Sunday, October 4, 2020

Espace Negative et Couleur Iridescente - dans la Serie " Le Cahier Errant " dedicacee a Nacer Amari

La photographie a une influence importante dans ma vie intellectuelle depuis que mon pere m'a introduit a cet art d'abord dans ses magazines de National Geographic quand j'avais 8 ans, et apres dans ses livres sur le sujet quand j'avais 13 au plus 14 ans. Il collectionnait des livres d'art sur le sujet, de photographes de differents pays, comme de l'Allemagne, du Japon, des Etats Unis. Je passais des heures, des jours entiers dans son bureau, fascinee par les images de geisha, de ponts en Australie, de rivieres en Chine, de celebrations Touareg en Afrique du Nord, du traffique mareant de grandes villes comme New York et Chicago. Il y avait des photos en noir et blanc, des photos en couleurs vives, comme celles d'un mariage en Inde, d'objets d'art antiques en Chine, comme des boites et muebles en bois lacques. Ce monde de photos de partout sur terre me fascinait, pour leur beaute, pour leurs perspectives rares, et parfois aussi pour leur horreur, comme les photos de guerre faites par des journalistes courageux, des photos qui montraient la cruaute humaine, de la guerre au Vietnam, et il y avait aussi des photos historiques de famines, comme pendant la Seconde Guerre Mondiale, en Russie, et les photos de misere et pauvrete dans les regions rurales des Etas Unis pendant la Depression des annees 1930, plus choquantes encore pour le contraste leurs donnees en noir et blanc. Cette experience grace a photos et leurs revelations ont laissee une impression permanente, et la photographie continue a me fasciner, et je celebre avec passion et conviction cet art dans les photos des photographes berberes en Kabylie, qui partagent la merveille de la nature et culture unique et riche de l'Algerie.

Dans ce monde de la photographie, l'art de faire des portraits comme les sait faire si bien le photographe berbere d'Aokas, Nacer Amari de Tassi Photographie occupe un place speciale dans mon coeur. Les portraits permettent une vue intime d'un peuple, de sa culture, de ses reves, de ses espoirs et traditions, de l'innocence de ses enfants, du courage et resistance de ses adultes. Les portraits de famille sont les plus poignants, car ils sont une invitation a cette vie meme, a la vie comme elle se peint et se dessine dans cette culture, pour ce peuple. La Kabylie pour moi est une revelation, culturelle, intellectuelle, artistique, sociale, et a travers mon interet pour elle a travers mes poemes, articles et livres, j'ai recue l'honneur et la joie de l'amitie, de l'accueil, de l'amour d'une grande famille berbere, qui guerit la blessure que j'ai au coeur d'avoir perdue a ma famille, avec l'exception d'une tante et quelques cousins et cousines en Belgique. Dans ce pays de 323 millions de personnes ici aux Etats Unis, quant a famille, il y a mon fils, mon mari et moi. Mon mari a deux freres, de qui il n'est pas proche, qu'il voit une fois chaque dix ans, et on ne connait pas a leurs enfants ou epouses sauf a travers des photos. Ma famille berbere est ma famille de coeur. Elle est la couleur iridescente dans l'espace negative du portrait de ma famille d'origine qui me reste. Dans la photographie, une espace negative est l'espace qu'occupent les couleurs et les sujets hors du sujet central. Il fut un temps ou voir des photos de mariage, de baptemes, d'anniversaire, de la part de voisins et amis ici, faisait mal, cela ouvrait toujours cette blessure, ce manque, cette fierte blessee de ne plus pouvoir me reunir avec ma famille d'origine, comme elle n'existeait plus. Maintenant, voir des photos celebratoires de la part de ma famille berbere en Kabylie, me rend fiere, heureuse, pour le partage, pour le symbolisme emouvant d'etre inivitee comme une membre a les joies de leur vie, aux expressions de ces celebrations, avec leurs enfants, leurs petits enfants, leurs freres et soeurs, leurs parents. Ces photos me font verser des larmes, mais des larmes de joie, me font sourire, d'espoir, de fierte pour l'inclusion, pour l'esprit d'appartenance me partagee, me permis. Une de mes photos favories est de ma copine Malika et moi, a Bejaia, a sa maison, en robes kabyles toutes les deux. Elle m'appelle " soeur " et on se parle et on telephone aussi, et on rigole ensemble, sur la vie et ce monde fou en ce moment, et elle m'envoie des photos des nouveaux bebes de ses filles, de son fils, et cela me remplit avec une joie puissante, profonde. La Kabylie m'a sauvee le coeur et l'ame de poete et ecrivaine, avec la grace de la photographie sur sa nature magnifque a travers ses artistes berberes. La Kabylie m'a aussi sauvee l'ame et le coeur a travers la porte et fenetre ouverte de ma famille berbere qui m'a invitee a son coeur, a son bonheur, a son identite, a sa vie, pour guerir de si belle facon cette peine, cette douleur qui nulle part a recue la dignite et la gentillesse autre que dans les bras grands et chauds qui m'ont accueillis en Afrique du Nord, en Algerie. Je ne suis plus invisible, je ne suis plus espace negative, je suis Trudi, poete flamande - berbere - americaine, qui chante, qui celebre le coeur, la sagesse, la beaute et chaleur immense du coeur berbere, eternel, fier, genereux, qui bat despuis des milliers d'annees en Kabylie et qui est mon coeur battant ici. 


Trudi Ralston

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