acteurs sur scene, ils sont partis, c'est nous, et on se trouve un peu desorientes et incertains. Le surreel decide de se mettre a cote du reel, et on fait de notre mieux de comprendre. Ma chat birmane ne s'avait jamais fait des illusions sur sa vie, ou sur la notre, il parait, de la sa nonchalanche, et de la peut - etre aussi, son mepris profond pour nous. Les nuages au- dessus de la maison aujourd'hui etaient satures d'un poids de silence, d'une lourdeur existentielle, que je n'avais pas ressenti auparavant, comme enfant ou adolescente. L'espoir il parait est autant ces jours une question de volonte que de perspective. Les oiseaux dansaient haut dans le ciel pale bleu, tels des ballerins et ballerines sveltes et langoureux, faisants des cercles grands et elegants, avant de disparaitre tels des petites taches d'encre chinois sur du papier de calligraphie dans les mains d'un esprit immense echappe d'un livre d'une mythologie oubliee. Ces jours j'ai l'impression si je ne laisse pas les pensees de mon coeur, comme des papillons de papier, dans mes poemes, dans mes ecrits, le monde va disparaitre, et ma famille berbere, et avec eux disparus, je serai a nouveau invisible, muette.  On vit dans un monde en ce moment, ou l'echo de nos voix ne s'entend plus, ou la seule reponse de nos echos est un silence epais, qui repete inaudiblement la meme phrase " Je ne sais pas ".
Pour la race humaine, ne pas savoir, est dur. Pour les chats, pour les nuages, pour les oiseaux, ce mystere de ne pas savoir n'embete pas la nature. La nature est humilde, mais nous les etres humains, nous sommes impatients, arrogants. On veut savoir, on pense savoir, on va savoir. Et le silence continue, epais, sans echo. Peut - etre l'art dans toutes ses formes et expressions est la seule defense reelle. Comme a dit le poete Boheme - autrichien Rainer - Maria Rilke : " Certainement, l'art est le resultat d'avoir ete en danger, d'avoir vecue une experience jusqu'a son fin, ou on ne peut pas aller plus loin. " L'art est l'ultime defense contre l'erreur fatale que les etres humains repetent depuis des milliers d'annees : de trahir la sagesse de la nature et ses lois. De la la conclusion du poete Rilke :
"Qui ne s'est pas assis devant le rideau de son propre coeur? Quand celui se leve, la scene s'effond. "
L'homme a appris peu de la pandemie de 1918 - 1920, peu de la Grande Depression, de la Seconde Guerre Mondiale, peu des terreurs de tants de guerres depuis, est - ce qu'il est pret pour apprendre de cette pandemie pour se guerir, pour guerir la terre, la nature, le futur de ses enfants ?
Seul le silence des nuages reverbere le mystere de la question.
Trudi Ralston

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