Wednesday, October 28, 2020

Le Mercenaire Reticent - dans la Serie " Le Cahier Errant " dedicacee a Nacer Amari

Quand j'etais enfant, j'etais tres sure de moi, ma grandmere paternelle me trouvait meme un peu trop enthousiaste, elle me notait l'esprit rebelle, insoumis, et me disait que cela ne serait pas toujours apprecie, vu du fait que j'etais nee femme. La plupart de mes cousins avec qui je jouais, etaient des garcons, et souvent c'etait moi le chef, apparemment, j'avais un don de penser clairement quant a nos exploits et aventures, ou je refusais toujours d'etre une femelle vulnerable, et insistais d'etre soldat ou guerrier en costume egal de mes cousins plus ages que moi. Mon pere tolerait mon enthousiasme et independance, mais ma mere etait une femme qui n'aimait pas les personnes ou enfants independantes, et une fois que j'etais adolescente, elle faisait tout pour me decourager, pour m'enlever l'esprit de l'initiative, et le remplacer avec la timidite et le doute. Mon pere faisait ce qu'il pouvait pour me proteger, et mon oncle Frans, le peintre, etait le frere aine de ma mere, et avait une certaine influence avec elle, et m'a dans un sens adopte, affectivement, et intellectuellement, at assure que chez lui, j'avais un refuge, a son studio, sous son apprentissage, et avec lui et sa femme photographe, j'ai passee parmi les memoires les plus heureuses de mon adolescence, ou j'ai appris a dessiner et peindre, ou mon oncle m'a partage sa connaissances sur les arts, la philosophie et litterature. Chez lui, je retrouvais mon esprit et courage, et confiance. Une fois finies mes annees au lycee, je suis partie pour les Etats Unis, ma mere heureuse d'etre libre de moi, comme j'etais bien aimee, et elle n'aimait pas que l'attention n'etait pas donnee toute a elle. Mon pere etait impuissant contre ses ambitions, et ses extravagances et grands airs, comme a un temps la famille de ma mere, avant la depression des annees 1930, avait ete importante et riche. Mon oncle etait le contraire, un homme gentil et humilde, qui avait un esprit tres democratique et qui vivait en grande modestie, soulage en fait d'etre libre des pretensions que s'avait approprie a un temps sa famille. Ma mere s'habillait comme si elle etait aristocrate, ce qui frustrait sans cesse a mon pere, qui venait d'une famille de commerce agricole, devoue a un esprit de charite et communaute, et moi, je me trouvais avec mon esprit rebelle et explorateur, entre un pere qui chercheait a partager sa philosophie egalitaire, et une mere arrogante qui chercheait a me reduire a un jouet pour son amusement cruel. A l'age de 19 ans, je suis arrivee aux Etats Unis, une jeune personne habituee a des solitudes deja, lui imposee par le mariage miserable de mes parents, ou parfois mon pere se trouvait incapacite par les caprices de ma mere, et moi je me refugiais dans les livres et la liberte et les voyages que leurs images et contes me permettaient. Les magnifiques photos des magazines de National Geographic dans le bureau de mon pere, etaient parmi les premiers voyages que j'avais decide que j'allais faire dans ma vie, pour etre ailleurs, pour echapper le confinement, la solitude et la tristesse. Je suis partie pour les Etats Unis, comme une mercenaire reticent, une poete errant soudain sans rives ou compagnes.  La premiere annee de mes etudes universitaires a Fort Worth, au Texas - apres avoir pasee une annee avec une famille americaine a Dallas - mon oncle Frans est venu me visiter, et je me rappelle comme il etait triste, de me voir obeissante et soumise, comme il a compris que ce n'etait pas mon idee d'etre ou j'etais, mais ma mere, qui l'avait accompagnee sur la visite, etait tres contente de me savoir si loin et hors de vue. Quelques annees plus tard, mon oncle est mort, a l'age de 61 ans, et dans sa portefeuille on lui a trouvee une des dernieres de mes lettres pour lui, ou j'exprimais l'espoir que j'allais le revoir encore, et ou je lui remercie pour tout ce qu'il m'avait appris. Mes etudes pour la maitrise a Austin, la capitale du Texas, m'ont donnee la chance de me remettre et c'est la ou j'ai rencontree des amis et amies qui resteraient dans ma vie jusqu'a aujourd'hui comme ma copine Catherine a Grenoble, et mon ami Dr. Driss Ouaouicha a Rabat, au Maroc. C'est aussi a Austin ou j'ai rencontree a mon mari, qui y faisait sa maitrise en psychologie clinique, et une fois mariee, on est alles vivre a Washington ou notre fils est ne et ou on vit depuis. Mon fils est ne quand j'avais 35 ans, et j'etais tellement heureuse d'avoir un enfant, que je me suis devouee a son  education, a sa vie, avec toute ma passion et energie. Mon fils est adulte maintenant, et un ecrivain comme moi, et il est dans son annee de these pour sa maitrise en litterature, comme il veut etre enseignant a une des universites ici, ce qui m'a permis de retrouver ma muse et commencer a ecrire professionellement en anglais, et depuis 2012 en francais, encourage par mon ami Dr. Driss Ouaouicha, et la decouverte de la culture et nature berbere de la Kabylie, en 2017. 

La photographie a laquelle mon pere m'avait introduit a un jeune age, avait laissee une impression permanente, et etait l'appel visuel qui me permettrait de me trouver l'ame de poete qui s'avait egaree dans les batailles culturelles et intellectuelles et affectives les longues annees de solitude et isolation aux Etats Unis, un pays vaste qui ne m'a jamais compris ni l'ame ni le coeur , et je me suis toujours sentie comme une mercenaire reticent, un uniforme maladroit duquel j'ai finalement pu m'en debarasser sur les rives de la Kabylie, en Algerie. Pour la premiere fois depuis l'apprentissage sous mon pere d'abord, et sous mon oncle apres, je me sens libre, heureuse, moi - meme, mon ame et mon coeur et ma muse, libres et capables de reclamer, retrouver mes poemes endormis toute une vie. La photographie de Nacer Amari me permet de trouver cet equilibre intellectuel - affectif qui m'a manquee tants d'annees, ou a un certain point je me suis meme demandee si j'avais jamais vecu en Flandes, si j'etais qui je me rappelais etre, comme ce vieux soldat americain qui m'a dit un jour le long d'une visite a un musee d'avions de la Seconde Guerre Mondiale, ici a Olympia, qu'a apres 5 ans comme prisonnier de guerre au Japon, il doutait sa propre identite, pensant qu'il n'avait jamais vecu en Californie, qu'il n'avait jamais eu une famille, des parents, des freres, des soeurs, une langue qui etait la sienne, un nom qui etait le sien. Je me rappelle le frisson et la tristesse que j'avais ressentie, parceque je me sentais ainsi, avant la joie de la culture et ma famille berbere, et ce vieil homme fier m'a compris que ce que je disais etait la verite, c'etait un moment inoubliable, que je n'ai jamais partage avec personne jusqu'a maintenant. Je peux le faire maintenant, parceque mon coeur de poete a un chez elle maintenant, et la photographie de mon collegue berbere Nacer Amari me donne ce pont entre le passe et demain, ou je peux traverser et etre dans le moment, dans le maintenenant, et comprendre finalement, qui je suis, une femme flamande - americaine, au coeur berbere, fiere, resistante, blessee, mais ne plus jamais soumise, invisible, oubliee, ou muette. Les esprits de mon pere, de mon oncle me sourient chaque fois qu'une photo de la part du photographe d'Aokas, Nacer Amari, de Tassi Photographie, me montre une autre image qui me reveille qui je suis, et que je suis libre, ne plus mercenaire reticent, mais poete et femme, mere, amie, collegue, camarade berbere - flamande, americaine, sans chaines, capable a nouveau de sourires, de larmes, de cris, de pas de danses qui celebrent ma victoire sur l'oubli, sur la solitude, sur le mepris, grace a l'esprit immense, eternel, insoumis de la culture berbere et ses dons me partages avec telle generosite, telle tendresse et telle fierte. 

Trudi Ralston  

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