Monday, January 18, 2021

L'Immersion - dans la serie " La Colombe " dedicacee a Nacer Amari

La revisite d'un article du 6 janvier " Le Bleu " sur une photo d'un bateau du photographe Nacer Amari de Tassi Photographie, a invitee une reflection sur les idees que sa photo a generee pour cet article quant a les apparences, les mirages, que les illusions savent creer. La photo est d'un bateau tranquil, avec une reflection de son image speculaire, qui a donnee une introspection de ma part sur ce qui est visible et ce qui apparait etre visible, comme a travers d'une image speculaire, qui imite la reflection que donne un miroir, en contraste avec ce qui reste cachee, invisible. L'article se concentre sur les danger des illusions, surtout dans un monde terriblement avare et egoiste, qui est en contradiction de la sagesse des cultures anciennes, comme par exemple, les cultures amerindiennes et les cultures berberes, qui celebrent le coeur, le partage, la charite, l'authenticite, l'identite culturelle et spirituelle. Voir la photo " Le Bleu " a nouveau, a suscitee une vision imaginaire de ma part d'une personne a moitie immergee dans une eau, comme celle d'une riviere, ou d'une mer. La moitie de la personne qui reste invisible, peut se voir comme ayant un symbolisme surreel, ou cette part invisible, immergee, comme le coeur, les jambes, les pieds, ont leur importance autant que la tete, les bras, les mains. Dans beaucoup de cas, on a tendance de juger une personne pour ce qu'on lui voit, mais ce qui est la motivation d'une personne, son coeur, son energie, reste souvent invisible sauf pour ces personnes qui prennent le temps de connaitre les reves, les intentions de la personne. Comme poete qui a vecue depuis mon adolescence aux Etats Unis, un pays qui me reste inaccessible affectivement et intellectuellement, pour son coeur dur, c'est ma famille et mes collegues berberes qui sont les personnes qui savent me voir, apres une vie d'invisibilite, cette part de moi, de ma muse, de mon coeur si longuement immergee, ce qui m'a inspiree ce poeme, qui est la compagne affective de l'article que m'a inspiree la photo " Le Bleu " de Nacer Amari :

L'Immersion 

Comme les poissons qui vivent dans les eaux de la terre, qui se communiquent a travers des sons que les etres humains a peine entendent et comprennent, mes poemes pour tres longtemps ont vecus sous les vagues de la mer immense de la solitude, sous le poids du silence qui y regne, pour me laisser sans voix, sans rites pour verfier mon sang, mon nom, mes racines.    

Immergee ainsi, avec a peine ma tete et bras et mains visibles, je flottais ainsi pour des annees, envoyant des SOS vers les differentes rives, des messages dans une bouteille que la mer s'avalait sans aucune rancune. 

Loin des rives de ma naissance, loin des personnes qui parlaient ma langue, loin de toute ame et coeur qui me voyait les reves de ma muse, ses dessins et ses chansons, je suis restee comme une sirene cyborg, part invisible creature myhtique, part poete egaree et triste. 

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Un jour, le bateau tetu de mes poemes qui continuait a chercher ou rencontrer ceux qui m'allaient voir l'esprit, les reves, mon ame et mes yeux pleins d'eau salee accumulee de toutes les mers de la terre, s'est atterrie en Afrique du Nord, en Kabylie. 

Loin d'etre humiliee tel le fut Vendredi quand Robinson Crusoe lui a envahi son ile, j'ai ette accueillie comme une membre de la grande famille berbere, qui m'a lavee le sel de mes blessures, la fatigue de mon coeur naugrafe, qui m'a ecoutee les poemes, m'a redonnee ma voix, ma confiance, ma dignite, ma fierte. 

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Peu sont les personnes qui se rendent compte que ce qui est visible ne compte guere, que ce sont les racines de notre coeur qui decident quelles seront les graines pour les fleurs qu'elles vont y laisser vivre.  C'est ma famille kabyle qui m'a appris comment planter mes poemes et leur laisser devenir des etoiles, des lumieres qui chantent mon bonheur d'etre flamande - berbere, qui ne doit plus souffrir la peine d'etre marin perdu, devenu pirate, sans pays, sans terre. 

Depuis, mes poemes et mes livres chantent, racontent, toute la richesse de la culture, du peuple Imazighen de l'Algerie, de ma Kabylie, partagent a voix sure et en flamme, la joie que me donne apprendre sur l'histoire, la resistance, l'identite ancienne, l'art unique, le coeur, immense et accueillant, que possede le peuple qui m'a sauvee de l'ocean qui m'avait avalee, pour que je puisse maintenant vivre la voix, le coeur, l'esprit tranquils, pres de la lumiere du drapeau berbere brillant et fier, ce navire solide des hommes, femmes et enfants libres.    


Trudi Ralston

 

 

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