Monday, January 11, 2021

Les Heures de Visite - dans la serie " La Colombe " dedicacee a Nacer Amari

Il y avait des confettis partout, sur le sol, sur les tapis, sur nos habits, dans nos cheveux, il y en a avait meme sur mes sourcils. " Bonne Annee, Trudi! " me disait ma petite soeur Ludwina, ses joues rouges, et un sourire grand sur son visage, toute fiere d'etre permis de rester debout si tard, a huit ans. La fete de Nouvel An continuerait jusqu'a tot le matin du premier janvier, avec la maison pleine de famille, tantes, oncles, cousins, cousines, et un repas elabore qui prenait des heures a manger, divise en plusieurs etapes. Apres le repas toujours delicieux, et le dessert de glace et chocolats, on echangeait des cadeaux, et je me rappelle que l'annee quand j'avais treize ans, j'avais recu un joli sac a main, d'un cuir pale et tres doux, style bohemien des annees soixante - dix. J'adorais ce sac me regale par une de mes tantes, et je l'ai garde long apres avoir quitte la Belgique. Le sac avait des tas de petits compartements, pour y mettre toutes mes choses cheries, des petits cahiers de notes, des coussins minuscules trempes dans le parfum cher francais de ma mere sans qu'elle s'en rendait compte, des photos de filmstars beaux, un rouge a levres me passee par une jeune tante gentille. Ce petit sac etait pour beaucoup d'annees, une fois loin de mon village en Flandes, de ma maison, de ma famille, de ma langue, de mon nom de naissance, le souvenir qui me rappelait qui j'etais, qu'il y avait il etait une fois, des fetes de Nouvel An en famille. Je n'aurais jamais pu anticiper comme deviendraient rare ces fetes, comme avec le temps, elles seraient comme des souvenirs archeologiques, enterres soigneusement dans les grottes de mon coeur et ses memoires. J'etais etudiante universitaire aux Etas Unis pour dix ans, a deux differentes universites, pour un diplome et apres pour ma maitrise, et le plus beau souvenir de ces annees quant a festivites pour le Nouvel An, sont ceux que j'ai d'avoir passee la fete de Noel et le Nouvel An au Mexique, quand j'avais vingt et un ans, dans la capitale, avec ma copine mexicaine et sa famille, comme elle etait une de mes amies a l'universite de TCU, a Fort Worth. Une fois mariee, et demenagee a Washington State, les celebrations de Nouvel An etaient ou juste mon mari et moi, et apres sa naissance, notre fils, comme mon mari n'etait jamais proche a sa famille, ou avec des voisins et amis qui nous invitaient de passer la fete avec eux et leurs familles. C'etait et ca reste un sentiment bizarre, de se sentir hors de ces celebrations, plus evident encore depuis que toute ma famille a disparue, comme on dit, pour indiquer qu'ils ne sont plus de cette terre. Je me sens tres proche a ma famille berbere en Algerie, en Kabylie, et avec la celebration de Yennayer 2971, tout mon etre se sentait envahie d'envie d'etre avec eux, de me trouver en robe kabyle, a la maison de mon amie a Bejaia, Malika, et sa famille, d'entendre la musique kabyle, de partager le repas du couscous, de rigoler, de celebrer, de partager ensemble, de me sentir inclus, presente. Chaque annee, je ressens ce sentiment inexprime, de soulagement que les fetes de Noel et le Nouvel An sont passees, pourque je ne ressens plus ce vide, cette nausee, de forcer cette energie de joie, d'entendre mes cousins en Belgique parler de leur fetes de Noel et la fin de l'annee en famille. Cette pandemie a changee ces fetes de facon dramatique, mais depuis des annees et annees, ces fetes ne sont que des heures de visite, telles qu'elles sont obligees de l'etre maintenant, a cause de cette pandemie. Les fetes de la fin de l'annee, se paraissent si souvent a des heures de visite, telles que leur sont permis aux prisonniers, de la part de personnes gentilles qui essaient de me faire oublier pour quelques heures, qu'il n'y a pas de famille grande avec qui celebrer, depuis une eternite. Ma famille berbere me permet de le ressentir au coeur a nouveau : ce beau sentiment, fier, sur, joyeux, de me sentir membre d'une grande famille, qui m'accueille les bras et coeur ouverts, et me transportent vers cette espace grande, chaude, rassurante, ou regne l'espoir, la dignite, l'identite et la joie, qui effacent toute distance geographique, affective, entre ici, et la Kabylie, ce qui m'a voulu partager avec reconnaissance ce poeme :  

 Les Heures de Visite 


Apportez - moi une robe berbere, que je vais decorer avec un sourire grand, content. Laissez - moi apprendre le nom des repas, comment faire les youyou, et danser avec toi. 

Laissez - moi boire de cette energie immense de l'univers berbere, qui m'a invitee mes poemes de chanter et celebrer une autre annee d'espoir, de nouvelles chances et resistances. 

Laissez - moi manger un peu de la lumiere de vos etoiles, pour chasser une fois pour toute les ombres de trop de chagrins, trop de silences, trop d'etouffees larmes. 

                                                                  * * * * * * * * * * * * * 

Quelle joie, quelle grace, de me trouver sur terre sacrale, qui me benit mes reves, mes exploits, de pouvoir mettre a cote ma valise epuisee de poete errant egaree, et d'entendre vos voix dire Assegas Ammegaz avec moi. 

Benie soit le ciel berbere, benie soit ma famille berbere, benie l'histoire ancienne et eternelle de vos ancetres et leurs sagesses et mysteres. 

Merci de me permettre de visiter vos rives, vos eaux et montagnes sacrales et claires, merci de me liberer la voix, de m'apprendre a chanter mes poemes qui celebrent d'avoir trouvee leur destin sur votre terre. 


Trudi Ralston


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