Thursday, October 8, 2020

Au Bord - dans la Serie " Le Cahier Errant " dedicacee a Nacer Amari

Le jour se levait frais et clair, sous un ciel bleu calme, avec des petits nuages blancs timides. Le soleil n'avait plus une chaleur intense, mais emettait une lumiere douce, juste assez pour enlever le frisson de l'aube automnale. L'anticipation pour la publication du livre " Sonates Berberes " sur la photographie de Nacer Amari m'avait rendue un peu empressee, et dans ces moments desireux, je me trouvais au bord de memoires desagreables des efforts considerables et difficiles pour m'etablir comme ecrivaine, comme poete, et artiste. Ces efforts etaient les fils d'araignee au - dessus du precipice d'une isolation et solitude implacable qui m'avait suivi de la Belgique au Texas a Washington State, un mur solide que la culture kabyle et ses artistes photographes allait demolir avec l'energie benevolente de sa belle nature et riche culture, comme une eau benevolente qui redonne la vie a la flore et faune, qui dans ce cas fut mon ame et mon coeur. Depuis, mes articles et poemes fleurissent dans la vallee de l'esprit accueillant de la Kabylie, comme des graines enterrees pour 30 annees, qui avec la lumiere et chaleur de ma famille berbere ont commencees a pousser en abondance, comme le desert qui se remplit de fleurs avec l'arrivee du printemps apres un hiver de manque et desolation. Se trouver au milieu d'un coeur chaud, apres des annees d'isolation froide et ecoeurante, est un bonheur sublime et inattendu qui me permet m'exprimer comme poete et ecrivaine, comme un peintre le peut faire avec les couleurs de sa palette. Parfois, le rappel de cette immensite de solitude me touche comme les doigts froids d'un spectre de qui son ombre noire me fait revisiter tel un frisson au dos la memoire du poids lourd de tant d'annees, duquel la Kabylie m'a liberee. C'est rare ces jours de me trouver au bord de ces memoires tristes, car la Kabylie et ses photographes artistes sont la melodie qui sait traduire l'intention et les symboles de mes poemes et articles et livres, elle est ma muse et ma compagne pour mes inspirations a travers le monde riche de sa culture et histoire, a travers sa nature unique, a travers sa generosite et sagesse. La photographie est un art qui sait communiquer avec impact immediat des messages profonds et sincers. La photographie de Nacer Amari certainement comprend cette capacite communicative directe qu'a la photographie. Sa photo du 6 octobre, " Les Retrouvailles " illustre cette energie communicative. Elle me rappelle l'importance intellectuel et affectif qu'a pour moi la culture kabyle, qui m'a permis de m'exprimer l'ame et le coeur qui avant se sentaient invisibles, muets. L'ambiance accueillante de la photo qui invite le partage avec deux vers et la belle bougie rouge illuminee, sont un beau symbole visuel de la celebration du bonheur, de la fierte aussi que peut creer etre admis comme membre d'une culture, d'une grande famille quand on n'a que des memoires de que c'etait avoir une grande famille, ce que c'etait avoir un nom de famille, des freres et soeurs, des parents, de se savoir du meme sang, du meme heritage. Le titre aussi " Les Retrouvailles ", touche une sensibilite, car c'est dans le coeur de la Kabylie que je me sens chez moi, que je me sens libre, heureuse, compris, estimee, acceptee, respectee, entendue. Cette photo a une ambiance de celebration, d'invitation, d'intimite aussi, car le bonheur est en fait une grace de grande intimite, de grande generosite, entre amis, entre membres de famille, entre membres d'un peuple, d'une culture. Socrate a dit : " Il n'y a pas de tresor plus grand que le bonheur. " J'avais oubliee ce que cela voulait dire, pouvait dire : etre heureux. Au sein de ma famille berbere en Kabylie, je suis combee de bonheur, comme poete, comme ecrivaine, comme soeur, comme amie, comme camarade, comme collegue de ses artistes photographes. 

La photo de Nacer Amari de Tassi Photographie dans son elegance visuelle minimaliste, avec deux vers et une bougie en couleurs chaudes jaunes et rouges, sur un fond noir riche comme un velours ebene, invite l'inclusion, un trait de sa photographie. Les photos de Nacer Amari ont souvent cet esprit narratif inclusif, qui invite une interpretation qui rassure, qui permet au spectateur de la comprendre selon ses emotions, son temperament, comme le sait faire l'art, et cet esprit narratif parle de l'universalite de l'experience humaine, du desir pour l'appartenace, et dans cette photo qui parle d'une emotion universelle, le photographe montre le coeur accueillant de la Kabylie. La Kabylie, qui m'a offert son coeur, son ame, et me permet depuis de lui celebrer son coeur, son ame, son esprit tolerant, resistant, son histoire et culture, et nature, riches, au voix puissante et eternelle comme ses vallees et ses montagnes, et qui me rappelle ici a 9000km les mots du grand poete Slimane Azem qui me remplissent le coeur d'amour et le dechirent de douleur en meme temps: 

" ... L'Algerie, mon beau pays Je t'aimerais jusqu'a la mort Loin de toi je vieillis Rien n'empeche que je t'adore Avec tes sites ensoleilles Tes montagnes et tes decors Jamais je ne t'oublirais Quelque soit mon triste sort "... 

Les retrouvailles de la dignite, de l'identite, de l'appartenance, du respect, de l'amitie, de la tendresse, de la voix, de la famille. La Kabylie est mon ame, est mon coeur retrouves, redonnes, liberes.  


Trudi Ralston 

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