Thursday, March 14, 2019

Kamel Daoud : Welcome to the Machine

Le port d'Olympia etait tres paisible hier apres - midi. Sous un ciel qui timidement disait le bienvenu au printemps le long du front de mer, quelques mouettes encerclaient au - dessus, leur cris stridents et percants en echo avec mes pas. Les nuages blancs et moelleux faisaient des dessins dramatiques le long de l'horizon bleu, et je me remplissais les poumons a volonte avec l'air frais et froid. La promenade agreable, nonchalante avec mon mari et notre fils cachait ce qui se passait dans ma tete. Je pensais a mes ami(e)s en Algerie, a leurs familles, aux ami(e)s de mon age, aux jeunes, aux enfants. Je pensais aussi a Kamel Daoud, de qui ses ecrits etaient une revelation pour moi, et je pensais a la collection de mes articles sur son talent " Kamel Daoud : Le Semeur d'Etoiles ", qui avait comme couverture une photo de la belle fleur de Daucus carota, faite par une amie photographe de la nature en Kabylie, Katia Djabri. Les ecrits de Kamel Daoud me donnaient a chaque fois la meme reaction intense d'espoir et d'admiration que j'avais eprouvee quand j'avais decouvert les ecrits de l'ecrivaine afro - americaine, Toni Morisson. Je lui devorais les livres de la meme facon que je devore maintenant les livres de Kamel Daoud. Comme Albert Camus et Kateb Yacine, Gabriel Garcia Marquez et Ernest Hemingway avant lui, Kamel Daoud est un ecrivain et un journaliste passionne, et sa renommee internationale ne l'a pas eloigne de son pays et de ses convictions a un moment ou l'Algerie se trouve au carrefour d'un nouveau chapitre dans son histoire turbulente et difficile. J'ai lu " Mes Independances " de Kamel Daoud avec beaucoup d'interet, essayant de comprendre la multitude de facettes du monde politique en Algerie. Pretendre que je peux dire, ah, biensur, je comprends, serait une insulte a l'histoire immensement multi - dimensionnelle du pays quant aux evenements qui menaient a l'expulsion du systeme colonial francais avec la Guerre de l'Independance de 1954 a 1962, et une insulte aussi aux luttes internes et externes qui meneraient a la guerre civile et la decennie noire de 1991 a fevrier 2002, et au moment maintenant ou le peuple algerien veut reclamer sa dignite et liberte. Je sais que Kamel Daoud est un journaliste et ecrivain controverse, a qui la reaction est ou d'une appreciation tres positive ou d'un mepris intense. De ma part, j'admire son courage de choisir la raison au lieu de la passion, de choisir une vision integrale, de calme, qui voit pas juste le moment, mais le futur, un futur valable, stable et tenable. Il a beaucoup de courage. Comme ecrivain d'une fame internationale, qui pourrait quitter le pays, et vivre en paix en Europe, au Canada, aux Etats Unis, et qui pourrait se dediquer a ses interets intellectuels litteraires, qui sont tres uniques et fascinants, et qui ont un message universel tres important et apprecie a l'etranger, Kamel Daoud reste en Algerie, ce qui peut -etre va lui couter sa liberte, ou meme, s'il y a une autre revolution, une guerre, la vie. Il choisit le chemin difficile, et risque des insultes, et le mepris tous les jours. Malgre tout ca, il continue a parler, a partager, a discuter, a ecouter, a encourager, a insister sur la sagesse d'une perspective logique, rationnelle, qui unit, au lieu de ceder a une rhetorique qui divide, qui excite. Cela prend enormement d'energie, d'intelligence, de courage, de patience et d'amour.
Il y a toujours des gens qui observent ce qui se passe ailleurs, et disent, et bien, cela ne me regarde pas, l'Algerie, c'est loin; mais ce qui se passe en Algerie est tres important. Tout un peuple, 40 millions de personnes, s'unissent en ce moment pour un futur mieux, et les marches pacifiques du 8 mars etaient extremement emouvantes, et un example sublime de bonne volonte, de cooperation, de civilite, de civisme, de determination, de courage. Il y a trop d'indifference dans le monde, une indifference qui permet une resurgence dangereuse d'un fascisme effrayant, d'un egoisme et avarice de la part des supposees democracies du monde, d'un abus des ressources de la terre, de l'exploitation du sort des pauvres et des desherites du monde. Je pense a la chanson de 1975, du groupe anglais Pink Floyd : " Welcome to the Machine " la seconde chanson sur leur album " Wish You Were Here ".  Cet album d'un des groupes les plus celebres de la musique moderne est un avertissement sur les dangers et l'inhumanite de l'objectification de l'etre humain et l'alienation miserable et la perte de communaute et de bonheur, au profit de systemes totalitaires qui preferent les masses aux ames et esprits morts. Un peuple entier qui se reveille est la seule peur pour un tel systeme mortel. Kamel Daoud est visionnaire, j'ai compris ca depuis ma premiere lecture de " La Preface du Negre ", et " Le Minotaure ". Avoir une telle vision est une epee a double tranchant, c'est comme comprendre tout deux fois, avec le coeur, qui saigne, et avec l'esprit, qui souffre. "Welcome to the Machine " dit la voix rapeuse de l'avarice et du mal, et j'entends la voix de millions de personnes en Algerie qui disent " Non, pas cette fois. J'accuse. " J'espere de tout coeur que sur ce chemin decisif sur laquelle se trouve l'Algerie, que ce sera la Machine qu'on trouvera apres rouillee, rejetee.
Trudi Ralston  

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