Saturday, May 11, 2019

Le Cinquieme Element : La Patience du Passe dans la Photographie de Kurt Lolo

La photographie est une forme de l'art qui a un impacte immediat, et qui comme la peinture, on peut revisiter, pour y decouvrir ce que nos yeux, et notre intellect, et aussi, notre capacite emotionnelle pour la beaute et la reflection, avait manque la premiere fois. Les photographes de la nature berberes en Kabylie ont une facon de parfumer leur art avec des palettes subtiles de significance artistique et culturelle, de la donner une couche tres fine de nuances qui ajoute une dimension profonde et perspicace a leur vision creative. Le photographe de la nature Kurt Lolo de Lolo Pics montre une maitrise elegante de cette capacite. Un maitre de couleurs vibrantes, d'une precision de capture de la lumiere dans toute sa gloire, il possede aussi cette capacite de donner une ambiance d'intimite aux scenes de la nature en Algerie, une intimite qu'il sait donner a des fleurs fragiles, aussi bien qu'a un coucher du soleil dramatique et intense ou les rochers et montagnes des vastes espaces du desert algerien.
Hier, Kurt Lolo a partage une photo du Tassili n' Ahaggar, a Tamanrasset, dans le grand sud de l'Algerie, avec un titre tres simple, mais profond : " Le Tassili... Un autre monde. "
Le photographe de la nature est aussi un musicien, et a la perspective intellectuelle de l'artiste qui voit le monde et ses phenomenes de sa facon, et souvent ses explications de ses photos nous donnent un moment d'entree a sa philosophie personnelle, une vue plus proche du moment ou la photo fut cree.
La photo de cet autre monde comme le decrit Kurt Lolo est d'une composition spartane, on voit le ciel azur, d'un bleu presque transparent, comme une soie fine mais resistante, ou la nuance du bleu part d'un bleu pale au - dessus du sable jaune dore, vers un bleu perse fonce haut dans le ciel. Ce bleu du ciel est le gardien spirituel des affleurements montagneuses volcaniques que le temps a sculptees dans des statues severes et imposantes. On se croit dans un temple exterieur enorme, implacable quant a sa sagesse spirituelle et sa connaisssance des mysteres de la terre. Le passe a une patience qui echappe notre comprehension, et qui sait nous hypnotiser avec son silence irresistible. Les deux monolithes volcaniques dans la photo paraissent des messagers y laisses par une civilisation plus ancienne que la memoire humaine. L'effet de la photo m'a fait penser au film de science - fiction de 1997, " The Fifth Element " avec Bruce Willis et Milla Jovovich : " Le Cinquieme Element ", un film qui a comme l'idee principale qu'une race d'extra - terrestres avaient observes dans un passe ancien que les etres humains allaient avoir besoin de leur aide pour eviter la destruction de la civilisation humaine. Le cinquieme element se manifeste sous forme d'une jeune femme, qui represente le cinquieme element, ensemble avec l'eau, le vent, la terre et le feu. Les extra - terrestres et leurs vaisseaux spatials enormes dans le film, evoquent ce meme sens de mystere qu'evoquent les rochers imposants de la photo de Kurt Lolo. Le passe est patient, il peut attendre, car il a deja conquis le temps. L'homme est souvent impatient, car il ne sait pas tres bien, ou manque l'humilite, pour se soumettre aux lois implacables mais aussi genereux si on sait les respecter, qu'impose le temps. Visiter un site profondement spirituel comme l'est le grand desert en Algerie, exprime ce desir, ce besoin meme, de vouloir comprendre les mysteres de la nature du passe. C'est interessant toujours, que la fascination avec le passe augmente au mesure que le futur sur terre devient plus incertain. Le monolithe immense et muet qu'est le passe nous seduit comme une sirene les marins perdus, on veut comprendre, on veut resoudre le mystere. La photo est comme une scene de theatre choreographee avec un but precis, mais comme les acteurs sont absents, absorbes dans l'oubli et le temps, on se trouve avec beaucoup de questions, et tres peu de reponses satisfaisantes. Le philosophe chinois Lao - Tsu a dit : " La plus grande revelation est le silence ", dans une des observations de son livre Tao - Te - Ching du quatrieme siecle B.C. Je trouve souvent une consolation profonde et reelle dans ces mots anciens. Le silence exige le silence, c'est la seule facon de lui penetrer, de lui lever un tout petit coin du voil. Le silence a une voix, mais il faut ecouter tres prudemment, et presque retenir le souffle en respect et humilite, pour entendre son chant qui vient de tres, tres loin, de l'autre bout du temps.
Trudi Ralston
 

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